Il est vrai que nous nous ne nous connaissons pas encore tant que ça, surtout si vous ne suivez pas les sélections serbes et estoniennes… Fidèle lectrice de l’EAQ, je fête, moi aussi, mes dix ans de « fan » cette année, l’édition 2011 étant la première que j’ai suivi assidûment, après avoir regardé les finales des éditions 2008 à 2010. Et ce, grâce à ce blog, ses articles de très grande qualité, et ses rédacteurices passioné.e.s. Joyeux anniversaire l’EAQ, et voici mon Top 10 de la décennie !

Petite précision, comme pour tout le monde j’imagine, il m’a été difficile de faire un top 10. Je pense qu’il reflète des moments, des catégories de chansons, qui m’ont marquée, même si certaines ont inévitablement vieillies dans mes souvenirs. Mention honorable donc à Roman Lob, Blanche, Loreen, Mahmood, Aram MP3, Cascada, Sergey Lazarev…

1 point – Norvège 2014

J’ai hésité, pour ouvrir ce classement. Mon choix s’est au final porté sur une ballade qui, je trouve, est sous-côtée et n’a pas laissé une si forte empreinte que ça parmi les fans, alors qu’elle a tout de même terminé 8e. Simplicité et émotion ont été les maîtres-mots de l’interprétation de Carl Espen. Sans faire dans la fioriture, les quelques lignes de cette ballade scandinave intimiste touchent là où il faut. En tout cas, ça a marché sur la lycéenne que j’étais à ce moment.

2 points – Monténégro 2013

Là, il faut qu’on parle d’une injustice; de L’Injustice. Même à mon grand âge, je ne comprends toujours pas cette élimination, c’est véritablement l’injustice de la décennie. Elle incarne vraiment ce côté des jurys qui m’exaspère: on dirait que dès que ça sort des chemins classiques, c’est forcément dévalorisé (ils ont failli la refaire l’année suivante avec la Pologne d’ailleurs, même si y’avait un autre problème dans cette chanson quant au traitement de ses chanteuses et danseuses, bref). Alors que bon, quand même, du dubstep/hip-hop en monténégrin, si vous ne le mettez pas en avant à l’Eurovision, vous le diffuserez où ? J’ai trouvé ça vraiment original, déroutant (la mise en scène était pour le moins… inattendue), mais loin d’être amateur, et avoir saboté une 4e place au télévote (!!!) ça me révolte. Heureusement, le nouveau système de comptage des points l’empêcherait désormais. N’hésitez pas à m’inviter à vos soirées pour toute réinterprétation live de cette chanson, car je me suis bien évidemment appliquée à apprendre parfaitement ce rap dans une langue que je ne maîtrise absolument pas.

3 points – Monténégro 2014

Vous l’avez peut-être saisi, j’aime les ballades balkaniques. Mais vous avais-je déjà dit que j’aimais vraiment les ballades balkaniques ? Voici ma préférée de la décennie. Pour sa douceur, pour la première qualification monténégrine, pour la gentillesse de Sergej, pour la beauté de cette langue: Moj Svijet.

4 points – Norvège 2015

La Norvège a eu deux années de ballades intimistes particulièrement brillantes. Il a été difficile pour moi à l’époque de départager ce duo d’un autre duo que vous retrouverez plus haut dans ce top… J’ai tout de suite été folle amoureuse de cette chanson (de son interprète masculin, aussi, qui a d’ailleurs enchaîné sur un très bon album après le concours 2015). Je me rappelle aussi que nous avions tous tellement d’appréhension quant au live de Debrah… Ouf, il n’en fut rien, A Monster Like Me eu ses trois minutes de gloire. (PS: Si vous aviez oublié qu’ils ont failli être battu au MGP par UNE PIZZA BIEN CUITE, je vous conseille de retourner jeter un oeil à la chanson de Staysman & Lazz, ça mérite de ne pas être oublié non plus).

5 points – Arménie 2016

Comment le dire justement ? C’est LE meilleur live de tous les temps. Ces plans caméras ? Cette chanteuse, cette voix ? Cette scène ? Cet outfit de scène ? Je craque, que la LoveWave me submerge aussi puisque c’est ça. L’Arménie atteint un niveau de perfection stratosphérique. Et ce falsetto dans le live de la première dem-finale ? LoveWave est une chanson sensuelle, envoûtante, et assez particulière dans son genre. L’Arménie aura de ce fait réussi à accrocher une deuxième fois la première place de mon top annuel, après 2014, et ce n’est vraiment pas mal comme palmarès… Pfiou.

6 points – Slovénie 2019

La plus récente des chansons de ce top. C’est aussi à cause d’elle que je n’ai pas inclus City Lights, en tant que meilleur instrumental de tous les temps. Le plus bel instrumental, c’est Sebi. Ce duo est ma nouvelle révélation eurovisionnesque. Bien qu’étant un peu « niche » comparé aux standards du Concours, je suis ravie qu’il ai trouvé son public, et que le duo ai offert trois minutes sublimes et hors du temps sur la scène de Tel Aviv. Je me rappelle m’être perdue à l’écouter en boucle après une soirée lors de mon année d’études à l’étranger, à attendre que le soleil se lève sur le centre de Séoul… Vraiment l’apothéose sur tous vos moments contemplatifs de la vie.

