Le Junior en France, c’est déjà fini. On a même vu sur les réseaux sociaux des images du démontage de la scène. Mais pas question pour l’EAQ de tourner aussi brusquement la page de cet événement que nous attendions avec tellement d’impatience !

Ce mardi, les rédacteurs vous proposent un débrief des 19 performances qui seront commentées en suivant l’ordre de passage.

Allemagne

Pas vraiment gâtée par le sort, l’Allemagne avait décroché le redoutable honneur d’ouvrir la compétition pour la seconde année consécutive. « Imagine us » manquait d’envergure pour affoler le scoreboard mais la jeune Pauline s’est acquittée de sa mission avec conviction et bonne humeur.Au final, le bilan n’est pas si mauvais que cela pour l’Allemagne qui, on l’espère, s’alignera encore l’an prochain au Junior.

Géorgie

Le chouchou de la rédaction a livré une très jolie prestation ce dimanche. A l’unisson avec ses deux danseuses, Niko a irradié la scène du Junior de son talent. Ses facéties ont offert un très joli top 4 à la Géorgie, qui n’avait pas été à pareille fête depuis la victoire de Mariam. Réussir une telle prouesse en passant si tôt dans le programme ne fait que rajouter au mérite du jeune géorgien.

Pologne

Sara James a aligné les notes avec une facilité déconcertante. La jeune polonaise, en totale maîtrise, a confirmé les attentes de ceux qui la voyaient se hisser sur le podium. Si la victoire s’est dérobée devant elle pour quelques points, un brillant avenir lui semble acquis. Bientõt au concours adulte ?

Malte

Ike & Kaya ont déjoué les pronostics qui les vouaient aux dernières places. Une mise en scène plutôt impactante et le charisme des deux jeunes interprètes ont fait la différence. Ike, clairement le maillon fort du duo, peut d’ores et déjà se renseigner pour la sélection maltaise de 2030.

Italie

Dès les répétitions, le charme s’est rompu. Elisabetta, une des favorites jusqu’alors, a été desservie par une mise en scène brouillonne et loin d’être en adéquation avec le rythme du morceau. De plus, ce dimanche, la prestation vocale de la jeune fille n’a pas été totalement irréprochable. Dans une compétition aussi relevée que le JESC, ça ne pardonne pas !

Bulgarie

La la la la la-la-la… Le décor bulgare est planté. Littéralement, puisqu’il s’agit d’un tipi (ou d’une tente Quechua pimpée, si vous êtes un adulte cynique. Ce qui est d’ailleurs interdit durant l’Eurovision Junior, alors arrêtez tout de suite ! Bon). Nous voici ramenés, au mieux, à nos enfances bercées de Disney, au pire, à l’Eurovision Junior 2008. Denislava et Martin sont en parfaite harmonie vocale et visuelle, malgré un manque de complicité, mais le Conseil de Classe et vos votes ont été unanimes : le problème, c’est la chanson… Si personne ne dira que c’était un échec, et que certains téléspectateurs trouveront même ça plutôt mignon, on reste globalement de marbre. La la la la la-la-la…

Russie

A l’EAQ, nous sommes un peu fébriles lorsque vient le tour de la Russie : Tanya avait rencontré quelques difficultés vocales et scéniques lors de ses répétitions. Et il est vrai que le tableau est assez chargé visuellement. Mon Ami, un titre très Junior, mais très bien produit, fait son petit bout de chemin, et soulagement, Tanya s’en sort avec ses notes et son cerceau. Toutefois, ces 3 minutes russes ainsi mises en scène sont en deçà des standards auxquels le pays nous a habitué au Senior, souffrant de quelques creux et plans caméras hasardeux… La Russie, pourtant parmi les favoris, ne suscite pas de réaction particulière à la fin de son passage. Et ça, à l’Eurovision, ce n’est pas de meilleur augure.

Irlande

La caméra entend trois notes de guitare électrique, et la voilà partie : comme le Specchio d’Elizabetta, Saor et Maiú déclenchent le mode essorage de la réalisation, tandis que l’écran se pare de couleurs. Tout est enthousiasmant dans ces 3 minutes irlandaises ; les linguophiles apprécieront d’entendre cet incontournable du Junior qu’est devenue la chanson en gaëlique. Maiú, seul sur scène, sans artifices, ne s’y perd pas et défend avec brio son titre pop-rock. La rédaction est unanime : qu’est-ce que c’est sympathique ! L’Irlande grapille des places dans les classements individuels, on se prendrait presque à pronostiquer un top 5 surprise pour cette proposition pleine d’entrain.

