Chaque jour et cela pendant cinq jours, nous avons posé une série de questions à dix femmes différentes mais toutes investies dans l’Eurovision. Elles vous dévoileront leur perception de la place des femmes dans l’Euromonde francophone.
Pour récapitulatif, voici la liste des femmes ayant répondu à nos questions:
Betty (L’Eurovision au Quotidien)
Lolotte (L’Eurovision au Quotidien)
Marie (L’Eurovision au Quotidien)
Clémentine (Clemovision, créatrice de contenu sur les réseaux et podcasteuse)
Oranie (ex-Wiwibloggs et enseignante chercheuse étudiant l’Eurovision sous un prisme universitaire)
Margaux Savary-Cornali (ex-OGAE France et rédactrice de contenus liés à l’Eurovision)
Agathe (Just Baguette)
Camille (Just Baguette et OGAE France)
M. (eurofan sur Discord et Twitter)
Magali (eurofan sur Discord et Twitter)
Même si l’Eurofandom est une communauté de tous genres, de toutes couleurs ou de tous pays, on peut constater une moindre représentation des femmes dans les équipes des Euromédias et sur les réseaux. Quelle pourrait en être la raison selon vous? Est-ce que les Eurofans féminines n’osent pas prendre leur place, ou pensez-vous au contraire qu’on ne leur laisse pas la prendre?
Betty: De mon point de vue, je ne pense pas que les Eurofans féminines n’osent pas prendre leur place. Je dirais plutôt qu’elles ne sont pas assez écoutées, prises au sérieux et sont sous-estimées. Malgré la diversité de l’Eurofandom, ça reste une communauté largement dominée par les Eurofans masculins et on le voit dans les Euromédias.
Lolotte: Ouh la la, la question difficile ! Si on regarde l’EAQ, je suis contente car la parité est bien présente et cela fait plaisir! Pour les autres médias en revanche… Est-ce une volonté des big boss de ne rester qu’entre hommes? Je ne l’espère pas. Est-ce que dans l’imaginaire collectif, on associe désormais le concours à un évènement gay-friendly très masculin et de ce fait des femmes n’osent pas pousser les portes des rédactions? C’est compliqué, je l’avoue de répondre. Personnellement, ça a été facile de rentrer dans l’EAQ où on n’a pas regardé mon genre, mon âge ou ma situation familiale.
Marie: C’est vrai que l’Euromonde est un monde essentiellement masculin et il faut le reconnaître assez gay-friendly, et il y a très peu de représentantes du sexe féminin même si aujourd’hui, il y en a de plus en plus et c’est tant mieux. La raison est peut-être historique, le journalisme était un milieu d’hommes, les femmes ont dû s’intégrer à un modèle existant. Mais cela n’explique pas le peu de femmes qui écrivent sur l’Eurovision, il y a énormément de femmes qui écrivent sur la politique, la santé etc.…L’Eurovision c’est comme pour le sport, il y a très peu de femmes. Est-ce que cela les intéresse peut-être moins ? C’est possible. Je n’ai pas de réponse à ce sujet. En tant que femme, j’aime l’Eurovision alors me demander pourquoi il y a peu de femmes qui s’intéresse à l’Eurovision, c’est demander à la mauvaise personne. En ce qui me concerne, il n’y a pas de prendre ou pas une place déjà occupée par un homme, j’ai crée ma propre place en apportant ce que je suis, mon point de vue de femme, ma sensibilité, ma logique et ma différence.
Clémentine: C’est vrai que nous sommes assez peu de créatrices. Je ne m’en étais pas rendue compte jusqu’à ce que quelqu’un m’envoie un message en me disant que ça faisait du bien d’entendre une femme parler d’Eurovision. Il est vrai que le concours est devenu une plateforme internationale employée par les personnes de la communauté LGBTQIA+ pour revendiquer leurs droits et leur existence, ce qui est formidable. Je suis tellement heureuse que l’Eurovision soit une safe place pour plusieurs membres de la communauté, surtout par les temps qui courent… Néanmoins, j’ai l’impression que cela empêche certaines créatrices de commencer à poster du contenu, peut-être par peur d’un manque de légitimité?
