Lors d’une conférence de presse organisée hier après-midi, le télédiffuseur autrichien ORF a dévoilé les premiers détails de l’organisation de l’Eurovision 2026.

L’événement s’est déroulé en présence de Roland Weißmann, directeur général de l’ORF, Michael Ludwig, maire de Vienne (SPÖ, parti social-démocrate) et Martin Green, directeur du concours de l’Eurovision. L’occasion d’évoquer notamment ce qui a fait pencher la balance pour Vienne dans le choix de la ville hôte, même si elle avait les faveurs du télédiffuseur dès le début du processus. En même temps, comment résister au charme de la « plus grande ville musicale du monde » (selon Martin Green), son statut de capitale fédérale, ses infrastructures (un aéroport international relié directement à 65 pays, 433 hôtels, 82 000 chambres), son Wiener Stadthalle (plus grande salle du pays) et la possibilité d’installer la Green Room en son sein (comme c’est quasi systématiquement le cas depuis 2010) ? Sans oublier la dimension économique, bien qu’elle n’ait pas été la plus déterminante selon le télédiffuseur. Ce dernier salue d’ailleurs l’investissement d’Innsbruck dans sa candidature avec un concept fort, mais qui aurait nécessité un investissement financier plus important de l’ORF : la ville olympique aurait eu besoin d’installer des infrastructures supplémentaires pour déployer l’important dispositif logistique de l’événement.

On apprend également par le Kleine Zeitung (l’un des principaux quotidiens nationaux autrichiens) que le télédiffuseur allemand a opposé son veto au déroulement de la finale du concours le 23 mai, en raison du déroulement de la finale de la Coupe d’Allemagne de football ce soir-là. A noter que la finale de la Coupe de France de football se déroulera d’ailleurs ce soir-là : autant dire que le choix du 16 mai doit donc également faire les affaires de France Télévisions !

Les lieux phares

Le Wiener Stadthalle. Construit en 1958 et conçu par l’architecte Roland Rainer, le parc des expositions est composé de plusieurs espaces, dont le hall D. Avec ses 10 000 mètres carré pour 92 mètres de longueur et 17 mètres de hauteur, cet espace est le plus vaste du complexe, puisqu’il est capable d’accueillir 16 000 personnes. En configuration Eurovision (incluant la scène et la Green Room, la salle devrait pouvoir accueillir 11 000 personnes : la Halle Saint-Jacques et ses 6 000 spectateurs font pâle figure à côté… C’est ainsi sans surprise que le hall D accueillera la 70ème édition de l’Eurovision en 2026, tout juste onze ans après avoir fêté la 60ème édition. C’est d’ailleurs la première fois qu’une salle célèbrera en son sein deux décennies de concours ! Inutile de dire que la Wiener Stadthalle est habituée des grands événements musicaux comme sportifs depuis sa création, et la liste des stars et artistes mythiques qui ont foulé sa scène est longue comme le Danube (cf. la page Wikipédia de la salle, ce sera plus simple). Les artistes vous y donneront ainsi rendez-vous les mardi 12 et jeudi 14 mai 2026 pour les deux demi-finales et le samedi 16 mai pour la grande finale.

L’Hôtel de Ville (Rathaus). A la fois siège du conseil municipal et du Landtag de l’Etat de Vienne, il a été construit au XIXème siècle sous la conception de l’architecte Friedrich Von Schmidt. Son style néogothique ne sera d’ailleurs pas sans vous rappeler celui de l’hôtel de ville de Bruxelles, qui plus est avec les 97,9 mètres de son Rathausmann, véritable symbole de la ville. Ce n’est pas pour rien que la production a donné deux rôles clés à ce monument emblématique : le Rathaus accueillera tout d’abord la cérémonie d’ouverture de l’Eurovision 2026, qui lancera officiellement le début des festivités dans la ville hôte avec son traditionnel défilé d’eurostars le dimanche 10 mai. Mais c’est également au sein de l’Hôtel de Ville que les eurofans (et les eurostars tant qu’à faire) se déhancheront jusqu’au bout de la nuit, puisque c’est dans ses murs que sera hébergé l’incontournable EuroClub, qui promet d’être the place to be eurovisionesque et le coeur battant des nuits viennoises pendant toute la durée du concours.

