LES FEUX DE L’AMOUR DE LA SÉLECTION GRECQUE

1. DÉMISSION DU PRÉSIDENT DE L’ERT

Dionysis Tsaknis a démissionné hier de son poste de président de l’ERT. Une fin que tout le monde avait prédit. Mais un choc lors de la présentation de la nouvelle administration de la chaîne publique. Cette démission est accompagnée d’une déclaration de la direction du gouvernement et du président de l’ERT, ainsi que du nouveau PDG de l’entreprise. M. Tsaknis y est descendu en flèche, il lui est reproché ses mauvaises décisions concernant la direction de la chaîne. Il quitte donc son poste après deux ans et demi qui ont été un véritable désastre selon les journalistes. Depuis l’été, selon un rapport important, immédiatement après que Vassilis Kostopoulos a été nommé PDG, M. Tsaknis avait donné au Premier ministre et au Ministre de l’Intérieur, sa démission du poste de président de l’ERT. Sa démission n’avait alors pas été acceptée et était resté sans suite. Au cours de la cérémonie d’hier, M. Tsaknis a définitivement renoncé à son poste, par le biais d’une lettre publique, lançant d’importantes accusations et méprisant le nouveau PDG élu.

En voici un extrait : « Je me justifie, en ce qui me concerne, comme Alexandre le Grand, en disant ‘’Excluez-moi !’’ En vain, je m’attendais à un soutien de tous les fonctionnaires présents. Je vois que l’on me descend. Je repars donc avec mon éthique et mon honnêteté. Je serre la main aux centaines de personnes de l’ERT et à tout ce que nous avons vécu ensemble. Je leur souhaite de sa prendre en main, pour leur entreprise qui compte sur elles. »

En ce qui concerne le Concours Eurovision, la présidence de M. Tsaknis avait été décrite comme la plus infructueuse et désastreuse. Rappelez-vous la sélection du groupe ARGO et de leur chanson, ce qui était un choix purement personnel du désormais ancien président. Cela avait débouché sur la toute première élimination de la Grèce en demi-finale. Cela avait causé un scandale dans les médias grecs, surtout que le groupe avait été choisi en interne et que cela avait coûté 100.000 euros aux contribuables grecs.

2. DÉTAILS DE LA SÉLECTION

L’ERT a donc envoyé, comme je vous l’avais annoncé, une lettre aux huit principales maisons de disques grecques. La chaîne y indique les modalités de la sélection grecque : les maisons de disques ont jusqu’au 20 octobre pour transmettre leurs propositions à l’ERT et les paroles des chansons soumises doivent obligatoirement être écrites en grec. Un comité d’experts désigné par l’ERT décidera des artistes et des chansons qui participeront à la finale nationale. Lors de cette finale, le vainqueur sera désigné uniquement par les téléspectateurs grecs.

Beaucoup de rumeurs circulent et ont été entendues, depuis la semaine dernière et l’envoi de la lettre de l’ERT aux huit plus importantes maisons de disques du pays. La chaîne leur demandait de lui soumettre des propositions pour l’Eurovision 2018. Le délai indiqué est de deux semaines, jusqu’au 20 octobre donc. Ce qui est fort court, voire impossible. Cela signifie que les candidats doivent déjà avoir leur morceau près. Est-ce une erreur de date ? À moins que ce ne soit volontaire, pour offrir un boulevard à Areti Ketime, qui a toutes les faveurs de la chaîne…

3. ARETI KETIME, FAVORITE

Dès l’annonce de la participation de la Grèce au prochain Eurovision, Areti Ketime a été désignée comme la favorite. Elle est très proche de l’ERT et particulièrement, de son président Vassili Kostopoulos. Elle est en outre la seule dont le projet est connu et a été décrit très précisément : style de sa chanson, musiciens qui l’accompagneront, etc.

