Qui dit fin du mois dit… la bande-son du mois ! Quelles pépites musicales les eurostars nous ont-elles concocté en ce mois de novembre déjà (ou plutôt enfin !) passé ?

Le principe est simple : 10 titres du mois choisis à la seule et unique discrétion de l’équipe, 2 ou 3 albums, un bonus si vous ne jouez pas trop les divas et le tour est joué. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire : à vos marques, prêts, écoutez !

Les 10 titres du mois

Joker Out – Supersonic (« Supersonique »)

Alors qu’ils ont mis le feu à la Machine du Moulin Rouge à Paris il y a quelques jours et qu’ils poursuivent une tournée européenne en cet automne 2025, les membres de Joker Out (Slovénie) surfent sur le succès depuis leur passage à l’Eurovision il y a deux ans. Après la sortie de leur dernier album Souvenir Pop fin 2024, ils reviennent déjà avec un nouveau titre, Supersonic, dont vous pouvez apprécier les délicieux sonorités indie rock qui font l’ADN du groupe slovène. Ajouté à cela des influences électro synthé, tous les éléments sont réunis pour nous proposer un titre supersonique !

Anna Vissi – Exairesi (« Exception »)

On ne s’inclinera jamais assez devant la remarquable carrière d’Anna Vissi (Grèce 1980 et 2006, Chypre 1982) qui, à 67 ans, continue d’être au sommet des charts dans la région, où elle a signé deux tubes de l’été qui tournaient en boucle en radio. Insatiable, l’eurodiva chypriote revient avec Exairesi, un titre pop parsemé de sonorités très grecques et à la dimension plus épique et mélodramatique que ses sorties estivales plus dansantes. Il faut dire qu’elle évoque ici la difficulté d’une rupture qui plonge la chanteuse dans les méandres de sa solitude et de son ego…

Käärijä – Disko Balls (« Boules à facette »)

Si vous étiez à un blind test, il aurait probablement suffi de quelques secondes pour trouver l’interprète de ces Disko Balls, tant le son industriel du turbulent finlandais est inimitable. À tout juste un mois des fêtes de fin d’année, ce n’est d’ailleurs pas avec des boules de Noël, mais bien avec des boules à facette que débarque Käärijä (Finlande 2023), toujours fidèle à son ADN musical entre joke act et sonorités explosives qui vous plongeront dans le dur dès le réveil. Il faut dire que le dauphin de Loreen a toujours l’art de nous embarquer dans ses sonorités rave-disco addictives et aussi délurées que le chanteur lui-même. Cette eurodisco nous plonge bien loin de l’europop aseptisée et formatée de certains…

Victoria (ft. Pabllo Vittar, Isabella Lovestory) – KILLA

Non, il ne s’agit pas de l’artiste bulgare qui nous avait embarqués dans sa pop intimiste tout en délicatesse avec Tears Getting Sober (2020) et Growing Up is Getting Old (2021). Mais bel et bien de la bassiste de Måneskin (Italie 2021), qui profite de la pause du groupe italien (mais plus pour longtemps selon la rumeur…) pour s’essayer à une carrière de DJ, à l’exemple du titre KILLA, pour lequel elle s’entoure du chanteur brésilien Pabllo Vittar (à l’origine du hit international Alibi avec Sevzalida et Yseult) et de la chanteuse hondurienne Isabella Lovestory. Amour, téquila et confiance : la base pour un cocktail électro-pop des plus ennivrants.

Lord Of The Lost & Infected Rain – Would You Walk With Me Through Hell? (« Marcherais-tu avec moi à travers l’enfer ? »)

La messe est dite et elle risque bien de plaire à notre Régine nationale (la métalleuse du Tarn, pas la reine défunte des nuits parisiennes). Cette fois en collaboration avec le groupe moldave Infected Rain, Lord Of The Lost (Allemagne 2023) ne dévie pas de sa trajectoire et nous conduit tout droit dans un enfer métal gothique, perdus dans un manoir où on n’attend plus que le débarquement de Dracula dans les ténèbres de la nuit. À moins que Gothminister ne soit caché quelque part dans un placard pour un futur featuring

