Pour fêter les 15 ans de la rédaction, l’équipe de L’Eurovision Au Quotidien a décidé de vous présenter le top 15 de chaque rédacteur et rédactrice de ces 15 dernières années incluant celle de 2020 (annulée pour cause de Covid 19). Pour continuer la rubrique, Rémi va vous révéler ses chansons préférées.

15 ans que l’aventure a commencé et autant dire que, de la Quotidienne Eurovision à l’Eurovision au Quotidien, il s’en est passé des choses ! Depuis 2010, le site a vu défiler de nombreux lecteurs, eurofans, rédacteurs et surtout des centaines d’eurostars, pas loin de 650 au compteur selon mes calculs. De quoi donner une inspiration inépuisable à d’interminables listes des inoubliables… mais aussi des oubliables puisque, oui, malgré ma mémoire régulièrement qualifiée de pachydermique, il y a des titres et des prestations qui passent complètement sous le tapis du souvenir à mesure que les années filent, et rarement pour le meilleur. 

Mais c’est justement au meilleur que je m’intéresse aujourd’hui. Quels sont donc les titres qui ont marqué ma quinzaine d’eurofan ? Si certaines évidences étaient d’entrée indiscutables (n’est-ce pas en même temps le principe de l’évidence ?), pour d’autres, ce fut plus compliqué de choisir, d’autant lorsque votre sempiternelle impossibilité de choisir vous confère les accents d’un ascendant balance, signe qui ne figure pourtant quasiment pas dans votre thème astral. Surtout qu’en quinze ans d’Eurovision, il y a inévitablement plus de quinze titres et prestations qui marquent une mémoire d’eurofan. Étrangement toutefois, la liste fut plus simple à établir que je ne l’espérais initialement et, trêve de bavardage inutile, je vous laisse la découvrir ci-après sous la forme du top 15 demandé et attendu.

Mais avant ça, je ne pouvais décemment pas passer sous silence tous ces titres qui ne figurent pas dans le top 15 (certains y ont été momentanément placés), mais qui ont une place, là, quelque part. Mention spéciale à :

  • A Monster Like Me – Morland et Debra Scarlett (Norvège 2015) 
  • Calm After The Storm – The Comman Linnets (Pays-Bas 2014)
  • De diepte – S10 (Pays-Bas 2022)
  • Goodbye To Yesterday – Elina Born et Stig Rästa (Estonie 2015)
  • Hold Me Closer – Cornelia Jakobs (Suède 2022)
  • Kuula – Ott Lepland (Estonie 2012)
  • Same Heart – Mei Finegold (Israël 2014)
  • Satellite – Lena (Allemagne 2010)
  • Sekret – Ronela Hajati (Albanie 2022)
  • Telemoveis – Conan Osiris (Portugal 2019)
  • Teresa & Maria – alyona alyona et Jerry Heil (Ukraine 2024)
  • Voyage – Zoë Më (Suisse 2025)
  • Zari – Marina Satti (Grèce 2024)
  • Zitti e buoni – Måneskin (Italie 2021)

Bref, prêts à embarquer dans le top 15 de Rémi P. ? C’est partiiiiii.

15- Doomsday Blue – Bambie Thug (Irlande 2024)

Il est de ces prestations qui marquent des tournants dans l’histoire de l’Eurovision et celle de Bambie Thug à Malmö en fait évidemment partie. Plus qu’une performance, c’est un acte artistique qu’avait proposé l’artiste irlandais•e avec ce titre indescriptible, à la fois captivant, effrayant, engagé, violent et nourri de nombreuses influences. Un choc pour les oreilles et pour les yeux, que l’on résumera dans la formule suivante : « Crown The Witch ».

14- Discoteque – The Roop (Lituanie 2021)

The Roop, ou l’histoire d’une partie de ma vie d’eurofan. L’addictif On Fire aurait assurément pu offrir à la Lituanie son premier couronnement, mais ici, c’est Discoteque qui a le goût de l’irrésistible. Une rythmique entraînante, une énergie atypique, une virée en boite qui ne ressemble à aucune autre et surtout, du jaune, une pluie de jaune, un tsunami de jaaaaauune ! Et le charismatique Vaidotas, inégalable dans sa manière de faire l’amour à la caméra (à un Amir près, j’y reviendrai). Bref, allons discothéquer dans la Discoteca.

13- Rhythm Inside – Loïc Nottet (Belgique 2015)

Le hasard fait que le nom de Loïc Nottet tourne en boucle depuis hier sur la planète Eurovision… mais est-ce tant un hasard de retrouver le belge dans ce top 15, et pas que le mien d’ailleurs ? Non, tant Rhythm Inside fut l’un des uppercuts eurovisionesques de l’édition 2015 avec son beat imparable et son alliage moderne et élégant de blanc et de noir. Non, le rythme n’a décidément pas résonné qu’à l’intérieur de nous à Vienne et je dirais même qu’il a pris possessions des esprits et des corps de l’euromonde.