Arménie

Alors, la voici, *la* favorite de l’édition. Maléna entame sa chanson avec son maquillage façon ethnique, ses cuissardes et sa combi qui rappellent l’era Thank you next d’Ariana Grande. Nous ne ré-encenserons pas Qami Qami  et son interprète, sa maturité déroutante et son aura envoûtante. La performance millimétrée se déroule comme un papier à musique, les notes passent, ligne après ligne (sauf une, vers la fin, dont on ne saurait dire si c’était une respiration stratégique ou la preuve que la perfection est une quête vaine). La rédaction reste scindée : Winner vibes, pas winner vibes ? Pour Audrey (qui s’est sentie un peu seule, entre les supporters de la France et les sceptiques), c’était un grand oui, en verrouillage majuscule sur le clavier. La suite… On en reparle plus bas ! Et tandis que la carte postale suivante se lance, on se rappelle une nouvelle fois au douloureux souvenir de la dégaine de chaussette qu’on avait, nous, à 14 ans…

Kazakhstan

Difficile de se positionner sur le Kazakhstan, entre ceux qui le voient en dark-horse et ceux qui restent plus que dubitatifs sur la chanson proposée. Tout le monde est unanime en revanche sur la qualité des interprètes de la délégation, une fois encore. Alinur et Beknur forment un duo très mignon, mais qui se retrouve un peu perdu sur cette grande scène, la proportion importante de plans caméras larges n’aidant pas. Des visuels alternants féérie et science se succèdent. Alinur est égal à lui-même vocalement, et reçoit des acclamations méritées de la salle sur ses high notes. Beknur parvient à proposer un rap bien plus convaincant et énergique que celui de la version studio du titre ! Les réactions sont unanimement élogieuses sur les artistes, la chanson passe à la trappe. Ce qui est problématique, forcément, pour jouer les premières places. Mais tout de même, le pays regorge visiblement de vocalistes impressionnants qui donneraient bien la réplique aux divas albanaises à l’Eurovision adulte.

Albanie

L’Albanie propose une chanson pop-urbaine bien rythmée et très agréablre à l’écoute, qui plus est sur un sujet ô combien majeur : le harcèlement scolaire, qui produit de nombreux dégâts chez les enfants et les adolescents. Une thématique universelle que restitue à la perfection l’une des mises en scène les plus travaillées de cette édition, entre le décor de salle de classe, les lettres B U L L Y (harcèlement en anglais) qui tombent, la choré à la Prisencolinensinainciusol façon cover de Madame à Sanremo 2021… Une prestation d’ensemble sympathique et plaisante, même si Anna est loin d’être la meilleure vocaliste du plateau, et hélas desservie par un ordre de passage difficile qui risque de rentre le tout difficilement perceptible, direction le ventre mou du classement.

Ukraine

LA révélation de l’édition ! Alors que l’Ukraine ne prétendait pas initialement à monts et merveilles malgré des retours plutôt positifs sur le titre, la semaine – et le live ! – ont tout changé pour la délégation, qui a pu légitimement se mettre à rêver. Grâce à qui ? Mais grâce à son extraordinaire interprète, Olena Usenko, 14 ans, qui porte magistralement son ”bébé” Vazhil, qu’elle a écrit elle-même et dans lequel elle se livre sur ses démons passés. Une prestation tout en maîtrise et en crescendo, où la tension monte peu à peu jusqu’à exploser dans une splendide puissance de feu qui embrase La Seine Musicale et le public. C’est ainsi que le top 5 devint à portée de main… si ce n’est plus ? Quoiqu’il en soit, une étoile est née dimanche soir, et elle s’appelle Olena. Rendez-vous au Vidbir d’ici quelques petites années.

France

Mesdames et Messieurs, Ladies And Gentlemen, cessez toutes vos activités, car la France entre en compétition… et pas qu’en moitié ! La salle est en feu, elle explose, elle déborde sur la Seine et les téléspectateurs se lèvent d’un bond de leur canapé pour accueillir notre Enzo. Gatsby le Magnifique n’a qu’à bien se tenir : le flamboyant Enzo est là, et il plante le décor. Hashtag Welcome to Brodway pour notre délégation française, avec une scénographie couverte d’or qui rappelle l’âge d’or hollywoodien des comédies musicales. Avec son pétillant Tic Tac, l’énergie et le charisme d’Enzo font des ravages, et impressionnent le public, qui jubile à l’extrême. À celles et ceux qui en doutaient, l’évidence est là : la France est prête à ramener le micro à la maison une deuxième année consécutive. Mieux : elle le veut. Et si on vous donnait à nouveau rendez-vous en France en 2022 ?