Jamala – Ми ховаємся (« Nous nous cachons »)

Infatigable porte-voix de l’Ukraine au sein de l’euromonde depuis l’invasion russe et le déclenchement de la guerre, Jamala (Ukraine 2016) revient avec une nouvelle chanson aux accents électro-pop assez intimistes, à rebours du son ethno-pop-jazzy sur la déportation des Tatars de Crimée qui lui avait permis de remporter le Micro de Cristal il y a bientôt dix ans (!). Cette fois, l’artiste évoque les fausses identités et les faux comptes qui pullulent sur les réseaux sociaux et derrière lesquels se cachent de nombreuses personnes pour essayer de trouver un semblant de confiance en eux, à rebours de la quête de sa véritable identité et – surtout – de l’assomption de celle-ci aux yeux de tous.

Luke Black & Mood Killer – ALCHEMY (« Alchimie »)

On aime Luke Black (Serbie 2023) par ici et on avait été embarqué, captivé, possédé par son Sama mi se spava, cauchemar réel qui lui avait permis d’atteindre la finale à Liverpool. Ici, le chanteur serbe (en duo avec Mood Killer) renonce à la radicalité de ses sonorités assez industrielles de l’époque au profit d’une électro-pop qui reste sa marque de fabrique, mais dans une teinte plus urbaine et avec un son plus doux à l’oreille. Pile en phase avec cette alchimie, véritable ode à la magie de l’attraction, dans laquelle le duo se promet notamment de transformer ses larmes respectives en miel. C’est pas beau ça ?

Sissal – I’m Not Crying, I’m Dancing (« Je ne pleure pas, je danse »)

Personne ne l’attendait au tournant de l’Eurovision 2025. Même si elle n’a accroché que l’avant-dernière place en finale, Sissal s’est imposée comme l’une des candidates les plus iconiques de l’édition avec son addictive et so europop Hallucination, qui a permis au Danemark de retrouver enfin la finale après de longues années d’absence. La Miss Congeniality de Bâle surfe ainsi sur la vague de son succès naissant avec un I’m Not Crying, I’m Dancing qui ne devrait pas déplaire aux eurofans (et qui aurait pu dignement figurer sur la scène du concours). N’appelle t-on pas ça un bop en puissance ?

Silvester Belt – Nebemyli (« Je ne t’aime plus »)

Comment résister au charisme et à l’attraction de Silvester Belt (Lituanie 2024) ? Le jeune artiste ne déroge pas à la règle avec son tout nouveau, tout frais Nebemyli, auquel il ajoute des touches de baroque et de féérie dans sa vidéo officielle. Mystère, sombreur et amour déchu : il y aurait de quoi faire un titre de roman de gare, le lituanien en fait un titre électro-pop à la fois déhanchant et d’atmosphère dans le plus pur style de son ADN musical, avec le zeste de romanesque qu’il faut pour nous faire craquer une fois de plus. Comment vous dire qu’on est impatient de découvrir son premier album et de le voir sur les routes européennes pour une future tournée…

Alessandra – Not That Deep (« Pas si profond »)

Désormais couronnée de la légitimité du titre d’eurodiva, la reine des rois Alessandra (Norvège 2023) poursuit son incursion dans la pop avec une proposition dans la lignée des standards anglo-saxons et autres classiques du genre, qui inspirent visiblement la norvégienne. Un titre plaisant pour une jolie énergie de fin de playlist, dans lequel la chanteuse explique à son partenaire qu’elle n’est pas aussi prête à s’engager que lui parce que « ce n’est pas si profond ». À noter que Not That Deep est extrait de l’EP PEPERONCINA (« Piment »), sorti mi-novembre. Piment… Ceci explique donc cela ! Ainsi que la teinte très rouge vif du visualiseur et la présence de… piments. Attention à la reine, elle n’est visiblement pas prête à se laisser emm****r (et elle a bien raison !).

