Vous avez pu découvrir son portrait musical ce matin à votre réveil. Avec sa « première prise de parole musicale », qui s’intitule Paris me dit (Yalla ya helo !), un titre co-écrit avec Hyphen Hyphen, il va tenter de représenter la France à Rotterdam. L’Eurovision au Quotidien a eu la chance de le rencontrer (via Zoom) et c’est à votre tour de pouvoir le lire. Découvrez à présent l’interview d’Ali, candidat à Eurovision France, c’est vous qui décidez.

EAQ – Comment t’es-tu retrouvé embarqué dans cette aventure ?

Ali – Je ne sais pas ! (Rires) Je me retrouve à participer parce que l’idée est venue autour d’une discussion avec le groupe Hyphen Hyphen, avec qui on a créé le titre. J’ai toujours voulu faire de la musique. On s’est demandé pourquoi on ne raconterait pas mon histoire en musique. On a commencé avec cette idée, puis « Tu ne veux pas qu’on la présente pour l’Eurovision ? Ce serait hyper cool ! ». Hello … Oui ! (Rires). On l’a fait et franchement, je ne sais pas comment les choses se sont passées, ça a été si rapide … On oublie combien le temps passe si vite, mais un jour je me réveille et je me retrouve finaliste ! Okay. D’accord. Je prends ! Bien évidemment, on est passé par des sélections, par plein d’étapes, d’auditions, etc. En tout cas, ça s’est passé tellement vite que c’est un rêve lucide.

C’est Hyphen Hyphen qui a émis l’idée de participer à Eurovision France, c’est vous qui décidez ?

On en a parlé ensemble. Je voulais écrire aussi, et ça a commencé comme un projet d’amusement entre amis. Le but était de prendre du plaisir, donc on a commencé à bosser et là, on continue à s’amuser.

L’Eurovision est-elle un programme familier pour toi ?

Beaucoup de gens pensent que vu que je suis né au Liban, je ne connais pas l’Eurovision, mais pas du tout en fait ! Je la connais très bien (rires). Je suivais le concours depuis mon pays d’origine. Je rêvais d’y participer mais sans jamais penser que j’allais pouvoir le faire. J’ai toujours été fan de l’Eurovision. D’ailleurs, en 2005, le Liban a failli y participer, mais finalement, ça ne s’est pas fait. Ça m’avait donné un énorme espoir, et regarde où on en est aujourd’hui (rires).

Comment te présenterais-tu à nos lectrices et lecteurs ?

C’est ma première prise de parole professionnelle dans la musique. À la base, j’ai fait des études en architecture d’intérieur parce que j’aimais ça, mais aussi parce que de là où je viens, il y a des parcours types où on t’incite davantage à devenir médecin, ingénieur, avocat, … pour assurer ta sécurité et ta vie, ce que je peux comprendre. J’ai fait ça plus ou moins sous la pression de la société. J’ai décidé ensuite de suivre mes rêves et de tracer mon chemin. Du coup, j’ai quitté le Liban, je suis d’abord passé par l’Italie pour finir mes études et ensuite je suis venu à Paris. J’ai commencé à travailler dans la mode – d’ailleurs j’y travaille toujours en parallèle de mon projet musical. Je viens aussi de lancer ma première collection de prêt-à-porter dont la tenue que je portais pour ma prestation de l’audition. Ça a toujours été mon rêve de prendre la parole musicalement et les astres se sont alignés pour que ça se passe maintenant. J’ai eu quelques expériences musicales par ci, par là, sur de petits projets entre amis ou des petites prestations sur des scènes beaucoup moins importantes.

Comment appréhendes-tu ton premier live sur la scène de l’émission ?

(Il réfléchit) Honnêtement, je me focalise plus sur le projet pour le moment. Franchement, dans ma tête, je n’ai pas le temps d’y penser. Je reste vraiment concentré sur ce que je suis en train de faire et sur le plaisir. Le but est surtout que je partage mon histoire et que je m’amuse en le faisant. J’ai traversé la moitié de la planète pour venir ici, donc je suis prêt ! (Rires)

Comment décrirais-tu Paris me dit (Yalla ya helo) ?

