J-1 avant le début du marathon albanais ! Alors que la première demi-finale du Festivali i Kengës édition 63 vous donne rendez-vous ce jeudi soir, Loreen (alias Rémi) a écouté pour vous l’ensemble des titres de la sélection.
Prêts pour le passage en revue des 30 chansons en lice ? Ainsi la plus grande des philosophes Ronela Hajati lancerait-elle le décompte : Një, dy, tre, ta marrsha !
Rappel : les commentaires ici exprimés par le rédacteur en charge du Festivali i Kengës n’engagent que son opinion personnelle et lui-même.
Avis général
Je sais : vous attendiez avec impatience ces Loreen pour ne pas avoir à faire défiler (traduction diplomatique de « vous fader ») les 30 titres de la sélection albanaise dans vos playlists Spotify, YouTube ou sur quelque autre plate-forme que ce soit. Que vous ayez du flair ou plus prosaïquement l’habitude des festivités locales, on ne change pas les recettes qui marchent et, une année de plus, le Festivali i Kengës ne fait pas l’économie de ses éternelles, sempiternelles, coéternelles ballades et titres jugés hors du temps pour qui est étranger aux traditions musicales de Noël (et à une partie de la scène musicale du pays). C’était sans compter sur l’arrivée de l’eurostar Elhaida Dani (représentante à l’Eurovision 2015) à la direction artistique du FiK cette année, désireuse de faire souffler le vent du changement sur un festival qui a longtemps souffert d’une image poussiéreuse, tout en s’inscrivant dans sa tradition. C’est ainsi que cette 63ème édition nous offre ici un menu plus diversifié, à quelques égards plus en phase avec l’actualité de la scène musicale albanaise et à même de s’adresser davantage aux eurofans pour ce qui est de quelques titres… ou a minima d’un, que l’on qualifiera d’évidence. Tour d’horizon.
La playlist du FiK
Vous pouvez également réécouter les titres en cliquant sur leurs intitulés.
Algert Sala – Bosh
Algert Sala nous propose ici une ballade pop qui ne renouvelle sans doute pas les codes du genre et dont le potentiel eurovisionesque n’est objectivement pas ouf, mais qui n’en reste pas moins agréable à l’écoute. Pas sûr qu’elle se retienne au mieux dès la première écoute, mais cela n’empêche en rien Bosh d’être une proposition de bonne facture à placer dans le haut du panier de cette sélection albanaise pour l’Eurovision 2025.

Alis Kallacej – Mjegull
C’est moi ou l’esprit soul et blues de Rag’n Bone Man s’est penché sur la sélection albanaise ? Car on croit reconnaître dans Mjegull quelques sonorités inspirées de l’univers de la star britannique, en version ballade albanaise bien entendu. Ce qui nous donne une chanson plutôt bien construite et relativement efficace sur le plan de la composition, qu’un revamp pourrait venir renforcer pour la rendre suffisamment compétitive pour Bâle (et l’on connaît l’appétence de la RTSH pour les revamps… souvent pas si réussis que ça). Pas mal du tout en tout cas !

Ardit Çuni – Amane
Voilà le visage de l’Albanie qu’on veut voir à l’Eurovision ! Ardit Çuni propose un titre pop urbaine moderne et dansant avec des sonorités balkaniques, dont le début n’est d’ailleurs pas sans faire penser à Loco Loco de Hurricane pour la Serbie 202. De quoi enflammer la scène du Palais des Congrès de Tirana, surtout si l’on en croit les images diffusées sur les réseaux sociaux par l’artiste… Et pourquoi pas celle de la St. Jakobshalle ? Parce qu’Amane ne manque ni de charme ni de chaleur et que les eurofans ne demandent que ça.

