Ces derniers jours, la vague des rumeurs chypriotes connaît un léger creux. Profitons-en pour revenir sur les parcours et les univers musicaux des six artistes pressentis pour la couronne chypriote. Après Katerine Stikoudi, Eirini Papadopoulou, Kalomira et Ivi Adamou, passons aujourd’hui à deux Eurostars majeures qui se sont lancées par surprise dans cette course à l’échalote.

Helena Paparizou

Helena, née en 1982 en Suède, est élevée entre son pays natal et le pays d’origine de ses parents, la Grèce. Passionnée de musique et de chant, elle entreprend des études artistiques, avec l’envie profonde de devenir professionnelle. À Stockholm, elle rencontre Nikos Panagiotides et tous deux deviennent amis.

En 1999, Helena et Nikos répondent à l’appel de producteurs à la cherche d’un duo mixte pour enregistrer des reprises de chansons grecques traditionnelles. Ils forment alors Antique et enregistrent un premier single dans la foulée, Opa opa. Le morceau rencontre le succès et devient la première chanson en grec à atteindre le top 5 des classements suédois.

Leur single suivant, Dinata Dinata, est aussi un succès, ce qui permet au groupe de sortir un premier album, toujours en 1999.

Afin de mieux se faire connaître en Grèce, Helena et Nikos décident de participer à la sélection grecque pour l’Eurovision 2001. Ils y présentent Die For You, écrit par Nikos Terzis. Retenus pour la finale du 6 mars 2001, ils y affrontent huit autres candidats. Un premier vote du jury d’experts retient quatre finalistes : Antique, Lenou, Maria-Louiza Vassilopoulou et Kay Connors.

Après un deuxième tour de vote, cette fois un combiné entre public et jury, Antique et Kay Connors terminent premiers ex aequo. Helena et Nikos, ayant remporté le vote du public, sont finalement couronnés au terme d’une soirée à rebondissements. Die For You devient au passage la première chanson présentée par la Grèce au Concours, dont les paroles ne sont pas entièrement écrites en grec.

À Copenhague, le 12 mai, Antique opte pour une mise en scène quasiment identique à celle de la finale grecque. Helena se décide simplement pour un ensemble blanc, couleur emblématique du Concours.

Le succès est au rendez-vous. Antique reçoit 147 points, dont les « douze points » de la Suède et de l’Espagne. Le duo termine troisième, le meilleur résultat jamais obtenu jusque là par la Grèce et son premier podium depuis ses débuts en 1974.

Repris par EMI, Die For You est publié à l’international et rencontre un vif succès commercial partout en Europe, spécialement en Grèce où il se classe en première place des ventes. Grâce à cela, le duo enregistre un deuxième album. Leurs deux singles suivants, Ligo Ligo et Follow Me, obtiennent moins d’attention.

Helena et Nikos décident de capitaliser sur leur nouvelle renommée en Grèce. En 2002, ils sortent un single promotionnel Me Logia Ellinika. En 2003, ils lancent leur nouvel album, grâce au single Moro mou, renouant avec le succès.

Helena et Nikos décident alors de se séparer pour lancer leurs carrières solos respectives. Leur décision est accompagné par la publication d’une compilation de leurs singles.

En 2003, Helena signe un contrat avec Sony Music et sort son premier single, Anapantites klisis. En 2004, elle sort son premier album. Tous deux sont numéro un des ventes en Grèce. Helena devient une star hellénophone majeure.

En 2005, après bien des hésitations, Helena est retenue par la télévision publique grecque pour la représenter à l’Eurovision. L’ERT lui choisit quatre chansons pour la finale : My Number One, OK, Let’s Get Wild et The Light In Our Soul. Cette dernière est cependant disqualifiée, ayant été publiée en 2004.

Le 2 mars, Helena interprète les trois chansons restantes au Club Fever d’Athènes, lors de la finale nationale.

Après un vote combiné, moitié pour les téléspectateurs grecs, moitié pour un jury d’experts, My Number One l’emporte largement. L’ERT offre alors à Helena une vaste tournée promotionnelle qui l’emmène en Allemagne, en Russie, à Malte, en Serbie-Monténégro, au Portugal, en Suède, en Turquie et finalement en Ukraine.