À présent, c’est l’auteur de sa chanson, Dimitris Karas, (l’un des plus grands producteurs grecs) qui déclare à qui veut l’entendre qu’ils ont LA chanson gagnante du Concours. Selon ses déclarations un brin excessives, sa jeune protégée sera bel et bien la représentante grecque à Lisbonne. Il est tellement sûr de lui que cela ressemble à un scénario écrit de toutes pièces entre la chaîne et la chanteuse. En plus, il y fait référence à chacune de ses apparitions à la télévision ou dans la presse écrite.

Dimitris Karas, qui est donc le compositeur et producteur particulier d’Areti Ketime, a déjà soumis à l’ERT, cette chanson pour l’Eurovision 2018, composée par lui et coproduite avec la société d’enregistrement Spic. Selon ses dires, la chanson portera un message social et de paix dans le monde. Elle aura une mélodie traditionnelle, des paroles grecques, des chœurs balkaniques, une orchestration grecque classique et mélodieuse. Outre la crise économique et l’immigration, elle fera aussi référence à la mondialisation. Pour lui, c’est une chanson qui convient parfaitement à leur patrie et à leurs idées de liberté.

Lorsqu’on lui demande si la chanson correspondra au style classique de l’Eurovision, Dimitris Karas est clair : « Nous voulons reproduire ce qu’Areti aime à communiquer et a toujours défendu. On va y apporter tout notre savoir-faire pour faire porter le message qu’elle veut transmettre. Nous voulons défendre nos valeurs, sans dédaigner personne, et communiquer notre bonheur d’être Grecs, sans faire quelque chose qui va contre nos idées. »

Dimitris Karas a révélé les noms des personnes qui l’ont guidé dans son « voyage musical », lors de la création de la chanson. « La vérité est que j’ai eu une super équipe pour composer cette chanson. Panos Katsimihas et Georges Poulis m’ont beaucoup aidé à donner forme à ce que j’avais en tête pour la composition de la mélodie. Je rappelle qui est Panos Katsimihas, il est l’un des plus grands chefs d’orchestre grec. Il a accompagné par exemple la grande Katerina Evangelatos. Georges Poulis est un grand auteur grec. Tous deux se sont impliqués de manière consultative et j’en suis vraiment heureux. Ce projet a quelque chose de magnifique et de prodigieux. »

Panos Katsimihas est aussi connu pour être un grand compositeur chrétien. Durant la plus grande partie de sa carrière musicale, il a joué en duo avec son frère et avec les grandes stars grecques du classique. Initialement, il est connu pour sa participation à un concours de musique à Corfou, organisé par Manos Hadjidakis, en 1982, où il a remporté la compétition avec la chanson « A Night in the Chalk ». Son premier disque « Zesta Pota » a été produit en 1985 et a été un grand succès en Grèce.

« Vous comprenez qu’une implication de ce grand compositeur dans le monde de Eurovision est phénoménale. Il m’a aidé pour chaque étape de la chanson, et je le remercie beaucoup parce que les variations musicales sont également basées sur ses conseils qui ont été très précieux. Tout comme dans le style musical donné par mon ami George Pouliou. Je pense que nous allons gagner. »

MON AVIS

Tout cela me rappelle la sélection grecque de 2014 avec Kostas Martakis. Le chanteur avait été l’objet du même genre de rumeurs. Son agent avait aussi fait des déclarations à la presse. Kostas avait concouru à la sélection grecque avec “Kane maden me stam“ écrit par Elias Kozas. Il était LE grand favori, mais avait été battu à la surprise générale par Freaky Fortune. Donc tout peut arriver ! Mais je pense que cette année, on se dirige vers une victoire certaine d’Areti Ketime. Tous les autres, comme Eleni Foureira et Tamta restent invisibles, ce qui fort bizarre. Quant aux maisons de disque, elles ne semblent pas très pressées d’envoyer des propositions. À suivre au prochain épisode de ces « Feux de l’Amour » grecs…