Devis Xherahu – Ka momente
Vous aussi, le début vous fait penser à un célèbre tube de Daniel Balavoine en version cantate albanaise à la guitare ? Le titre de Devis Xherahu n’est sans doute pas le pire que Loreen ait eu à écouter dans l’histoire du festival, et la chansonnette reste aussi mignonnette que ces musiche leggerisssime qu’on aurait pu écouter au bord de la mer… il y a quarante ans. Car la petite chanson pop ultra vintage semble davantage surfer sur la vague de la nostalgie d’un temps révolu que sur celle d’un présent dont elle a visiblement occulté l’actualité musicale…

Djemtë e Detit – Larg
La musique d’ouverture qui vous fait penser à un reportage de chroniques criminelles… La musique tout droit sortie d’on ne sait quels tréfonds des couloirs du temps… Certes, l’esprit rock est convoqué et il est bien au rendez-vous, mais cela ne suffit pas à faire sortir Larg de terre ! Il faut dire que la composition n’est ni de meilleur goût, ni de première jeunesse, et qu’on ne voit pas très bien où le vent nous mène dans cette affaire…

Elvana Gjata – Karnaval
ENVOYEZ LA À L’EUROVISION, PAR SAINTE JONIDA !!! Cinq ans que les eurofans attendaient son grand retour en sélection après l’eurodrama Me tana (satanée poétesse albanaise…) : la revoilà enfin au casting du FiK avec cet eurotube en puissance nommé Karnaval. Si certains y préféreront (à juste titre ?) sa proposition 2019, il n’empêche qu’Elvana réussit d’emblée son pari en proposant un titre accrocheur à l’extrême et entêtant dès la première écoute. Il est grand temps que l’Albanie prenne son destin eurovisionesque en main et rompe avec les sempiternelles ballades locales, quand bien même ses représentant(e)s ont toujours offert des prestations remarquables. Karnaval a tous les atouts pour mettre le feu aussi bien au Palais des Congrès de Tirana qu’à la St. Jakobshalle, en passant par la piste de danse de l’euroclub de Bâle. Question : la poétesse albanaise membre du jury est-elle prête à renoncer à ses traditions au profit d’un tel bop ? Le mystère demeure, mais le mot d’ordre est là : Y UNO, UNO DOS TRES Y MOS UN DAL !

Endrik Beba – Ishe ti
Ishe ti est un titre pop rock plaisant à la vibe années 2000, à défaut d’être davantage mémorable que cela. Ni mauvais, ni particulièrement bon, il ne laisse pas une empreinte monumentale sur cette sélection pléthorique dans laquelle il passe agréablement mais anonymement, sans bousculer les foules. La concurrence peut dormir sur ses deux oreilles.

Epos Grup – Kurajo dhe Zjarr
Rock n’roll attitude avec Epos Grup, qui plonge pour la première fois dans le grand bain du Festivali i Kengës cette année. Le style suffira t-il à marquer les précieux points dans la course à la victoire ? Kurajo dhe Zjarr n’est pas dénué d’un certain charme, mais on a connu plus ambitieux en matière musicale, quand bien même au moment de leur passage sur scène, Epos Grup aura le mérite de redonner du nerf à la compétition entre deux-trois-quatre ballades assez similaires. Suffisant pour Bâle ? Clairement pas.

Erma Mici – Mbaj
Et si Erma Mici créait la surprise ? Rien d’impossible car Mbaj possède à la fois les codes de la sacro-sainte ballade bénie de nos amis du FiK, avec une touche d’énergie en plus que lui confèrent ses sonorités. Cette ballade pop-rock est en effet agréable, efficace et assez accrocheuse, même si ses arrangements très années 2000 (pour changer) pourraient gagner à davantage de fraîcheur et de modernité. Pas de quoi faire une finale à Bâle, mais la base que pose le titre n’est pas inintéressante, à défaut d’être d’une singularité folle.

