Cette année-là, une jeune québécoise encore peu connue montait sur la 1ʳᵉ marche d’une gloire internationale qui lui tendait les bras. Mais ce n’est pas d’elle que nous allons parler aujourd’hui. Non. Ce mercredi, c’est le dernier du classement qui nous intéresse et il s’agit de…

Wilfried

Wilfried, de son vrai nom Wilfried Scheutz est né le 24 juin 1950 à Bad Goisern am Hallstättersee, petite ville de 7500 habitants (en 2016) dans le centre de l’Autriche. Il passe sa petite enfance au même endroit. À l’adolescence, comme toute personne née dans les années 50, il découvre le rock. Genre musical dont il tombe amoureux. À 14 ans, il fonde ainsi, son 1ᵉʳ groupe de rock, The Provos. 5 ans plus tard, études oblige, il part à Graz, une des plus grandes villes du pays. C’est là que débute véritablement sa carrière. Il joue de la basse pour un groupe de hard-rock autrichien puis passe quelque temps en France dans le groupe Escape. En 1973, il revient chez lui et publie ENFIN son 1ᵉʳ single (et 1ᵉʳ succès) Ziwui Ziwui, un titre qui lorgne du côté du rock et du folk (dont il devient un des précurseurs autrichiens).

Un titre qui fleure bon le patchouli !

Le reste de la décennie se passe bon an, mal an, Wilfried intégrant des trios, quartet et autres quintets… Qu’il finit par quitter. Bien qu’il publie un nombre considérable de titres, c’est en 1985 qu’il connait son plus grand succès : Südwind (vent du sud) qui est suivi 2 ans plus tard par la sortie de l’album Ikarus qui truste le haut des chats autrichiens pendant 3 mois. Tout cela ne pouvait pas être occulté par l’ORF (chaine publique autrichienne) à la recherche d’un représentant pour le pays en vue du concours Eurovision 1988.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

Contrairement à ce qu’il s’est passé pré-Eurovision pour la lanterne rouge 1984, en cette année 1988, l’ORF décide de se passer d’une finale nationale et choisit Wilfried en interne. Il faut dire qu’après toutes ces années dans l’industrie musicale autrichienne, il le mérite un peu, non ? Lisa Mona Lisa a été composée et écrite par Wilfried lui-même, Klaus Kofler et Ronnie Herboltzheimer. Rien à voir avec la célèbre peinture de Léonard de Vinci. Ici Wilfried est amoureux d’une femme qui vit sa vie comme elle l’entend.

Arrive donc le samedi 30 avril. L’Autriche tire au sort la 12ᵉ position entre le voisin allemand et les danois du groupe Hot Eyes (qui reviennent pour la 3ᵉ fois après 1984 et 1985). Si l’interprétation de Wilfried n’a rien de déshonorant (loin de là), Lisa Mona Lisa se fait complètement oubliée. Aucun votant ne lui donne de point. 0+0 la tête à Toto pour l’Autriche, qui décidément accumule les dernières places (3 lors des 10 dernières éditions).

Des épaulettes extra-larges ? Pas de doutes, nous sommes bien dans les années 80 !

Et après l’Eurovision ?

On ne peut pas dire que la dernière place à l’Eurovision ait été préjudiciable pour Wilfried. Dès le début des années 90, celui-ci mène une double carrière : chanteur, bien évidemment et acteur. C’est ainsi qu’on le retrouve dans des séries télévisées et sur le grand écran. Coté musique, il fonde en 1996 le groupe 4Xang, spécialisé dans l’A cappella. Il fera avec ce quartet une tournée en 2000 pour fêter ses 50 ans. En 2010, après 14 ans et environ 1 500 représentations dans les pays germanophones, le groupe se sépare. Un an avant (soit 2009, donc), il monte une formation de jazz, Fathers’n’Sons avec Gerd Schuller (clavier), Gerald Schuller (batterie) et… Hanibal Scheutz (contrebasse), son fils (d’où le nom du groupe).

Pow Wow des Alpes

En 2012, sont édités 2 albums : un inédit nommé Tralalala et une compilation Best of 1974–1992. En 2016, on le retrouve dans une comédie musicale, Tankstelle der Verdammten (station-service des damnés). Et en parlant de comédie musicale, il en est l’auteur d’une, Liebe Hoch 16 (L’amour à la puissance 16).

Un nouvel album studio intitulé Gut Lack est sorti en juin 2017. Mais Wilfried n’a pas le temps d’en profiter. Il meurt, un mois plus tard, le 16 juillet des suites d’un cancer. Lors de la cérémonie des Amadeus Music Award 2018 (l’équivalent autrichien de nos Victoires de la musique), il est honoré à titre posthume pour l’ensemble de son œuvre.

Un des derniers concerts de Wilfried

Wilfired était marié depuis 1982 avec Marina Tatic (avec qui il a ouvert un restaurant en 2009, le Vereinsmeierei). Ensemble, ils ont eu un fils, Jovan Hannibal (sus-mentioné) en 1981.

On se retrouve la semaine prochaine pour la dernière lanterne rouge de la saison !

Crédit photo : Lolotte pour l’EAQ

Crédit vidéo : chaines Youtube de : Peter J. Gnad / René / Georgios Symeonidis / Amy Wong / trombolot dertester