Prenons le chemin de la Tchéquie, un pays qui participe régulièrement au concours seulement depuis 2015, et de ce fait, il n’aura participé que dix fois à cette compétition durant les quinze dernières années qui sont la référence de cette rubrique.

PALMARÈS :

CLASSEMENTINTERPRÈTES et TITRESANNÉES
6e en finale MIKOLAS JOSEF – Lie To Me2018
10e en finale VESNA – My Sister’s Crown2023
11e en finale LAKE MALAWI – Friend Of A Friend2019
22e en finale WE ARE DOMI – Lights Off2022
25e en finale GABRIELA GUNČÍKOVÁ – I Stand2016
11e en demi-finale AIKO – Pedestal2024
12e en demi-finale ADONXS – Kiss Kiss Goodbye2025
13e en demi-finaleMARTA JANDOVÁ & VÁCLAV NOID BÁRTA – Hope Never Dies2015
13e en demi-finaleMARTINA BÁRTA – My Turn2017
15e en demi-finale BENNY CRISTO – Omaga2021

OBSERVATIONS GÉNÉRALES :

Si nous observons attentivement toutes les chansons proposées depuis 2015, date à laquelle la Tchéquie s’est posée durablement dans le concours, le premier mot qui vient à l’esprit, c’est l’éclectisme. En effet, il n’y a aucun style de chansons qui se dégage depuis ces dix ans de compétition : plusieurs styles se sont succédé, dont certains pas toujours évidents à décrire. On dirait que la Tchéquie cherche toujours sa voie en oscillant entre le classicisme ordinaire et les innovations plus ou moins maîtrisées. D’ailleurs, si on regarde les résultats obtenus en fonction du type de chansons proposées, on se rend vite compte que là aussi, il n’y a pas de logique préétablie : elle s’est qualifiée en finale ou a été éliminée avec des chansons qui n’ont strictement rien à voir entre-elles. Concernant les décors, les tenues et les chorégraphies, là aussi, il n’est pas possible d’en tirer une conclusion ou du moins une simple tendance : cela va de la simplicité et la sobriété lors des premières années (de 2015 à 2017) avant de s’animer davantage avec des décors plus affirmés et visibles et ces dernières années, c’est très coloré et très démonstratif à la limite du surplus sur la scène. On en revient encore à la première impression : la Tchéquie n’a pas trouvé sa « vitesse de croisière » et tâtonne toujours pour trouver sa véritable identité musicale. Et ce n’est pas la langue choisie pour les interprétations qui va la distinguer puisque l’anglais est très majoritairement utilisé lors de toutes ses participations depuis 2015 et il n’y a que deux fois où le tchèque a été entendu, mais vraiment avec parcimonie.

PROJECTIONS DANS L’AVENIR :

La Tchéquie a encore beaucoup à faire pour devenir un pays compétitif au concours de l’Eurovision : elle semble en avoir pris conscience car depuis quelques années, la plupart des chansons proposées sont certes très originales, voire atypiques, mais elles sont nettement plus abouties par rapport aux années précédentes. Le bilan des qualifications en finale lors de ces dix ans de participation est très équilibré : cinq qualifications pour cinq éliminations, ce qui signifie qu’il y a une marge d’amélioration non négligeable pour le futur. C’est notamment le cas pour les mises en scène pas toujours en adéquation avec le thème de la chanson ou alors pas assez compréhensible pour les spectateurs : elles peuvent être réussies et fort agréables visuellement comme en 2023 par exemple, mais il est très difficile de faire le rapprochement chanson/décor. Ça a pu être aussi  « trop sage » comme en 2015 et 2016 : impossible de dire si ça a été la cause d’une non-qualification dans le premier cas et d’une fin de Bottom 5 dans le second cas, mais les interprètes étaient excellents vocalement et pourtant, ils n’ont pas tiré parti de cet avantage. En fait, la plupart du temps, les vidéo-clips sont plus explicites que les prestations en direct : c’est un point dont il est possible d’apporter des améliorations non négligeables. On peut ajouter, comme il a été constaté un peu plus haut, que tenter au moins une fois une chanson en langue tchèque à 100% serait une belle expérience, peut-être payante.

Mais dans l’immédiat, le principal défi de la Tchéquie est de pérenniser sa présence dans le concours : en effet, après ses trois premières participations entre 2007 et 2009 qui ont été désastreuses, elle s’est retirée durant cinq ans avant de revenir en 2015 en proposant une ballade à voix classique sans doute pour repartir du bon pied, mais qui s’est également soldé par une nouvelle élimination… Il est aussi nécessaire de préciser qu’en Tchéquie, le concours de l’Eurovision est loin d’être un succès d’audience : c’est même l’un des pays où elle est la plus faible. Le concours se déroule dans une relative indifférence pour être poli et c’est la raison pour laquelle, essayer d’obtenir le maximum de qualifications en finale pour commencer serait certainement le moyen d’intéresser davantage le public tchèque au concours. Un autre point qu’il serait aussi possible d’améliorer même si ce n’est pas primordial : persévérer dans le choix d’une sélection nationale comme c’est le cas depuis 2018, mais avec un petit peu plus de participants, car depuis sept ans, c’est limité dans une fourchette de cinq à huit candidats au maximum lors d’une finale unique. Une dizaine de candidats serait probablement préférable pour avoir un plus large éventail de choix pour sélectionner la chanson qualifiée. Finalement, la Tchéquie n’est pas un pays évident à analyser parce qu’elle est encore relativement jeune et récente au concours, et elle n’a pas encore l’expérience ni la culture du concours, mais elle est en train de l’acquérir petit à petit. Il ne faut pas être trop exigeant avec elle, simplement attendre d’elle qu’elle prenne cette compétition avec davantage de considération et qu’elle démontre même « maladroitement » qu’elle cherche à progresser à son rythme.

Désormais, c’est à vous amis lectrices et lecteurs de vous exprimer librement si vous le souhaitez en nous disant ci-dessous ce que vous pensez du parcours de Chypre lors de ces quinze dernières années.

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Crédit photographique : EAQ / Vidéos: Eurovision Song Contest