Sans surprise, l’évolution de la situation au Moyen-Orient impacte aujourd’hui l’organisation de l’Eurovision 2026. Ainsi, le vote prévu sur la participation d’Israël au concours (qui agite l’ensemble de ses acteurs depuis deux ans) est annulé, sans ajournement.
Pour rappel, suite aux réclamations de nombreux télédiffuseurs concernant la présence du pays au concours dans le contexte de la guerre à Gaza, l’organisme de radio-télévision avait engagé des discussions avec l’ensemble des participants dès l’été, espérant trouver une solution de compromis à un sujet hautement inflammable. Après avoir constaté l’impossibilité de mettre tout ce beau monde d’accord, la présidente de l’UER, Delphine Ernotte-Cunci (par ailleurs PDG de France Télévisions) avait acté l’échec des discussions par une lettre aux télédiffuseurs datée de fin septembre, convoquant une assemblée générale extraordinaire en ligne pour le mois de novembre. Le but ? Ouvrir la participation d’Israël à l’Eurovision 2026 au vote de l’ensemble des télédiffuseurs membres de l’UER.
Depuis, le gouvernement israélien et le Hamas ont accepté un cessez-le-feu sous l’égide des États-Unis. Dans cette première phase du « plan Trump », les deux parties se sont accordées sur plusieurs enjeux clés : la libération des otages israéliens détenus par le Hamas depuis deux ans, la libération de prisonniers palestiniens par Israël, le rétablissement de l’accès de l’aide humanitaire à Gaza (après plusieurs mois de restrictions et de blocus par Israël) et le retrait des troupes israéliennes de Gaza sur une ligne qui leur permet de conserver cependant le contrôle de 53% du territoire. Le « plan Trump » fera l’objet de deux autres phases censées ouvrir la voie à la perspective d’une paix sur le territoire, mais avec de nombreux détails à clarifier et des points de discorde à trancher entre le gouvernement israélien et le Hamas.
Dans ce contexte, des voix semblaient interroger la pertinence du vote sur la participation d’Israël à l’Eurovision 2026. Ces dernières semaines, la plupart des télédiffuseurs exprimaient des positions prudentes sur le sujet, à l’inverse des camps du « pour » et du « contre », particulièrement mobilisés, mais qui semblaient peu nombreux à élever une voix aussi intransigeante, publiquement et officiellement tout du moins. Le comité exécutif de l’UER a tranché lors de sa réunion de lundi : l’assemblée générale extraordinaire et le vote prévus en novembre sont finalement suspendus, sans report clair de ce dernier à ce stade. Rendez-vous est donné aux télédiffuseurs les 4 et 5 décembre 2025 à Genève pour l’Assemblée Générale ordinaire d’hiver de l’UER, comme initialement prévu. Selon le comité, les récentes évolutions du conflit au Moyen-Orient ont mis en exergue « le besoin clair d’organiser une discussion ouverte et personnelle parmi ses membres quant à la participation [d’Israël] à l’Eurovision 2026. » En lieu et place de la réunion extraordinaire, le sujet fera donc l’objet d’une nouvelle discussion (comme l’UER semble en être amatrice…), collective et a priori sans vote (même si les sources divergent à ce sujet selon nos confrères d’ESC Plus España).
Pour quelle issue ? Difficile de le dire, surtout à l’heure où les positions intransigeantes semblent irréconciliables, tant du côté des anti-participation d’Israël (Espagne, Pays-Bas – qui ont confirmé leur retrait même en cas de cessez-le-feu…) que des pro, au premier rang desquels l’Autriche hôte. Ces derniers jours, le chancelier autrichien et son parti ont fait pression pour renoncer à l’accueil de la 70ème édition si une majorité des suffrages des télédiffuseurs membres de l’UER s’exprimaient en faveur de la disqualification d’Israël en 2026 (scénario probable en cas de scrutin à bulletins secrets selon le média autrichien Kronen Zeitung). Une annulation qui pourrait coûter la bagatelle d’entre 26 et 40 millions d’euros au gouvernement autrichien surtout que, selon des informations fournies par l’ORF au journal Der Standard, le télédiffuseur autrichien devrait quand même mettre la main à la poche si un autre pays accueillait l’Eurovision 2026 à sa place. Une pression monstre et inédite suffisante pour faire plier l’UER quant à la perspective d’un vote incertain de ses membres ?
Dans cet House of Cards de l’Eurovision ayant pour triste toile de fond une tragédie vers laquelle se tournent les regards du monde entier, les prochaines semaines seront déterminantes quant à la participation d’Israël à l’Eurovision 2026. Celle-ci sera donc confirmée ou infirmée lors de l’Assemblée générale de l’UER, comme initialement prévu, avec un délai de retrait sans pénalités financières repoussé jusqu’à mi-décembre pour les autres pays. Même si, par la décision de suspendre le vote et de s’en remettre à une discussion, l’UER pourrait bien avoir assuré la présence du pays au concours l’année prochaine. Suite au prochain épisode.
Crédits : Alma Bengtsson – UER









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