Les albums du mois

Melovin – MRoom13

L’actualité est décidément chargée pour Melovin (Ukraine 2017). Regardez un peu ça : un mariage prochain avec son compagnon (la demande a largement circulé dans l’euromonde ces derniers jours), un eurodrama en cours du côté du Vidbir (on y reviendra dans le PJS de dimanche) et un nouvel album ! Sobrement intitulé MRoom 13, il nous invite à pénétrer dans la chambre de Melovin et ses 13 titres (cela ne s’invente pas), pour une grande majorité en ukrainien. On retrouve ici les sonorités électro-pop urbaines auxquelles le chanteur nous a habitué ces dernières années pour notre plus grand bonheur, avec quatre duos au programme dont un avec une certaine Alyona Alyona. À vous aussi ce nom dit quelque chose ? Il nous semblait bien qu’elle avait représenté l’Ukraine à l’Eurovision 2024 en duo avec Jerry Heil…

Brunette – Love Reversed (« Amour renversé »)

Pourquoi commencer le début alors qu’on peut démarrer par la fin ? C’est exactement ce qu’avait fait le réalisateur Gaspar Noé dans le très controversé Irréversible en 2002 et c’est aujourd’hui le même choix que réalise Brunette (Arménie 2023) avec son « amour renversé ». Exception faite de l’introduction, c’est par la chanson numéro 17 que démarre l’album, avant de se poursuivre par la 16, la 15… et ainsi de suite jusqu’au titre numéro 1, et donc dernier de l’album. On appelle cela la technique de la désescalade ou bien de la rétrogradation, même si la chanteuse est très loin de rétrograder musicalement parlant ! L’arménienne nous propose un album à la pop intimiste, indépendante et aux sonorités aussi envoûtantes que son Future Lover de Liverpool. À la différence près que la chanteuse nous embarque cette fois également dans un univers plus urbain, parsemé de touches rap et RnB, qui lui sied à merveille. Ou l’art de s’interroger sur l’intérêt de rembobiner le film d’une histoire d’amour déchue…

Waylon – Time Jumper (« Saut dans le temps »)

« Saut dans le temps ». Pareil titre ne pouvait pas seoir mieux à cet album, qui nous replonge dans les racines de la musique country, qui jouit d’une solide popularité aux Pays-Bas. Qui mieux que Waylon (Pays-Bas 2014 et 2018) pour nous embarquer dans ce voyage batave à travers le Sud étasuinien, berceau de ce style musical ? Pour ce faire, le cowboy néerlandais, décidément à son aise dans son far west (ou north c’est selon) a décidé de faire un beau cadeau d’anniversaire à sa mère, puisque c’est pour elle qu’il a écrit cet album sorti pile le jour J de son verjaardag. Mais Waylon ne se contente pas d’un simple hommage, puisqu’il évoque convoque également la figure légendaire de Robby Turner, guitariste country de renom, décédé en septembre dernier et dont le néerlandais espère honorer la mémoire.

Le bonus de l’EAQ

Gjon’s Tears – Où est mon amour

Si les adaptations littéraires ont toujours eu le vent en poupe dans l’univers des comédies musicales, la figure du comte de Monte-Cristo semble particulièrement en vogue si l’on en croit le carton du film éponyme au cinéma l’année dernière et désormais son passage à la scène ! Après Les Trois Mousquetaires, Dracula ou encore Molière, c’est au tour de la figure romanesque d’Edmond Dantès de se voir offrir sa comédie musicale, sobrement intitulée La légende de Monte-Cristo. Vous pourrez la retrouver sur scène à partir du 5 février 2026 aux Folies-Bergère à Paris, puis en tournée dans toute la France, en Belgique et en Suisse. Si, au casting, on retrouve les noms de Philippine Lavrey et de Carla Dona (Star Academy), c’est surtout la présence d’une eurostar francophone qui nous interpelle. Après avoir offert à son pays un classement historique à Rotterdam et être monté sur la scène de la Halle Saint-Jacques en mai dernier pour interpréter son titre de 2020, Gjon’s Tears (Suisse 2020 et 2021) incarnera Edmond Dantès à partir de l’hiver prochain, succédant à Pierre Niney (qui le jouait dans le film). Un retour au premier plan pour le chanteur suisse, qui se voit offrir le rôle titre d’un des plus gros projets du moment même si, musicalement parlant, Où est mon amour n’est ni Répondez-moi, ni Tout l’Univers.

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