Trois ans après avoir endossé les couleurs tricolores à Minsk, où elle avait terminé à une superbe deuxième place pour le retour de la France à l’Eurovision Junior, elle officiera cette année en tant que porte-parole du jury français.

Nous avions déjà eu l’occasion de la rencontrer lors de la conférence de presse de l’édition 2021 et elle nous a fait le plaisir de nous accorder une interview hier après-midi. Pour les lecteur·rices de L’Eurovision au Quotidien, voici Angelina !

EAQ – À quelques jours de ce moment tant attendu, comment te sens-tu ?

Angelina – Je me sens vraiment super heureuse. Je suis tellement contente que l’Eurovision Junior puisse se dérouler en France cette fois-ci, à Paris. J’ai hâte de découvrir la scène et l’ensemble des candidats.

Cette année, tu seras porte-parole du jury français. Qu’est-ce que cela te fait d’occuper ce rôle, qui plus est à domicile ?

Cela me fait extrêmement plaisir d’endosser ce rôle et de pouvoir représenter une nouvelle fois la France d’une autre manière. Je suis impatiente de vivre cette aventure. Je me mets également à la place des candidats et je me dis que ce moment est stressant. Cela me fait drôle d’être à la place de la personne qui va donner les points.

Tu passes de l’autre côté cette fois.

C’est complètement différent, en effet.

Revenons trois ans en arrière. Tu as représenté la France à l’Eurovision Junior 2018, à Minsk. Quel souvenir gardes-tu de cette expérience aujourd’hui ?

Je garde plein de bons souvenirs de cette aventure, tant dans les moments de compétition qu’en dehors : avec les candidats, à l’hôtel, lors des repas… J’étais plus petite, je ne parlais pas anglais, et je me suis heureusement améliorée depuis (rires), doc c’était un peu compliqué mais j’étais accompagnée de traducteurs, et je m’en suis sortie avec quelques mots d’anglais. Ça a été top ! C’est là où l’on voit que, même à travers la barrière de la langue, on arrive à créer des liens et je trouve cela magnifique.

Tu as conservé des liens avec les candidats de l’époque ?

Avec quelques-uns, on continue à échanger par message puisqu’on est éloigné géographiquement. On garde toujours contact, on like mutuellement nos publications et on voit l’évolution des uns et des autres, le chemin qu’ils ont pris. Je trouve cela magique.

Tu participes alors au concours suite à ta victoire à The Voice Kids. Comment t’étais tu retrouvée embarquée dans cette aventure ?

Je venais de remporter The Voice Kids. Quelques mois se sont écoulés et alors que j’étais en vacances, je reçois un appel de ma maison de disques qui m’annonce que ma chanson Jamais sans toi a été sélectionnée pour représenter la France à l’Eurovision Junior. Ce jour-là, je n’en revenais pas ! J’étais sur un petit nuage. C’était en plus la première fois que la France participait au concours après quatorze ans d’absence. Je ne connaissais pas la version junior de l’Eurovision et je suis allée voir toutes les vidéos sur internet. Je me suis dit ”Waouh !”. Je n’étais pas au courant de l’existence du concours junior et lorsque je suis arrivée en Biélorussie, j’étais sous le choc, et tellement contente ! C’est une aventure vraiment extraordinaire et exceptionnelle.

Elle a dû l’être d’autant plus que tu as terminé à une magnifique deuxième place, non loin de la victoire, dont nous sommes très fiers. Qu’est-ce que cela t’a fait ?

C’est vrai qu’on n’était pas passé loin de la victoire. Selon les sondages organisés, tous les pays étaient très appréciés, et on ne s’attendait pas du tout à cette deuxième place. On voyait le nom de la France monter et s’approcher de la première place. A la fin, ça s’est joué entre la France et la Pologne, je ne savais plus où j’étais, je n’étais plus sur Terre (rires). C’était incroyable.

Cette expérience, que t’as-t-elle apporté ?

Elle m’a apporté de la maturité. J’ai pu découvrir la façon d’être d’autres pays. Cela m’a permis de vivre une nouvelle expérience. C’était très enrichissant.

Tu disais que tu ne connaissais pas l’Eurovision Junior au moment de ta sélection, mais l’Eurovision adulte t’était-il un programme familier ?

Oui, je le regardais chaque année. Je me rappelle qu’ils y avaient annoncé l’Eurovision Junior. Je me disais que ça avait l’air bien et je ne me doutais pas, quelques mois après, j’allais représenter la France.

Tu as sorti un premier album en 2019…

C’était le soir de l’Eurovision Junior. Ma maison de disques, qui était présente sur place, m’annonce que je vais pouvoir réaliser mon premier album. C’était une soirée pleine d’émotions. Avoir son premier album est quelque chose de fort. Je me rappelle qu’à sortie, quand je l’ai vu pour la première fois dans les bacs, c’était assez impressionnant.

Tu devais également faire une tournée.

