Près de trois semaines se sont écoulées depuis la victoire de Netta à cet Eurovision 2018, les paillettes sont retombées et chacun songe déjà à l’an prochain. L’équipe gagnante, de son côté, est revenue sur son épopée eurovisionesque et a livré le fond de ses pensées.

La gagnante, Netta Barzilai, a accordé une interview à Israel Hayom. Elle y déclare avoir douté de ses possibilités et d’elle-même, depuis son inscription à l’Hakhokav Haba. Elle ne s’était pas vu remporter la sélection israélienne et a dû se battre, surtout contre elle et l’image qu’elle a d’elle-même.

Une fois sélectionnée, jamais elle n’a tenu la victoire pour acquise, malgré les prédictions des parieurs. Au dernier moment, ayant constaté que le vent avait tourné en faveur d’Eleni, elle s’était résolu à une victoire chypriote. Elle avait même accepté sa probable défaite, n’ayant connu que cela durant toute son existence.

Le producteur de l’Hakhokav Haba, Yoav Tsafir (ci-dessus), a confirmé cela dans une interview donnée à Y Net. Initialement, Netta ne sentait aucune connection particulière avec Toy. La chanteuse aurait préféré interpréter un morceau composé par ses soins. Le comité d’experts y a cependant mis son veto, ce qui a suscité beaucoup de frustrations de part et d’autre. Mais après avoir repris Toy, l’avoir retravaillé et remixé, tous sont tombés d’accord sur la justesse de la version finale.

Yoav Tsafir a concédé que la sélection israélienne n’avait pas été de tout repos. Confrontée à certaines critiques plutôt acérées du jury, Netta avait voulu quitter l’émission. Le producteur a dû déployer tous ses talents de conciliateur pour la convaincre de rester et la laisser accomplir ses présentations comme elle le souhaitait. Il a souligné qu’elle était très inventive, mais aussi très directive.

Comme Netta, il a senti, dès le début des répétitions de l’Eurovision, l’attention et la faveur se détourner en faveur d’Eleni Foureira. À titre personnel, il a songé que l’Euromonde souhaitait, après les avoir tant loués, les voir battus. Mais le destin semblait jouer en leur faveur. Le public a soutenu Netta, il était logique qu’elle remporte alors la victoire.

Yoav Tsafir estime que Netta doit une partie de cette victoire à son authenticité, au fait d’être demeurée elle-même de bout en bout, à son refus de se plier aux diktats conventionnels de notre époque. À ce titre, elle est un modèle, un exemple à suivre, un symbole d’une nouvelle époque, où seul le talent compte et où les jugements sur le physique n’ont aucune importance.

Le producteur reconnaît qu’après les premières répétitions, l’ambiance parmi la délégation israélienne était tendue, car personne n’était satisfait du résultat. Il a fallu reprendre toute la mise en scène, la chorégraphie, les éclairages, les angles de caméra pour arriver à un résultat satisfaisant. Au final, Netta s’est montrée parfaite, le public l’a vu telle qu’elle était et ainsi, l’a fait gagner.

Yoav Tsafir souligne également le grand succès de l’Hakhokav Haba, qui a mis fin à une période de disette eurovisionesque. Selon lui, le format de l’émission est parfait : il permet à la fois l’éclosion de nombreux talents sur la scène nationale et l’obtention d’excellents résultats à l’Eurovision. Le producteur a d’ailleurs déjà son objectif fixé pour l’an prochain : remporter une seconde victoire consécutive pour son pays, exactement comme il y a quarante ans, en 1979.

L’auteur de Toy, Doron Medalie (ci-dessus), s’est également exprimé dans une interview sur Mako. Il a confirmé que Netta n’avait pas apprécié la chanson, à première écoute. Néanmoins, sans elle, la victoire aurait été impossible, car c’est elle, l’interprète, qui a donné vie au morceau.

Doron Medalie, également l’auteur de Golden Boy et de Made Of Stars, a déclaré qu’il avait réalisé l’un de ses plus grands rêves, probablement plus grand que celui de Netta elle-même. Il a ensuite enchaîné avec des propos plus controversés, signifiant qu’il était probablement le seul en Israël à réellement comprendre le Concours et donc, à écrire des chansons qui y rencontrent le succès. Il estime au final que sa victoire est justifiée et méritée.

Ces propos ont évidemment été mal reçus par ses collègues, spécialement par les auteurs des précédentes victoires israéliennes, qui lui ont conseillé un peu de modestie et un retour sur Terre. Selon eux, Doron Medalie se laisse emporter par le succès, mais ne doit se faire aucune illusion : d’ici peu, tout le monde l’aura oublié et ne se souviendra plus que de Netta.

Sur ces entrefaites, Netta a inscrit un nouveau record : le vidéoclip de Toy est désormais la vidéo la plus vue de la chaîne officielle de l’Eurovision. En deux mois, elle a accumulé plus de 61 millions de vue, un score tout à fait exceptionnel. Netta dépasse ainsi Jessy Matador et Lena (57 millions tous les deux).