Suède 2022 : portrait musical de Cornelia Jakobs

En ce début de week end et avant de la retrouver d’ici quelques heures sur la scène de l’Eurovision in Concert d’Amsterdam, découvrez ce matin le portrait de l’une des grandes favorites de cette édition 2022 : Cornelia Jakobs, pour la Suède.

Qui est-elle ?

De sa civilité Anna Cornelia Jakobsdotter Samuelsson, Cornelia est née le 9 mars 1992 à Stockholm. Fille de ses parents, elle a pour père le célèbre chanteur Jakob Samuel, leader de feu le groupe de glam et heavy metal The Poodles, finaliste du Melodifestivalen 2006 (et auteur de Best of Me pour Efraim Leo en 2021). En conclure que Cornelia est tombée dès sa naissance dans la marmite musicale n’est donc pas une sinécure, d’autant plus que sa grand-mère, Kerstin Nerbe, est une célèbre cheffe d’orchestre et directrice musicale, co-fondatrice du Folkopera de Stockholm. C’est ainsi que Cornelia se produit pour la première fois sur scène à l’âge de sept ans, lors d’un concert de son père, et commence à jouer dans des groupes dès ses années collège.

C’est en 2008 que la toute jeune ariste, alors à peine âgée de seize ans et lycéenne à la Kulturama (célèbre lycée musical de Stockholm), tente pour la première fois sa chance en concourant aux auditions d’Idol, où elle interprète Crazy de Gnars Barkley. Une expérience traumatisante pour l’artiste, qui se fait littéralement démonter et humilier par un jury comptant notamment parmi ses membres un certain … Anders Bagge. Un moment marquant qui attire l’attention des médias suédois et suscite l’ire paternelle. À tel point que Cornelia ne touchera plus à une guitare pendant dix ans.

She’s a Love Generation

Qu’importe, cet épisode n’empêchera nullement Cornelia Jakobs de trouver rapidement sa place au sein de l’industrie musicale, puisqu’en 2010, elle rejoint le girl’s band Love Generation à la suite d’une audition ayant opposé plus de cinq cents candidates. Un projet derrière lequel se trouvait alors le producteur RedOne, célèbre faiseur de stars et de succès internationaux (Lady Gaga, Ava Max, Pitbull, Enrique Inglesias et Nicki Minaj sont notamment passé·es dans ses filets parmi mille autres, dont Mylène Farmer et quelques mellostars par la même occasion).

Leur premier titre, Love Generation, est même enregistré le jour même de la formation du groupe (qui compte également dans ses rangs Martina « Charly Q » Braun Wolgast, Melanie Taylor, Mikaela Urbom et Roshana Hossein – qui a très vite quitté l’aventure au profit d’une carrière solo. C’est toutefois l’année suivante que les quatre filles restantes se font véritablement connaître du grand public suédois en prenant part aux séries du Melodifestivalen, où elles interprètent le titre Dance Alone. Suffisant pour décrocher une place en Andra Chansen, mais point pour rejoindre la finale, dont la route leur est barrée par Sara Varga au deuxième duel.

Le quatuor se verra toutefois rapidement offrir une seconde chance puisqu’en 2012 (Sainte Année Loreen), il est à nouveau invité à fouler la scène du Melodifestivalen, cette fois avec Just A Little Bit (ne pas confondre avec le titre homonyme de l’iconique Gina G, oops aaah). Peine perdue, et pire encore, puisque l’impitoyable public suédois rejette le groupe à la sixième place de sa demi-finale, hashtag élimination dès le premier tour.

Suite à cette malheureuse aventure, le groupe choisit d’emprunter un nouveau cap et de changer de nom. C’est ainsi que Love Generation devient Stockholm Syndrome, tandis que Mikaela se retire du projet. Exit alors leur label, leurs auteurs-compositeurs (dont RedOne) et leur style pop : place désormais à un changement radical, puisque les trois filles commencent à écrire et produire leur propre musiques dans un style électro-house. Le départ de Mikaela sera rapidement suivi de celui de Melanie Taylor, qui laisse alors Charly Q et Cornelia fonctionner en duo. Elles sortent le titre Kalabalik en novembre 2014, qui atteint alors la première place des charts électro d’Itunes.

L’aventure solo

Malgré la sortie de quelques titres et de nombreux concerts, l’activité du duo s’étiole rapidement et c’est ainsi que, dès 2018, Cornelia s’embarque dans l’aventure solo avec un premier titre, Late Night Stories. Huit autres suivront d’ailleurs en trois ans, durant lesquels Cornelia s’offrira plusieurs sessions live en pleine nature. Il faut dire que les occasions de jouer en salle ont été relativement rares durant les deux dernières années.

2022 sonne alors comme l’année de la consécration. Retenue dans la liste des 28 du Melodifestivalen, elle s’impose contre toute attente (sur le papier) dès le premier tour de sa série et remporte la finale en s’imposant auprès des jurys internationaux et en accrochant une belle médaille d’argent au télévote, au nez et à la barbe d’un certain … Anders Bagge. On appelle cela l’heure de la revanche … et de la vengeance, plus délicieuse et plus froide à déguster que jamais. D’autant plus que le petit père des suédois·es s’est, depuis, excusé pour son erreur d’appréciation et son attitude de l’époque.

Un nouveau titre, Fine, et quelques semaines après son sacre, voilà désormais Cornelia installée parmi les grandes favorites au Micro de Cristal 2022, puisqu’elle occupe à ce jour le troisième rang chez les bookmakers. La Suède égalera t-elle le record de l’Irlande en mai prochain ? Réponse … en mai, justement.

Sa chanson pour l’Eurovision 2022

Co-écrite l’été dernier par Cornelia Jakobs, David Zandén et Isa Molin, Hold Me Closer est un titre aux sonorités dream pop inspiré de l’expérience personnelle de l’artiste, qui vivait à ce moment-là une rupture sentimentale qui la brisait comme jamais. Dans le texte, l’héroïne prend acte d’une situation qu’elle n’a pas choisie. Elle enjoint l’être aimé à partir une bonne fois pour toutes, mais essaie de le retenir. Pour cela, elle lui demande de lui accorder des derniers instants et de la prendre une dernière fois dans ses bras. Un texte dont le fil rouge tient du paradoxe, puisque Cornelia tente de rassurer l’amour perdu en anticipant l’avenir meilleur qui s’offrira à elle, tout en n’ayant de cesse d’insister sur la douleur violente causée par son départ. N’est-ce pas là le propre de l’amour brisé ?

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À demain pour un nouveau portrait de candidat·e de l’Eurovision 2022 !

© Anna Lena Ahlström