Il giorno è arrivato ! Ce soir, nous découvrirons les chansons qui composeront l’édition du plus mythique des festivals. Préparez l’Ariston, va y avoir du beau monde !

Beau monde dont vous avez déjà pu découvrir la plupart des portraits depuis dimanche, mais il manque encore 10 artistes.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin, et achevons cette série de présentations. Du rap, de la chanson italienne, de l’italo-disco, des clashes à venir, et une candidate de 2006 (qui donne un sacré coup de vieux à l’autrice de ces lignes) : en avant pour la dernière partie de notre diaporama made in Italy !

RKOMI

RKOMI s’appelle en réalité Mirko. Oui, son pseudonyme est l’anagramme de son prénom, aussi simple que cela. C’est à 17 ans que l’artiste choisit d’abandonner ses études ; après quelques temps à enchaîner les petits boulots, c’est autour de 2013 qu’il se lance véritablement en musique. Ses premiers EPs attirent rapidement l’attention; il paraît déjà évident que c’est un artiste à suivre. Une intuition qui se confirme dès son premier album paru en 2017, Io In Terra. Les deux albums qui suivront (Dove gli occhi non arrivano et surtout Taxi Driver, véritable phénomène qui a marqué 2021 en Italie) domineront sans partage les charts. C’est en 2022, fraîchement auréolé du succès de Taxi Driver, que RKOMI pointe sa frimousse pour la première fois à Sanremo. Il y présente Insupperabile, morceau pop-rap qui séduira sans peine ses fans. (Car à Sanremo, le résultat compte assez peu quand on y pense. Le principal, c’est l’exposition qu’offre le festival). L’artiste s’est aussi illustré par de nombreuses collaborations (d’Elisa à Gaia en passant par Irama), mais aussi en tant que coach dans X Factor Italy. Bref : RKOMI, c’est un artiste sur lequel il faut désormais compter dans le paysage musical transalpin.

Rocco Hunt

On pourrait dire de Rocco Hunt qu’il fait ses débuts au Sanremo, mais ce serait profondément inexact. En effet, le rappeur italien (qui se faisait anciennement appeler Hunt MC et a sorti sa première mixtape à seulement 16 ans, respect !) remporta en 2014 la catégorie des Nuove Proposte avec Nu Juorno Buon. Il s’agit là du premier morceau rap à remporter cette catégorie. Cependant, si l’un connaît Rocco Hunt, c’est avant tout pour ses collaborations avec la chanteuse espagnole Ana Mena (qui aura concouru dans la catégorie des Campioni trois ans avant lui, en 2022). Avec Un paso dalla luna, Rocco obtient son premier single numéro 1 en Italie. Quant à Un Baccio all’improviso, il permet au duo italo-hispanique d’atteindre la quatrième place des charts. Bref : un duo gagnant. Mais que proposera donc Rocco Hunt à Sanremo, sans sa partenaire ibérique? Réponse bientôt !

Rose Villain

Rose Villain, en voilà un nom qui a de l’allure ! Si l’artiste l’a choisie, c’est parce que, lors de ses études de musique à Los Angeles, elle faisait partie d’un groupe Punk appelé The Villains. Tout simplement. Si l’artiste commence à publier des singles dès 2017, c’est en 2020 qu’elle laisse de côté l’anglais pour chanter dans son italien natal. Petit à petit, l’oiseau fait son nid, et la jeune femme se fait remarquer grâce à ses collaborations (notamment en 2022 sur le morceau Michelle Pfeiffer, en duo avec Tony Effe qu’on évoquera plus tard). 2023 est l’année de la confirmation, grâce à son premier album Radio Gotham, mais aussi grâce à Fragole, le duo qu’elle partage cet été-là avec Achille Lauro. C’est en 2024 qu’elle participe pour la première fois au Festival de Sanremo, avec Click Boom. Le morceau figurera plus tard sur son second album, Radio Sakura (oui, il y a un pattern avec les radios chez la demoiselle !). Revenir à SanRemo est une excellente occasion de transformer l’essai.