La place de l’Hôtel de Ville (Rathauspark). Comme en 2015, elle sera au cœur du projet Eurovision, puisqu’elle accueillera l’Eurovision Village, qui reviendra donc en extérieur après une parenthèse historique en intérieur au Messe Basel. Au-delà des nombreux artistes locaux et des eurostars qui se succèderont sur scène comme chaque année, l’Eurovillage sera également une vaste zone de visionnage en plein air, au sein de laquelle le public pourra suivre les demi-finales et la finale en direct sur un écran géant. De quoi offrir des événements annexes hyper-centralisés au public, surtout avec les nombreuses attractions culturelles et touristiques que compte la capitale autrichienne.

Côté budget

22,6 millions d’euros : c’est l’enveloppe allouée par la Ville et le Landtag de Vienne à l’organisation du concours, soit une somme en sensible hausse par rapport aux 17 millions d’euros investis en 2015, mais inférieure aux 37,3 millions d’euros alignés par le canton de Bâle-Ville l’année dernière. La majorité de la somme sera dédiée à la salle et au dispositif de sécurité. Dans une interview à Wien Heute, le maire de la capitale, Michael Ludwig, a justifié cet investissement par les retombées économiques attendues pour le territoire, qui s’élevaient à 28 millions d’euros lors de la précédente organisation viennoise. Il attend des retombées similaires pour l’édition 2026, espérant également que la visibilité internationale offerte par le concours rejaillisse également sur les autres États fédérés autrichiens. Pour rappel, les trois dernières éditions du concours ont engendré 66 millions d’euros de bénéfices pour Liverpool en 2023, 40 millions d’euros pour Malmö en 2024 et 64 millions d’euros pour Bâle en 2025.

Le budget total du concours n’a toutefois pas encore été dévoilé (même si la presse autrichienne l’estime à 45 millions d’euros), si ce n’est qu’il sera inférieur aux 65,2 millions d’euros qu’a coûté l’organisation de l’Eurovision 2025 (un budget record après Bakou 2011). De l’aveu de Roland Weißmann, directeur général de l’ORF, « Nous sommes économes, mais spectaculaires. C’est la devise que nous avons choisie. » : autrement dit, le télédiffuseur hôte a fixé un cadre maximal, qui plus est dans une année riche en événements sportifs internationaux, avec les Jeux Olympiques d’hiver de Milan-Cortina l’hiver prochain et la Coupe du monde de football à l’été.

Les prochaines étapes

L’ORF pense déjà au show, évidemment. Stefanie Groiss-Horowitz, directrice des programmes de l’ORF, et Michael Krön, producteur exécutif de l’Eurovision 2026, ont déclaré que la conception de la scène et le déroulement du spectacle seront abordés à partir du mois de septembre, ajoutant que l’idée n’est pas de faire une redite du concours de 2015. Ils offrent déjà la promesse d’un « spectacle autrichien charmant et professionnel » qui suscitera l’enthousiasme du public. Le programme des événements proposés dans le cadre du concours et des activités annexes sera précisé dans les prochaines semaines et dans les mois à venir. Les noms des présentateurs devraient être connus d’ici la fin de l’année, tandis que la billetterie devrait ouvrir début 2026.

Pour rappel, voici l’équipe organisatrice de l’Eurovision 2026, dont une grande partie des membres était déjà de l’aventure en 2015.

  • Producteur exécutif : Michael Krön
  • Producteur du show : Stefan Zechner
  • Directeur de la production : Daniel Hack
  • Manager technique : Christine Tichy
  • Conseiller juridique : Martin Szerencsi
  • Responsable de la communication : Roman Horacek
  • Manager marketing : Iris Keutter
  • Manager des événements annexes : Oliver Lingens
  • Assistante exécutive du producteur exécutif : Christina Lassnig
  • Assistante exécutive du producteur exécutif : Anja Lenhart
  • Secrétaire générale : Christina Heinzle-Conrad
  • Directrice commerciale : Nina Kaiser
  • Superviseur technique : Claudio Bortoli

« Europe, shall we dance ? » Onze ans après, Vienne promet en tout cas de faire battre nos cœurs au son de l’Eurovision en 2026 !