Demandez le Petit Journal, demandez le Petit Journal (à défaut de la playlist de l’été qui, visiblement, s’est faite la malle ce week-end…) ! Au menu de ce nouveau numéro estival, les dernières informations croustillantes – ou dramas c’est selon – de la planète Eurovision.

Au sommaire du jour, bonjour :

Une bascule de l’Eurovision Junior sur France 4 ?

Alors que, dimanche dernier, nous nous interrogions sur le silence de France Télévisions, la fumée blanche est sortie comme par magie mardi : la France sera bel et bien de l’aventure de l’Eurovision Junior 2025 le 13 décembre prochain ! Une excellente nouvelle et un ouf de soulagement pour les eurofans, qui avaient vu circuler la rumeur – sortie d’on ne sait où par ailleurs… – d’un éventuel retrait du pays en raison de l’enquête judiciaire en cours sur le financement du Junior 2023 par la municipalité de Nice. Que nenni : France Télévisions sera au rendez-vous de Tbilissi et c’est tant mieux.

Dans la catégorie rumeurs, le journaliste indépendant Clément Garin n’est pas en reste cette semaine puisqu’il a révélé une « exclusivité » de son cru concernant l’Eurovision Junior 2025 : jusqu’ici diffusé sur France 2 depuis le retour de la France aux affaires (l’édition 2004 avait été, elle, diffusée sur France 3), le concours verrait sa retransmission basculer sur France 4, comme pour les demi-finales du concours adulte. Si elle était confirmée, cette information donnerait l’impression d’une relégation du Junior sur une chaîne annexe du groupe dans la mesure où, si France 4 bénéficie d’une cible jeunesse, elle souffre d’une exposition plus limitée que France 2, 3 et 5.

La raison avancée par Garin est la programmation de l’European Rugby Champions Cup sur le même créneau horaire que celui du Junior (à savoir le samedi après-midi) entre décembre et mai, ce qui laisse planer le risque d’une incompatibilité de planning entre un match d’un club français et la diffusion du concours. À moins que les audiences de ce dernier sur le créneau de l’access (correctes à défaut d’être exceptionnelles par rapport aux standards de la chaîne) ne justifient en partie un impact sur une éventuelle bascule sur France 4 ? Rappelons qu’en 2022, lorsque pareil cas s’était produit, France Télévisions avait fait le choix de maintenir le concours sur France 2 et de basculer le match de la coupe d’Europe sur France 3…

L’Espagne tient des aspirantes pour l’Eurovision…

Malgré la 24ème place de la diva Melody sur la scène de la St. Jakobshalle, le Benidorm Fest (qui a fait l’objet d’un récent changement d’équipe) et l’Eurovision ne semblent pas souffrir d’un manque d’intérêt en Espagne, et pour cause, puisque deux eurostars se sont récemment déclarées candidates pour porter les couleurs rouge et jaune sur la scène du concours.

En tête de la liste, Melani, autrice du retour triomphal de l’Espagne à l’Eurovision Junior en 2019. La co-présentatrice du concours junior en 2024, qui cartonne actuellement dans le programme Tu cara mi sueña (comme une certaine Melody avant elle), a déclaré au journal El Pais qu’elle était intéressée pour participer à la sélection espagnole à condition d’avoir la « chanson idéale » et que son rêve serait de représenter l’Espagne à l’Eurovision.

Mais elle n’est pas la seule à se positionner de la sorte puisqu’une personnalité plus surprenante (et bien connue des eurofans) est aussi prête à participer au Benidorm Fest : Charlotte Perelli ! Oui, vous avez bien lu : la gagnante suédoise de l’Eurovision 1999, qui avait également participé au concours en 2008 et compte de nombreux passages au Melodifestivalen, souhaite désormais endosser les couleurs ibériques sur la scène du concours. Celle qui vit depuis deux ans à Marbella (station balnéaire chic sur la côte andalouse) aurait même rêvé de représenter l’Espagne en Suède en 2026 si KAJ l’avait emporté à Bâle (perdu, ce fut l’Autriche). Désormais, l’eurodiva n’attend plus qu’une chose : LA chanson qui lui permette de briller à Benidorm.

À l’heure où le Benidorm Fest offre une belle exposition médiatique à ses participants (Uh nana de Daniela Blasco, I’m A Queen de Mel Ömana et Me Gustas Tú de K!NGDOM tournent en boucle sur la RTVE pour sa saison estivale), d’autres pourraient être tentés de se lancer dans l’aventure. Le compte Benileaks évoque ainsi les noms de LaPili, BAJOCERO X, Maria Isabel (gagnante espagnole de l’Eurovision Junior 2004, qui avait pris part à la sélection espagnole pour le concours adulte en 2016), Pablo Alborán (mais son label a démenti), Supreme De Luxe, Alex Ubago, Marala, María Terremoto, Ginebras, Walls, Mel Ömana, Mirela (dauphine déçue de Manel Navarro en sélection en 2017) ou Sexy Zebras.

