Bonjour à tous !

J’espère que vous survivez à la chaleur des derniers jours. Pour ma part, les aventures à la plage continuent, un cocktail à la main, allongé tranquillement sur mon transat, souhaitant que vous soyez dans la même situation que moi. Pour ceux qui travaillent, je pense fort à vous et vous souhaite bien du courage, ne lâchez pas !

Je vous dédie donc cette septième page de l’abécédaire en espérant qu’elle vous fera passer un bon moment de détente. Aujourd’hui, je vous propose des sujets à débat et un fait insolite sur l’Eurovision. Qu’attendons-nous donc? Récitons ensemble l’Abécédaire de l’Eurovision !

G comme…

  • Guy Sebastian !

Guy Theodore Sebastian, né le 26 octobre 1981 (38 ans) à Klang en Malaisie est un chanteur célèbre en Australie. Sa renommée commença le jour où il remporta le tout premier Australian Idol en 2003 avec Angels Brought Me Here et obtint alors un contrat avec BMG. Le succès de ce titre est immense, atteignant rapidement la première place des charts australiens, et devient finalement le single le plus vendu de l’année. Depuis, il a sorti de nombreux titres dont douze top dix et six premières places dans les charts australiens tels que All I Need is You (2003), Like It Like That (2009) ou encore Like a Drum (2013). Il a aussi officié en tant que jury de The X Factor en 2010, 2011, 2012, 2015 et 2016.

Quel est donc le rapport avec l’Eurovision, me diriez-vous ? Il s’agit du tout premier représentant d’un pays qui a fait ses débuts en 2015 et dont la participation est encore controversée dans l’euromonde. Je veux bien sûr parler de l’Australie. Comment se fait-il qu’un pays d’Océanie se retrouve dans un concours européen ? Une question que beaucoup de personnes ont posé, en particulier les non eurofans. Il faut savoir que l’Eurovision est organisé par l’UER (Union européenne de radio-télévision). Les pays éligibles à la participation doivent faire partie de la Zone Européenne de radiodiffusion, (qui inclut presque tous les pays européens mais aussi Israël et quelques pays du nord de l’Afrique comme l’Algérie et le Maroc). Il est possible pour les pays étrangers de diffuser le Concours à condition de faire partie de l’Union internationale des télécommunications. Cependant, ils ne sont pas autorisés à participer à moins de recevoir une invitation de l’UER.

L’histoire de l’Australie avec l’Eurovision remonte à 1983. Pour la première fois, le diffuseur national australien SBS (Special Broadcasting Service) diffuse le concours et le fait sans discontinuer chaque année. L’intérêt grandit fortement chez les Australiens, qui deviennent l’un des publics les plus fidèles du Concours à l’étranger. Pour remercier les Australiens et le diffuseur SBS, l’organisation danoise en 2014 propose à la chanteuse australienne Jessica Mauboy d’assurer l’entracte de la seconde demi-finale. Celle-ci interprétera à Copenhague Sea of Flags avec une performance vocale… plutôt bancale. L’entracte retient tout de même l’attention. En 2015, pour les soixante ans du Concours, l’UER décide de frapper un grand coup et de proposer une invitation unique, seulement pour une année et avec qualification automatique en finale, à l’Australie. La nouvelle est surprenante, elle divise les eurofans et suscite l’incompréhension du grand public. Guy Sebastian est choisi par SBS avec sa chanson Tonight Again. Le grand soir, pour la première fois, la finale ne contient pas vingt-six participants mais vingt-sept et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Australie tire son épingle du jeu. Guy Sebastian termine cinquième !

Cet excellent résultat encourage l’UER à renouveler l’invitation en 2016 avec cette fois passage par les demi-finales. Depuis, le pays participe sans discontinuer et s’est qualifié systématiquement en finale, obtenant quatre top 10 en cinq participations. Début 2019, l’Australie obtient l’autorisation de participer pour les cinq éditions à venir, jusqu’en 2023 donc. Êtes-vous pour ou contre la participation de ce pays? En attendant, je vous invite à (ré)écouter Tonight Again, la premier titre australien à l’Eurovision.

  • Guiness world record !

Si je vous dis que vous pourrez trouver l’Eurovision dans le livre Guinness des records, me croirez-vous ? Eh bien, pour être honnête, je n’ai pas vérifié 😉 . Cela reste très probable puisqu’une chose est sûre: l’Eurovision détient un record du monde Guiness (Guiness world record). Encore une fois, revenons en 2015 où la soixantième édition est sur le point de se dérouler a Vienne. Le concours ayant été créé en 1956, un représentant de Guinness World Records remet quelques heures avant la grand finale le record du monde de la plus longue compétition musicale télévisée annuelle encore en cours au superviseur exécutif Jon Ola Sand et à la directrice générale de l’UER Ingrid Deltenre.

Cette dernière déclarera « nous sommes très heureux d’obtenir ce prix à l’occasion du soixantième anniversaire du Concours Eurovision de la Chanson. Cette compétition télévisée unique a rassemblé les Européens ensemble pendant six décennies. Alors que d’autres programmes musicaux télévisés ont existé et disparu, le concours de la chanson a survécu et n’a jamais été aussi populaire qu’en cette soixantième année ». Cette récompense est-elle méritée pour vous ? Pendant combien de temps le Concours va-t-il encore survivre ? J’espère que la réponse sera « toujours » !

  • Géopolitique !

