J-5 avant le grand retour de l’Eesti Laul ! Pour cette année, la sélection estonienne ne nous offrira qu’une seule et unique soirée (pour raisons budgétaires), mais ils seront tout de même 16 titres en compétition pour tenter de succéder à 5 miinust x Puuluup.

Comme de coutume, Loreen (aka Rémi sur ce coup-là)1 a écouté avec la plus grande attention les forces en présence. Surtout, elle a son avis bien aiguisé sur ce cru 2025 de l’Eesti Laul. Envie de lire ce qu’elle en pense ? Fort bien, parce qu’on a envie de le partager avec vous.

Avis général

Longtemps érigé en sélection de référence pour sa diversité musicale et sa capacité à faire émerger des sons alternatifs, l’Eesti Laul est, depuis quelques années, régulièrement critiqué pour sa standardisation et son uniformisation progressives – certains n’hésitant plus à faire un parallèle avec le Melodifestivalen, de l’esprit duquel la sélection estonienne demeure toutefois encore éloigné, fort heureusement. Pour le reste, si l’Eesti Laul conserve bien son statut de référence dans une saison des sélections de plus en plus sportive, il n’en reste pas moins qu’année après année, ERR (télédiffuseur estonien) tend à nous offrir des sélections de qualité variable. Ainsi, après un très bon cru 2024, l’édition 2025 semble marquer le pas avec une sélection moyenne, de laquelle rien de catastrophique n’émerge, mais également rien d’excellent. Un ensemble de « bons titres » qui ne suscite pas d’emballement particulier chez votre auteur, tout comme il le trouve loin d’être désagréable à l’écoute. Alors, quelles perspectives pour l’Estonie à Bâle avec le line up de l’Eesti Laul 2025 ? Tour d’horizon des forces en présence.

Note : les avis et les commentaires ici exprimés n’engagent que la propre opinion de leur auteur, et ne reflètent en aucun cas l’avis général de la rédaction.

An-Marlen – Külm

Voilà une proposition électro-pop à l’esprit typiquement estonien, comme seule l’Eesti Laul est capable d’en proposer. Les sonorités house du refrain semblent nous plonger tout droit dans les profondeurs d’un club de la capitale, donnant une teinte très chaleureuse à un ensemble marqué par la froideur hivernale du pays. Külm est une proposition craquante, du moins est-ce tout à fait subjectif vu que je suis pile le bon client de cet univers musical, que l’Estonie n’a jamais testée sur la scène de l’Eurovision. Assurément, cela serait une prise de risque dans un concours international dont tout l’enjeu vise à se démarquer parmi 37 concurrents et, pour cela, à susciter l’accroche dès la première écoute. La proposition d’An-Marlen répond-elle à ces critères ? Pas si sûr, et loin de là. Mais même si ce ne sera pas pour cette année – sauf cataclysme, je tenterais bien un jour le pari d’un Külm (ou d’un autre) sur la scène de l’Eurovision.

andrei zevakin feat. Karita – Ma ei tea sind

Avec son style électro-pop hip-hop très identifiable, andrei zevakin fait toujours mouche dans le casting de l’Eesti Laul, quand bien même la sélection ne l’a pas toujours récompensé à ce jour. L’édition 2025 ne déroge pas à la règle avec Ma ei tea sind, qu’il interprète cette fois en duo avec Karita, clairement l’un des titres les plus marquants d’une sélection où il n’y en a pas tant que ça. A voir la qualité du live vu le côté casse-gueule de la proposition en la matière, mais cette dernière pourrait être une bonne option pour Bâle. Elle permettrait en tout cas à l’Estonie d’envoyer un titre à l’identité musicale aussi marquée que 5miinust x Puuluup l’année dernière, au lieu d’une chanson beaucoup plus générique.

Anna Sahlene – Love Me Low

Trois ans après son grand retour sur la planète Eurovision avec Champion (qui lui avait offert la 4ème place de l’Eesti Laul 2022), revoilà Anna Sahlene avec un Love Me Low signé d’une équipe suédo-estonienne, dans laquelle se glissent les inénarrables Bobby Ljunggren et David Lindgren Zacharias, habitués du Melodifestivalen. Le ton est donné : c’est sans surprise avec un schläger au bon goût d’europop nostalgique que nous offre l’eurostar. Puisqu’on parlait nostalgie, les fidèles de Carola, Charlotte Perrelli ou encore Selma adoreront, tandis que le titre sera évidemment le plaisir coupable d’une frange d’eurofans, dans les cœurs desquels il résonnera avec entêtement. Sauf que depuis Tallinn, plus de vingt ans se sont écoulés, et avec eux, c’est une évolution musicale spectaculaire qu’a connu le concours de l’Eurovision, dans lequel Love Me Low sonnerait comme un titre du passé…

