Ce samedi, nous assisterons à la grande finale du Dansk Melodi Grand Prix. Le moment sacramental est donc venu : confrontons nos opinions au sujet de ses huit participants et de leurs chansons.

LOREEN

Débutons, comme à notre habitude, par les Loreen, qui reflètent mon avis personnel. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.

ChansonsCommentairesLoreen
Nanna Olivia – Hvileløse hjerterPour réussir une soirée, il convient de diffuser en entame des morceaux sympathiques, légers et moyennement entraînants. Cela permet d’installer une ambiance musicale propice, de laisser aux retardataires le temps d’arriver et aux présents de commander leurs boissons au bar, de prendre leurs marques et de se mettre en jambe. Hh appartient à ce genre de chansons : des chansons d’avant-fête que l’on passe juste avant de balancer les gros tubes qui mettront le feu à la piste de danse. C’est bien écrit, bien composé, bien produit, honnête en tout, mais ni mémorable, ni apte à déchaîner les passions.
Fyr & Flamme – Øve os på hinandenJustement ! Voilà une chanson parfaite pour allumer la mèche de la soirée, pousser la foule sur la piste de danse et causer un premier effet. Øoph est un curieux morceau issu droit de 1981, aux sonorités vieux-disco / pré-high-energy. À son écoute, l’on est comme aspiré au travers d’un portail spatio-temporel pour échouer dans une boîte branchée de Copenhague au début des eighties. C’est entraînant, réussi, curieusement irrésistible et tout aussi curieusement démodé. Prise avec une pincée de second degré, cette proposition s’avère drôle et sympathique. Une formule qui a apporté de beaux résultats à Saint-Marin. Alors pourquoi pas au Danemark ?
Chief 1 & Thomas Buttenschøn – Højt over skyerneL’on reste exactement dans le même créneau. À un point troublant d’ailleurs, comme si ces deux duos s’étaient copiés. Donc : retour à Copenhague en 1981, dans cette boîte branchouille. La boule à facettes renvoie les derniers feux du disco et vous invite à vous déhancher jusqu’au bout de la nuit, sans arrière-pensée, sans remord, sans regret. Hos est tout aussi joyeux, primesautier et sympathique que Øoph. La différence entre eux est aussi mince que moi il y a 15 ans. Vous dire à quel point le choix s’annonce cornélien. Les deux propositions étant égales en qualité et en attraction, j’imagine que le direct et la mise en scène les départageront.
Mike Tramp – Everything Is AlrightRestons dans les années quatre-vingt, plus qu’une tendance cette Saison, une obligation. Mais quittons les plaines du disco pour les montagnes du rock. Attention : un rock policé, à la danoise. Rien de brut, de brutal, de violent. Non, EIA joue sur la douceur, l’harmonie et la nostalgie. Il s’agit plutôt d’un country-rock, inspiré par la route 66 et les voyages à la découverte de l’Amérique. Une proposition réussie dans son genre et suffisamment plaisante que pour s’attirer les faveurs des plus allergiques au rock. Une proposition avec un supplément d’âme et un refrain accrocheur, à la Waylon. Bref, une bonne idée potentielle.
Claudia Campagnol – AbracadabraPoint de soirée sans slow. Les fêtards viennent aussi pour pêcher un.e partenaire pour un soir, une nuit, une semaine, voire pour la vie. Claudia met sa voix et son piano à leur service. Abracadabra s’avère une ballade romantique et délicate, saupoudrée de quelques violons facilitant les rapprochements et poussant aux baisers goulus. C’est parfait le temps que cela dure. Mais au bout de trois minutes, l’envie naît de danser à nouveau. Une proposition sincère, partant de bonnes idées et de bonnes intentions, mais qui me semble s’être égarée dans la surcharge romanesque. Elle aurait été plus réussie à mes oreilles si elle avait conservé jusqu’au bout la sobriété sonore de sa première minute.
The Cosmic Twins – Silver BulletNous revoilà dans les années 80, mais un peu plus tard. Aux alentours de 1985, 1986. Les coiffures ont bien changé. Les épaulettes sont le sine qua non des grands méchants looks. Les synthétiseurs ont envahi le monde, le saxophone dans leurs fourgons. Mais la piste de danse demeure toujours aussi brûlante. Et SB est la chanson parfaite pour y porter les fêtards velléitaires jusqu’à l’incandescence. Cette proposition mêle à merveille nostalgie et temps présent. Elle épouse notre époque, tout en évoquant les eighties. Un cocktail très agréable et réussi, qui s’écoute avec une joie grandissante. La musique et l’Eurovision n’en ressortent pas révolutionnés, mais bien ragaillardis. Un choix potentiellement porteur.
Emma Nicoline – Står Lige HerAnnées 80, la DR vous embrasse ! Les synthétiseurs règnent ici en maître, en un hommage tellement poussé à cette décennie que l’on se retrouve à nouveau aspiré dans un portail spatio-temporel. SLH est typiquement le genre de chansons qui passaient en boucle à la radio, au mitan des eighties. Troublant et confondant… L’ambiance sonore est restituée de manière quasi archéologique. Et tout aurait été parfait si ce n’était la linéarité du morceau. Bien produit, bien arrangé, bien interprété, SLH épuise rapidement ses effets et ne suscite plus de réaction particulière au terme de ses deux premières minutes. Plutôt le genre de chansons que l’on calerait à mi-parcours pour permettre aux fêtards de retourner au bar ou de faire un saut aux toilettes.
Jean Michel – BeautifulArrive un moment où les fêtards, même les plus acharnés, se fatiguent, où le DJ atteint le bout de son inspiration, où les barmans aimeraient rentrer chez eux. Bref, où l’ambiance est à la fermeture. Pour accompagner le fatal mouvement de fin de soirée, il est de tradition de passer des morceaux plus calmes, moins marquants et plus anonymes. Une mission parfaite pour Beautiful, composé, produit et interprété par des professionnels, mais qui est dépourvu de la puissance et du magnétisme d’un tube majeur. Une proposition qui s’écoute en remettant son manteau, avec la nostalgie de la soirée écoulée et qui en marquera agréablement la fin, avant de s’oublier une fois le parking traversé.

Vous l’aurez compris : la DR a décidé de concevoir son DMGP comme une soirée d’hommage aux années 80. Elle a sélectionné pour ce faire huit chansons toutes inspirées par cette décennie glorieuse. Le résultat est réussi… du moins dans les limites de l’exercice. Rien ici ne vous surprendra, ni ne vous rebutera. La télévision danoise reste dans son optique consensuelle habituelle, mais avec une inflexion eighties.

Par conséquent, poser un choix net s’avère compliqué. Certaines propositions se ressemblent tant qu’elles se confondent dans l’oreille. Vos goûts et vos couleurs vous porteront, en sachant qu’il n’y aucun risque d’erreur majeur. À titre personnel, je pencherais pour le Silver Bullet des Cosmic Twins. Le saxophone m’a rappelé beaucoup de bons souvenirs et refait surgir des mémoires d’enfance. Mais comme évoqué, les prestations en direct et les mises en scène permettront de départager plus sûrement ces huit candidats danois.

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Sur ce, rendez-vous samedi pour la grande finale !

Crédits photographiques – DR