Á quelques jours de la fin de cette année 2023 riche en émotions eurovisionesques, la rédaction vous propose de découvrir chaque jour le top 10 de ce qui a le plus marqué nos rédacteurs.
Et c’est au tour de Rémi de nous faire découvrir ses dix chansons préférées de cette année. Bonne découverte !
Pour introduire ce top annuel, rien de très original si ce n’est qu’il n’y a eu aucun autre calcul que l’inspiration pour guider ces 10 marches vers la première place. Si cette année eurovisionesque n’a pas été dénuée de certaines évidences, d’autres choix ont toutefois demandé plus mûre réflexion, pour un ensemble qui mêle finalement les différentes parties du continent européen (avec un joli duel Europe du Sud vs Scandinavie toutefois !), tout comme il brasse les heureux élus de l’Eurovision et ceux qui ont vu leur aventure s’arrêter en sélection nationale. Absents notoires, comme l’année dernière : les eurotubes junior, qui n’ont pourtant pas démérité, loin s’en faut ! Mais le coeur a ses secrets et ses raisons, et c’est ainsi que le mien a finalement battu au rythme éclectique des 10 chansons suivantes.
(Vale, LOVIU n’était pas loin dans les parages, mais mon coeur bat évidemment au rythme de Zoé Clauzure. Bien sûr, j’avais aussi craqué pour Chérine, notre francophone de la très flamande sélection belge 2023, mais Smash Into Pieces préparaient déjà leur second Mello d’affilée à proximité de ce top. A moins que je ne préférais brûler aux côtés d’Agoney …)
10-Tokimeki (Neon Letters ft. Maiko, Eesti Laul)
(En vrai, j’ai hésité de ouf avec Burning Daylights et il m’en a clairement coûté de l’exclure de la liste tellement le titre m’avait bouleversé à la première écoute. Je pense néanmoins que le coût du sacrifice reste inférieur à celui du cataclysme enduré par Dion et Mia suite à la tragédie de Liverpool, que Shakespeare lui-même n’aurait pas renié le bougre.)
Du coup, j’ai préféré me la jouer original et me démarquer de mes collègues en choisissant un titre qu’objectivement, personne ne choisirait, déjà que les estoniens eux-mêmes l’ont laissé paître en demi-finale de l’Eesti Laul, sans même daigner le sauver en repêchage. Petit aller-retour entre l’Estonie et le Japon avec mon coup de coeur de la sélection estonienne 2023 nommé Tokimeki (je ne sais pas ce que cela veut dire, Sorry, I don’t speak French), véritable bijou d’électro-pop dont la musicalité subtile semble dessiner une carte des sons de Tokyo (pour paraphraser le titre du film éponyme d’Isabel Coixet) à laquelle se mêlent les influences de la scène musicale estonienne. Une véritable musique d’ambiance, à l’atmosphère urbaine fort électrique et surtout fort singulière, qui n’aura malheureusement pas séduit le public et le jury de l’Eesti Laul. Personnellement, il suffit des quelques notes du début pour me retrouver plongé dans un captivant tourbillon à travers les rues de Shibuya et les night-clubs de la vieille ville de Talinn.
9- Carpe diem (Joker Out, Slovénie)
Vent de fraîcheur sur la Suisse des Balkans avec le groupe star de la nouvelle scène slovène, alias cinq garçons dans le vent nommés Joker Out, dont la dégaine et les influences musicales auraient pu les faire croire tout droit sortis des sixties, mais version 2.0. Difficile de ne pas céder au charme de ces mecs-là, qui accrochent la caméra d’un regard comme personne et vous font fondre en deuspi, qui plus est avec leur vibrionnant Carpe Diem, délice d’indie pop aux sonorités vintage qui sonne comme une invitation littérale à profiter de l’instant présent. Contrat rempli sur la scène de la M&S Bank Arena de Liverpool, quand bien même le classement aurait franchement pu être plus favorable. Mais l’essentiel réside dans l’esprit rebelle et dans l’énergie que le groupe a su insuffler tant à sa chanson qu’à sa performance, qu’il m’éclaterait de voir sur scène … à Paris par exemple. Mais … OMAGAD ils passent en mars au Café de la Danse, holy sh** !!!!!
8-Who the Hell is Edgar ? (Teya & Salena, Autriche)
Oh mio paaaaadre, THERE’S A GHOST IN MY BODY ! Ainsi le disait Lolotte (promis, je n’ai pas copié), la confiance n’était pourtant pas de mise à l’écoute des premiers leaks de Crystal Ball (visiblement aujourd’hui bel et bien disparue dans un autre monde, dans une autre vie). Mais pour quel résultat au final ! Who the Hell is Edgar ? est au final un bijou de second degré à la rythmique redoutable et à l’efficacité diabolique. L’étrange non-scénographie de Liverpool a sans doute coûté de précieux points au duo Teya & Salena, mais l’Autriche y a au final gagné l’essentiel : celui de créer un buzz sans précédent dans un euromonde finalement acquis à la cause d’un titre redoutable, chef d’oeuvre d’ironie. Surtout … Oh mio paaaaadre, THERE’S A GHOST IN MY BODY ! Mais quel génie a t-il pu pondre semblables paroles, what does the fox say ?