Frensi Revania – Rreziko
Ambiance pop disco avec Frensi Revania, qui livre une proposition assez fraîche et ensoleillée pour un Festivali i Kengës d’ordinaire peu enclin à ce style musical. C’est lumineux, c’est entraînant, c’est vintage, c’est dansant, c’est aussi brillant qu’un diamant (je fais mon marseillais sur le coup), bref Rreziko est un joli kif que pourrait se permettre l’Albanie sur la scène de l’Eurovision 2025. Il y a sans aucun doute plus compétitif dans ce 63ème cru, surtout dans le style pop, mais il n’en demeure pas moins que l’atout charme de la proposition fonctionne et pourrait représenter une réelle option pour Bâle.

Gjergj Kaçinari – Larg jetës pa ty
Voilà un titre rock que n’auraient pas renié les années 90 et leur meilleur goût en la matière. Poussiéreux, cela va sans dire. Pour le reste, que dire, si ce n’est de vous conseiller de passer votre chemin, surtout dans une sélection aussi pléthorique que le FiK…

Gresa Gjocera – E vërteta
Un titre pop agréable dont certaines parties instrumentales ne sont pas sans rappeler le Titan de Besa dans sa version originale présentée sur la scène du FiK à Noël dernier. L’ensemble ne présente sans doute pas la grande originalité et reste de facture assez classique au global, mais ses légères touches urbaines lui apportent une touche indéniable, à même de faire fonctionner un certain atout charme. Surtout, la composition donne une belle envergure au titre de Gresa Gjocera, qui ne s’avance sans doute pas en favorite, mais débarquera à Tirana avec de quoi défendre sur scène.

Jet – Gjallë
Voilà ici une contribution intéressante. Le titre démarre comme une ballade, avant d’assumer un virage pop teinté de sonorités urbaines qui donnent du relief à l’ensemble. De quoi rendre Gjallë très sympathique à l’écoute, bien qu’il ne s’agisse pas de la chanson la plus compétitive du cru pour l’Eurovision 2025. S’il manque effectivement le fameux je ne sais quoi indispensable pour imprimer sur la scène du concours, le titre de Jet n’en demeure pas moins séduisant de par son accroche et une personnalité qui va au-delà des classiques du genre.

Kejsi Jazxhi – Kur bota hesht
Retour vers le futur #2 avec Kejsi Jazxhi qui, à rebours de ce qu’aurait pu indiquer son nom, ne nous fait absolument pas plonger dans un univers jazzy. L’artiste y a visiblement préféré une ballade aux accents pop-rock assez viellots tout droit tirée de vingt ans en arrière. Au-delà, Kur bota hesht résonne comme un titre assez plat qui soufre d’un manque de décollage, et qui défile assez anecdotiquement dans cette sélection.

Klea Dina – Dashuri Ndiej
Néo-entrante dans la compétition, Klea Dina débarque au FiK avec une jolie ballade plutôt élégante, toute en délicatesse et en finesse, comme d’autres en ont proposé avant elle. Pas de quoi révolutionner le genre idéal de la sélection albanaise, mais il en reste un titre agréable à l’écoute, auquel il semble toutefois manquer une réelle accroche. En dépit de jolies qualités de composition, Dashuri Ndiej manque d’impact, la faute à un manque de décollage à mon sens rédhibitoire pour le FiK, et je ne parle même pas de Bâle !

Kleansa Susaj – Ta dija
Me plongeant dans mes archives Loreen du FiK 2023, j’étais prêt à dégainer un commentaire similaire à celui réalisé pour la précédente contribution de l’artiste… Sauf que Loreen avait préféré s’abstenir de faire la revue de la sélection albanaise l’année dernière (traduisons-le : Rémi avait une sacrée flemme et un enthousiasme débordant entre deux boules pralinées tout juste gobées). Qu’importe, pour sa deuxième participation consécutive, la jeune Kleansa Susaj est en lice avec une belle ballade à laquelle l’orchestration apporte une petite consistance et un certain relief, à défaut de la rendre inoubliable au moment du vote et réelle compétitive pour l’Eurovision. En effet, pas de quoi renouveler ici le style des ballades albano-albanaises : il n’en reste pas moins qu’avec sa légère touche pop-rock, Ta dija reste un titre très plaisant à l’écoute.