Je tenais à discuter de ce point important qui fait débat et qui est inévitablement lié à l’Eurovision. Effectivement, quand une compétition réunit de nombreux pays situés dans mais aussi en dehors des frontière européennes, l’histoire et les relations de chaque pays joue un rôle sur le Concours. De nombreuses séquences au concours sont des preuves indiscutables que la politique – ou en tout cas ses conséquences – peut parfois s’immiscer dans l’Eurovision qui, pourtant et selon les dires de l’UER, est à visée apolitique. Certains épisodes ont été énoncés dans les excellents article de Francine Michu sur les eurodrames de la décennie. Je vais donc me concentrer sur la séquence de vote.

L’histoire européenne est si riche que de nombreuses cultures s’y côtoient. Les relations entre pays voisins évoluent énormément, pouvant devenir amicales ou au contraire hostiles. Des blocs se forment alors en Europe. Même en dehors de l’Eurovision, nous avons tendance à regrouper les pays sous différent appellations comme la Scandinavie, la Péninsule Ibérique ou encore la ex-Yougoslavie. Toutes ces régions sont révélatrices d’économies et de traditions semblables. L’échange commercial entre lesdits pays devient primordial, résultant souvent d’une histoire commune passée ou à venir.

Loin de moi l’idée de vous parler en tant qu’expert géopolitique, je n’en ai pas les qualifications requises. Je vais donc me baser sur de simples constats de ma part. En l’occurrence, ces relations entraînent la présence prévisible et parfois regrettable de blocs de pays s’échangeant presque systématiquement des points. Trois blocs ressortent pour moi: les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège, Islande et Danemark), les anciens pays qui composaient la Yougoslavie (Croatie, Bosnie-Herzégovine, Slovénie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie) et les pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie). Cette liste de blocs n’est pas exhaustive, elle est donc laissée à votre entière appréciation.

Les séquences d’échanges et les preuves sont très nombreuses, elle surviennent presque chaque année. J’ai donc décidé de me focaliser sur une seule édition, l’une des toutes premières où nous avons pu constater ce phénomène d’alliance entre pays: celle de 1966. Le cadre est simple. Dix chansons ont gagné jusque-là. Six sont en français. La colère semble monter chez les pays scandinaves qui, lors de la séquence de vote, s’échangent les points dans le but de faire gagner l’un d’entre eux. La Norvège attribue exclusivement ses points à ses trois voisins scandinaves, la Finlande et le Danemark offrent eux aussi leurs plus gros points à leur alliés. Cet échange de vote a particulièrement déplu au public qui, pour la première fois de l’histoire du Concours, hue les porte-paroles. La représentante suédoise, Lill Lindfors, alors arrivée deuxième avec son partenaire Svante Thuresson, sera elle-même persuadée qu’elle doit son résultat seulement grâce à l’accord entre les pays scandinaves.

Ces pays sont loin d’être les seuls, un duo de pays célèbre au Concours pour cette raison est le duo Grèce-Chypre. Tous deux se sont échangés quasi systématiquement les « douze points », soit la note maximal qu’un pays peut recevoir. Chypre a donné depuis 1981 348 points à la Grèce contre seulement 123 pour l’Espagne qui arrive deuxième. A l’inverse, Grèce a donné 307 points à Chypre contre seulement 146 points pour le deuxième qu’est la France.

Cependant, il faut relativiser l’influence de ses votes géopolitiques. En 1966, aucun pays nordique n’est parvenu à gagner. L’Autriche, qui pourtant n’avait atteint le top 5 que deux fois jusque-là et comptait d’or et déjà trois dernières places, s’empara de la victoire pour la première fois de son histoire ce soir-là. Concernant la Chypre et la Grèce, avoir systématiquement un douze points ne garantissait pas la qualification en finale. Chypre n’y est pas parvenu à six reprises. Par ailleurs, et ce même avant l’instauration des demi-finales, les deux pays ont plus collectionné les résultats moyens ou faibles que les bons résultats et seule la Grèce a remporté la victoire à une reprise. Enfin, une controverse a eu lieu en 2007 suite à la qualification en finale de pays de l’Europe de l’Est exclusivement et les bons résultats qu’ils ont obtenu lors de ladite finale. Cette plainte lancée par certains médias des pays de l’Europe de l’Ouest enfla tellement que l’UER fit une étude pour comparer les résultats si seuls les pays de l’Ouest avaient voté. Les résultats étaient presque identiques et le vainqueur n’était pas contesté.

Ces blocs démontrant la réalité de la situation européenne et les relations qui y sont présentes. Cependant, ils ne suffisent pas à influer significativement sur les résultats de l’Eurovision. Le pays élu vainqueur demeure tout de même celui qui reçoit le plus de points du plus grand nombre de pays. Si cela n’était pas le cas, les pays gagnants seraient souvent les mêmes. Le top 10 de chaque édition relève clairement plus de la qualité des chansons que des votes entre pays voisins. Sinon, comment expliquer les excellents résultats de l’Australie et la victoire du Portugal en 2017, jusque-là très souvent ignoré ?

Eh bien mes chers amis, ce fut une page très complète et qui fut un sujet à discussions. Les débats de tout ordre sont inévitablement lié à l’Eurovision et c’est cela qui fait le charme de ce Concours. N’hésitez pas à partager votre avis là-dessus, c’est fait pour ça ! En attendant, je vous donne rendez-vous samedi prochaine pour la suite.