ANT – Tomorrow Never Comes

Le grand vainqueur d’Eesti otsib superstaari en 2023 se présente ici avec une jolie ballade pop simple et sans ambages, telle que l’Eesti Laul en propose chaque année un quota. Tomorrow Never Comes est aussi bien ficelé qu’il est agréable à l’écoute, en toute simplicité là aussi. Ce qui fait la force du titre est sans doute également sa principale faiblesse, dans la mesure où cette simplicité interroge sur sa capacité à se démarquer parmi d’autres. Plaisant n’est pas suffisant, tout comme plaisant n’est pas marquant, surtout dans le contexte de l’Eurovision (et son passage en ouverture de la soirée samedi soir ne va pas aider). La proposition d’ANT est typique de ces titres qui, s’il était choisi par le public estonien pour Bâle, se retrouverait en position d’entre deux pour la qualification en finale. Serait-ce vraiment le meilleur choix ?

ELYSA – The Last To Know

Changement de cap pour Elysa qui, après Fire et Bad Philosophy, reste certes fidèle aux sonorités pop, mais sous plutôt l’angle d’une ballade contemporaine cette année. Autant le dire d’entrée : l’ensemble ne révolutionnera pas le genre et aurait pu aussi bien se retrouver au Melodifestivalen ou dans quelque autre sélection nordique. The Last To Know est de ces titres qu’on qualifierait de bons, certes de relativement accrocheurs à l’écoute (l’ensemble se retient plutôt bien), mais pas assez marquants pour en faire l’élu. La chanson d’Elysa reste toutefois dotée d’une certaine efficacité et semble bien portée par son interprète en version studio : à elle désormais de la transcender sur scène. Sur le papier, cela reste toutefois une option à considérer pour Bâle, si l’Estonie décidait d’un choix générique.

FELIN – Solo Anthem

Ambiance punk rock des plus félines pour FELIN, dont le titre me semble assez sous côté de la part des eurofans. Si le groupe finlandais ne renouvelle sans doute pas les codes du genre, il livre ici un Solo Anthem énergique, frais, haut en couleurs, qui nous plonge directement dans l’ambiance d’un teen movie américain des années 90, et ça, j’achète ! Suffisant pour lui permettre d’émerger de cette sélection assez homogène, surtout que le style est en réalité assez peu présent sur la scène de l’Eurovision. Bref, vous l’aurez compris : l’atout charme fonctionne pleinement sur moi. Félin, vous dites ?

Frants Tikerpuu – Trouble

Légère ambiance jazzy pour Frants Tikerpuu dont le titre n’est pas sans rappeler quelques précédentes contributions de l’Eesti Laul avec le son du piano qui en traverse la composition. L’ensemble est loin d’être déplaisant et se veut même agréable à l’écoute. Mais Trouble manque d’impact pour susciter suffisamment le trouble dans cette finale à 16 candidats. On est loin du « son pop mémorable » introduit par Tanja lors de la présentation des artiste… On a connu des titres plus forts dans le genre par le passé et, surtout, la concurrence est présente cette année. Autrement dit : sans pour autant jeter la proposition de Frants Tikerpuu aux orties, on ne l’enregistrerait pas non plus sur notre playlist.

Gem98 – Psycho


Dans le line up de l’Eesti Laul 2025, voilà un titre qui n’imprime pas chez moi. Sitôt écouté, sitôt oublié. Le titre pop-rock de gem98 est pourtant loin d’être mauvais, au contraire : Psycho est même une proposition de facture tout à fait correcte, dont le style n’est pas sans dénoter un certain chien. Mais j’ai beau faire tourner les trois minutes, le titre me reste aussi anonyme que son interprète… Signe des moins trompeurs : mon incapacité à développer plus de trois lignes sur le sujet. Quand ça ne veut pas…

Janek – Frozen


Changement de cap pour Janek, qui nous avait laissé avec son élégante House of Glass, ballade pop contemporaine que les jurys et le public estonien n’avaient su apprécier à sa juste valeur il y a deux ans. Le voilà aujourd’hui avec un Frozen en parfaite phase avec la météo du pays balte à cette période. Relativement passe-partout, son cru 2025 – plus pop que celui de 2023 – est clairement moins impactant, sans doute même que son autre proposition (rejetée) de l’année. La proposition n’en reste pas moins sympathique et plutôt bien fichue, mais cela sera-t-il suffisant pour émerger d’une demi-finale de l’Eurovision ? Malgré tout l’intérêt que je porte à Janek (n’y voyez aucun double sens), j’en doute hélas cette année.