Du fait de la situation sanitaire, ma tournée a été écourtée – je pense que ça a été la tournée la plus courte de l’histoire (rires) puisqu’on n’a fait que deux dates. Cela a été beaucoup de préparation, on était à fond, et qu’elle s’arrête comme ça a été frustrant. En même temps, ça nous a donné plus de force pour revenir dès le 19 février à La Ciotat, avec une date au Casino de Paris le 13 mars. On recrée la tournée de zéro. D’autres dates sont prévues, et je suis impatiente de les donner à mon public. Et mon tout dernier album, Apparences, est sorti très récemment. Je suis très contente d’y donner une autre image de ma personnalité et de transmettre d’autres messages.

Justement, comment as-tu vécu le fait de ne pas pouvoir monter sur scène en raison de la situation sanitaire ?

Je ne l’ai pas totalement mal vécu, mais rester enfermé chez soi a été un peu long. En même temps, ça m’a permis de prendre du recul, de me poser des questions que l’on n’a pas le temps de se poser d’habitude quand on vit à cent à l’heure. Ça m’a également permis d’avoir encore plus de force pour reprendre toutes nos activités.

On évoquait le deuxième album : peux-tu nous en parler ?

J’ai grandi, et avec cet album, j’avais d’autres sujets en tête. L’importance des apparences dans notre société aujourd’hui, surtout avec les réseaux sociaux. Dans ma chanson Apparences, je parle du fait de donner une certaine image de soi, surtout en tant qu’adolescent, puisque c’est une période que je suis en train de traverser. Les apparences sont importantes et il est très simple de montrer une fausse vérité sur les réseaux sociaux. Je trouvais important d’en parler, tout comme d’autres sujets comme l’exclusion dans un groupe. À l’adolescence, on a envie de tester et de découvrir plein de choses, et j’en parle dans cet album.

Tu viens d’avoir quinze ans, tu es lycéenne. Comment se passe l’organisation entre ta carrière et ta scolarité ?

Tout est question d’organisation ! Je me mets un timer pour chaque chose que je fais dans la journée. Ja vais au lycée, je rentre, je fais mes devoirs et je m’occupe également de mes activités musicales. Ça se gère très bien pour l’instant, j’arrive à maintenir de bonnes notes. Je trouve cela important de rester scolarisée, parce que ça me permet de garder les pieds sur Terre avec tout ce que je vis. C’est parfois compliqué de cumuler les deux, par exemple lorsque je fais une émission et que je reviens au lycée le lendemain, c’est un décalage assez bizarre. C’est comme si j’évoluais dans deux mondes différents.

Comment tes amis et tes camarades de classe appréhendent-ils ta notoriété ?

Ça se passe bien. Ils me posent beaucoup de questions, parce que c’est un milieu qu’ils ne connaissent pas trop. Il n’y a pas de problèmes sur ça, ils ne me dérangent pas. Ça se passe vraiment bien, en tout cas avec mes amis. Certains changent peut-être un peu de personnalité, mais je me mets à leur place. Je me dis que si j’avais une personne connue dans ma classe, je ne sais pas comment je réagirais, et je les excuse pour ça.

Pour revenir à l’Eurovision Junior, je suppose que tu as écouté les chansons des autres candidats ?

J’ai écouté certaines prestations, surtout celle d’Enzo, évidemment ! Je sens que ça va être une superbe aventure. J’ai hâte d’écouter l’ensemble des chansons.

Quelques-unes t’ont davantage marqué que d’autres ?

(Rires) Je ne préfère pas donner mes préférées, parce qu’elles sont vraiment toutes bien !

Les rencontrer te donnera l’occasion de les aiguiller ?

J’aimerais beaucoup leur donner des conseils et leur poser des questions sur leur aventure, sur la manière dont ils la vivent. Avec la situation sanitaire, c’est différent, mais j’aimerais échanger et faire connaissance avec eux. J’ai hâte !

Tu as aussi participé récemment au projet We are World Citizens ! récemment. Tu peux nous en dire quelques mots ?

C’est un album qui met les Fables de La Fontaine en chansons. On reprend les fables phares, et cela permet de les voir d’un autre œil. Je trouve que c’est un super hommage.

Aujourd’hui au Junior, on voit de plus en plus de chansons engagées sur des thématiques actuelles. Certaines causes te tiennent-elles plus à cœur en tant qu’ado en 2021 ?

En ce moment, je me questionne beaucoup sur la cause animale et sur l’environnement. Je m’interroge sur le traitement des animaux, leur place dans notre alimentation, la pollution, etc.

Enzo va représenter les couleurs de la France cette année. En tant qu’ancienne candidate, quels conseils lui as-tu donné ?

Je lui ai dit de profiter à fond de toute son aventure et de chaque instant, parce qu’elle va vraiment rester gravée dans son cœur à vie. Tous les moments sur scène, à l’hôtel, avec les autres candidats, avec les danseurs… Il faut aussi qu’il pense positif – même si ce n’est pas toujours évident – et qu’il profite un max !

Un grand merci à Angelina d’avoir accepté d’échanger avec la rédaction de L’EAQ. Merci également à Ludovic Barnouin, son manager, pour l’organisation de cette interview.

Le dernier album d’Angelina, Apparences, est paru le 19 novembre dernier. L’Eurovision au Quotidien y dédiera prochainement un article. La porte-parole du jury français sera également en tournée à partir du 19 février 2022, avec un passage par le Casino de Paris le 13 mars.

Crédits photographiques : MCA