Cette chanson est quand même une partie de moi. Si je me dévoile et me présente au monde avec elle, ce n’est pas pour rien. Je raconte mon histoire, je célèbre aussi ce que la France m’a permis d’être et de faire. J’ai envie de partager un moment d’espoir et d’amour, et de dire à tout le monde que peu importe ce que la vie mettra face à nous, on pourra toujours s’en sortir. J’ai décrit ça avec les obstacles que j’ai dû surmonter, que ce soit les guerres au Liban, que j’ai dû vivre, ou même ce que la société peut nous mettre comme obstacles et comme pression, ou un entourage, un travail, plein de choses. Le but est qu’on se sorte de tout ça, et de le faire avec joie, en se disant que si Ali a pu s’en sortir, peut-être que moi aussi, je pourrais m’en sortir.

Quand j’ai écouté ce titre, j’ai été d’emblée marqué par le mix d’influences musicales, entre la pop-électro et les sonorités orientales. À l’image des cultures musicales dans lesquelles tu as baigné ?

Le but de cette chanson-là étant de raconter mon histoire, il y a évidemment cet aspect-là, qui se développe aussi et qui transforme le tout en un mélange, comme de la chimie, qui donne une nouvelle façon d’appréhender ce genre de musiques. C’est beau de réunir ces deux éléments sous le même titre. C’est aussi ce qui me représente. Je suis influencé par beaucoup d’univers musicaux. Je suis passé par tellement de phases dans ma vie que j’écoute de nombreux artistes. J’ai envie de montrer cette part de moi au monde.

Quelles sont tes influences justement ?

J’en ai beaucoup, surtout par phases. Une très grande influence musicale pour moi, c’est Queen, et Freddie Mercury. J’ai grandi en les écoutant, et j’aime le côté théâtral qu’on peut ressentir chez eux. J’ai grandi en écoutant beaucoup de rock, de jazz. Je suis un énorme fan de comédies musicales, c’est mon petit péché mignon (rires). J’adore la pop. J’ai grandi en écoutant et en chantant du Christina Aguilera (rires). Le but de la musique selon moi sera toujours d’avoir un message à donner et de raconter des histoires pour que ce ne soit pas gratuit.

À l’écoute de ton titre, j’ai eu l’impression qu’il dégageait un côté « animal nocturne » à travers l’ambiance qu’il diffuse …

Je ne dirais pas non à ça. Un peu animal nocturne, oui. Si on imagine visuellement la chanson, on image quelque part un flou, un brouillard, ou peut-être la nuit, où notre vision n’est pas très claire. Quand on invite à faire la fête – dans les paroles, j’invite les gens à venir danser avec moi –, ça nous mène directement à penser à la nuit, aux lumières, à une atmosphère un peu tamisée. C’est voulu.

Un côté mystérieux, aussi. À ton instar ?

Je laisserais mes amis le dire (rires). Ce n’est pas que je suis mystérieux, mais j’aime beaucoup le symbolisme. J’aime le côté mystique, la magie, la transformation, la double lecture. J’aime toujours jouer sur ça. Quand on voit une pièce, un objet, ou qu’on écoute une musique pour la première fois, c’est quelque chose, mais quand on commence à creuser, il y a toujours un message derrière. J’adore jouer sur ça, et je joue avec cette notion sur beaucoup de mes projets.

L’immédiat, c’est Eurovision France, c’est vous qui décidez, où ton destin se retrouve entre les mains du public et du jury. As-tu déjà des projets en tête pour la suite ?

