Dix ans déjà se sont écoulés depuis cette cinquante-cinquième édition de l’Eurovision, à Oslo. Nos Eurostars 2010 sont restées dans toutes les mémoires. Mais que sont-elles devenues depuis ? Le Concours les a-t-il propulsées sur orbite ou fut-ce leur quart d’heure de gloire warholien ? Dans cette chronique, retraçons leur carrière depuis le samedi 29 mai 2010. Aujourd’hui, retrouvons la candidate néerlandaise, Sieneke.

Née à Nimègue, en 1992, Sieneke suit des études de coiffure, tout en poursuivant des rêves de chanteuse. Elle se produit sur des petites scènes et sort en 2007 un CD autoproduit de reprises.

Découverte par la chanteuse Marianne Weber, elle est révélée au grand public en participant à la sélection nationale néerlandaise pour l’Eurovision 2010. Une sélection pour le moins mémorable…

Cette année-là, la TROS demande à Pierre Kartner de composer la chanson néerlandaise. Jusqu’alors, Kartner, âgé de 75 ans, s’était illustré avec la chanson des Pays-Bas pour l’Eurovision 1973, sa chanson de 1977 sur les Schtroumpfs, ses chansons carnavalesques sous le pseudonyme de Vader Abraham et ses chansons politiques de droite très à droite, dont l’une lui vaudra d’ailleurs une condamnation pour racisme.

Répondant à la demande du diffuseur, Kartner compose Ik ben verliefd (Sha-la-lie).

Pour la finale de la sélection, cinq interprètes sont retenus, à charge pour eux de réorchestrer le morceau et de se l’approprier. La victoire sera déterminée par un jury de quatre personnes (parmi lesquelles Johnny Logan et qui dispose d’une voix chacune), ainsi que par le public dans la salle (qui ne dispose que d’une seule voix). Les téléspectateurs néerlandais demeurent au balcon.

Le vote se termine, de manière assez prévisible, par un ex aequo entre Sieneke et Loekz.

Appelé à trancher, Pierre Kartner refuse de se prononcer. Pressé par la présentatrice, il propose de tirer la victoire à pile ou face. Soumis à la pression de la production, il désigne Sieneke en haussant les épaules et quitte aussitôt le plateau.

L’ensemble de la sélection nationale, la chanson, la gagnante et l’attitude de Kartner font l’objet de vives critiques des Eurofans et des médias néerlandais. Sieneke demeure néanmoins la représentante néerlandaise 2010. Mais aucun miracle ne se produit pour elle à Oslo. Elle termine quatorzième de sa demi-finale et est éliminée.

Sa carrière est néanmoins lancée et dans la décennie qui suit, elle sort trois albums.

Le succès est au rendez-vous dans les limites des frontières néerlandaises. Sieneke devient une habituée des festivals, des tournées, ainsi que des plateaux télévisés. Elle participe à plusieurs émissions de téléréalité, avant de devenir présentatrice elle-même.

En 2019, elle change de maison de disques et cette année, sort deux nouveaux singles.

Elle aussi a commémoré le dixième anniversaire de son passage à l’Eurovision. Elle s’est déclarée fière et reconnaissante de sa participation.

Voilà un parcours artistique et personnel pour le moins curieux et digne d’intérêt. Sieneke a réalisé son rêve : devenir chanteuse professionnelle et vivre de son art. L’Eurovision lui aura permis de le réaliser et c’est honneur à rendre au Concours. Mais tout cela a tenu à un haussement d’épaules…

Vous le constatez : Sieneke s’est créé son pré carré. Elle est demeurée attachée depuis ses débuts à ce genre de schlager typiquement néerlandais. Elle s’est conquis un public national fidèle et a traversé avec réussite cette décennie 2010. Souhaitons-lui de poursuivre sur la même lancée pour celle 2020.

Crédits photographiques – @sieneke.music