Décidément, il ne fait pas bon être un pays scandinave à l’Eurovision en ce début de décennie 1980. Après la Finlande, la Norvège… Revoici la Finlande ! Découvrons qui en est son représentant en cette année 1982. Il s’agit de…

Kojo

Kojo de son vrai nom Timo Tapio Kojo est né le 9 mai 1953 à Helsinki, capitale de la Finlande. Si très peu de choses sur sa vie privée et comment il est entré dans le monde de la musique nous sont parvenus, on sait qu’au sortir de l’adolescence, il fait partie de 2 groupes : Orient Express et Hukkaviiva (qui signifie Couloir de la mort… tout un programme !). Il décide ensuite de monter un duo avec son compatriote Dave Lindholm. Mais l’expérience n’est pas concluante. Finalement, c’est en 1975 et avec le quintette de musique funk Madame George (en français dans le texte) dont il est le leader, chanteur et guitariste qu’il obtient un succès modeste. En 1978, Kojo lance sa carrière en solo. Si c’est 2 premiers singles passent sur les radios finlandaises, c’est véritablement son album au son résolument disco So mean publié l’année suivante qui devient un hit. Le 33 tours devient disque d’or sur ses terres. En 1980, son 2ᵉ EP Lucky Street se vend bien, mais n’a pas le succès du précédent. 1981 marque un coup d’arrêt pour Kojo, puisque le vinyle Go All the Way est un flop. Il décide de se réinventer en 1982 en sortant un album de reprise de la soul music intitulé Hitparade. Les ventes ne sont pas bonnes, mais Kojo a une autre idée derrière la tête…

Le plus grand succès de Kojo (un petit coté Rod Stewart, d’ailleurs)

Et l’Eurovision dans tout ça ?

… Et cette idée est de se présenter à la sélection finlandaise pour le concours de la chanson 1982. Et dans sa besace, il ne vient pas avec une mais deux chansons. Face à lui, on retrouve une future Eurostar (l’année suivante, d’ailleurs), Ami Aspelund (sœur de Monica, représentante du pays en 1977) qui se présente, elle, avec trois titres. Les téléspectateurs finlandais ne sont pas conviés à la fête, car seul un jury d’experts a le droit de choisir qui partira en direction du Royaume-Uni. Et on peut dire sans aucun mal qu’il apprécie Kojo puisque le podium est le suivant : 3ᵉ, Kojo et Videovenus, 2ᵉ Ami Aspelund et Mitt äppelträd (Mon pommier) et enfin… Kojo et Nuku pommiin (Dormir sur la bombe), un réquisitoire contre la bombe H et les dangers d’une guerre nucléaire en Europe. C’est donc lui qui part en direction du Yorkshire du Nord (ça laisse rêveur…)

Arrive donc le tant attendu samedi 24 avril 1982. La Finlande a hérité de la 6ᵉ place au tirage au sort entre l’inoffensive Turquie (du moins à l’époque) et une candidate bien plus sérieuse, Arlette Zola, pour la Suisse. Est-ce le thème un poil anxiogène qui a refroidi les jurés ? La voix éraillée (et pourtant intéressante) de Kojo ? Dans tous les cas, voilà notre pauvre artiste repartir avec un 0 pointé. Même ses pays voisins plutôt prompts à donner des points ont été sans pitié. Depuis lors, il est surnommé Nolla-Kojo (Zéro-Kojo).

La bombe humaine, tu la tiens dans ta main (avec 0 point)

Et après l’Eurovision ?

On ne peut pas dire que l’après-Eurovision soit synonyme de carrière longue et florissante pour Kojo. Bien qu’il publie 9 albums entre 1983 et 2002, aucun ne connait de succès. Pourtant, les styles sont plus que variés : pop, rock, rap (comme on peut l’entendre dans le 33 tours Time won’t wait) et même chansons pour enfants. Cette courte célébrité ne l’empêche pas d’écrire et d’éditer sa biographie en 2019, intitulée Kojo – Tasasta ku Sveitsissä (Kojo – Comme en Suisse).

Vous écoutez le 1er rap chanté par un finlandais

Kojo vit toujours en Finlande avec sa compagne, Irma. Ils ont 3 garçons, tous adultes, désormais. Il a fêté ses 72 ans, le 9 mai dernier.

À la semaine prochaine pour une nouvelle (voire plus) lanterne rouge ! On parlera d’une année exceptionnelle (la meilleure de toute l’histoire de l’humanité !).

Crédit photo : Lolotte pour l’EAQ

Crédit vidéo : chaine officielle de Kojo / Georgios Symeonidis