Aujourd’hui, c’est Juliette qui vous emmène en 2019, pour vous parler d’une de mes plus grandes frayeurs musicales: « Pugna » de Surma. Le morceau, qui aurait pu représenter le Portugal, termina cinquième en finale, au Festival da Cançao de cette année-là.

Ah, la musique… Porteuse de tant d’émotions… Elle peut amener la joie, la tristesse… Mais peut-elle provoquer » la peur?
Pour moi, ce fut le cas en 2019, et « Pugna » en fut la cause. J’étais alors Eurofan depuis un an seulement, et c’était la première année où j’écoutais toutes les chansons en compétitions dans les sélections nationales.

Le Festival da Cançao, dont j’avais entendu quelques chansons antérieures et qui m’avait plu l’année passée, était la sélection qui me tentait le plus… Déjà, je sentais que ma passion pour ce beau festival allait être grande et intense, comme elle l’est encore aujourd’hui.

Seulement, alors que Matay, Ela Limao, Mila Dores et autres Dan Riverman enchantaient mes oreilles, le ciel s’assombrit.
Ne ressemblant à aucune autre, une introduction joué aux cordes s’insinua sous ma peau, comme un serpent.
Pas d’instrument; juste quelques notes lointaines, les échos d’une boîte à musique. Et une voix… Enfantine, distordue, dérangeante, qui chantait sans vraiment suivre une mélodie précise… Il n’y en avait pas de toute façon. Pas de mélodie, pas de rythme, pas d’accord. Et ces nappes d’électronique qui se voulaient planantes, mais qui aggravaient d’autant plus l’atmosphère de malaise et d’oppression qui entourait cette… Chose. Ça, ce n’était pas une chanson!

Tout me glaçait le sang; j’avais l’impression qu’à tout moment, allait surgir un « jumpscare » musical, un cri perçant, un instrument plus étrange que les autres… Ou bien que la voix de Surma allait vriller encore plus qu’elle ne le faisait déjà…
Oui, c’était ça… J’avais l’impression d’entendre une œuvre d’outre-tombe… Le chant d’un spectre maléfique, de ceux qu’on ne croise que dans les légendes urbaines ou les films d’horreur.
Je ressentais une sensation de danger perpétuel, et cette angoisse pesante fut telle… Que je dus changer de chanson. (Pour tomber sur Conan Osiris et un « Telemoveis » peu disposer à me rassurer après cette épouvante musicale!).

Je n’ai jamais réussi à écouter « Pugna » en entier. Jamais. Je n’ai jamais regardé le Festival da Cançao cette année-là (bien que c’eût été ma sélection favorite de l’année!), parce que j’avais une peur panique d’entendre « Pugna » en live.
Et aujourd’hui encore, la terreur que me fait ressentir ce morceau est toujours aussi vive, intense comme à la première écoute.
Lorsqu’il m’arrive de l’entendre, je change immédiatement; je tremble à l’idée que la voix fantomatique de Surma revienne me hanter de nouveau. J’aimerais l’oublier, mais elle m’a marqué, comme au fer rouge.

Et vous, vous rappeliez-vous de « Pugna »? Vous a-t-elle autant effrayé, ou est-ce une simple bizarrerie à vos oreilles? Je suis curieuse de lire vos retours. Mais avant cela, je laisse la parole à deux de mes collègues, qui donneront leurs avis sur cet Objet Musical Non Identifié.

Nous allons commencer par l’avis plus que mitigé de Pascal :

« Surma : la veine expérimentale poussée à son paroxysme au FdC. J’étais très circonspect à l’époque sur ce morceau totalement atypique. Mais , aujourd’hui encore, ça ne marche pas sur moi. Je reste totalement extérieur à la prestation mais on ne peut que louer la RTP de proposer sur sa chaîne principale de telles performances. »

Nous poursuivons par l’avis insolite de Zipo :

« Cette chanson est une découverte totale pour moi car je n’écoute jamais toutes les chansons de la sélection nationale portugaise, et pour cause ! Je suis rarement emballé par les chansons présentes… Mais là, il aurait été dommage de passer à côté de « Pugna » car c’est plus une œuvre d’art abstraite qu’une chanson à l’état pur du terme. Qualifier cette prestation de chanson à part entière est difficile pour moi car c’est plus une représentation de l’âme humaine dans toute sa splendeur, à la limite profondément philosophique car ça sort du plus profond de son être de la part de l’interprète. Mais on peut aussi imaginer, un rite initiatique, un gourou qui veut influencer son auditoire ou carrément une sorcière qui lance un mauvais sort ! Autant dire que c’est une œuvre musicale hors du commun qu’il fallait analyser et bien malin celle ou celui qui aura la bonne définition. »

C’est à votre tour de vous exprimer ci-dessous dans la partie réservée aux commentaires ; rendez-vous demain pour un nouveau titre à la une.

Crédits photographiques : Maraaya (visuel EAQ)