Oranie: C’est une excellente question! Je pense qu’il existe plusieurs éléments de réponse. La situation tend à évoluer avec l’émergence de certains Euromédias créés par des figures féminines comme Alesia Michel, Anoushka Berberian (Noosh101) ou encore la Britannique Slavandic. Cependant, il est vrai que nous représentons un pourcentage bien inférieur comparé aux journalistes, contributeurs et autres spécialistes masculins. Cela peut s’expliquer par le fait que la cause LGBT a pris beaucoup de place ces dernières années, à la fois sur la scène du concours et particulièrement au sein des Euromédias, composés en grande majorité d’hommes homosexuels. La couverture médiatique du concours par les sites de fans s’entremêle parfois à la lutte pour les droits des minorités sexuelles. En créant un nouvel espace public (au sens habermassien du terme), une certaine appropriation de l’espace s’est produite, et paradoxalement, de nouvelles formes d’exclusion aussi. Par conséquent, les femmes peuvent se sentir moins concernées ou moins légitimes au sein du groupe. Néanmoins, c’est une erreur: d’une part, la cause LGBT est une facette parmi de nombreuses autres du concours, et il n’est pas interdit aux femmes de créer leur propre caisse de résonance au sein de la compétition. D’autre part, les femmes bénéficient d’un avantage considérable au sein des Euromédias: la liberté de ton. En effet, tout est encore à créer, là où nos collègues masculins sont assujettis — volontairement ou inconsciemment — aux codes des figures phares des Euromédias/fansites historiques. Aussi, les Euromédias qui le souhaitent ont un rôle à jouer: travailler à être plus inclusifs envers les femmes qui souhaiteraient rejoindre l’aventure.
Margaux: Très bonne question! J’ai l’impression que ça dépend pas mal des pays aussi et de leur culture. Dans les pays scandinaves on retrouve beaucoup plus de femmes qu’en France par exemple. Mais de plus en plus de femmes rejoignent les Eurofans, surtout de la nouvelle génération, c’est top ! (—> NB : désolée, je ne suis pas experte de ce sujet mais je constate qu’il y a de plus en plus de femmes, halte aux stéréotypes ! ).
Agathe: Je n’ai pas de réponse à cette question.
Camille: La communauté des Eurofans est soumise à l’étiquetage Queer. Le concours ne s’en cache pas, c’est un lieu d’expression et de revendication pour la communauté LGBTQIA+. Je pense que plus encore, c’est un lieu fort de la liberté d’expression pour la communauté gay. De fait, la question de la place des femmes se pose. je pense que beaucoup n’ose pas faire le pas d’aller vers la communauté des Eurofans de peur de ne pas y trouver leur place. A tort ! Je ne me suis jamais sentie exclue ou rejetée, au contraire! Je ne peux qu’inviter les femmes Eurofans à nous rejoindre.
M.: Je pense que ce déséquilibre hommes/femmes dans les Euromédias reflète peut-être simplement la démographie du fandom. Étant donné qu’elle est marquée historiquement par une forte présence masculine… Les femmes y sont malheureusement moins visibles sans doute en raison de cette dynamique plutôt que d’un manque « d’audace », si je puis dire.
Magali: Hum, je ne suis pas sûre, mais une grande partie de la communauté est représentée par des hommes gays, qui ont tendance à infantiliser les femmes et à dévaloriser leur opinion musicale. Après, j’ai tendance à avoir une tweetline très féminine, du coup je passe un peu à travers ce phénomène.
Quel rapport avez-vous avec vos collègues et homologues masculins? Compétition? Respect? Solidarité? Aspect plus collectif?
Betty: Dans l’ensemble, je m’entends bien avec mes collègues masculins, on est plus dans l’aspect collectif. Je ne me sens pas en compétition avec eux, à quoi ça sert? Nous rédigeons du contenu sur L’Eurovision gratuitement par passion et pour contribuer davantage à la communauté francophone du concours. Cela dit, je fais toujours en sorte d’être respectée et comprise par eux.
Lolotte: Compétition: non, je ne pense pas être en compétition avec mes collègues masculins. En fait, je ne suis en compétition avec personne. Je fais le travail qu’on me demande et je le rends dans la mesure du possible en temps et en heure. Je ne me mets pas en avant et si besoin, il y a, je donne un coup de main. Respect? Le respect, ça se mérite. Alors, bien sûr, je vais respecter les big boss qui portent le site à bout de bras. Je respecte aussi mes autres camarades, évidemment tant qu’ils me respecten. Faut juste pas me raconter des craquounettes (!!), quoi ! (rires). Solidarité: comme je l’ai dit, s’il faut donner un coup de main, je suis là que la personne soit un rédacteur ou une rédactrice. Aspect plus collectif: ça, c’est hyper important. Mais de mon point de vue le collectif prime sur le genre.