12- Zjerm – Shkodra Elektronike (Albanie 2025)

Si seulement nous avions pu aller à Tirana en 2026, et je ne parle pas ici que de mon budget sérieusement mis à mal par la Suisse. Dans une édition historiquement faible, Zjerm a été le vent de fraîcheur insoupçonné que je n’espérais plus de la part de l’Albanie. Avec son mix sonorités traditionnelles et électro, le duo ne pouvait que m’accrocher, me prendre, m’ensorceler, pour ne plus me relâcher. Preuve en est, Shkodra s’offre une entrée directe dans le top 15 de la période avec cette si belle 12ème place. 

11- If Love Was A Crime – Poli Genova (Bulgarie 2016) 

Pour ceux qui se rappellent de Poli Genova ère Na inat, il y a de quoi être décontenancé sur le papier par cette proposition pop aux antipodes du rock en bulgare. Mais le titre suffit à lui-même à justifier sa présence dans le top 15 : « si l’amour était un crime, nous serions tous des criminels ». Un hymne universaliste à la tolérance, à l’égalité, aux amours libres et débarrassées des chaînes et des carcans que veulent nous imposer les frustrés de la société et ses haineux de bas-étage. О, дай ми любовта!

10- Hatrid Mun Sigra – Hatari (Islande 2019)

Puisque je parlais plus tôt de tournant dans l’histoire du concours, le groupe islandais Hatari en a été un à plus d’un titre, à commencer par la musique. Comment diable oser une proposition aussi radicale, clivante et politique sur la scène d’un concours capable de réunir aussi bien des têtes blondes, des ménagères albanaises ou de conservateurs aînés ? Le pari était audacieux, le son ravageur et la performance un chef d’œuvre d’Eurovision, ni plus ni moins. De ceux qui hantent pendant longtemps une mémoire d’eurofan et de téléspectateur…

9- New Tomorrow – A Friend In London (Danemark 2011)

Touche plus soft avec les voisins danois d’A Friend In London, coup de cœur d’une édition 2011 moyenne où l’esprit pop-rock de ce « nouveau lendemain » m’a fait fondre. Sans doute le message destiné aux jeunes générations a t-il résonné à l’époque (saviez-vous d’ailleurs que le Parti travailliste de Malte en avait fait son hymne de campagne il y a quelques années ?) et continue t-il de résonner depuis, tant nous avons besoin d’un souffle nouveau et de jours meilleurs ? 

8- J’ai cherché – Amir (France 2016)

You-hou-hou-hou-hooooouuuuu… Mais comment France Télé a t-elle pu passer à ce point à côté de la scénographie de cet hymne festif, rassembleur, addictif, entêtant, qui avait tout pour faire exploser les compteurs du télévote ? Au-delà du retour de la France dans le top 10, Amir a gagné autre chose : un nom sur la scène musicale européenne et un eurotube qui continue de faire danser la foule près de dix ans après. Sans compter cette capacité inégalée à faire l’amour à la caméra… Bref, Amir, prêt à reprendre du service un de ces quatre au besoin ?

7- In Corpore Sano – Konstrakta (Serbie 2022)

Tout le monde trouvait le truc dingo, dont moi. Personne ne l’avait vue venir, sauf moi. Il faut dire que le package In Corpore Sano (qui présente tous les ingrédients du sacro-saint casse-gueule) avait de quoi dérouter les plus rompus à la singularité et à la radicalité. C’était sans compter sur la délicieuse et addictive saveur du Biti Sdrava, et sur la fameuse Forza Konstrakta, sorcière serbe tout droit sortie d’on ne sait quelle contrée, en tout cas suffisamment éloignée du métaverse pour réussir à envoûter l’Europe en se lavant les mains trois minutes durant. Forza, j’ai dit.

6- Fuego – Eleni Foureira (Chypre 2018)

Passée sous les radars jusqu’à ce qu’une répétition lisboète la place en grande favorite à la victoire : c’est l’histoire d’Eleni Foureira, anonyme candidate chypriote devenue eurostar, ou plutôt eurodiva de classe 1. Avec le recul, comme l’eurofan a t-il pu passer à côté avant le début de la quinzaine Eurovision, tant Fuego est l’eurotube par excellence, feu et flammes qui s’abattent sur le dancefloor de l’euroclub et font se déchaîner la tigresse qui était jusqu’alors soigneusement cachée en vous ?

