Alors que son album ressort en format vinyle pour tous les collectionneurs que nous sommes et qu’une tournée de concerts est annoncée à partir de février 2022, Barbara Pravi nous a livré il y a quelques semaines un album rempli de poésie, d’amour, de féminisme et d’affirmation de soi. Grandie et élevée par sa deuxième place au classement final de l’Eurovision 2021 à Rotterdam, la représentante française, qui portait tous les espoirs d’un renouveau et l’a brandit avec fierté, nous revient avec « On enferme pas les oiseaux », son deuxième album.
Je vous livre ici titre-à-titre mon ressenti, mes émotions et tout ce qui m’a traversé durant l’écoute de ce petit bijou musical qui est, à mon sens, une des plus belles réussites de la variété française de ces 10 dernières années (carrément!).
Avec moi, lancez le cd (ou le vinyle) et laissons nous bercer par la prosodie de Barbara Pravi:
Voila
L’album s’ouvre donc sur le « Masterpiece », THE chef d’oeuvre de l’Eurovision 2021, qui a permis à Barbara de nous offrir une superbe deuxième place au concours. Ecrite et composée avec Igit et Lili Poe, la chanson est un hymne déjà figé dans l’histoire du concours tant l’émotion, la justesse des mots, et l’interprétation que Barbara nous a livré sont authentiques et pures! La jeune femme se raconte au fil des mots, ce qu’elle est aux travers de sa voix, ce qu’elle a à nous donner… C’est elle! Et même si elle ne se sent pas la stature d’une grande, son message nous arrivera quand même ! Et nous touchera! Et nous la feront grande!
Le Jour Se Lève
Piano, mots d’amour susurrés… Ambiance « petit vent et rayon de soleil dans les rideaux au matin »… Nous sommes ici en présence de ce qui fait surement que cette artiste chante: l’Amour! L’incompréhension des sentiments, qui sont là, naissants, qui sont beaux et qui peuvent pourtant lui échapper à tout moment… La plénitude qui fait suite à un brouillard épais et solitaire. Le nouvel élan du coeur, qui tangue entre « mots et fesses », qui se love dans les draps, qui fait que plus rien n’a d’importance que ce moment précis… Touchant à ses graves, à ses suaves, Barbara nous chante ce qu’il y a de doux dans les premiers instants d’amour. Et avec elle, nous avons les images de nos amours passés qui défilent. Qui ne sont plus, mais qui nous ont fait tant de bien!
Interlude
Glissé de la chanson précédente, monte un suspense grave qui s’échappe en une envolée jouissive (et surement jouissante!), portant Barbara dans une vasle où il n’est pas con de sentir une autre présence à ses cotés… Et elle de nous murmurer, au creux de l’oreille: « besoin de rien de plus »… Evidemment, on frissonne!
L’Homme et l’Oiseau
L’ombre de Marie Myriam se posera pendant encore longtemps sur l’Eurovision, car je vous vois faire une comparaison rien qu’en lisant le titre de la chanson qui suit! Pourtant, non! Aucun « yeux de lumière », aucun « bateau dansant sur les vagues »! Mais nous sommes happés dès les première notes par la poésie et l’écriture de Barbara. Ce talent indéniable que nous lui connaissons est ici, selon moi, le plus bel exemple! Construite comme une long alexandrin, exprimant avec subtilité la liberté de l’être dans une relation sentimentale, cette chanson nous parle d’une femme qui sait qu’elle n’a que le pouvoir d’aimer… Qu’elle ne peut retenir celui qu’elle aime maintenant, que l’homme est un oiseau, libre et voyageur…
Saute
Tout de suite enroulé dans un rythme plus arabisant, plus bougeant, plus « sautillant », ce titre « douce pop » nous surprend quelque peu après les précédents pianos-voix. Mais la poésie n’en est pas moins subtile! La chanteuse nous raconte l’élan, le vide et le mystère de ce qu’il va advenir de ses décisions, de ses choix, de son parcours… C’est un peu comme une suite logique à « Voilà »! Et Nous la voyons pleine de joie de vivre ce saut dans le vide… ou sur elle-même, comme une danse tribale…
Je l’aime, je l’aime, je l’aime
De nouveau, le piano annonce la voix de Barbara qui s’envole en une ritournelle très… début de siècle! Rengaine! Mais c’est sûrement une impression personnelle. A l’écoute de cette chanson, des images de « La Gloire de mon Père » et des amours de la tante Rose et de l’oncle Jules dansant dans le parc, sous la pluie me sont venues en tête… Mais c’est aussi la plénitude de l’amour éprouvée, le « Oh so quiet » d’un coeur full de sentiments nouveaux qui explose au regard de tous….