Sarah Toscano

Participer à Sanremo à seulement 19 ans, il y a pire comme destinée. Sarah Toscano est la petite nouvelle de la bande, la benjamine de la compétition, celle pour qui Sanremo peut tout changer. C’est en 2022 qu’elle sort son premier EP, Reflesso ! Mais 2024 est véritablement son année, puisqu’elle est la grande gagnante de… de… Allez, devinez, on en avait pas encore parlé… Et bravo ! Amici Di Maria De Filippi ! Évidemment ! À l’occasion du télé-crochet, elle sort plusieurs singles (dont Sexy magica, qui se classera 83ème dans les charts). Vient ensuite son premier album, sobrement baptisé SARAH. Stylistiquement parlant, la jeune fille se dit influencée par des artistes allant d’Olivia Rodrigo à Ultimo, en passant par Ariana Grande, Elodie, Dua Lipa ou Annalisa. De la pop en perspective, si on s’en réfère donc à ces inspirations.

Serena Brancale

Profil atypique, bonjour ! Serena Brancale ne ressemble à personne dans ce casting, et promet d’amener une touche d’unicité à la table italienne. Diplômée du conservatoire de Bari (dont elle est originaire), l’artiste cultive un style entre pop, jazz, funk et carioca. Comme Rocco Hunt, même si elle participe pour »la première fois dans la catégorie des Big, on ne peut pas dire que Serena est une étrangère à l’Ariston. En 2015, elle prenait part à la catégorie des Nuove Proposte avec Galeggiare (qui sera plus tard le titre de son premier album). Suivront ensuite Vita da artista en 2019, et Je so acussi en 2022. Mais c’est en 2024 que Serena devient virale sur TikTok avec sa chanson Baccalà. Particularité ? Le titre est en barese (une variante de napolitain parlée à Bari et plus globalement dans la région des Pouilles). Suivront La Zia et Stu Café, deux autres singles en barese. La question est donc la suivante : la signorina Brancale chantera-t-elle en barese ? (L’autrice de ces lignes espère que oui, d’autant plus que la chanteuse a déclaré que son titre pour Sanremo serait un hommage à Pino Daniele. Et qui est Pino Daniele ? Me direz-vous ? L’un des plus grands chanteurs napolitains.). Serena va détonner, c’est déjà assuré !

Shablo, Gué, Joshua et Tormento

Quatre artistes pour le prix d’un, c’est beau ! Shablo est un DJ argentin de naissance, mais naturalisé italien. Il est très actif dans le milieu du hip-hop depuis la fin des années 90. Gué et Tormento sont tous deux rappeurs. Gué se faisait auparavant appeler Gué Pequeno; il est membre du groupe Club Dogo et du collectif Dogo Gang. Lui aussi disc-jockey (en plus d’être rappeur), son style est décrit comme un mélange de rap, de pop, de trap, de house et de hardcore. Tormento, lui, a fait ses armes au sein du groupe Sottotono, et s’illustre par un rap plutôt old-school. Moyenne d’âge des trois loustics : la quarantaine. Ils se sont tous fait connaître dans les années 90 ou 2000. Et puis il y a Joshua (de son nom complet Joshua Bale), 26 ans, pas rappeur du tout. Lui est plutôt orienté soul et RNB, mais c’est peut-être l’artiste le moins connu de tout le casting. Ce sera l’occasion pour lui d’être remarqué.
One chose est sûre : ce quatuor apparemment fait de bric et de broc va nous replonger dans le rap à l’ancienne. Une dose de nostalgie et de rébellion, à coup sûr.

Simone Cristicchi

Simone Cristicchi, c’est un habitué de Sanremo, dont il fut vainqueur en 2007 avec Ti Regalero una rosa » (un très beau morceau en spoken word dont l’autrice de ces lignes se demande comment il s’en serait sorti si l’Italie avait concouru à Helsinki). Il revient en 2010 à l’Ariston (et provoque une polémique au passage; sa chanson cette année-là se moquait de la peopolisation des médias et de la désinformation des médias, se moquant notamment de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni… qui devait participer au Festival cette année-là ! Sympa l’ambiance ! Carla Bruni se retira finalement, sans donner d’explication officielle). Simone reparaît à Sanremo en 2019, avec le très émouvant Abbi cura di me. Outre ses activités de cantautore, Simone Cristicchi est également acteur de théâtre, écrivain, et dirigea même un théâtre dans les Abruzzes entre 2017 et 2020. Simone Cristicchi, c’est le cantautore pur et dur, engagé et sensible. La presse semblait très enthousiasmée par sa chanson. À voir si cela se confirme.