… et la France aussi ?

Crédits : JP Pariente/SIPA/TF1

Si Kendji Girac s’est récemment déclaré intéressé pour représenter un jour la France à l’Eurovision (ce qui enthousiasme déjà certains eurofans), une nouvelle venue sur la scène musicale française a, elle aussi, ouvert la porte à une éventuelle participation au concours : Marine. Gagnante de la dernière saison de la Star Academy, la nordiste rencontre actuellement un beau succès dans les charts avec son premier album Coeur maladroit, dans la lignée d’un premier single Ma faute déjà certifié disque de platine. En route vers sa première tournée solo, elle a été interrogée dans Questions de fans sur Purecharts quant à une éventuelle participation à l’Eurovision.

Marine a tout d’abord exprimé sa surprise avec son désormais légendaire « Purée« , avant de déclarer qu’elle n’avait pas envisagé la question à ce jour, notamment parce qu’elle ne saurait pas avec quelle chanson participer. Celle qui dit suivre et regarder souvent le concours ne sait pas si elle a envie de faire l’Eurovision, en raison de la compétition que cela implique et de l’absence de victoire de la France depuis 1977, qu’elle trouve « humiliante ». Mais elle avoue en parallèle que le concours fait tout de même partie « des objectifs »… Traduire : si elle « ne s’imagine pas aller jusque-là », Marine accepterait de représenter la France au concours si on le lui proposait. Participer à l’Eurovision serait, en effet, « incroyable » et « fou » pour la jeune dentiste passée à la musique, comme un certain Amir avant elle…

Ce n’est pas la première fois qu’un artiste issu du mythique télé-crochet de TF1 est évoqué pour porter les couleurs tricolores à l’Eurovision. L’année dernière, Helena (demi-finaliste de la saison 2023) et Lénie (cinquième de la même saison, vainqueur de Danse avec les stars en début d’année) avaient vu leurs noms circuler parmi les rumeurs avant l’officialisation du choix de Louane fin janvier. Interrogé à ce sujet, Pierre Garnier (vainqueur 2023) avait quant à lui décliné l’idée d’une participation dans une interview à ce stade de sa carrière.

La venue d’Amir à Spa contestée

Vendredi 18 juillet, Amir s’est produit sur la scène des Francofolies de Spa (Belgique) pour un concert qui a suscité l’enthousiasme de la foule. Mais à voir la polémique engendrée par sa présence au programme du célèbre festival, ce n’était pas gagné. Explications.

Dans la lignée des concerts de Lens et de Gardanne (voir PJS de la semaine dernière), l’ancien représentant français à l’Eurovision n’en finit plus de faire polémique dès lors que son nom est programmé quelque part, en raison de ses positions par rapport au conflit israélo-palestinien et à la guerre à Gaza. Plusieurs artistes ont dénoncé sa participation aux Francofolies, à commencer par Yoa. Lauréate de la Victoire de la musique de la révélation scène 2025, la chanteuse franco-suisse a annulé sa venue au festival – à l’instar de DJ RaQL, Dali et LibraRomea -, expliquant que « [Ses] convictions sociales, politiques et humanistes vont à l’encontre du faire de partager la scène avec un artiste qui ne reconnaît pas le génocide en cours en Palestine ». En parallèle, d’autres artistes programmés au festival (Colt, Lovelace, Nicou, Lauravioli, Isaac, Libra Romea, CHOSE, SMR, Nkey, Mado) ont dénoncé la venue d’Amir dans un communiqué commun et appelé expressément à son retrait de l’affiche du festival.

En réponse, l’organisation des Francofolies de Spa s’est déclarée « révoltée par la tragédie en cours à Gaza«  et entend les interpellations sur les engagements d’un artiste. Toutefois, elle a également constaté l’absence de tout propos « propagandiste » de la part d’Amir sur scène, évoquant ses chansons qui traitent de « thèmes universels et consensuels tels que l’amour, la fête, la quête de soi et la résilience« . S’avouant par ailleurs incapable de juger moralement de la trajectoire personnelle d’Amir, l’organisation a décidé de maintenir sa présence à l’affiche du festival, soulignant par ailleurs sa grande popularité et son côté rassembleur.

