Nous avons appris la terrible nouvelle hier. Représentante française à l’Eurovision 1997 avec Sentiments songes, Fanny nous a quittés samedi dernier suite à une longue maladie, à l’âge de 46 ans.

C’est Midi Libre, le quotidien régional languedocien, qui a révélé l’information, puisque la chanteuse aux racines espagnoles et italiennes (et au sourire infatigable) était originaire de Sète dans l’Hérault. De son vrai nom Fanny Biascamano, elle s’était faite connaître auprès du public français fin 1991. Alors âgée de 12 ans, elle avait impressionné les téléspectateurs en participant à Sacrée soirée, la célèbre émission présentée par Jean-Pierre Foucault, dans la séquence « Les numéros 1 de demain. » À ce moment-là, Fanny tourne en concert depuis quelques années et a déjà foulé la scène de l’Olympia en 1989 pour assurer la première partie de Liane Foly, tout en ayant été repérée par le producteur carcassonnais René Coll.

Suite à son passage sur le plateau de TF1, c’est un autre carcassonnais, le chanteur Jean-Pierre Virgil, qui lui propose de faire une reprise rock de L’Homme à la moto d’Édith Piaf. Un choix qui n’est pas anodin, puisqu’il fait écho au frère de la jeune artiste, qui pratiquait la moto professionnellement et a eu un grave accident. Parrainée par son idole Johnny Hallyday, Fanny sort le titre en disque : L’Homme à la moto atteint la 7ème place du top 50 et se retrouve certifié double disque d’or en France et au Canada. Surtout, il s’écoule à trois millions d’exemplaires à l’international : un succès immédiat qui fait d’elle une enfant star. En 1992, elle n’est âgée que de treize ans lorsque paraît son premier album éponyme, Fanny, certifié disque d’or avec plus de 100 000 exemplaires vendus, tandis que le single Un poète disparu atteint la 16ème place du top 50. L’année suivante, son deuxième album Chanteuse populaire est co-écrit par Didier Barbelivien, mais rencontre une audience plus discrète. 

C’est en 1997, après une année sabbatique, que la carrière de Fanny prend un autre tournant, puisque France 2 la sélectionne en interne pour porter les couleurs de la France à l’Eurovision. À 17 ans et 7 mois, c’est la deuxième plus jeune artiste à avoir représenté notre pays dans l’histoire du concours. Elle se présente sur la scène du Point Theater de Dublin (puisque c’est l’époque où l’Irlande enchaîne les victoires) avec la chanson Sentiments Songes. Écrite et composée par Jean-Paul Dréau (compositeur de Le coup de soleil de Richard Cocciante et Tout doucement de Bibie), elle permet à Fanny d’accrocher la 7ème place du classement avec 95 points.  

Mais ce passage par l’Eurovision ne fait pas redécoller la carrière musicale de Fanny, même si son CV compte de nombreuses lignes. Après Dublin, elle fait le choix de se consacrer à ses études, tout en continuant à se produire en concert : Fanny privilégie alors la scène aux plateaux télévisés. Elle publie tout de même deux autres albums, Fanny chante Piaf, en 2008, qu’elle fait tourner sur scène en France et à l’international pendant plusieurs années, et Fanny chante Brassens, en 2016, comme un écho à sa ville natale, puisque Brassens était originaire de Sète, lui aussi. C’est alors la première fois qu’une artiste féminine reprend Brassens, dont la mère était liée à la grande-tante de la chanteuse.

En 2013, elle prend part au spectacle Les Amours de Vincent qui évoque la vie et les chansons du compositeur marseillais Vincent Scotto. La même année, une rumeur diffusée par Pure People la donne participante aux auditions à l’aveugle de The Voice, avant d’être fermement démentie par l’intéressée, qui avait déclaré dans la presse régionale avoir été juste approchée par la production du show et y réfléchir. En 2018, elle devait participer au Grand Show de l’Eurovision à Besançon avec une trentaine d’anciens représentants au concours, mais le spectacle ne verra finalement jamais le jour.


Dans les années 2010, Fanny se consacre à l’écriture de plusieurs livres. En 2010, elle publie Enfants stars, plus dure sera la chute, aux Éditions du Rocher. Elle y évoque les difficultés d’avoir été jetée sur la scène musicale et médiatique très jeune (elle avait réalisé une soixantaine de plateaux télés dans les années 90), et les conséquences qui ont suivi. Elle avait déjà évoqué cette phase de se vie sur le plateau de Y’a pas photo avec Pascal Bataille et Laurent Fontaine en 2001. C’est vers la cuisine qu’elle se tourne ensuite, à la fois en hommage à la ville de Sète et à sa mère, qui travaillait dans l’industrie du poisson. En 2017, elle publie ainsi La cuisine du sud de A à Z, un livre de 100 recettes autour du poisson, à la fois maternelles et créées pour l’occasion, qu’elle décrit comme sa « bible du poisson ». Le tome 2 est publié deux ans plus tard, en 2019.  

Un dernier hommage sera rendu à Fanny lors d’une cérémonie religieuse qui se déroulera le samedi 3 janvier à 9h30 à l’Église Saint-Joseph de Sète. 

La rédaction de L’Eurovision au Quotidien adresse ses plus sincères condoléances aux proches de Fanny.   

Crédits photos : presse quotidienne régionale – Midi Libre