Demandez le Petit Journal, demandez le Petit Journal de l’été 2025, sixième numéro du nom ! Que s’est-il passé sur la planète Eurovision ces derniers jours ?

Au sommaire très est-européen dans l’esprit : une rumeur démentie, un camp d’écriture pour motiver le retour d’un ancien pays participant, une affaire de dettes qui avance doucement, un télédiffuseur en pleine controverse, et autres informations croustillantes.

Loïc Nottet à l’Eurovision 2026 : la RTBF dément !

La semaine dernière, le journaliste indépendant Clément Garin (CGTV) annonçait en exclusivité que la Belgique aurait choisi Loïc Nottet pour défendre à nouveau ses couleurs à l’Eurovision en 2026, onze ans après sa participation mémorable au concours viennois (une 4ème place à la clé). Faute de confirmation officielle de la RTBF, l’ »information » est restée à l’état de rumeur, bien qu’ayant largement circulé dans un euromonde au demeurant particulièrement excité par la nouvelle. 

Patatras ! Vendredi, interrogée par le média néerlandophone Nieuwsblad, la RTBF a  fermement démenti la rumeur, affirmant ne pas avoir encore sélectionné de représentant pour l’édition 2026. Surtout que la Belgique n’a toujours pas confirmé sa participation l’année prochaine à ce jour, la VRT (télédiffuseur néerlandophone, chargé du concours en 2025) et la RTBF (télédiffuseur francophone, chargé du concours en 2026) étant toutes les deux parties prenantes actives des discussions en cours avec l’UER suite aux résultats contestés de l’édition bâloise. Mais la RTBF affirme toutefois avoir lancé sa quête d’un candidat belge pour l’Eurovision 2026.

« Il y a eu plusieurs débats après l’Eurovision cette année. Ces discussions sont toujours en cours, pendant que l’équipe de production recherche un candidat pour représenter la Belgique. Il n’y a pas de confirmation à ce stade. La RTBF et la VRT ont écrit conjointement une lettre à l’UER demandant de revoir la procédure de vote. ces discussions sont actuellement enclenchées à l’UER et cela prend naturellement du temps de mettre des pays à la même page. » déclare ainsi la RTBF. 

Le télédiffuseur ajoute être en contact avec plusieurs artistes afin de défendre les couleurs de la Belgique sur la scène de l’Eurovision 2026. La décision devra être prise cet été, afin que la RTBF soit prête à dégainer le moment venu de la confirmation de son (éventuelle) participation. Le suspense est à son comble !

Un camp d’écriture en Roumanie

La Roumanie et l’Eurovision, c’est un peu « Je t’aime moi non plus ». Après avoir longtemps fait partie du club des pays de l’est en vogue au concours (au point d’en accrocher deux fois le top 3 en 2005 et 2010), le pays de Dracula a ensuite vu sa popularité se tarir à partir de son exclusion temporaire de 2016 en raison d’impayés à l’UER. Depuis, la Roumanie avait enchaîné des choix artistiques hasardeux avec un budget contraint et des audiences en berne, au point de cumuler quatre échecs en demi-finale sur ses cinq dernières participations. Total : le pays s’est retiré de l’Eurovision en 2023 et ne participe plus depuis, notamment en raison des relations exécrables entretenues par le télédiffuseur avec l’industrie musicale locale, qu’il accuse de ne pas jouer le jeu du concours. 

Et si cela changeait l’année prochaine ? À l’heure où l’UER doit essayer de mobiliser le plus grand nombre de pays pour la 70ème édition du concours, la TVR (télédiffuseur roumain) a été invitée à participer à un camp d’écriture cet automne, le Normania Song Writing Camp. Ce dernier se déroulera en octobre prochain à Snagov et réunira des auteurs-compositeurs, producteurs et artistes roumains afin d’écrire des titres pour le prochain concours, avec une focale particulière sur la Roumanie. À l’origine de ce camp, dont il s’agira de la première édition, nous retrouvons Ovi Jacobsen (représentant roumain à l’Eurovision 2010 et 2014 en duo avec Paula Selig, Daniel Antonescu (membre de N-Tone), Carl-Henrik Wahl et Jonas H. Jensen (membres de The Woods, auteurs-compositeurs de titres pour des sélections nationales passées).

À ce stade, la TVR n’a pas confirmé son intention ou non de participer au camp d’écriture. Si elle décidait toutefois de répondre par l’affirmative, ce pourrait être un premier signal d’encouragement en faveur d’un retour de la Roumanie aux affaires de l’Eurovision. Affaire à suivre. 