Azerbaïdjan

Une trés jolie chanson interprétée par une excellente chanteuse. Voilà, ce que nous retenons de Sona et son titre « One Of Those Days ». Pour Kris, une proposition passée un peu inaperçue quand elle a été dévoilée : trop de classicisme et de ballade maintes fois entendue. La représentante azérie a capté l’attention par la suite. La prestation en direct était impeccable. La mise en scène était simple. OOTD et son interprète suffisaient sur scène. La note de fin est passée à merveille. Sona maîtrise son art et sa voix à la perfection. Même si ce n’est pas notre tasse de thé, on se laisse facilement emporter par ces trois minutes gracieuses. Sona a tout d’une grande chanteuse. Il ne lui manque pas grand chose pour participer à la version Senior. Elle est déjà prête.


Pays-Bas

Aussitôt chantée, aussitôt oubliée.Tout comme la Serbie, la proposition néerlandaise nous a laissé de glace, aussi bien interprétée soit-elle. La mise en scène n’était pas des plus folles non plus. Nous étions plus concentrés sur les cerisiers en fleurs sur l’écran géant, que sur la chanson. Les Pays-bas ont offert une prestation en direct bien exécutée. Néanmoins, l’ensemble manquait de relief et de marquant. Ce n’est malheureusement pas Ayana que nous garderons en mémoire, et « Mata Sugu Aõ Ne » (déjà difficile à retenir) que nous fredonnerons dans quelques mois avec mélancolie. Jury et télévote ont été unanimes, pas très étonnant…

Espagne

Un verdict assez sévère pour l’Espagne, habituée aux résultats plus reluisants. Levi avait plutôt bien réussi ses répétitions, sans être extraordinaire. Le direct de dimanche était beaucoup moins bon et l’artiste semblait moins présent. Le représentant espagnol avait l’air moins à l’aise. Il était moins souriant et énergique. Peut-être plus stressé. Vocalement, c’était en dessous de ce qu’on avait entendu auparavant. Levi s’est accroché difficilement aux paroles de Reír, comme on s’accroche aux branches. La performance manquait de pep’s, pourtant perçu auparavant. Le live était ni totalement raté, ni totalement transcendant. Compliqué de commenter ce mauvais score. Un résultat en demi teinte : Hélas, l’heure de la révolution n’est pas venue !

Serbie

Nous avons frolé l’hyperglycémie avec Oči Deteta, jolie petite chanson saturée en sucre et en guimauve. Comme une envie de tagadas et de cordes à sauter en l’écoutant. Néanmoins, la proposition serbe colle parfaitement à ce qu’est aussi le Junior : des mignonneries ! Avouons-le, nous nous sommes un peu ennuyés pendant la performance. Peut-être l’avons nous trop regardé avec nos yeux d’adultes, contrairement au nom du morceau. Jovana et Dunja ont bien chanté. Elles ont bien réalisé leur petite scénographie mécanique. Le public semble avoir été conquis, notre rédaction et les jurys internationaux un peu moins.

Macédoine du Nord

Les limites vocales de Dajte Musika ont été révélées lors du direct à la Seine Musicale. Les membres n’ont pas fait de prouesses pendant les répétitions, non plus. La live performance était légèrement mieux. Néanmoins, cela demeurait poussif par endroits. Green Forces aurait demandé une chorégraphie un peu plus travaillée. Ça bondissait de partout… à se demander, si il y en avait une ! Le tout semblait un peu brouillon. Un peu plus de précision vocale et chorégraphique aurait dynamisé le titre nord-macédonien. Le groupe était dans l’énergie mais aurait pu donner beaucoup plus.

Portugal

Nous n’aurions pas misé sur O Rapaz,  issue de la pure « variété portugaise ». Un peu désuet pour certains, pas assez Junior pour d’autres. Tout au long du concours, Simão est resté fidèle à lui même, interprétant encore et toujours sa chanson, avec le cœur et les tripes. Un très bel interprète trahi par ses attitudes scéniques et déjà mature pour son âge. Sa performance en direct a été comme toutes les autres, avons nous envie de dire : appliquée, convaincante, habitée. Finalement, la jeunesse d’aujourd’hui qui appelle aux souvenirs d’autrefois a touché le public européen avec une très belle 3ème place au télévote.

Article rédigé par Audrey, Kris, Pascal et Rémi

Crédits photographiques : Anders Putting| EBU