La Vague
Plus déroutante, cette chanson est parlée, racontée… Prose de femme, qui parle de sa colère, qui va qui vient, comme une vague… Presque en s’excusant, Barbara nous conte qu’elle peut parfois s’emporter, que son coeur peut s’emballer, pas forcement toujours du coté le plus lumineux… mais c’est ce qui la constitue. C’est ce qui fait qu’elle aime! La rage, la passion… Il y a toujours deux facettes à ces sentiments… Mais ça tangue, ça s’échoue sur le rivage et ça peut être destructeur. Mais c’est là… Alors plutot que d’affronter ses démons, la chanteuses nous explique d’elle vit avec… parce que c’est elle et ce qu’elle est!
La Femme
C’est certainement la chanson qui m’a fait tilt à la première écoute! Tango léger, ces sont les paroles qui m’ont percuté! Confrontée à une société où le patriarcat est toujours la norme (la seule acceptable), Barbara expose la réalité des choses: TOUT ce qui fait la Femme est toujours sujet à controverse, à discussion, à débat… mené grand tambour battant, gros sabot et cigare bien épais par la décision de l’homme… ou en tous cas de quelqu’un qui n’est pas la Femme elle-même. Mais la subtilité de l’écriture de la chanteuse réside dans l’interrogation! Elle ne pointe personne (là où moi, je le fait!)! Elle pose la question: je suis comme ca (voilà!), est ce que je suis une bonne femme pour la société? Est ce que je suis une artiste convenable si je n’ai pas besoin d’un homme? La réponse est dans sa colère, dans sa voix et dans sa volonté toute brutale de s’exposée dans les moindres recoins: « Mon corps, mes jambes, mon dos »…
Mes Maladroits
De nouveau, l’homme et sa masculinité, son virilisme, son fonctionnement primaire de soldat que lui impose le « tu seras un homme, mon fils » est sur le papier! Mais Barbara, d’un oeil complice, doux et compréhensif, excuse l’homme et ne peut se retenir de l’aimer, malgré tout. Malgré sa maladresse. Malgré sa brutalité. Est ce qu’il est responsable de cette façon d’être, ou est il victime des attentes que la société lui impose?… Là est tous le débat du féminisme, quand on est un homme! Et la chanteuse en est bien consciente. Alors avec bienveillance, mais tout de même recul sur la situation, elle reste là, épaule et consoleuse quand il le faut. Humaniste avant féministe, peut-être…
La Ritournelle
C’est une histoire qui se déroule ici, aux travers des yeux innocents d’une femme absente à elle-même. L’intérêt de la chanson réside sur le personnage et ce qui lui traverse la tête et la mémoire alors il serait sûrement absurde de vous la raconter maintenant, comme ça, en quelque lignes. Je ne peut que vous inviter à vous assoir 4min38 pour écouter ce que cette chanson raconte. C’est triste et beau… C’est la vie!
Prière pour Rester Belle
Acapella. L’on voit que la chanteuse est une voix! Pas de celles qui poussent et repoussent des limites, qui performent! Aucun intérêt! Là, c’est l’émotion de la voix qui prime! Impossible de passer à côté d’un frisson sur les bras, d’autant que Barbara nous invite à réfléchir au temps qui passe… Vieillir! Flettrir! Faner! C’est sur cette sensation du temps qui passe que nous laisse la chanteuse… C’est une belle façon de nous dire au revoir et à bientôt…
Je suis persuadé que si vous n’avez pas encore pris le temps de vous poser pour écouter cet album, vous le ferez rapidement! Non pas que ma critique, qui est surement très loin d’objectivité, vous pousse à aller vous bercer aux mots de Barbara, mais bien parce qu’il y a quelque chose de nécessaire à se laisser aller à la rêverie en ces temps actuels. Et la chanteuse nous offre ce petit moment de bulle, qui est elle, le plus profond d’elle, ce qu’elle vit, ressent et éprouve… Et pour tant de grâce et de confession, de vérité et de plénitude, vous prendrez bien quelques instants, non?
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Merci beaucoup de ce post, je prendrai le temps ce week-end de me poser et d’écouter son album.
Bien à toi.