Marie: Je fais une différence avec mes collègues d’Eurovision Au Quotidien et ceux d’autre médias pour la simple et bonne raison qu’on ne se côtoie pas autant. Avec mes collègues, c’est vraiment un contact au quotidien, nous travaillons ensemble dans une bonne entente et nous partageons nos différents avis pour que le site conserve et améliore sa ligne éditoriale. Ce n’est pas évident tous les jours car il y a certaines périodes avec beaucoup de stress comme celle juste avant le concours où il faut être d’accord sur le processus à suivre, et comme nous sommes tous bénévoles, croyez-moi que pour préparer un planning ce n’est pas évident du tout. Rémi, notre administrateur, s’arrache les cheveux parfois. On parlait de prendre la place ou pas à la question précédente, et bien, il en est hors de question, je me plais énormément à la mienne. Trêve d’humour, concernant les collègues d’autres médias, ce sont plutôt des connaissances avec lesquelles j’ai plaisir à discuter quand je les rencontre. Il y a évidemment du respect. Y a-t-il de la compétition? C’est évident même si elle n’est pas flagrante, chacun souhaite le meilleur pour son média et c’est tout à fait logique.
Clémentine: Je m’entends très bien avec mes homologues masculins, j’ai eu la chance de collaborer avec certains d’entre eux, notamment le podcast 12 points, mais aussi les podcasts Building Bridges et I’m Sorry Zero Points, qui sont tous deux des podcasts anglophones. Il n’y avait jamais de compétition, c’était de l’entraide et de la bienveillance à chaque fois. Je m’entends aussi très bien avec Maxevision, qui refait des performances d’artistes en format court sur les réseaux. C’est un as du montage, j’ai beaucoup d’admiration pour son travail. Mais je ne me suis jamais sentie de trop ou dévalorisée par mes homologues masculins. C’est d’ailleurs très étrange, parce qu’entre nous, ce n’est jamais que de l’amour et de la positivité, mais les Eurofans, eux, sont bien plus hargneux et méchants. J’aurai l’occasion d’y revenir dans une des questions qui suit.
Oranie: Je me sens très chanceuse, car j’entretiens de très bons rapports avec mes homologues masculins. Au fil des années, j’ai créé des amitiés avec des journalistes, influenceurs, contributeurs de toute l’Europe, et même au-delà. Il y a un parfum de colonie de vacances que j’attends de retrouver avec grande impatience chaque année, et qui me manque dès le lendemain de la finale. À titre personnel, je n’ai pas le sentiment d’être en compétition avec aucun d’entre eux, car je considère qu’il y a de la place pour tout le monde, à condition de savoir tirer son épingle du jeu.
Margaux: On est une « grande famille » comme certains aiment à dire. Je n’ai jamais senti une quelconque compétition quant à la popularité de notre site internet, même plus une solidarité, notamment pour les interviews d’artistes, les infos « indiscrétions »… On s’interviewait même les uns les autres (et c’est le cas avec cet article). L’Eurovision, c’est une passion, ce serait dommage de se tirer dans les pattes alors que nos vies quotidiennes sont assez difficiles! L’Eurovision est une bulle d’oxygène dans notre année.
Agathe: Il n’y a aucune différence entre nous les filles de Just Baguette et nos 3 messieurs. Solidarité et esprit d’équipe sont les maîtres mots.
Camille: Dans la Team Baguette, on se complète parfaitement! J’ai beaucoup d’admiration pour mes collègues qui amènent chacun des compétences précises à la table. Chacun connait ses forces et les met à profit du podcast.
M.: Jusqu’à présent, il ne s’agit que de respect mutuel. Je n’ai jamais été dans une situation où je me suis chamaillée avec un eurofan masculin (sauf erreur !), le fait que j’interagis de manière très restreinte doit aider.
Magali: Je pense que c’est sur le serveur discord France 12 points que j’ai le plus de contact avec des hommes et ça se passe très bien.
Rendez-vous demain pour une autre série de questions!
Crédit photographique: Eurovision Song Contest









Pourtant dans le sigle LGBTQIA+ il y a le L … J’avoue ne pas savoir …
C’est vrai que certains gays sont assez misogynes mais inversement certaines lesbiennes sont assez misandres. Et puis j’ai l’impression que le combat des uns n’est pas le même que celui des autres et c’est dommage. Malgré ce que l’on pourrait penser la bulle LGBTQIA+ n’est pas si tolérante que ça par moment, et je me suis toujours battu pour ça. Je déteste le rejet de l’autre ! être LGBTQIA+ et juif est signe de rejet depuis le 7 octobre par la communauté elle-même par exemple.
Des eurofans méchants ?! lol oh que oui …
Bravo à vous toutes en cas 😉 ! et continuez d’être plus nombreuses pour la diversité des avis.