7-Samo mi se spava (Luke Black, Serbie)
Marche à l’ombre avec le titre pour le moins assez sombre de Luke Black, qui n’a pas été sans manquer d’audace et de culot avec le très électro Samo si me spava, reflet des idées noires éprouvées par l’artiste au temps de la pandémie. On a connu plus gai, c’est certain, mais l’exigence de cette proposition pourtant teintée de noirceur (ce dont je ne suis pas forcément le premier client), son magnétisme, son psychédélisme, auront réussi à m’accrocher dans leurs filets, pour ne pas dire à m’hypnotiser. Un effet décuplé sur la scène de l’Eurovision 2023, telle une addiction à une substance musicale licite dotée d’une essence radicale. Un uppercut qui passe ou qui casse, mais que je me suis pris pour ma part en pleine face, emporté par la folie de l’univers du représentant serbe.
6-Due vite (Marco Mengoni, Italie)
Tandis que le beau Marco (MON Marco, remettons les choses à leur place direct si vous osez éprouver la moindre velléité) soulevait le trophée de Sanremo pour la seconde fois, force est d’avouer que je n’étais alors pas le plus convaincu par Due vite, que je considérais alors comme une énième ballade à l’italienne certes belle, mais dotée des standards classiques du genre vus et revus. Mais ça, c’était jusqu’à ce que je découvre le titre en live sur la scène de la Cigale en avril dernier, à quelques semaines de l’Eurovision, et que je me retrouve ainsi percuté en plein coeur par la splendeur et la puissance de l’interprétation de Marco, sous les yeux d’un public reprenant le titre avec ferveur et en communion. Rien de tel pour parvenir à saisir la beauté d’une proposition qui n’aurait sans doute pas la même essence sans son immense interprète, à la fois véritable bête de scène et vecteur d’une émotion unique. Call it Magic.
5- Il bene nel male (Madame, Sanremo)
À Sanremo, grandes étaient mes attentes envers Madame … et il a suffi d’une seule et unique écoute pour que cette partie de ping pong osée entre le bien et le mal m’accroche l’oreille. Nel bene e nel male, sei bene e sei male … Un texte (dans lequel l’artiste chante notamment « tu es la pu** qui a donné un sens à mes journées ») qui aurait de quoi choquer certains téléspectateurs très polissés du mythique festival (et dont il n’est pas dit que l’on en retrouve de la même trempe à l’avenir à Sanremo, vu la tournure des événements sur place …), et c’est TANT MIEUX, parce que Madame balaye les stéréotypes d’un revers de rap pop urbaine et avec fiertés s’il vous plaît. De quoi faire résonner Il bene nel male encore plus fort dans ma tête, qui plus est au rythme des sonorités si caractéristiques de l’univers d’une artiste qui avait tué mon game de Sanremo 2023 avec ce tube en puissance (qui a d’ailleurs cartonné en Italie). Dans le le live X (tweet) que j’assurais lors de la seconda serata, j’écrivais d’ailleurs « Pendant que j’essaie désespérément d’écouter Angelo, ma tête ne cesse de dire Madame« . Il faut dire qu’ici sont irrésistibles le bien et le mal, surtout lorsqu’ils sont issus d’une artiste de la trempe de Madame.
4- Nochentera (Vicco, Benidorm Fest)
Doit-on franchement s’étonner qu’après son passage par Benidorm – et bien qu’elle n’y ait pas décroché la victoire, Nochentera se soit imposée comme l’un des tubes de l’année en Espagne ? Évidemment que non, tellement ce titre addictif résonne comme une invitation à céder aux sirènes du dance floor dans la chaleur des nuits d’été ibériques. Je rêve d’ailleurs depuis de ne danser ma vie qu’au son de la Nochentera, entouré de rires et de corps transpirants qui se donnent à l’irrésistible appel de la fête, mille et une nuits sans fin durant, jusqu’à poursuivre l’aventure sur la plage de la Barceloneta – ou une autre – tandis que le soleil se lève sur la ciudad de Gaudi, à moins que ne fut au large de Peñíscola, ou peut-être de Benidorm. Como una noche ochentera …
3- Évidemment (La Zarra, France)
Évidemment … Comment passer à côté de notre représentante, dont l’Évidemment aura fait chanter et danser l’Europe entière, exception faite et notoire du classement ? La Zarra aura déchaîné toutes les passions, son feuilleton lui offrant ainsi une place encore plus légitime au tant recherché panthéon des eurodivas. En dehors du gossip, la chanson française 2023 s’est quant elle inscrite au rang des eurotubes avec ses sonorités pop disco flamboyantes et la fameuse note finale sur « la graaaande FRAAAAAA-CEEEEEEEEUH » (occurence dont on aurait toutefois bien pu se passer dans le texte au-delà de l’efficacité de l’effet produit). Rendons à La Zarra ce qui appartient à La Zarra : oui, ce titre m’a accroché dès la première écoute; oui, il m’a fait danser dès la première écoute; oui, « dans la tête ce n’est pas tant évident » et « je cherche la vérité tout en l’évitant »; oui, j’ai reproduit la performance sur un poteau de la Stanley Street de Liverpool à 2h du mat drapeau français au vent (Kris et Marie sont témoins et des preuves vidéo existent pour le jour où un mari daignera me passer la bague – le PPT tout ça tout ça …); oui, j’y ai cru, tant et tant cru; oui, Évidemment est en tête large et en large tête de mes écoutes Spotify 2023; oui, … Okay, je crois que vous avez compris, tabarnak.