7 points – Finlande 2014

2014 c’était une année très très chouette aussi… Elle a marqué pour moi un vrai renouvellement du Concours après le désastre qu’a été 2013. Softengine n’a pas nécessairement marqué l’Eurovision, bien qu’ils y aient manqué le top 10 à pas grand chose. Something Better est pour moi un morceau pop-rock indémodable, ce live stroboscopique l’a parfaitement mis en valeur, et j’aime beaucoup l’esprit de ses paroles. Un classique.

8 points – Espagne 2012

2012 a été une année très très qualitative, surtout en belles ballades : Standing Still, When The Music Dies, Korake Ti Znam… qui ont toutes bien vieillies. Mais celle que j’ai séché, repassé en boucle et en boucle pendant un looong moment, c’était Quédate Conmigo. Pastora est une artiste que j’ai continué à suivre après. Bien qu’elle ai été vite détrônée par Cascada en tant que « chanson Eurovision favorite de tous les temps (mais Cascada ne reflète vraiment plus mes goûts à l’Eurovision à présent, d’où son absence dans mon top). Cette voix grandiose, cette prestance… Je serai peut-être un peu moins sensible aux ballades de G:son à présent (ou peut-être était-ce surtout l’une de ses dernières années correctes), mais je ne souhaite qu’une chose depuis : retrouver l’Espagne et la langue espagnole portées à ce niveau…

10 points – Estonie 2015

ENCOOORE. Oui. Vous l’avez déjà entendue dans de nombreux top 10, mais qu’y puis-je ? Je ne pouvais faire l’impasse sur le pluvieux et amer Goodbye To Yesterday, porté par ses deux excellents interprètes avec une alchimie rare sur la scène eurovisionnesque. Pour être honnête, c’est ma chanson de toutes les situations qui méritent une toile de fond musicale. C’est excellent. Après, je n’ai jamais accroché à Stig ou Elina en solo. Une fois encore, j’aurais succombé au raz-de-marée d’une chanson adorée par le fandom. Magique et éphémère GTY.

12 points – (Ancienne République Yougoslave de) Macédoine (du Nord) 2017

Vous l’aviez oublié celle-ci hein ! Oui, à ma plus grande tristesse, ma chanson favorite de la décennie n’a… même pas atteint la finale de l’Eurovision. J’en mets le clip car… cela est largement dû au live, malheureusement, et dès l’EiC je m’attendais déjà à la désillusion. Mais tout de même. Quelle bombe inattendue de la part d’une délégation qui n’existait que par Kaliopi, quel clip impeccable, tout, tout me paraissait imbattable dans ces 3 minutes. C’est aussi la première Euro-star que j’ai rencontré. Le CD de son single qu’elle m’a donné à l’EiC est une précieuse goodie eurovisionnesque, et la vibe à la fois insouciante et nostalgique de Dance Alone gardera toujours une saveur et une place particulière dans mon coeur et mes playlists.

Mon souvenir de la décennie…

J’aurais du mal à m’arrêter sur un moment précis, mais j’ai envie de ré-évoquer avec vous la saison 2016. Pour moi, elle marque un tournant dans ma vie de fan. J’étais en Terminale à ce moment ; j’avais d’ailleurs écrit pour le journal de mon lycée un article pour démonter 5 clichés que les français ont sur l’Eurovision, je n’en suis pas peu fière, mais ma carrière journalistique s’est arrêtée là-dessus. Je m’en rappelle comme d’une saison très intense. Vous vous rappelez de l’UMK, où on se divisait entre Saara Aalto, Annica Milan/Kimmo Blom, Tuuli Okkonen et Mikael Saari, pour qu’au final ce soit Sandhja qui l’emporte ? Un crève-coeur, On It Goes est un chef-d’oeuvre, et je n’attends que le retour de Mikael au Concours. Vous vous rappelez du Melfest ? L’une des dernières finales grandioses qu’ai pu proposer la Suède, dont j’ai aimé chaque finaliste. Les débuts de Wiktoria, de Lisa Ajax, la hype sur Molly Sandén (qui est vite retombée). Moi je m’en rappelle car je pouvais encore blairer Robin Bengtsson, mon favori à ce moment-là. Et même que pour une fois, j’ai réellement apprécié la contribution suédoise. Cette année-là, j’ai aussi vibré pour Grete Paia et ses Stories Untold, le mystique Seis ou le catchy Immortality en Estonie. On s’attendait toustes à voir la Pologne briller avec un Cool Me Down dont le soufflé est retombé dès la sélection polonaise pour cause de fausses notes. J’ai même aimé une chanson à la sélection danoise, l’une des plus insipides à mes yeux ! C’est dire si cette saison était bonne.