Sanremo parti pour rester… à Sanremo

Nouvel épisode dans l’affaire RAI versus municipalité de Sanremo. Rappel des faits : cette dernière s’était vue imposer par la justice ligurienne de procéder à un appel d’offres concurrentiel pour l’attribution des droits de diffusion du festival de Sanremo, remporté sans opposants par la RAI pour la période 2026-2028. Devant la manne financière impressionnante que représente le festival aux records d’audience, la municipalité a demandé au télédiffuseur de lui reverser 1% des recettes publicitaires (estimées à un total d’environ 67 millions d’euros pour l’édition 2025 !). C’est là que les choses se sont corsées, puisque la RAI, refusant de concéder le moindre centime, a menacé de déplacer son festival de la musique italienne dans une autre ville, ce dès l’année prochaine. 

Une réunion de la dernière chance a récemment été organisée à Rome entre les deux parties. Il semblerait que la passion commence à céder la place à la raison puisque, face au risque de perdre son événement phare aux 75 ans d’existence (et aux 245 millions d’euros de retombées économiques…), la municipalité de Sanremo a assoupli ses positions. Il faut dire que la menace planait sérieusement, avec plusieurs villes italiennes candidates à l’accueil du festival en cas de rupture entre la RAI et Sanremo, comme Rome, Naples, Milan ou encore Turin, De solides concurrentes avec lesquelles le télédiffuseur était prêt à traiter en cas de départ de la Riviera italienne.

Du coup, afin de préserver ses chances de garder le festival à la maison, la municipalité a décidé de renoncer au pourcentage sur les recettes publicitaires initialement demandé à la RAI, qui obtient ainsi une victoire symbolique sur ce point de tension majeur, et de lâcher du lest sur la propriété de la marque « Festival de Sanremo » qu’elle avait dans le viseur. En réponse, le télédiffuseur refuse toujours de payer les frais d’hébergement et de restauration des artistes, techniciens et autres personnels engagés sur le festival, dont l’impact sur les 20 millions d’euros de budget est assez conséquent. Un accord pour l’accueil du festival dans la cité ligurienne en 2026 pourrait toutefois être conclu d’ici fin août.

Du rififi en Serbie 

Ça chauffe à la RTS ! Productrice exécutive de Pesma Za Evroviziju (la sélection serbe pour l’Eurovision) et directrice des programmes spéciaux, Olivera Kovačević a été démise de l’ensemble de ses fonctions par le directeur général du télédiffuseur. La raison ? Lors des manifestations anti-corruption menées par les étudiants serbes suite à l’accident de train meurtrier de Novi Sad en début d’année, Mme Kovačević a refusé d’interdire aux participants à la sélection nationale toute prise de position en faveur des manifestants (port de badge, geste du point rouge, brandissement de carnets d’étudiants, interprétation de la chanson Za million godina…) afin de ne pas les censurer. Elle a enfreint ainsi les ordres du directeur général de la RTS.

Pour rappel, plusieurs artistes avaient pris position en faveur des manifestants à l’occasion du PZE, tandis que l’un des co-présentateurs initialement prévus, Slaven Došlo, s’était retiré avant les directs en raison des mobilisations, affirmant ne pas être en capacité d’assumer son rôle en toute intégrité du fait du contexte. Le contexte social avait également eu un impact sur la programmation des entractes. Le traitement des manifestations par la RTS ayant par ailleurs suscité la polémique et engendré un boycott massif des étudiants à l’encontre du télédiffuseur public serbe, le PZE 2025 avait enregistré une audience historiquement faible, de même que l’Eurovision en mai dernier. 

Selon Olivera Kovačević, son licenciement (déjà demandé par un membre du comité directeur de la RTS, qui avait même fait remonter une plainte auprès de l’UER) n’est pas sans revêtir des atours politiques. Elle avait effectivement pris position publiquement en faveur des manifestations et signé une lettre ouverte des personnels du télédiffuseur enjoignant RTS News à faire son travail de manière professionnelle. En outre, elle avait poursuivi Aleksandar Vučić, le président de la république de Serbie, pour des « mensonges proférés à son encontre et à celle des équipes de l’Eurovision. »

La Serbie a confirmé sa participation à l’Eurovision 2026 à l’issue de l’édition bâloise. Si le mode de sélection du représentant n’a pas été précisé à ce stade, le PZE pourrait bel et bien être de retour malgré cette nouvelle polémique. À noter que le pays n’a plus sélectionné son candidat en interne depuis Tijana Bogićević en 2017.

Sinon ?