Il y a surtout une chose que 2020 nous a appris, c’est qu’il ne faut pas se projeter trop loin, parce qu’on ne sait pas ce qu’il va se passer (rires). En tout cas, j’essaie de vivre mon aventure au jour le jour. J’ai bien sûr énormément d’ambitions et de rêves, et j’aimerais beaucoup continuer à développer ce chemin que j’ai commencé à prendre. J’espère que la France, l’Europe et le monde m’aideront à réaliser ça. Aujourd’hui, chaque chose qui se passe est un gain pour moi. Je suis tellement content de pouvoir me dire ça. C’est comme ça qu’on pourra vraiment avancer dans la vie.

Tu as déjà commencé à réfléchir à ta mise en scène ?

Évidemment. Vu que je suis dans le symbolisme, et quelqu’un de très visuel, il y aura sûrement un concept visuel qui sera déployé pour ma prestation. Rien n’est figé dans le marbre, tout est encore flou, même par rapport aux conditions sanitaires, on ne sait pas ce qui va se passer (l’interview a eu lieu mi-décembre N.D.L.R.). Je suis en train de travailler avec nos équipes sur une très belle surprise visuelle et émotionnelle, qui illustrera ce que je raconte dans cette chanson.

On parlait de l’Eurovision tout à l’heure, et tu as fait référence à la candidature d’Aline Lahoud en 2005 pour le Liban, y a-t-il des moments qui t’ont particulièrement marqué ces dernières années ?

Ce qui est beau à l’Eurovision, c’est qu’on a parfois des surprises incroyables. C’est la magie du concours. On peut voir sur la même scène des personnes qui font du chant lyrique et juste après un groupe de rock. Personnellement, j’ai été marqué par la prestation de Conchita Wurst. Je la trouvais inattendue, vocalement sublime, chic, élégante, et elle a gagné. J’ai également adoré une prestation très bien classée, mais qui n’a pas gagné, celle de Dami In, avec Sound of Silence, pour l’Australie. C’est in-cro-ya-ble. Cette femme a une voix de ouf !

Tu candidates pour représenter la France, ton pays d’adoption, à Rotterdam. Qu’est-ce que cela te ferait ?

Ce serait tellement un honneur ! Si j’ai envie de représenter la France, c’est pour la remercier, parce qu’elle m’a accueillie sur son territoire, elle m’a ouvert les bras. Je veux remercier ma France, celle que je connais, une terre d’accueil qui m’a tellement donné. J’aimerais tellement donner en retour, ce serait ouf. Je pense que c’est plus qu’un rêve. Je trouve que c’est beau. Vraiment beau.

Te lancer dans la musique en participant à des émissions comme The Voice, ça te faisait moins rêver ?

Je ne sais pas. Franchement, je ne sais pas si j’aurais pu faire d’autres émissions, mais pour Eurovision France, c’est vous qui décidez, les astres se sont alignés et dans la vie, il faut saisir sa chance. Mon parcours passe par l’Eurovision. Qui savait que j’aurais pu faire ça ? Je sais que j’ai toujours eu en moi cette volonté de le faire, et j’ai la chance d’avoir la plus grande scène du monde qui pourrait potentiellement me permettre de réaliser ce rêve. Je ne pourrais jamais espérer mieux.

Qu’as-tu envie de dire au public pour qu’il t’envoie à Rotterdam ?

Avant tout, j’ai envie de dire au public « Votez pour moi ! » (Rires). J’aimerais lui dire qu’aujourd’hui, représenter la France est très important. On sait que l’Eurovision sert à véhiculer des messages et c’est très important pour nous de dire qu’aujourd’hui, la France est un mariage de plein de choses. J’espère que les gens vont être touchés par ce que je raconte, par ma vision de la France et qu’on fera tous la fête ensemble, puisque c’est le but : que la France fasse la fête pour se sortir de ce périple qui frappe le monde en 2020 et qui nous empêche de vivre plein de belles choses.

Un grand merci à Ali d’avoir accepté de partager ce moment et pour sa sympathie. Rendez-vous dès demain sur L’Eurovision au Quotidien pour découvrir les avis des rédactrices et des rédacteurs sur Paris me dit (Yalla ya helo !) dans le traditionnel Conseil de classe.

Crédits photographiques : @EurovisionFrance