Chaque jour et cela pendant cinq jours, nous avons posé une série de questions à dix femmes différentes mais toutes investies dans l’Eurovision. Elles vous dévoileront leur perception de la place des femmes dans l’Euromonde francophone.
Pour récapitulatif, voici la liste des femmes ayant répondu à nos questions:
Betty (L’Eurovision au Quotidien)
Lolotte (L’Eurovision au Quotidien)
Marie (L’Eurovision au Quotidien)
Clémentine (Clemovision, créatrice de contenu sur les réseaux et podcasteuse)
Oranie (ex-Wiwibloggs et enseignante chercheuse étudiant l’Eurovision sous un prisme universitaire)
Margaux Savary-Cornali (ex-OGAE France et rédactrice de contenus liés à l’Eurovision)
Agathe (Just Baguette)
Camille (Just Baguette et OGAE France)
M. (eurofan sur Discord et Twitter)
Magali (eurofan sur Discord et Twitter)
Quand et pourquoi avez-vous décidé de rejoindre l’Euromédia auquel vous appartenez aujourd’hui, de vous lancer sur les réseaux pour parler du concours ou de vous impliquer de manière active dans l’Euromonde ?
Betty: Honnêtement, je ne pensais pas rejoindre un Euromédia spécifique. J’avais rejoint la communauté des eurofans de Twitter pendant la saison des sélections nationales de 2018, bien que je commentais déjà le concours depuis 2016 sur ce réseau social. Je me souviens avoir beaucoup intéragi avec L’Eurovision Au Quotidien que ce soit dans les commentaires en tant que lectrice ou sur les réseaux sociaux. Puis, fin 2019, Pauly, à l’époque le rédacteur en chef d’EAQ, m’avait proposé de rejoindre l’équipe et après une semaine de réflexion, j’ai sauté sur l’occasion et débuté comme rédactrice sur le site.
Lolotte: Grâce à Discord, je donnais quelques news via Insta ou Messenger à l’EAQ. Je pense que c’est Pauly qui les réceptionnait et qui me répondait. Je pense que c’est lui aussi qui m’a recrutée et proposée au reste de l’équipe avant de partir. J’étais vraiment honorée et touchée qu’on me fasse confiance. Je lis l’EAQ depuis 2012 ou 2013 (je n’arrive plus à me rappeler si c’est avant ou après la naissance de ma fille ainée) et donc rejoindre un des meilleurs sites francophones (si ce n’est le meilleur) ça fait quelque chose.
Marie: J’ai rejoint l’Eurovision Au Quotidien au temps de son créateur Eurovista. A l’époque, c’était un tout petit média mais il m’avait plu parce que le style d’articles publiés me convenait parfaitement, ils représentaient ce que j’attendais d’un média sur l’Eurovision. Il y avait du sérieux, de l’humour et l’on sentait que c’étaient des passionnés derrière les articles, mais ce n’est pas ce qui m’avait décidé de faire partie de l’équipe, je trouvais que le site ne parlait pas d’Eurovision Junior, concours que j’apprécie fortement aussi. Alors, j’ai demandé à Eurovista si je pouvais lui envoyer un article sur une possible participation française au Junior et il a accepté. Á partir de ce moment-là, je me suis de plus en plus investie dans le site jusqu’à aujourd’hui.
Clémentine: J’ai commencé mes vidéos sur Instagram en juin 2023. J’ai toujours adoré les réseaux, la création de contenu, surtout en ce qui concerne l’Eurovision. La vérité est aussi qu’il y avait une place à prendre, nous ne sommes pas énormément de créateurs francophones, et encore moins de filles. J’ai commencé sur Instagram, puis TikTok, j’ai été partagée sur des groupes Facebook. Puis en février 2025, j’ai voulu créer un format plus long, et j’ai lancé mon podcast. La vérité est que créer du contenu pour les réseaux crée de la frustration, parce que les gens veulent du contenu qui va vite, qu’ils visionnent une fois et puis ils passent au suivant. Or, j’aime tellement faire des recherches et écrire que c’était la suite logique pour moi de passer au format podcast, plus libre et surtout où je peux m’exprimer plus longtemps sans être cadenassée par un réel qui doit faire 2 minutes exactement, avant que le consommateur ne scrolle pour passer au suivant.