  • Suite du feuilleton saint-marinais, où ça dit oui… et ça diverge. Dans une résolution du 8 juillet, le congrès d’Etat de la petite république confirme le renouvellement du San Marino Song Contest pour trois ans (#halleloo…) et la présence de Saint-Marin en Autriche l’année prochaine. Dans un communiqué de presse, le télédiffuseur a toutefois précisé que le dernier mot lui appartenait et qu’aucune décision sur la participation n’avait été prise à ce jour, puisqu’elle dépend du résultat des échanges avec l’UER et de motifs internes. Mettez-vous d’accord entre vous…
  • Eurovision Murder Mystery, de nouveaux détails ! La série policière produite par la NDR (qui vient de recevoir un soutien financier de Nordmedia à hauteur de 90 000€) se déclinera dans un format de 6 épisodes de 52 minutes. Le pitch ? « Lors du Concours Eurovision de la chanson à Montreux, Lea Lippmann, la favorite allemande, est retrouvée morte dans le lac Léman. Manuela Wagner, policière suspendue, Sable, la candidate française excentrique à l’Eurovision, Solas, le policier trop zélé, et Moser, l’enquêteur suisse passionné par l’Eurovision, forment sans le savoir une équipe pour résoudre l’affaire. À chaque apparition, un nouveau secret pourrait être révélé ; à chaque prestation, l’épreuve de force se rapproche. »
  • Bientôt le règlement des dettes pour la BHRT ? En retrait de l’Eurovision depuis 2016 suite aux difficultés économiques du télédiffuseur et en raison d’impayés à l’UER, la Bosnie-Herzégovine pourrait retrouver un souffle d’air financier. À la suite d’un long imbroglio juridique avec la RTRS (télévision de la République serbe de Bosnie), la Cour constitutionnelle de l’entité fédérée a acté que cette dernière n’avait pas honoré ses obligations légales envers la BHRT, à savoir le règlement de 50 millions d’euros issus des recettes de la taxe sur l’audiovisuel. Si le parcours judiciaire est encore long, la perception des dettes dues par la RTRS pourrait permettre à la BHRT de régler par ricochet celles qu’elle doit à l’UER… et donc d’envisager un retour à l’Eurovision ces prochaines années ?
  • Louane, une star à domicile. Connue pour entretenir le lien avec ses fans, la représentante française 2025 a franchi un cap supplémentaire en venant chanter au mariage d’un couple du Nord, le 19 juillet dernier, à la surprise totale des invités. Un coup en réalité préparé par Pauline, la mariée, régulièrement en contact avec l’artiste depuis plus d’un an et qui avait même interprété sur scène le titre « Tu m’as dit » (écrit en écho à son divorce difficile) en duo avec Louane lors d’un concert. Lorsque qu’elle a invité cette dernière à chanter à son mariage, la star ne s’est pas faite prier pour assister à la noce et offrir ainsi un concert inoubliable à une assemblée émerveillée. La classe.

Le documentaire du week-end

Ce n’était sans doute pas l’épisode le plus connu et mis en avant dans son extraordinaire carrière, avant que le retour du concours à Bâle ne le rappelle au monde entier. Le 30 avril 1988, une jeune canadienne s’avance sur la scène du Simmonscourt Pavilion à Dublin, Irlande, pour défendre les couleurs de la Suisse sur la scène de l’Eurovision. Au terme d’un suspense insoutenable, Céline Dion remporte le trophée et voit son destin musical basculer à jamais…


« Ce n’était qu’un rêve » devenu réalité. Réalisé par Noël Totajada et Vincent Gonon, le documentaire Céline Dion, la note parfaite à l’Eurovision revient sur cet épisode phare, si ce n’est fondateur, de la carrière de l’une des plus grandes stars de la scène musicale internationale. Archives d’interviews de l’artiste, de son mentor et époux René Angélil, du compositeur Atilla Sereftug (à l’origine de la mise en musique de Ne partez pas sans moi, dont le texte a été écrit par Nella Martinetti) et du concurrent britannique déçu Scott Fitzgerald, éclairages du biographe Valentin Grimaud… Tous les ingrédients sont réunis pour pour vous dévoiler les coulisses de cet événement majeur dans la trajectoire de Céline Dion, que nous n’avons malheureusement pas eu la chance de voir sur la scène de l’Eurovision 2025 pour le retour du concours en Suisse.

Présenté en avant-première à Paris en juin 2024 lors d’une soirée spéciale organisée à la Gaîté Lyrique, Céline Dion, la note parfaite à l’Eurovision est disponible en replay sur arte.tv jusqu’au 14 janvier 2026.

C’en est déjà (ou enfin, c’est selon) fini de ce sixième numéro du Petit Journal de l’été 2025 ! Rendez-vous dimanche prochain pour un nouveau numéro qui s’annonce tout aussi riche en infos.