The Kolors

Mené par Antonio « Stash » Fiordispina, le groupe The Kolors commence sa carrière à la fin des années 2000 (en 2009, très précisément). Leur premier album, I Want, sort même en 2013. Mais c’est en 2015 que le groupe se fait connaître du grand public en remportant le télé-crochet incontournable : Amici di Maria de Filippi. (L’autrice de ces lignes vous demande de lui faire penser à organiser un jeu à boire l’année prochaine. Une gorgée d’eau à chaque fois qu’elle écrit le nom de ce télé-crochet dans un portrait de SanRemo !). Le single Everytime, qui découle de l’émission, est un carton immédiat, et lance définitivement leur belle carrière, faite d’albums à succès et de classements prestigieux dans les charts. En 2018, Stash et sa bande se frottent pour la première fois au Festival de SanRemo, sans s’y piquer pour autant puisque leur titre Frida (Mai, mai, mai) remporte un beau succès en se classant neuvième. En 2023, leur morceau Italodisco est LE tube incontournable de l’été. Numéro un en Italie, top 10 en Suisse et en Autriche : un véritable carton sans conteste ! Les Kolors reviennent à SanRemo en 2024 avec le très addictif Un ragazzo, una ragazza, peut-être l’un des titres les plus entêtants de l’édition. Que nous réserveront les Kolors cette année ? Espérons qu’ils nous feront encore danser !

Tony Effe

Ah, Tony Effe. Le récent rival de Fedez. (Carlo Conti est un génie du mal ! Quelle brillante idée de les réunir cette édition).
De son vrai nom Nicolo Rapisarda, le rappeur grandit dans une famille aisée de Rome, et participe même en tant qu’enfant acteur dans plusieurs séries télévisées à la fin des années 90. Mais c’est à partir de 2015 qu’il accède à la célébrité en tant que rappeur au sein du Dark Polos Gang (un collectif de trap). Après avoir participé à plusieurs mixtapes et projets avec ses comparses du DPG, Tony Effe finit par se lancer en solo à partir de 2019. C’est en 2021 que paraît son premier album Untouchable, sur lequel apparaissent de nombreux invités, de ses collègues du Dark Polo Gang à Gué Pequeno (qu’on a vu plus haut), en passant par Lazza (Sanremo 2023) et même le rappeur français Gazo. En 2024, un second album (Icon) vient s’ajouter à la discographie du rappeur. Son duo Sesso e Samba (en duo avec Gaia, qu’on a déjà évoquée précédemment) est le tube de l’été 2024. Et puis en septembre, PAF. Le morceau Chiara sort, et c’est de là que part toute la querelle entre lui et Fedez. (Il faut dire qu’il n’y est pas allé de main morte). Pas de doute : la présence de Tony Effe promet de faire des étincelles !

Willie Peyote

Comment oublier Willie Peyote et l’acerbe Mai dire mai (La Locura), critique d’un monde plus confus que jamais au coeur de la crise sanitaire ! Le rappeur avait obtenu à l’époque la sixième place, ainsi que le prix du Choix des Critiques. Mais avant d’en arriver là, Willie (ou plutôt, Guglielmo Bruno, de son vrai nom) est dans le milieu de la musique depuis 2004 (avec le collectif SOS Clique).
Cependant, c’est depuis 2013 (et son premier album, Non è il mio genere, il genere humano) qu’il est sous le feu des projecteurs.
Son pseudonyme est une combination du personnage de dessin animé Wile E. Coyote et du mot peyotl (une plante nord-américaine). Ses influences musicales vont du punk et du rock au jazz et au funk, en passant évidemment par le hip-hop. C’est un artiste éclectique aux textes piquants, où cynisme et ironie ont la part belle. Une tendance que le Turinois n’a pas laissé de côté pour le Festival, si l’on en croit les retours de la presse. À suivre…


Et voilà. Vous connaissez désormais tout ce joli petit monde. 29 artistes qui vont de la pop au rap, du classicisme à la modernité, sans oublier quelques profils atypiques. Une fois encore, on ne risque pas de s’ennuyer, en espérant que la qualità italiana sera au rendez-vous.

Ceci étant posé, je n’ai plus qu’à vous dire ciao, e ci vediamo stasera ! Arivederci, e grazie mille !