Johanne-Elise – Eyes Don’t Lie


Ambiance pop-Rnb-soul avec Johanne Elise (anciennement Joelle, mais le nom était déjà pris, ce qui est relativement absurde). Sur le papier, Eyes don’t lie aurait pu représenter une bonne option de par un style musical assez peu représenté en réalité sur la scène de l’Eurovision. Hélas, si le titre n’en est pas moins gentiment plaisant à l’écoute, il n’imprime tout simplement pas. Aussitôt écouté, aussitôt oublié, ou comment résumer en 4 mots ces trois minutes qui passent terriblement inaperçues dans cette finale à 16.

Marta Lotta – Tantsin veel

Ambiance pop disco avec Marta Lotta, vainqueure de la wildcard de l’Eesti Laul 2025, par ailleurs contestée par sa poursuivante immédiate, une certaine Laura… Un style dont on retrouve régulièrement une touche par ci, par là en sélections nationales, mais qui franchit plus rarement la scène de l’Eurovision, et à tort ! Car un Tantsin veel a de quoi contaminer le concours de son délicieux esprit vintage, qui ressuscite la vibe musicale des années 70 tout en offrant un titre véritablement actuel. Surtout, Marta Lotta délivre un argument imparable aux eurofans francophones : les fameux mots en français sortis d’on ne sait où, mais qui offrent un atout charme imparable pour achever de nous faire craquer sur ce titre.

Minimal Wind – Armageddon


Super-finaliste de l’Eesti Laul 2022 à la surprise générale, revoilà Minimal Wind et son indie pop vaporeuse de retour en sélection avec Armaggedon. Une nouvelle fois, le groupe propose une musique d’ambiance chaleureuse, aux délicates touches rock sur les dernières secondes : rien de tel pour accompagner vos longues soirées d’hiver à l’estonienne (et votre interlocuteur sait ô combien l’hiver local est rude). Après, la question reste la même : une musique d’ambiance fait-elle un eurotube ? Je suis assez perplexe sur la capacité de ce genre de titres d’émerger sur la scène de l’Eurovision, surtout avec une composition qui reste plutôt linéaire dans l’ensemble et qui ne décolle pas vraiment. Il n’en reste pas moins qu’Armageddon est l’un des titres les plus qualitatifs de cette sélection estonienne 2025.

Räpina Jack et Kaisa Ling – Tule

Que serait une sélection estonienne sans sa touche pop-folk tradi ? Elle est cette année incarnée par le duo Räpina Jack et Kaisa Ling, qui nous propose donc Tule. Pour certains, le titre réussira à vous embarquer dans un improbable road trip dans la campagne estonienne, pour une soirée feu de camp au son de la vielle médiévale (pas sûr qu’il s’agisse de cela, mais disons que oui). Pour d’autres, Tule vous fera le même effet que celui d’une tuile en brique rouge, autrement dit pas grand chose. Bien que vous connaissiez ma petite appétence pour les touches folklo-tradi-etc., votre auteur du jour penche (malheureusement ?) pour la deuxième équipe, quand bien même le titre n’est pas mauvais sur le plan musical – ce qui l’épargne d’une Loreen hurleuse.

Stereo Terror – Party Till The End Of The World

Le seul son métal-disco de la sélection ne pouvait évidemment venir que de la Finlande voisine, terre d’origine de ce duo de DJs dont l’un a cependant quelques racines de ce côté-là de la Baltique. Qu’importe, puisque là n’est pas le sujet : Stereo Terror propose un titre énergique et habité, dont la production aurait pu être perfectible par moments, mais qui a le mérite de l’incarnation et de la distinction – deux éléments ô combien importants sur la scène de l’Eurovision. Alors, Party Till The End Of The World n’est sans doute pas la chanson la plus compétitive qu’on ait vu dans le genre, mais elle a le mérite d’apporter une touche à cette sélection.

Tommy Cash – Espresso Macchiato

Dès l’annonce de sa présence au casting, la star de la scène musicale estonienne du moment s’est immédiatement imposée comme le grand favori de l’Eesti Laul 2025. Un statut qu’il confirme aujourd’hui… pour mieux dérouter son public, habitué à d’autres sonorités venant de la part de « l’ovni du rap estonien ». Oubliés l’esprit post-soviétique, le rap et le hip-hop expérimentaux que nous avions hâte de voir dérider le public de l’Eurovision, et bienvenue à une pop édulcorée, pour ne pas dire « eurovisionée », à coups d’Espresso Macchiato. Clairement, nous attendions autre chose, et mieux, de la part de Tommy Cash. Sauf que le second degré de cette proposition pop tellement grotesque et jouant sur les clichés, véritable joke act par définition, fonctionne tellement bien que le charme ne peut qu’opérer. Surtout, une fois écoutée la playlist des 16 titres, un seul et unique air reste dans vos mémoires : « Mi amore, mi amore, espresso macchiato, macchiato, macchiato, por favore… » Pas dit toutefois que le charme fonctionnerait aussi bien si c’était Monsieur X qui se cachait derrière cette proposition…