5- Occidentali’s Karma – Francesco Gabbani (Italie 2017)

Il est là mon drama de 2017, tant je n’en pouvais plus de voir déjà l’Italie le trophée entre les mains. Il faut dire qu’avec ses sonorités pop vintage haute en couleurs et son texte délicieusement ironique, Occidentali’s karma avait tout pour faire craquer l’Europe comme Gabbani et son singe m’ont fait instantanément craquer un soir hivernal de Sanremo à la sortie du resto. Mais, visiblement, tout le monde n’a pas le bon goût de Rémi P., ou plutôt l’Italie a eu le mauvais goût de foirer la performance live. En même temps, quand t’as le rouleau compresseur Sobral en face… Bref, namasté, ALLEZ !

4- Soldi – Mahmood (Italie 2019)

Objectivement, Mahmood aurait mérité la médaille de bronze ex-æquo, mais comme on me glisse dans l’oreillette que c’est un top 15 et non un championnat du monde de natation départagé au millième… Choisir entre Arcade et Soldi revient comme devoir choisir entre ma mère et mon père, tant les deux figurent au firmament de mon palmarès Eurovision. Au-delà de Mahmood (et vous connaissez ma passion irraisonnée pour le beau chanteur), Soldi a marqué un tournant : celui du renouveau italien au concours et à Sanremo, au-dessus des carcans musicaux dans lesquels nous étions tentés d’enfermer le pays, à tort. Entendre des sons urbains sur la scène de l’Eurovision était une bouffée d’air et je dirais même que ce fut ma première socialisation réelle avec le style musical, moi qui n’en étais pas si familier, et ce grâce au concours et à la terre de mes origines. Avis aux autres pays : n’hésitez pas à prendre exemple !

Place au podium (et si vous me connaissez bien, vous voyez venir le truc…).

3- Arcade – Duncan Laurence (Pays-Bas 2019)

Chaque année, la saison des sélections vire à l’attente impatiente, celle de la fameuse winner vibe, qui se fait chaque année de plus en plus discrète (du moins à mon sens, sans doute parce que mes attentes sont trop élevées et qu’à force d’écouter et réécouter les titres, on se fait plus exigeant. À moins que je sois tout simplement parfois dans le déni des évidences ?). Et quand cette vibration du gagnant se manifeste à vous, ça fait l’effet d’un coup de foudre à la Arcade. Ainsi, à la première écoute du bijou de Duncan Laurence, je compris que, non seulement je tenais là mon coup de cœur de l’édition et l’un de mes titres favoris de l’histoire du concours mais, surtout, qu’on avait devant nous le vainqueur évident de l’Eurovision 2019. Et ce n’est pas une scénographie réduite à sa plus stricte sobriété qui suffirait à empêcher la magie d’opérer sur la scène du Convention Centre de Tel-Aviv. N’appelle t-on pas cela un moment de grâce ? 

2- Tattoo – Loreen (Suède 2023)

Loreen. La reine Loreen. Si, à la découverte de son cru 2023 au Melodifestivalen, nous nous étions doutés que Tattoo deviendrait un tube international qui compterait des centaines de millions d’écoutes en streaming, on n’y aurait sans doute pas cru tant nos relents d’hyper-exigence ont laissé libre cours à des critiques trop gratuites. Alors que la réalité est là : Loreen est la reine de l’Eurovision, reine des reines et reine parmi les rois, n’en déplaise à sa camarade de promotion et voisine norvégienne. Comment aurait-elle pu soulever la couronne (ou plutôt le Micro de Cristal) une deuxième fois sinon ? Et surtout comment aurait-elle pu commettre l’exploit d’un deuxième eurotube iconique, à deux doigts de dépasser le premier…

1- Euphoria – Loreen (Suède 2012)

… Que vous retrouverez sans surprise à la première place de mon top 15 de la période 2010-2025, si ce n’est de l’histoire de l’Eurovision tant que je voue une vénération littérale et pour le moment éternelle à Euphoria. Treize années ont beau s’être écoulées, je n’en démords pas : l’eurotube de légende de la tout aussi légendaire Loreen reste indépassable à mes yeux et à mes oreilles, quand bien même Tattoo, quand bien même Arcade, quand bien même Soldi et tous les autres. Oui, des années après, je reste aspiré par le divin de l’euphorie, par l’hypnotique et le mystique d’un tout qui ne se contente pas de toucher le ciel du doigt, mais qui le dépasse. Oui, je reste connecté à cette euphorie signée Loreen jusqu’à la passion et la déraison, et je suis prêt pour un lip-synch légendaire.

C’était donc le top 15 de Rémi ! À la semaine prochaine pour un nouveau top 15, signé d’un rédacteur ou bien de… surprise !