Nous abordons aujourd’hui notre dernier article qui met une conclusion à cette longue série qui a permis d’analyser les résultats de ces quinze dernières années à l’Eurovision.

Faire une conclusion globale de toutes ces semaines d’analyse n’est pas chose aisée, car il y aurait énormément à dire si nous voulions entrer dans les détails : ce ne sera pas du tout le but, car, d’une part, ce serait trop long et de toute façon, ça ne serait pas exhaustif, et d’autre part, ce serait rébarbatif et finalement, ça n’aurait plus d’intérêt si ça devenait trop pointu. Nous nous contenterons d’exprimer quelques éléments et faits généraux ainsi qu’une vision d’avenir.

Vous avez pu le découvrir durant ces douze semaines : nous avons analysé chaque pays ayant participé au concours de l’Eurovision durant ces quinze dernières années, que ce soit uniquement deux fois comme le Luxembourg revenu dans la course seulement en 2024, ou toutes les années comme la majorité des pays. Chacun d’entre eux a ses caractéristiques, ses spécificités, et ils n’ont pas, ni les mêmes objectifs et ni les mêmes résultats. Certains se contentent de participer en fonction de leurs moyens qu’ils soient financiers ou organisationnels et d’autres ont plus d’ambition et essaient chaque année dans la mesure du possible de s’améliorer et de proposer des contributions nouvelles et de plus en plus élaborées, même s’il faut l’avouer, les résultats ne suivent pas toujours. Il faut dire que les candidats à la victoire sont nombreux et qu’à la fin, il n’y a qu’un seul vainqueur comme dans toutes les compétitions quel que soit le domaine.

Sur des aspects plus généraux concernant l’organisation du concours depuis 15 ans, nous pouvons affirmer que tous les pays qui ont eu le privilège de recevoir le concours « à domicile », ont proposé des soirées de qualité avec chacun des touches personnelles et des scènes très différentes, mais toujours très bien conçues : seules l’organisation à Turin et à Malmö en 2024 n’ont pas été à la hauteur des espérances. Précisons que si plusieurs pays ont eu l’occasion d’organiser le concours depuis 2010, dont l’Azerbaïdjan et le Portugal pour la première fois de leur histoire, la Suède en est à sa troisième organisation durant cette période 2010-2025.

L’instauration des deux demi-finales en 2008 a été confortée depuis ces quinze dernières années et sont devenues des incontournables qui participent grandement à la mise en place des festivités du concours sur une plus longue durée, ce qui est un plus pour les fans qui non seulement peuvent voir deux fois la grande majorité des prestations de chaque candidat, exceptées celles de ceux éliminés au soir des deux demi-finalistes, y compris les prestations des six finalistes d’office (les pays du Big 5 ainsi que le pays hôte) et cela seulement depuis l’an dernier, ce qui est très appréciable.

Il n’y a plus aucune règle exigeant que les interprètes chantent dans leur langue nationale depuis de nombreuses années, mais force est de constater que depuis le début de la décennie 2020, progressivement, il y a davantage de pays qui ont choisi de chanter dans leur langue nationale, ce qui peut être considéré comme une bonne chose.

Certains pays privilégient leur sélection nationale pour choisir leur candidat pour le concours et c’est immuable comme la Suède, l’Ukraine, l’Albanie pour n’en citer que quelques-uns ; d’autres ont plutôt recours à une sélection interne depuis plusieurs années comme les Pays-Bas, la Suisse ou Chypre et d’autres encore oscille entre les deux méthodes et leur choix n’est pas définitif : c’est le cas de la France notamment.

Pour les pays qui ont recours aux sélections nationales, nous pouvons constater en tant que fans et surtout privilégiés puisque nous avons accès aux prestations de tous les candidats lors de ces dernières que selon les pays, soit le choix proposé est assez limité et peu qualitatif avec parfois même des candidats que l’on retrouve chaque année dans ces sélections, soit, au contraire, la chanson qui sort vainqueur n’est pas nécessairement la meilleure et d’autres auraient pu très avantageusement prendre leur place. Cette constatation semble devenir de plus en plus fréquente et régulière et de nombreuses chansons sont ainsi « oubliées » injustement, mais pas par les fans purs et durs qui restent mobilisés et attentifs et ne se gênent pas pour mettre en avant certaines de ces chansons si elles sont considérées par ces derniers comme étant supérieures à la chanson sélectionnée.