Tuuli Rand – Rem


Qui dit Eesti Laul dit quota musique d’ambiance, cette année proposé par la revenante Tuuli Rand. Vous savez, cette soft pop aux légères teintes électro et vintage dont seuls les artistes locaux ont le secret ? Voilà REM en trois adjectifs musicaux : le genre de titres que vous écouteriez en musique de fond d’un bar lounge branché de la capitale estonienne ou sur le canapé de votre appartement du centre de Tallinn, au coin du chauffage, tranquillement posé après vous être délesté de vos couches de vêtements chauds nichés au rayon ski de Décathlon. Rien de tel pour se détendre chaleureusement après une bonne journée à -35 degrés Celsius, mais euro-compatible. C’est une vraie question, surtout dans une demi-finale 100% télévote où une telle proposition risquerait (hélas) de passer inaperçue, faute d’accroche suffisante.

Conclusion : et alors, qu’est-ce que ça te fait ?

Comme évoqué en introduction, le cru 2025 de l’Eesti Laul ne sera pas des plus marquants. Si, dans l’ensemble, le comité de sélection a opté pour de « bons » titres, « bon » ne suffit pas pour marquer suffisamment les esprits et pour émerger d’une scène aussi compétitive que celle de l’Eurovision. Là se trouve, en effet, le problème de la majorité des titres : beaucoup de sons semblent ici trop génériques ou déjà entendus pour offrir de vraies perspectives au pays à Bâle là où, inversement, les titres les plus intéressants ne sont forcément les plus accrocheurs à la première écoute. Il n’en reste pas moins qu’une nouvelle fois, l’Estonie parvient à nous offrir un line up qui reste agréable à l’écoute, à défaut de rester dans les annales. On se demande d’ailleurs si, parmi les titres ouverts au vote de la wildcard, d’autres n’auraient pas eu davantage leur place en finale que certains ici présents…

À ce jeu-là, un grandissime favori émerge toutefois. Sauf cataclysme (à savoir le vote du jury international, qui pèsera pour 50% dans la sélection des trois super-finalistes), on ne voit pas comment Tommy Cash pourrait ne pas gagner cette sélection estonienne, tant sa popularité est sans commune mesure avec les autres participants et tant son Espresso Macchiato, pourtant à rebours complet et très en-dessous de ses standards musicaux habituels, est le titre le plus mémorable de la sélection. Alors, oui, on est en droit de s’interroger sur la capacité d’un énième joke act de briller sur la scène de l’Eurovision après Käärija, Windows95man et d’autres. Mais il faut le reconnaître : quand bien même la sélection estonienne propose des titres plus qualitatifs, le plus immédiatement accrocheur à l’écoute et, surtout, le plus entêtant, c’est bel et bien ce séduisant « espresso macchiato, macchiato, macchiato… »

Pour le reste, si jamais, à la surprise générale et eurodramatique, Tommy Cash venait à échouer, l’Eesti Laul 2025 offre tout de même quelques sérieuses options à considérer pour la représentation estonienne à Bâle. Au premier rang desquelles andrei zevakin ft. Karita, dont l’énergique et électrique Ma ei tea sind aurait de quoi mettre le feu sur scène, sous réserve de la prestation live, particulièrement casse-gueule sur ce genre de titres aux sons industriels. Si ce n’étaient que mes goûts subjectifs, le duo serait d’ailleurs en pôle position personnelle pour décrocher le billet pour l’Eurovision, mais notre rôle de rédacteur nous pousse tout de même à rester objectifs. Sinon ? Felin et Marta Lotta pourraient faire souffler un vent de fraîcheur sur la scène du concours, l’une avec son titre punk rock décoiffant, l’autre avec son titre pop disco, les deux dans une très séduisante vibe vintage que l’on gagnerait à voir à l’Eurovision. Sinon encore ? L’Estonie pourrait être tentée d’envoyer un titre générique comme ceux d’Elysa, Janek ou encore Ant, dont la qualification en finale serait loin d’être assurée, dont les prétentions seraient limitées à une vingtième place, comme elle l’eut fait par le passé avec Victor Crone ou le bel Uku Suviste. Rien de dégradant ou de déshonorant en soi, mais pas le meilleur signal tout juste un an après les fous furieux 5 miinust x Puuluup…

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quel est votre titre favori de l’Eesti Laul 2025 ?

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  1. Oui, notre eurolégende a des tendances fantômettes lorsqu’elle revêt les atours des rédacteurs) ↩︎