Laurjan Ejlli ft. Adelina Corraj – A thu
Help. Juste help. Poussière est un mot trop faible pour évoquer l’épaisse couche qui recouvre la surface de ce titre vieillot au possible, difficile à supporter pendant les 193 secondes de sa durée. Autant donc ne pas vous infliger un commentaire aussi long que cet A thu qui me laisse sans mots de ringardise et de niaiserie.

Lorenc Hasrama – Frymë
Alban Ramosaj, sors de ce corps ! Dès la première écoute, aussi bien que Lorenc Hasrama que Frymë n’ont pas été sans évoquer la proposition du dauphin de Ronela Hajati au FiK 2021 (qui aurait pu lui aussi défendre dignement les couleurs albanaises à Turin en 2022). On a ici une belle ballade, puissante, efficace, dont les sonorités épiques font mouche et confèrent assurément du cachet à l’ensemble. Dans la famille des sempiternelles – mais belles et authentiques – ballades albanaises, et dans le cas où le FiK ne couronnerait pas l’une de ses propositions les plus pop, ce pourrait être une option à considérer pour la victoire. Mais aussi pour Bâle, à défaut de renouveler l’ADN musical du pays à l’Eurovision.

Luna Çausholli – Qiell apo ferr
À l’écoute de Qiell apo ferr, il suffit de fermer les yeux pour se retrouver propulsé à la fin des années 90, voire au début de la décennie 2000. Il faut dire que la proposition de Luna Çausholli semble tenir son inspiration directement des standards de ballade de l’époque. Mais la scène musicale a évolué, et ce qui fonctionnait jadis en son temps n’est malheureusement guère plus au goût du jour, quand bien même la jolie voix de l’interprète contribue à ne pas rendre le titre désagréable en soi. Mais voilà, les temps ont changé, et les modes musicales avec…

Mal Retkoceri – Antihero
Vainqueur surprise de l’édition 2023 – d’autant plus avec l’ampleur du traumatisme auditif infligé, revoilà Mal Retkoceri prêt cette fois à défendre son titre en mode rock n’roll attitude avec cet Antihero soit fort vocodé, soit entièrement doublé par un choriste, quoiqu’il en soit de facture très supérieure à Çmendur. Car la proposition 2024 de notre jeune artiste débordant de muscles est dotée d’une réelle efficacité, qui lui permet de bien se distinguer dans cette sélection pléthorique. Je n’aurais pas pensé écrire cela l’année dernière venant de notre homme, mais pourquoi pas pour Bâle ?

Martina Serreqi – Nese qaj
Pour sa première participation au FiK, Martina Serreqi nous propose un joli titre pop dont les sonorités ne sont pas sans évoquer la douceur des rythmes méditerranéens. C’est aussi charmant qu’un rayon de soleil éclairant les paysages de la Riviera albanaise, aussi délicat que le goût sucré des gliko en bocaux, aussi doux-amer qu’un parfum de nostalgie dont on serait tenté de se défaire sans y parvenir, ou sans le vouloir complètement. Oui, Nese qaj (« Si je pleure ») est très joli musicalement parlant, mais cela le rend t-il suffisamment compétitif dans cette sélection albanaise ? Probablement pas. Il n’en reste pas moins que le charme opère.

Mihallaq Andrea – Porositë e babait
Mihallaq Andrea nous propose une ballade folklorique à la guitare typiquement albano-albanaise telle que je les aime… pas (vous me permettrez donc d’ajouter un « ne » après le « je », et non un noeud, quand bien même ce n’est pas l’envie qui manque à l’écoute de ces trois minutes). Le vétéran de cette édition nous offre une plongée nostalgique dans un temps musical visiblement pas tout à fait révolu pour le FiK – qui nous propose chaque année son quota du genre -, mais dont la page est bel et bien tournée depuis des décennies selon votre auteur du jour. Au moins les aficionados des traversées en bâteau vers une île balkanique apprécieront, un petit Raki à la main…

Nita Latifi – Zemrës
Je vais donner l’impression de me répéter, mais quand on n’a guère d’autre choix… : Zemrës n’est pas désagréable en soi, mais qu’est-ce que c’est dépassé… Autant le titre de Nita Latifi aurait cartonné il y a vingt-cinq, voire quasi trente ans (oui, le temps passe), autant on attend autre chose sur le plan musical à l’approche de 2025. Sinon ?

