C’est un petit effet domino qui met la pression sur l’UER : le 9 septembre, le télédiffuseur islandais RÚV officialisait la possibilité d’un retrait de l’Eurovision 2026 en cas de maintien de la participation d’Israël. Ils sont donc désormais quatre à interroger ouvertement leur présence au concours l’année prochaine.

Cette prise de position est signée du directeur général de la RÚV, Stefán Eiríksson, dans une déclaration à la radio Rás 2 : « Je pense que si l’UER ne change pas de position et ne répond pas aux préoccupations exprimées par l’Espagne, la Slovénie et d’autres pays, cela suscitera certainement des réactions de la part de ces diffuseurs. Mais attendons de voir. »

La participation islandaise est conditionnée à la décision que prendra l’UER à l’issue de ses consultations avec l’ensemble des télédiffuseurs participants, qui prendront fin en novembre ou en décembre selon Stefán Eiríksson. Ce dernier a ajouté avoir de sérieux doutes quant à l’attitude conjointe du télédiffuseur public israélien et du gouvernement israélien lorsque le pays participe à l’Eurovision. Selon lui, il s’agit d’une violation des règles de la compétition, qu’il a directement évoqué avec l’UER.

Contrairement à la Slovénie (qui l’a fait dès l’assemblée générale de l’UER de juillet dernier), l’Islande n’a pas demandé formellement l’exclusion d’Israël du concours. Toutefois, à ses yeux et sur la base de discussions avec ses homologues européens, Stefán Eiríksson évoque la possibilité que le pays soit exclu de la compétition l’année prochaine : « Je sens que le paysage est en train de changer considérablement, mais il reste à voir si ce changement sera tel qu’Israël sera exclu de la compétition dans les semaines ou les mois à venir. » Selon RUV.is, l’UER avait par le passé considéré la possibilité d’exclure Israël, avant de se raviser, considérant que le pays ne viole pas les règles du concours.

Le directeur général de la RÚV a également été interrogé sur la différence de traitement entre Israël et la Russie (exclue du concours depuis 2022 suite au déclenchement de la guerre en Ukraine). Les situations sont différentes, selon lui, dans la mesure où la Russie a été exclue de l’ensemble des événements internationaux (comme les Jeux Olympiques ou les championnats de sport), ce qui n’est pas le cas d’Israël. En outre, la Russie et la Biélorussie ont été écartées de l’UER parce que leurs télédiffuseurs respectifs avaient violé les principes fondamentaux du service public s’agissant de l’indépendance (mise à mal) de leurs contenus éditoriaux. En dépit de fortes accusations à l’encontre du gouvernement israélien, le télédiffuseur KAN n’est pas dans la situation de ses homologues de l’Est.

En l’état actuel, et dans l’attente d’une position claire et formelle de l’UER, la RÚV a ouvert l’appel à contributions pour le Söngvakeppnin, sa traditionnelle sélection nationale pour l’Eurovision. Dix chansons seront sélectionnées pour le programme et donc éligibles pour le concours, à condition que l’Islande y prenne part. En cas de retrait, ce serait la première fois depuis ses débuts en 1986 que le pays ne participerait pas à l’Eurovision de son propre chef (ses deux seules absences en 1998 et en 2002 étaient dues à une relégation en raison de ses mauvais résultats de l’édition précédentes).

Après la Slovénie, l’Espagne, l’Islande et l’Irlande, quel sera le prochain pays à remettre en cause sa participation à l’Eurovision 2026 en raison de la présence d’Israël ? Combien seront-ils vraiment sur la ligne de départ à Vienne ?

Crédits photos : UER