L’événement de la semaine aura été l’annonce des noms des douze finalistes d’Eurovision France, C’est vous qui décidez, accompagnée de la publication de leur chanson. Vous vous passionnez pour les aspirants français 2021 et consultez sans relâche nos articles qui leur sont consacrés. Quant à nos rédacteurs, ils en discutent avec ardeur dans notre salle de rédaction virtuelle et ont déjà leurs favoris bien établis.

Mais c’est une autre information capitale qui m’aura fait profondément réfléchir cette semaine : la décision prise par France Télévisions d’organiser l’Eurovision Junior 2021. Il s’agit là d’une initiative historique et d’un geste fort de la part du diffuseur français. Non seulement, ce sera la première fois qu’une édition du Junior sera organisée en France ; mais plus encore, ce sera le premier Concours Eurovision à avoir lieu sur le sol français depuis 1999 et l’Eurovision des Jeunes Danseurs et le premier Concours Eurovision de chanson, depuis 1978.

Cet événement nous réjouit à plus d’un titre. La première réaction de nos rédacteurs français se devine : ils se sont aussitôt projetés dans la fosse et sur les gradins. Plusieurs d’entre eux ont déjà assisté en personne à un Eurovision, mais aucun dans leur propre pays. Tous anticipent déjà la joie complète de vivre ce Junior 2021 in situ et aux premières loges. Ce sentiment les portera tout au long de l’année à venir. Nous espérons qu’il en sera de même pour vous, qu’il vous sera possible d’effectuer le déplacement et de communier tous ensemble avec la ferveur qui caractérise les Eurofans. Vous y côtoierez nos rédacteurs, vos camarades de France et d’Europe, les délégations, les artistes et cela vous laissera un souvenir inoubliable, cela marquera votre existence d’un moment lumineux et parfait.

Outre ce bonheur personnel, se glisse un motif de fierté patriotique, juste, positif et légitime. Voir son pays organiser un événement international demeure une source de bonheur et d’honneur. C’est le remettre à l’avant-plan de manière heureuse et avantageuse. C’est lui assurer en sus une publicité de bonne aloi, c’est encourager le tourisme, c’est mettre en avant ses richesses culturelles et patrimoniales. Après ces mois terribles de pandémie, ce Junior sera une opportunité parfaite de promotion internationale et européenne pour la France.

C’est également créer une dynamique positive autour de la ville-hôte. Son économie et son image en bénéficieront grandement et les retombées financières, touristiques et publicitaires seront considérables. D’autant plus si ce Junior se déroule selon un scénario A, en présentiel total, hypothèse vraisemblable au vu des dernières évolutions sanitaires. C’est mettre en avant les métiers techniques et artistiques nécessaires à la production et la réalisation d’un spectacle télévisuel de dimension mondiale et d’excellence reconnue. L’alliance de l’art et de la technologie française, un aspect-clé pour penser ce Junior 2021, car derrière chaque enfant qui chante, se dissimule en réalité le meilleur de la créativité, de l’inventivité et du progrès de chaque pays-hôte.

Un aspect hautement symbolique s’ajoute à tout cela. Bien sûr, offrir à la France, aux téléspectateurs et aux Eurofans français une perspective heureuse. Mais aussi démentir les fâcheux et redorer le blason eurovisionesque de France Télévisions. Comme l’a très bien souligné notre rédactrice Audrey, cette décision fera taire les personnes répétant année après année que le diffuseur français ne souhaite pas gagner l’Eurovision, par crainte de devoir l’organiser l’année suivante et de payer une facture se chiffrant en millions d’euros. Voilà qui est faux, nous en avons là la preuve. France Télévisions participe pour gagner, puis, une fois la victoire acquise, ne se dérobe pas et organise. C’est ici d’autant plus remarquable que le règlement du Junior n’impose nullement au diffuseur vainqueur d’accueillir l’événement l’année suivante. La décision est libre et nombreux sont ceux qui se sont précédemment désistés, sans qu’aucun reproche ne leur soit fait.

Vous l’aurez néanmoins observé : ces dernières années, les diffuseurs vainqueurs souhaitent sincèrement organiser le Junior suivant. Le concours de novembre a en effet gagné en prestige. Ne perdons pas non plus de vue le phénomène de socialisation propre à l’UER et que ne discerne que trop rarement les observateurs extérieurs et les commentateurs non avertis. Les diffuseurs publics se côtoient comme des collègues et des pairs au sein de cette union. Ils y entretiennent des relations solidaires et égalitaires, mais aussi des relations d’émulation. Un esprit de saine rivalité, mais aussi de réciprocité les anime. Organiser un concours Eurovision renforce leur image, leur position et leur prestige au sein de l’Union. Cela leur permet également de démontrer leur excellence et leur maitrise télévisuelle et humaine à leurs collègues du monde entier. Cela leur donne l’occasion de déployer le tapis rouge sous les pas des délégations et de leur rendre des politesses précédentes.

Par ailleurs, la question des coûts doit s’aborder par le prisme des bénéfices. Organiser un concours Eurovision a un coût certain et non négligeable. Mais il rapporte. Nous avons détaillé plus haut combien il rapportait au pays et à la ville-hôte. Il rapporte également au diffuseur un bénéfice très précieux, outre le prestige, l’image nationale et internationale : il rapporte des taux d’audience élevés, voire faramineux, comme l’ont illustré ceux de la TVP, dans une Pologne pourtant moyennement gagnée à la cause de l’Eurovision avant 2018. Organiser un Eurovision à domicile est la certitude d’attirer devant leur écran des millions de téléspectateurs et de remporter des victoires essentielles dans la course à l’audimat. C’est aussi fidéliser son public, le réunir devant les événements eurovisionesques ultérieurs et s’assurer une audience florissante pour les années à venir.

Enfin, France Télévisions crée un momentum unique qui lui permettra de renouer avec les Eurofans français et d’ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations. La cheffe de délégation, Mme Alexandra Redde-Amiel, s’est illustrée en remerciant avec insistance tous les Eurofans pour leur présence, leur soutien, leurs commentaires et leur enthousiasme. Ces derniers mois, elle n’a pas été épargnée par la critique, y compris sur ce site. Ces dernières années, la délégation française aura subi foudres et boulets rouges des Eurofans, à commencer par les rédacteurs de ce site. Souhaitons, et nous conclurons par là, que ce Junior 2021 inaugure des relations pacifiées, constructives et harmonieuses entre ces deux parties. Souhaitons que la délégation persiste dans son intérêt, sa passion et ses investissements envers l’Eurovision, ainsi que dans son écoute et son ouverture envers les Eurofans. Souhaitons que le Concours en ressorte grandi, que son image en soit embellie, dynamisée et rajeunie et qu’il soit enfin reconnu en France, en Belgique et en Suisse francophone pour ce qu’il est : le meilleur concours de chanson contemporaine au monde.