2- Cha cha cha (Käärija, Finlande)
La Cha Cha Cha mania s’est emparée de moi comme elle s’est emparée de l’Europe et du reste du monde entiers en mai dernier. Il faut dire qu’avec son drôle d’attelage dance pop-electronicore-metal industriel (selon Wikipédia, sinon je ne serai pas capable d’inventer ça), Kaarija avait de quoi détonner sur la scène de l’Eurovision. Ç’aurait pu être pour le pire, et ce fut finalement – et évidemment – pour le meilleur, notre finlandais boxeur embarquant tout le monde dans son enchevêtrement de palettes, une piña colada au goût d’une substance probablement illicite à la main et une improbable danse des canards telle une joyeuse Jean-Guille eurovisionesque sur laquelle Fanny Ardant herself n’aurait sans aucun doute pas craché, et dans laquelle les coquillages sont glacés au champagne, tandis qu’au fond un arc en ciel explose de couleurs. Finalement, ce sera deux piña coladas por favor …
1- Tattoo (Loreen, Suède)
Last But Not Least, Queen of Kings et surtout Queen of Queens (déso pas deso Alessandra, mais le MTV EMA de la meilleure artiste scandinave t’a sans doute été attribué par erreur, genre La La Land qui pique l’Oscar à Moonlight sur un malentendu), voici Loreen. Que le duel fut pourtant acharné (le texte intuitif a failli écrire arnaché), tant dans l’arène de l’Eurovision, où les jurys votaient Loreen tandis le public criait Käärija, que dans mon coeur, qui battait pour Loreen avant Liverpool et qui criait Käärija sur place, emporté par la foule (ajoutez à cela l’effet outsider versus la grande favorite que l’on retrouve au tennis). Sept mois après, le match est désormais plus que joué, tant pour la course au Micro de Cristal numéro 68 que dans mon euro battle personnelle, où ma Reine de l’Eurovision ne pouvait évidemment que l’emporter, forever till the end of times. Qu’importent les réserves initiales que j’ai eues par rapport au titre lors de sa révélation au Mello (le culte d’Euphoria est tellement puissant …) – et que j’assume, elles sont aujourd’hui dissipées. Depuis, Tattoo m’est devenu addictif et tourne en boucle sur ma playlist (comme il y tournait déjà avant, troisième écoute Spotify de l’année 2023 quand même …), tout comme il l’est devenu pour des millions de personnes à travers l’Europe, qui célèbrent ENFIN Loreen aujourd’hui comme l’on doit célébrer la première femme double lauréate dans l’histoire du concours. En même temps, comment rester imperméable quand la magie s’opère de la sorte ? Comment résister à l’élan mystique et hypnotique ? Comment rester de marbre devant l’état de grâce ? Oui, Loreen, ô reine des reine, ô prêtresse de l’électro pop et de la Suède entière, si tu étais gourou, je serai ton adepte, tu me bénirais de tes mains comme tu l’as fait sur le Turquoise Carpet au St George’s Hall et tu me collerais à la peau comme un tattoo (ouh ouh) … Comme c’est déjà le cas depuis bientôt douze ans.
Demain, vous retrouverez Betty qui vous dévoilera ses coups de cœurs de 2023 dans son top 10 annuel !
Crédits : Corinne Cumming – UER
J’ai bien deviné que c’était toi qui as choisi Loreen. Merci pour Carpe Diem. Il se pourrait qu’on se retrouve au Café de la Danse.
Merci pour LUKE BLACK à l’atmosphère si hypnotisante et qui vient d’être premier au hit EFR 12. Chanson toute en serbe.
Merci pour VICCO. Voir dans la même liste KAARIJA et CARPE DIEM dans ta liste ravit absolument ma nièce, vu que ce sont ses favoris.