Oranie : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par la dimension spectaculaire du concours Eurovision. À la fois par son côté glamour et ses prouesses techniques, mais aussi par sa portée symbolique. Pendant l’espace d’une soirée, une immense partie des Européens regarde le même programme, dans une sorte d’union forcée dans laquelle chacun est libre de vivre ce moment à sa manière. Il y a un caractère liturgique qui me plaît beaucoup dans le concours. À partir de là, j’avais envie de connaître l’envers du décor et de comprendre pourquoi, après plus d’un demi-siècle d’existence, le concours ne connaît pas de déclin de popularité. Après avoir pu accéder à d’autres sphères de la compétition (finales nationales, rencontres avec des artistes et cadres du concours), j’ai souhaité aller plus loin dans mon engagement, notamment en poursuivant des travaux académiques sur la dimension géopolitique et diplomatique de l’événement. D’une part, parce que les travaux scientifiques consacrés à l’Eurovision en France (appelés «Eurovision Studies » dans le jargon universitaire) sont quasi inexistants, et d’autre part parce que le traitement médiatique du concours le réduisait à une modalité strictement divertissante. J’avais le souhait de remettre au centre de l’attention les enjeux diplomatiques et culturels du concours: c’est l’aspect que je tente de mettre le plus en exergue lors de mes contributions dans la presse ou dans les médias en général. C’était ambitieux, et même si c’est difficile, le cadrage médiatique change peu à peu.
Margaux: Je dirai à partir de 2013, quand je me suis liée d’amitiés avec de nombreux Eurofans qui avaient des blogs fans sur le concours. J’ai eu la chance de faire des interviews d’artistes et de rédiger des articles sur ces derniers et le concours pendant plusieurs années. (Un grand merci à Fabrice et Farouk qui liront peut-être cet article !). J’ai également eu la chance de participer à un programme court sur internet de France Télévisions, en 2018, au cours duquel nous étions plusieurs Eurofans à découvrir les titres en exclusivité! J’ai également fait une vidéo explicative sur les points à l’Eurovision, toujours en 2018. Fut un temps, j’ai également pas mal tweeté sur le concours. Mais je n’ai malheureusement plus le temps, ni l’envie au regard de l’ambiance générale qui règle sur le réseau social X. J’ai également été plusieurs fois interviewé par la radio ou même la télé, française et étrangère!
Agathe: Comme je le disais plus haut, nous nous sommes rencontrés fin 2023, vraiment heureux de constater qu’on était de plus en plus de jeunes eurofans hyper motivés et impliqués. Nous avons vécu la semaine Eurovision à Malmö tous ensembles la majorité du temps et on a adoré! L’idée de créer un podcast est venue un peu plus tard dans l’année. On a pris le temps de développer notre concept et on en est hyper fiers!
Camille: Just Baguette c’est une rencontre de copains à Malmö, l’année dernière. Le groupe s’est constitué assez naturellement après un coup de cœur collectif! Une discussion tardive pendant les jeux olympiques entre Agathe, Maxime et Maël a donné lieu à cette idée folle « et si on lançait un podcast ? ». Je n’ai pas réfléchi une minute.
M : En 2023, j’ai décidé de sortir de l’ombre! J’ai « dépoussiéré » un compte Twitter que je n’utilisais pas pour interagir directement avec d’autres fans. Auparavant, je n’étais qu’une spectatrice silencieuse.
Magali: Je crois que je live tweete la finale de l’eurovision depuis que j’utilise twitter, ça fait 10 ans.
Qu’est-ce qui vous rend unique dans le paysage Eurovisionesque ? Qu’avez-vous pour objectif d’apporter à votre Euromédia, de par votre compte ou votre implication dans la communauté ? Est-ce par votre ton, l’angle que vous abordez, la manière dont vous écrivez, les entries que vous aimez habituellement, etc… ?
Betty: Je me contente de rester moi-même tout en apportant des faits concrets quel que soit l’article que j’écris. Je n’hésite pas à montrer mes goûts musicaux atypiques qui me rendent unique, quitte à être brutalement honnête. Je tente aussi de diversifier mon contenu en tant que rédactrice. Selon le sujet, je rédige soit en langage soutenu, soit en langage courant, bien que sur Twitter, je tente aussi le langage familier dans la mesure du possible, et selon mon humeur.
Lolotte: J’essaie d’apporter un peu d’humour. On peut adorer le concours sans se prendre au sérieux. D’ailleurs il est stipulé sur le compte Twitter de l’EAQ: « L’Eurovision et la musique européenne avec humour et second degré » et je crois qu’il ne faut pas oublier d’en rire aussi. Tout comme il ne faut pas oublier d’apporter des critiques sur ce que l’ESC devient et vers où il se dirige. Après, je n’ai pas un objectif défini. Je m’occupe de l’actu des pays qui me sont alloués et de ma rubrique estivale qui est un projet qui me tient à cœur et qui est à 100% mon idée.