On ne peut passer sous silence un des points du règlement qui ont été modifiés en 2023 et qui apparaît comme étant une « révolution »: c’est l’instauration lors des demi-finales d’un vote 100% public, le jury gardant son droit de voter lors de la finale. Une mesure qui ne fait pas l’unanimité, il faut le dire même si à titre personnel, je trouve que c’est la meilleure décision qui a été prise estimant que le public avait toute la liberté de choisir seul ses candidats préférés pour la finale et ensuite en finale, le jury était là pour moduler les excès dans un sens positif ou négatif du télévote. Marie, quant à elle, a quelques bémols et considère que dans cette période troublée, les jurys en demi-finale pourraient réguler l’excès des votes de soutien (non pour une chanson mais pour une situation politique) de certains pays comme pour cette année où Israël et Ukraine ont gagné respectivement leur demi-finale. Bref, il n’y a pas de solution parfaite.

Enfin, un élément non négligeable doit être abordé : l’absence de certains pays depuis plusieurs années. Soit ce sont des problèmes financiers qui ont dicté cette absence plus ou moins prolongé où même si ce n’est pas dit « officiellement » à cause de résultats décevants ou pas à la hauteur des ambitions, par exemple, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, Andorre pour ne citer que quelques pays, soit pour des raisons politiques ou dues à une exclusion : par exemple, la Turquie et la Hongrie pour le premier cas, la Russie et la Biélorussie pour le deuxième cas. D’autres pays n’ont encore jamais participé au concours et pourraient un de ces jours plus ou moins lointains frapper à la porte : par exemple, le Kazakhstan, le Liechtenstein. Le concours pourrait aussi s’ouvrir davantage en dehors de ses frontières, mais il le fait déjà avec l’Australie et là, il s’agit d’un autre débat…

Tout cela pour dire que lors de ces quinze dernières années, il y a eu des évolutions indéniables dans le concours et il est inutile de remonter très loin dans le temps : par rapport au début des années 2000, les progrès techniques, les styles des chansons, les mises en scène de plus en plus sophistiquées, modernes et même très innovantes voient le jour. Le système de votes et le passage d’une finale unique le samedi soir à trois shows spectaculaires les mardis, jeudi et samedi ont contribué à rendre le concours plus attrayant. On dit toujours qu’il ne faut pas regarder en arrière et continuer d’aller de l’avant et aucun doute là-dessus, le concours continuera de se moderniser et d’être toujours au sommet de son art ; cependant quelques évolutions n’ont pas fait l’unanimité et pourquoi pas un retour en arrière, ce qui ne serait pas un reniement, mais tout simplement une reconnaissance de certaines maladresses ou erreurs. Parmi elles, nous pourrions citer l’absence des orchestres en direct depuis ces quinze dernières années (et même au-delà) qui pourraient être réintégrés, la présence de chœurs pré-enregistrés qui ne sont pas les bienvenus et aussi, le tirage au sort de l’ordre de passage dans les demi-finales et la finale au profit d’un ordre établi par des critères pas toujours évidents à comprendre.

C’est certain, le concours de l’Eurovision continuera de faire parler de lui en Europe et dans le monde et engendrera de nombreuses discussions positives ou négatives dans les années à venir, à commencer par 2026, l’année qui marquera les 70 ans d’existence de ce fabuleux concours qui nous réunit toutes et tous ici même sur le site de l’Eurovision au quotidien.

Voilà, cette rubrique se termine aujourd’hui avec cette conclusion, nous espérons qu’elle vous ait plu. Désormais, c’est à vous amis lectrices et lecteurs de vous exprimer librement si vous le souhaitez en nous disant ci-dessous ce que vous en avez pensé. 

Crédit photographique : EAQ