Orgesa Zaimi – I parë
Après deux prestations très remarquées en 2018 et 2020, voilà Orgesa Zaimi de retour et à nouveau prête à enflammer la scène avec I parë, un titre énergique en rupture avec ses précédentes contributions au festival. On est ici dans des sonorités pop urbaines accrocheuses, aussi envoûtantes que sa très charismatique interprète qui pourrait tout à fait créer la surprise avec son titre à la fois moderne et éminemment balkanique dans l’âme. À coup sûr qu’Orgesa ne laissera personne de marbre avec une proposition qui parvient tout de même à mettre en valeur sa voix. Il risque bien d’y avoir le feu à Tirana en ouverture de la première demi-finale jeudi !

Rea Nuhu – Sot
Enfin une ballade qui ne ressemble pas (trop) aux autres ! Rea Nuhu nous embarque dans un titre aux influences jazzy fort séduisantes et relativement captivantes, qui lui donnent une touche supplémentaire comparé à des chansons plus classico-classiques de la scène musicale albanaise. L’instrumentation gagnerait sans doute à davantage de modernité et à un poil plus de corps par moments, mais il n’en reste pas moins que la proposition a une certaine accroche dans son style, que pourrait venir renforcer un revamp, si d’aventure…

Ronaldo Mesuli – N’zemër
Voyage de l’autre côté de la Méditerranéen avec Ronaldo Mesuli, qui propose un titre qui démarre dans un style pop Rnb aux sonorités orientalisantes, à l’esprit raï, avant de virer en titre pop balkanique assez classique. Si l’ensemble est loin d’être désagréable et a de quoi nous plonger dans l’atmosphère locale, la composition du titre ne confirme malheureusement pas les promesses des premières secondes. Dommage, car N’zemër aurait pu être de facture bien supérieure.

Santino De Bartolo – Kur nata vjen si bora
Sortez la mandoline… et les kleenex qui vont avec ! Plongée dans la nostalgie d’un temps passé avec Santino De Bartolo et son Kur nata vjen si bora qui donne plus envie de trépasser que de se dépasser. Une cantate folklorique telle qu’on pourrait l’entendre sur un bateau de croisière à touristes direction une petite île nichée le long de la Riviera, mais ici, on prend nos jambes à notre cou et on plonge dans l’Adriatique. Courage fuyons !

Shkodra Elektronike – Zjerm
ALERTE COUP DE COEUR avec le duo électro albanais, qui tourne pas mal sur la scène 2lectro européenne en ce moment. Shkodra Elektronike propose un audacieux mélange entre sonorités de leur cru et influences traditionnelles qui fait mouche et extrêmement addictif dès la première écoute. Zjerm (signification : “bruit”) m’attrape, m’envoûte, me fascine, me transporte. Que dire de ce deuxième couplet en mode deux salles, deux ambiances… Une proposition incarnée, habitée qui, envoyée sur la scène de l’Eurovision 2025, offrirait un autre regard musical sur l’Albanie. Sans oublier le potentiel scénographique assez extraordinaire de ce titre, qui aurait largement de quoi électriser Bâle et ajouter une nouvelle corde à l’arc albanais au concours.

Stine – E kishim nis
Ma que c’est classique dans la composition… Comme dirait ma professeure de relations internationales de Master 1 (et Dieu sait que la référence à ce vil personnage revient quasi à l’introduction du pilori) : “vous êtes ringard, Monsieur”. Déjà que la réflexion n’est pas des plus sympathiques, pas sûr qu’elle le soit davantage venant de sa part.

