Tallinn

Cette décennie est celle de la renaissance pour l’Estonie, avec son format devenu un des grands rendez-vous de la saison des sélections nationales : l’Eesti Laul. Pourtant, ce n’était pas gagné…

Avant 2010, c’est la débandade. Le pays qui avait pourtant gagné l’Eurovision en 2001 et accumulait les succès s’est pris les pieds dans le tapis avec l’arrivée des demi-finales et a raté cinq fois de suite les qualifications. Pour y remédier, on a imaginé en 2009 une sélection plus moderne et centrée sur la scène musicale estonienne. Ont été invités 10 candidats très variés, de la star à l’amateur, de la variété à la musique indépendante difficile d’accès.

Le succès d’Urban Symphony à Moscou a pérennisé cette sélection qui a pourtant connu son premier échec dès 2010 avec Malcolm Lincoln. Dire qu’il n’a participé à la finale nationale que parce qu’un candidat, Nikita Bogdanov, a été disqualifié, il l’emporte à la surprise générale devant la grande favorite Lenna Kuurmaa.

Malgré l’échec de Malcolm Lincoln, le succès local de l’Eesti Laul pousse le diffuseur ERR a créer des demi-finales et inviter 20 candidats. La favorite s’appelle Ithaka Maria, mais c’est finalement une inconnue, Getter Jaani, qui s’impose devant le groupe de Stig Rästa, Outloudz. Getter se qualifie difficilement et ne termine que 24ème et avant-dernière à Düsseldorf.

En 2012, participe une immense star nationale, Ott Lepland. On pense alors que la sélection est jouée d’avance. De fait, Ott s’impose très largement, une nouvelle fois devant Lenna. C’est également un succès à Bakou : Ott termine 6ème.

En 2013, tous les yeux se tournent vers un group punk atypique, Winny Puhh. Cependant, à cause des jurys, ils manquent la qualification en superfinale, remportée à la surprise générale par Birgit Õigemeel, difficilement qualifiée en finale, et pas du tout favorite du pubic au premier tour… La pauvre Grete Paia est malheureuse deuxième. Birgit réussit à se glisser en finale où elle termine 24ème.

De même, en 2014, on attend le retour de Sandra Nurmsalu, qui a brillé à l’Eurovision 2009, et une nouvelle fois, la favorite des fans est condamnée par les jurys. Tanja, pas du tout attendue, emporte la superfinale devant le groupe pourtant favori du jury et des téléspectateurs un peu plus tôt, Super Hot Cosmos Blues Band. Autre surprise : Tanja manque la qualification…

Pour remédier à ces étonnants votes, il a été décidé en 2015 de placer trois chansons en superfinale ! Elina Born & Stig Rästa, favoris dès la révélation des chansons, l’emporte donc devant Daniel Levi. Elina & Stig doivent néanmoins se contenter d’une 7ème place en finale à Vienne après avoir été annoncés comme possible vainqueurs.

En 2016, les fans pensent que Laura ou Grete Paia obtiendront enfin leur vengeance ! Mais c’est le jeune gagnant de la Nouvelle Star estonienne, Jüri Pootsmann qui s’impose devant Laura. A Stockholm, en revanche, Jüri s’effondre à la dernière place de sa demi-finale.

Mais comme l’Eurovision, c’est aussi des belles histoires, Laura remporte son ticket l’année suivante avec un autre ancien candidat au concours, le chanteur Koit Toome avec qui elle chante Verona. Le duo s’impose devant la superstar Kerli, mais, au désespoir des fans, terminera très loin en demi-finale.

Pour l’Eurovision 2018, la favorite n’est ni plus ni moins que la présentatrice de l’Eesti Laul de l’année d’avant, accessoirement sorpano, Elina Nechayeva. Favorite du départ, elle s’impose devant Stig Rästa. Avec sa chanson en italien « La forza », une première pour l’Estonie, mais la Lettonie voisine l’a déjà fait en 2007, Elina ramène l’Estonie dans le top 10 avec une belle 8ème place.

Pour ce dernier Eesti Laul de la décennie, ERR a décidé de sélectionner encore plus de chansons :12 par soirées. On y retrouve beaucoup d’anciens candidats, mais aussi des nouvelles têtes. Stefan, 3ème l’année d’avant avec Vajé, remporte le premier tour de votes, mais c’est le poulain de Stig Rästa, le suédois Victor Crone, qui remporte l’Eesti Laul devant Uku Suviste. A Tel-Aviv, Victor se qualifie facilement mais ne termine que 20ème en finale…

L’Estonie connait des résultats très variables, du fait de sa petite taille, mais s’est qualifiée 6 fois sur 10. Elle est 24ème de cette décennie, avec 610 points.

Le top : 6ème en 2012 avec Ott Lepland.

Le flop : dernier en demi-finale avec Jüri Pootsmann en 2016.