Du côté de l’entourage de l’artiste, les prises de positions contre Amir ont suscité la colère. Dans un communiqué à l’AFP, le label Parlophone a dénoncé « le déferlement de haine antisémite qu’il reçoit depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux ». « Amir n’a pas choisi sa nationalité et a toujours fait le choix de promouvoir la paix entre les peuples et de célébrer les valeurs humaines dans ses chansons. » Dans un article au Parisien, le producteur Antoine Gouiffes-Yan a dénoncé des informations biaisées et décontextualisées sur lesquelles se fondent les accusations et le cyber-harcèlement dont le chanteur est victime alors qu’il chante l’unité entre les peuples, dans le contexte d’un « antisémitisme d’atmosphère« . Tourneur d’Amir, Pierre-Alexandre Vertadier a déploré l’absence de dialogue des artistes qui l’ont incriminé avec Amir, tout en rappelant que le chanteur a toujours été « extrêmement mesuré » et en dénonçant un deux poids, deux mesures, évoquant la programmation récente au Hellfest du chanteur du groupe Blood Fire Death, condamné pour meurtre homophobe. La LICRA a, en outre, également apporté son soutien à Amir.

Très ému au moment de monter sur scène pour un concert qu’il redoutait, Amir a déclaré à la foule : « Depuis quelques jours, je découvre parfois que l’amour, cela fait douter (…) Je respecte ceux qui s’opposent à moi, mais je pense que pour pouvoir avancer, il faut savoir s’écouter, pour pouvoir avancer vers la paix, il faut savoir dialoguer. Le dialogue, c’est nettement préférable aux interdits et au boycott, déclare-t-il, solennellement. C’est très important d’utiliser notre place d’artiste pour être exemplaire. Car je ne connais qu’une seule réponse à la haine, c’est l’art. L’art, c’est nous, c’est vous, c’est ici, c’est maintenant, c’est la musique. Puisqu’on est tous là, réunis ce soir, je voudrais que l’on ne chante que d’une seule voix et que ce chant s’élève beaucoup plus fort que le tumulte. »

Mais aussi…

  • Le Kosovo veut participer à l’Eurovision, nouvel épisode ! Alors que la deuxième édition du Festivali i Kengës Kosovo aura lieu à l’automne prochain, la RTK (télédiffuseur public du pays) a renouvelé son envie de rejoindre l’aventure du concours. 2026 sera t-elle la bonne ? Il faudra, pour cela, que le télédiffuseur soit invité par l’UER (ou qu’il en devienne membre), alors que la Serbie (qui ne reconnaît toujours pas l’indépendance du pays) reste frileuse sur la question…
  • Dans le cadre d’un procès en cours pour terrorisme (cf. article du média luxembourgeois Virgule), on apprend qu’un néo-nazi avait projeté d’organiser un attentat à l’Eurovision 2020 avec un complice. Dans un document Google qu’ils avaient créé – intitulé  « Fun time for Eurovision 2020 – for a better and less over-accepting future », ils évoquent plusieurs scénarios d’attaques possibles pour un meutre de masse : cyanure ou gaz de chlore dans les évacuations ou le système de ventilation, infiltration dans le personnel de sécurité… Glaçant, pour ne pas dire effroyable.

Le livre du week-end

Dix ans après la sortie de La Saga Eurovision, Jean-Marc Richard (emblématique commentateur suisse francophone du concours, qui a tiré sa révérence à Bâle), Nicolas Tanner (son acolyte aux commentaires depuis 2017) et Mary Clapasson (observatrice du concours depuis vingt ans) dévoilent Eurovision Song Contest, de 1956 à nos jours. Publié en juin aux éditions Favre, le livre propose une histoire de la plus grande compétition musicale au monde.

Résumé : « Le Concours Eurovision de la chanson, c’est sept décennies de musique, 1700 chansons, 180 millions de téléspectateurs en moyenne, une cinquantaine de pays participants, des spectacles audiovisuels de plus en plus sophistiqués, de nombreuses langues, des anecdotes, des controverses et de la passion !

Cette compétition musicale s’est progressivement transformée en un phénomène inclusif et universel. L’intégration croissante des technologies, l’ouverture à des participants de nouvelles régions et l’expansion de son audience à l’échelle mondiale en font un miroir des aspirations et des enjeux contemporains occidentaux. La dernière décennie l’a renforcé et l’Eurovision Song Contest est devenu un événement incontournable combinant innovation musicale, ouverture culturelle et résonance politique.

Une histoire que les trois auteurs vous font vivre à travers différentes époques musicales. Grâce à des interviews exclusives de chanteurs et des photographies couvrant toutes les éditions depuis sa création en 1956, découvrez les secrets de ce Concours légendaire, l’un des derniers grands shows télévisuels fédérateurs à l’échelle mondiale. En bonus, les classements par pays de chaque édition, des statistiques en tout genre et une multitude de détails croustillants et inédits. »

À la semaine prochaine pour un nouveau numéro du Petit Journal de l’été !