Marie: Á vrai dire, je ne me suis jamais considérée comme unique dans le paysage euromédiatique, je suis juste une passionnée comme beaucoup d’autres. Mon objectif, c’est d’écrire sur ce que j’aime et partager ma passion avec d’autres personnes aussi passionnées que moi voire plus. J’aborde toujours mes articles de la manière la plus objective et neutre possible. Je n’essaie jamais de prendre parti car je considère que lorsqu’on communique une information, elle ne doit pas être transformée. C’est pour cette raison que Je donne rarement mon avis sauf dans les articles où je peux me donner cette liberté mais je le donne en tout bien tout égard et de manière constructive.
Clémentine: Je pense qu’énormément de médias sont dédiés à l’Eurovision mais assez peu s’intéressent à son histoire. Je suis historienne de formation, ce qui m’intéresse, ce n’est pas de savoir qui a gagné en telle année, mais de comprendre les enjeux politiques, sociaux, économiques, géographiques…derrière chaque édition. Je dis souvent que l’Eurovision est une lentille formidable pour étudier les dynamiques du continent européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alors c’est vrai que j’aime aussi partager mon classement avec les gens qui m’écoutent, dire que je préfère telle chanson plutôt que celle-là cette année, mais je pense que ma différence se retrouve dans la manière dont je m’intéresse et je parle de l’Eurovision, sous ses aspects historiques plutôt qu’en tant que compétition. Puis j’en parle sur un ton décalé et humoristique, le but n’est pas de faire un cours d’histoire à mes auditeurs mais plutôt de leur montrer qu’il y a plus d’enjeux derrière le concours qu’il n’y parait.
Oranie : Il est très difficile de répondre à cette question sans paraître égocentrée! Ce n’est pas un argument en soi, mais le fait d’être une femme est déjà un fait quelque peu unique dans un milieu très masculin, dans le monde de l’Eurovision! Je pense que, par mon parcours, je lis le concours sous un prisme différent. Par ma contribution, j’aimerais que le traitement médiatique de l’Eurovision évolue, en proposant aux médias mainstream une analyse plus scientifique et nuancée, et qu’à terme, l’image de l’Eurovision en France évolue. L’absence de victoire depuis 1977 a malheureusement installé une rhétorique très négative, celle d’un concours jugé « politique ». Je souhaite, par mes interventions, faire entendre que la politisation du concours n’est pas une fatalité et qu’au contraire, c’est un instrument dont la France peut user tout aussi bien que ses autres concurrents pour un jour espérer gagner. Plus globalement, si ne serait-ce qu’une seule personne parvient à regarder l’Eurovision avec un œil différent le soir de la finale grâce à moi, je considérerai cela comme une petite victoire personnelle.
Margaux : « Unique » est un bien grand mot! Difficile de se démarquer avec toutes les propositions actuelles autour du concours. Je préfère aujourd’hui apporter de l’information. J’aime écrire (c’est mon métier). (—> NB : je n’ai malheureusement plus le temps d’écrire, entre mon travail et ma fille. Un grand regret !!)
Agathe: Just baguette, c’est un podcast entre amis: on passe un bon moment ensemble, on parle de l’actualité, de ce qu’on aime /ce qu’on n’aime pas tout en restant, bien évidemment, bienveillants. On veut que les gens qui nous regardent ou nous écoutent se sentent vraiment les bienvenus autour de notre table. Notre but c’est à la fois de toucher un public moins averti sur l’Eurovision pour leur apprendre des choses, leur faire découvrir notre univers, et aussi on vise évidemment les eurofans, pour pouvoir débattre de pleins de sujets et échanger autour de notre passion commune. On a à cœur de créer le contenu Eurovision qu’on aurait aimé trouver dans notre fil d’actualité!
Camille: Je pense que le concept de Just Baguette est fun et léger, on passe un bon moment! C’est l’apéro, grande tradition française et puis ce sont 5 copains qui parlent d’eurovision, finalement. Sans prétention de tout connaitre, sans volonté pédagogique, on donne des informations bien sûr mais l’esprit est bon enfant. On veut surtout rester positifs face au concours et aux propositions qu’il porte. De mon côté, j’apporte une French touch à ce podcast déjà très franchouillard!
M.: En tant que passionnée de graphisme et d’audiovisuel, j’adore décrypter les identités visuelles et sonores des éditions. J’aime partager cette sensibilité artistique avec la communauté, même si ça doit être moins intéressant pour d’autres que les chansons elles-mêmes…
Magali: Je ne pense pas être unique, loin de là. Mais j’aime beaucoup les entrées un peu plus rock indépendant, qui de toute manière ne marchent jamais beaucoup.
Á demain pour une troisième série de questions!
Crédit photographique: Eurovision Song Contest









Toujours chouette de suivre ces différents parcours !
Merci encore.
Clementine, j’ai vu par curiosite ce que tu proposes. Cela me plait beaucoup, c’est frais, humoristique et ca remonte le moral.
Et je te remercie d’avoir parle de l’origine de NOUS LES AMOUREUX.