La Grèce ayant terminé troisième l’année précédente, Helena est automatiquement qualifiée pour la finale. Sur scène, elle se fait accompagner par quatre danseurs et un choriste et délivre une prestation mémorable.

Le résultat est un triomphe : la Grèce l’emporte avec 230 points et dix “douze points”. My Number One remporte un vaste succès commercial partout en Europe et atteint la première place des classements en Grèce, en Suède et à Chypre. Elle apparaît même dans les classements américains et brésiliens.

Helena enchaîne avec un nouvel album et une tournée européenne qui s’achève en 2006. Elle se produit alors durant l’entracte de l’Eurovision et y interprète son nouveau single, Mambo, nouveau grand succès commercial.

La suite est simple à résumer : tous les albums et singles que sort Helena sont des succès. Les titres et les récompenses pleuvent sur elle et si son renom à l’international finit par pâlir, elle demeure toujours une immense star dans les contrées hellénophones.

Fait remarquable : Helena demeure fidèle à l’Eurovision et se produit à de nombreuses reprises lors d’éditions du Concours et de sélections nationales. En 2014, elle tente sa chance au Melodifestivalen avec Survivor. Elle termine quatrième en finale.

En 2018, elle est un temps pressentie pour la représentation chypriote. Alex Papaconstantinou lui présente en premier lieu Fuego, dont elle enregistre une version personnelle. Elle se dédit toutefois, ne se sentant que peu d’affinité avec la chanson.

Désormais coach au The Voice grec, elle a sorti trois singles cette année, dont voici le dernier :

Helena a désormais soif de revenir au Concours et l’a fait savoir. 2021 verra-t-elle son retour ?

Elias Kozas

Né en 1984 à Thessalonique, Elias suit un parcours scolaire et académique classique. Il décroche ainsi un diplôme en économie et en gestion touristique. Néanmoins, passionné par la musique, il décide de suivre les traces de son père, saxophoniste professionnel au sein de l’armée grecque. Elias joue du piano, chante et débute avec un premier groupe, les Motherfunkers, orienté funk et soul. Ses membres se séparent cependant et Elias rejoint le Cabaret Balkan, qui se dissout au bout de trois ans.

Elias décide alors de lancer un projet plus personnel et fonde en 2011, Koza Mostra, aux côtés de Stelios Tsompanidis (batterie et chœur), Tasos Korkovelos (synthétiseur et chœur), Dimitris Christonis (basse), Tasos Gentzis (saxophone et chœur) et Petros Lagontzos (guitare et chœur). Ils sortent leur premier single en 2012, au succès réduit.

En 2013, ils s’inscrivent à la sélection nationale grecque pour l’Eurovision, en duo avec Agathonas Iakovidis. Ils sont retenus parmi les finalistes, avec leur chanson Alcohol Is Free.

Ils remportent alors le vote du jury et celui du public et sont couronnés représentants grecs 2013. À Malmö, ils s’imposent, terminant deuxièmes de leur demi-finale, puis sixièmes de la finale.

Dans la foulée de l’Eurovision, Alcohol Is Free remporte un grand succès commercial dans la sphère hellénophone. Le groupe sort alors son premier album, qui se classe numéro des ventes en Grèce.

Ensuite, le succès commercial les élude. Durant les quatre années qui suivent, le groupe sort de nombreux singles, mais aucun n’atteint les classements grecs. Tous se concentrent sur leurs concerts. En 2017, ils sortent un second album qui fait un flop.

Après trois années de silence musical, le groupe revient cette année, avec un nouveau single, qui passe inaperçu.

Elias décide alors de mettre un terme à l’aventure et de lancer sa carrière solo. Pour regagner la lumière, il songe à en revenir à cet événement fondateur pour lui qu’est l’Eurovision. D’où son arrivée dans le jeu de quilles de la sélection chypriote.

Rendez-vous demain pour la présentation de deux autres pressentis !

(avec la collaboration de Pauly)