Dans un précédent article, nous vous relations le processus de réflexion de la MRT autour d’un éventuel retour de la Macédoine du Nord à l’Eurovision 2026. Le télédiffuseur a désormais mis les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Dans l’avant-dernier épisode, le Conseil des programmes témoignait de son impréparation pour un retour en 2026 et posait déjà les bases d’un retour préférentiel en 2027. C’est désormais officiel : dans sa réunion du 11 décembre dernier, le dit Conseil acte cette perspective, dixit le compte-rendu :

« Le président du comité exécutif de la MRT, Davor Pasoski, a poursuivi en donnant des informations sur la participation lors de la 95ème Assemblée générale de l’UER à Genève et a déclaré qu’à l’occasion des discussions avec les représentants de l’UER, il avait été souligné qu’ils seraient particulièrement heureux de voir la Macédoine [du Nord] revenir sur la scène de l’Eurovision en 2027, et qu’ils étaient prêts à fournir le soutien technique et organisationnel nécessaire à la réalisation de cette participation.

À cet égard, il a souligné qu’il était important d’aborder les préparatifs pour l’année prochaine de manière opportune et systématique afin que notre pays puisse se présenter avec succès à cet important événement musical. »

Si un retour en 2026 aurait eu un sacré chien à l’occasion des 70 ans du concours (et probablement bien soulagé l’UER à l’heure où cinq pays iconiques quittent le navire en raison de la participation d’Israël), la MRT fait face à plusieurs défis qu’elle souhaite prendre le temps de relever si l’on refait le fil des dernières réunions du Conseil des programmes. Attaché à l’Eurovision et fidèle du concours junior quasi sans discontinuer depuis ses débuts en 2003, le télédiffuseur nord-macédonien a régulièrement évoqué ces dernières années la volonté d’un retour aux affaires. Mais ce dernier doit à la fois trouver la méthode qui lui permettra de revenir avec succès (rappelons que la Macédoine du Nord a été éliminée en demi-finale 8 fois sur ses dix dernières participations) et le budget qui va avec. Quand bien même Bobi Andonov (Macédoine du Nord Junior 2008) a enchaîné les appels du pied et les discussions avec la MRT, sans obtenir gain de cause pour cette année.

Mais ce n’est pas tout ! Au-delà d’une volonté affichée de revenir à l’Eurovision en 2027, le télédiffuseur nord-macédonien a également un autre objectif en ligne de mire : l’organisation du concours junior à domicile la même année. La MRT est effectivement en négociations actives avec l’UER afin que ce projet devienne réalité, surtout qu’il s’agirait du premier événement Eurovision jamais organisé sur le sol nord-macédonien. De quoi permettre au petit pays (1,8 million d’habitants) de s’offrir une belle visibilité à l’international et de promouvoir ses jeunes talents. Surtout que, comme évoqué brièvement plus haut, la Macédoine du Nord figure parmi les fidèles des fidèles de l’Eurovision Junior, n’ayant été absente qu’à trois reprises (2012, 2014, 2020) en vingt-trois éditions. S’il n’a jamais gagné le concours junior, le pays vient de mettre un terme à une passe difficile, puisqu’il a enfin retrouvé le top 10 à Tbilissi le week-end dernier grâce à la prestation de Nela Mančeska, qui s’est offerte une belle 7ème place et le deuxième meilleur classement historique de la Macédoine du Nord au Junior.

Que le télédiffuseur nord-macédonien se positionne sur l’accueil du concours junior n’a rien d’anodin. Contrairement à l’Eurovision, le pays vainqueur ne dispose pas d’un droit automatique d’organisation l’année suivante, même s’il se la voit proposée en priorité. Par le passé, les pays participants étaient même libres de candidater à l’organisation et tâche à l’UER de trancher ensuite parmi les candidatures reçues. Surtout, avec l’enchaînement de victoires françaises ces dernières années (4 en six ans, on n’en est jamais trop fier), l’UER a exprimé une volonté légitime de faire tourner l’organisation entre les différents participants, plutôt qu’elle ne soit concentrée entre les mains d’un nombre restreint de pays. Surtout, si le télédiffuseur nord-macédonien est loin d’être le mieux doté sur le plan budgétaire, la Géorgie a prouvé qu’elle était capable de réaliser un show à la hauteur avec un budget restreint, alors pourquoi pas la MRT ? Surtout qu’il est fort à parier que si la Macédoine du Nord venait à organiser prochainement le Junior, l’UER et d’autres télédiffuseurs pourraient apporter un précieux appui logistique, voire financier (comme ce fut le cas de la SVT avec l’Estonie lorsque Tallinn a accueilli l’Eurovision en 2002).

Selon nos sources, une éventuelle organisation nord-macédonienne avait été même évoquée pour l’Eurovision Junior 2026, la France ayant officiellement décliné la perspective en raison de la situation budgétaire extrêmement tendue de France Télévisions. Les déclarations de la MRT semblent toutefois contrecarrer cette rumeur et dérouler le tapis rouge à Saint-Marin (qui a déclaré vouloir accueillir le concours il y a quelques semaines et vient de signer un top 10 historique en Géorgie), voire à l’Albanie, la Pologne ou les Pays-Bas. A moins que…