Vesa Smolica – Lutem
Pour conclure ce panorama de la sélection albanaise pour l’Eurovision 2025, je vais essayer de me répéter le moins possible. Lutem est une ballade agréable à l’écoute, à laquelle la composition donne du rythme et de l’efficacité quand bien même elle ne casse pas les codes du genre préféré du festival. Le côté up tempo du refrain représente toutefois un atout non négligeable, qui confère une bonne accroche à un ensemble qui a ses chances. Pourrait-on l’imaginer sur la scène de la St. Jakobshalle ? Probablement par défaut, mais avec un avenir circonscrit à sa demi-finale.

Conclusion
Elhaida Dani avait annoncé vouloir apporter de la nouveauté sur la scène du Festivali i Kengës, tout en restant ancrée dans les traditions d’un festival sexagénaire : force est de constater que le contrat est en bonne partie rempli pour sa première à la direction artistique. Si l’on retrouve toujours les fondamentaux de la sélection albanaise, qui nous désarçonnent tout comme ils incarnent le charme un poil désuet du programme, une réelle touche de modernité a été apportée à la programmation avec la présence de plusieurs artistes et titres pop qui viennent dynamiser l’ensemble. Au-delà des ballades classico-albano-albanaises et de quelques titres très démodés qu’on aurait pu décemment lâcher sur le bord de la route vers Tirana, le line up propose une diversité intéressante, pas foncièrement nouvelle au FiK (des incursions avaient déjà été réalisées l’année dernière), mais sans doute renforcée aujourd’hui. Certes, le chemin d’une modernisation complètement effective est loin d’être achevé, mais le pari semble réussi par rapport à la volonté affichée du télédiffuseur de mêler modernité et traditions, de quoi rassurer le public déjà présent et en conquérir un nouveau plus jeune.
Mais LA question majeure se trouve bien entendu ailleurs : et pour l’Eurovision 2025 alors ? La présence de son nom au casting en faisait d’entrée la grande favorite des eurofans avant même la révélation de son titre, et c’est ainsi sans surprise qu’elle est aujourd’hui l’évidence albanaise pour Bâle : je parle bien sûr d’Elvana Gjata, dont le Karnaval pourrait enflammer les dancefloors à Bâle et ambiancer l’Europe grâce à un son pop très accrocheur et addictif dès la première écoute. L’incertitude repose évidemment sur la capacité du jury du FiK (très fort lorsqu’il s’agit de saper les chances des favoris) à porter un tel titre jusqu’à la victoire, mais force est de constater qu’il s’agit ici de la meilleure cartouche du pays pour l’Eurovision 2025. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la star albanaise domine largement de la tête et des épaules au nombre d’écoutes sur YouTube (267 000, soit plus du double de son dauphin Ardit Çuni). Dans le même style, Ardit Çuni et Orgesa Zaimi ont également des atouts à revendre, et surtout à défendre sur la scène du Palais des Congrès de Tirana.
Mais l’Albanie dispose toutefois d’un autre atout dans sa manche : Shkodra Elektronike, dont le mix électro-tradi de Zjerm m’obsède depuis que je l’ai écouté pour la première fois la semaine dernière. Sachant que le mélange d’influences modernes et traditionnelles est très apprécié sur la scène du concours, le duo pourrait bien réussir à se frayer un chemin jusqu’en Suisse, d’autant plus si l’on en croit le nombre de visionnages de leur clip sur la playlist de la RTSH (troisième titre le plus écouté de la sélection). Et si l’Albanie persiste à vouloir rester circonscrite dans ses sacro-saintes ballades ? Le FiK offre dans ce cas plusieurs options (sans garantie de qualification en finale) : la mienne s’appelle Lorenc Hasrama.
Que vous inspire ce cru albanais pour l’Eurovision 2025 ? Quel est votre favori du Festivali i Kengës 2024 ? Votez dans le sondage ci-dessous avant dimanche soir 23h59 !
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