Je me rappelle aussi des autres chansons de l’édition, bien sûr, un des meilleurs crus. Bien que j’y ai peu de coups de coeurs de la décennie, il faut avouer que le niveau était très, très relevé. Cette année-là, sans réel favori (ils ont tous été éliminés dans des sélections nationales aux résultats curieux), je me rabats avec désespoir sur la dernière chanson à paraître : Israël. Bingo, Made Of Stars prend la tête de mon classement. Iveta, Sergey et Poli la lui raviront. Là aussi, tellement d’anecdotes ! Serhat arriva dans notre petit monde d’eurofans avec le remix disco de I Didn’t Know (featuring un clip kistch avec des gros plans de pieds); la France ressuscite littéralement grâce à Amir et Eduardo Grassi, la Russie envoie enfin la superstar Lazarev, la Bulgarie envoie enfin une bonne chanson en rappelant Poli Genova.

Les directs sont au niveau de cette saison : passionnants. Mon moment préféré reste celui où, alors que j’avais été l’une des seules à les défendre contre vents et marées, les Young Georgian Lolitaz et Nika Kocharov qualifient la Géorgie en finale avec leur rock industriel et leur live épileptique. Je me rappelle avoir passé la soirée à exulter tant j’étais incertaine qu’ils accrochent le top 10, je jubilais de la déception des eurofans qui s’étaient réjouis deux jours plus tôt de la qualification de l’Autriche (que je ne citerai même pas tant j’abhorre cette chanson plus que n’importe quelle autre ; si d’aventure vous voulez me torturer, je vous rappelle tout d’abord que c’est interdit par diverses Conventions des Nations Unies et de l’Union Européenne, mais si la prison ne vous effraie pas, n’hésitez pas à m’enfermer dans une pièce et diffuser en boucle les chansons de l’Eurovision ayant pour thème le « français cucul » (C’est Ma Vie; Loin d’Ici; Love Is Forever…), j’imagine que cela serait efficace). Plein d’autres anecdotes à noter: la première qualification tchèque, premières éliminations bosniennes et grecques, la fan-favorite Greta Salomé qui ne se qualifie pas… C’est déjà trop long, je pourrais en parler pendant des heures, de cette édition 2016.

Et puis cette finale d’anthologie. Pour la première fois, je n’étais pas seule, mais avec ma meilleure amie, mon drapeau suédois tout neuf, et des pizzas. J’avais imprimé les feuilles de notation de l’EAQ et l’avait forcée à les remplir dûment. Je crois bien que tout était parfait (à l’exception des trois minutes autrichiennes sus-citées), de l’opening à la chanson gagnante, en passant par l’épique Love Love Peace Peace, et la 4e place de la Pologne au télévote (???). Les trois minutes de Jamala ont complètement absorbé la chanson qui la précédait, et celle qui la suivait; je fais partie de celleux qui lui reconnaissent volontiers une victoire méritée, même si inattendue jusqu’à ce live impressionnant.

Je me rappelle surtout de cette soirée comme l’apothéose d’une saison qui m’aura faite vibrer très fort, un Eurovision qui m’aura, plus que jamais, passionnée. C’est une saveur que je n’ai pas l’impression d’avoir retrouvé depuis. La faute au passage de la fin de l’adolescence à la vie de jeune adulte étudiante ? A moins de temps libre, aux aléas de la vie, à un milieu eurofan duquel j’ai pris mes distances ? Je ne saurais pas le pointer. Je sais juste que, même en ayant adoré pouvoir me rendre à l’Eurovision In Concert, en ayant l’occasion de rassembler mes nouveaux ami.e.s lillois.e.s devant la grande messe du samedi soir (toujours située en pleine semaine de partiels), et même si je n’hésiterai pas si je devais à nouveau me lever à 4h du matin, au beau milieu de la semaine de vacances à Tokyo que j’ai pris pendant mon année à l’étranger, juste pour voir le Concours en direct (et le commenter à 7h du matin au téléphone avec mes amis eurofans, dans la rue pour ne pas réveiller l’hôtel), quelque chose n’est plus pareil. Je ne fais même plus ces cauchemars récurrents dans lesquels je ne parviens pas à arriver à temps devant ma télévision, et que je finis par me faire spoiler le résultat ! Ah ! La nostalgie est décidément un sacré fléau de ma vie. J’espère que mes lignes vous auront fait repenser à cette époustouflante édition 2016, même si il y a sûrement mille et unes anecdotes que je n’ai pu évoquer et qui vous auront marquées différemment. J’ai en tout cas pris plaisir à réévoquer cette saison passionnante, à faire ce top en repensant à toutes celles que j’ai vécu depuis 2011 en lisant l’Eurovision Au Quotidien.

Joyeux anniversaire, cher blog. A celles et ceux qui m’auront lue, je vous remercie et vous souhaite, avant tout, des passions intarissables (et saines, il s’entend). Et vive l’Eurovision 2021 !