Aujourd’hui, c’est notre ami Gérald, fidèle lecteur, qui partage avec nous son classement et ses souvenirs de la décennie écoulée. Nous le remercions infiniment pour sa participation à nos dix ans ! 

C’est notoire, je ne suis qu’exceptionnellement en accord avec les verdicts réels du Concours.

Sur les 56 éditions que j’ai suivi « en live » je n’ai agréé les vainqueurs qu’en 1964,1965, 1967,1969 (partiellement), 1998, 2006, 2014 et 2017 (2009 est en balance). Et placé seulement 13 fois le gagnant dans mon Top 3 !

Alors je vous propose de découvrir mes « number one » de la période 2010-2019  !

2010

J’ai écouté et réécouté les chansons de cette année là avant de me faire une religion. En effet, je suis un athée de « Satellite » qui m’a survolé de très très loin.  Alors, si pas l’Allemagne, quel pays pourra prétendre à « ma » victoire ? Pas la Slovaquie, hélas !

La Roumanie et son duo pyromane, la Moldavie et son saxo fou, la Turquie hard rock ? Finalement je me suis laissé convaincre par la prestation bosnienne ou bosniaque – je ne saurai jamais -, ce morceau pop-rock ardent, au texte à double détente (il parle à un/une compagne/on ou est-ce un appel aux peuples composants le pays ? personnellement, je penche pour la seconde explication).

Vukasin Brajic – « Thunder ans lightning »

2011

Cette fois encore, je vais être en total décallage avec les moyenne des eurofans.

Non, ce crû n’est pas si faible que certains le pensent. On y trouve de très bons titres : les islandais de Sigurjon’s friends, les géorgiens de Eldrine, les anglais de Blue…Une confidence, comme beaucoup je me suis laissé avoir par la communication de l’époque et je me suis pris à espérer une victoire française ! La performance, le soir S, m’a fait déchanter !

Et ce retour tant espéré, tant attendu de nos voisins transalpins : superbe Raphael Gualazzi !

Mais j’ai été séduit par ce brillant numéro de pop-rap grec !

Loukas Yorkas feat Stereo Mike – « Watch my dance »

2012

Les iconoclastes sont là ! Plusieurs lecteurs et contributeurs ont déjà fait part de leur absence d’  « Euphoria » pour Loreen et je confesse faire partie de la secte !

Oh, c’est un super morceau pour danser en boîte mais pour le Concours, j’ai trouvé au moins 5 autres chansons qui « le font » davantage : l’Espagne de Pastora Soler, la Serbie de Zeljko Joksimovic, la Macédoine de Kaliopi ou la Norvège de Tooji !

Et en numéro un, la solide prestation estonienne : toute en sobriété, une magnifique ballade classique, parfaitement servie…

Ott Lepland – « Kuula »

2013

Là, c’était franchement la prise de tête : je n’accroche pas à Emmelie de Forest – encore une fois, c’est bien mais sans plus, j’attends mieux d’un vainqueur Eurovision – et me perdais dans les méandres d’un concours plutôt moyen…ou pas ! Car finalement, qui cherche trouve comme disait Einstein. Ou Sheldon Cooper, je ne sais plus.

L’Islande, Eyþór Ingi Gunnlaugsson, en langue locale s’il vous plait, guilty pleasure pour sa rengaine qui s’incruste si bien dans votre crane dès la première écoute ; la Gravity de Zlata Ognevitch ou encore l’Essenziale de Marco Mengoni.

Aucun de ceux-là ! Ma chanson gagnante, certains l’ont déjà évoquée…les Pays-Bas ! Subtile !

Anouk – « Birds »

2014

Quand j’ai lu dans la presse que l’Autriche avait sélectionné « une femme à barbe » pour la représenter à l’Eurovision, j’avoue avoir craint le pire.

Mais quand je l’ai vu – et surtout entendu – en demi-finale, je n’avais plus de doute : on tenait la gagnante ! Il était évident et même nécessaire qu’elle remporte le trophée !

Ainsi fut fait, avec un suspense relatif, mais je restai crispé jusqu’au vote ukrainien !

Précisons que la deuxième place des Common Linnets m’a pleinement satisfait ; pour la suite du podium, j’aurais préféré la Hongrie (remarquable et courageux morceau d’Andras Kallay-Saunders) et l’Espagne (excellente Ruth Lorenzo).

Conchita Wurst – « Rise like a phoenix »

2015

Si on n’est pas un soutient indéfectible de Mans, il est de bon ton de se proclamer supporter de Il Volo. Et en tant que fan de la canzone italiana je devrais me ranger à cette position.

Honnêtement, je ne suis pas fou de « Grande Amore » : c’est une bonne chanson, d’accord mais c’est hyper classique et son unique mérite, c’est de trancher par rapport au flot ambiant de dance music. Et cette année nous a offert mieux, bien mieux.

On avait cette malheureuse Edurne qui méritait un meilleur sort que cette 21ème place ; le duo monstrueux norvégien ou Aminata, la diva lettone (dommage qu’elle crie un peu trop par moment). Et il y avait le morceau neuf, créatif, moderne, original !

Loïc Nottet – « Rythm inside »

2016

Est-on légitime à gagner sans gagner ? Jamala n’était la préférée ni des jurys ni du public ! Pour moi pas de problème, elle est 10ème ! Son propos, son interprétation, sa scénographie, tout m’a semblé  « over the top » mais je salue la créativité et ne doute aucunement de sa sincérité.

Je sais que sur l’EAQ on n’aime pas trop Michel Szpak, mais je le fais néanmoins monter sur mon podium à 5 marches. En compagnie de Douwe Bob, de Freddie et du beau Sergueï, dont la chanson a pour principale qualité…sa mise en scène !

Mais mon regret c’est d’avoir laisser passer l’occasion de couronner une « ozie » !

Dami Im – « Sound of silence »

2017

On dit qu’abondance de biens ne nuit pas, sauf quand il s’agit de faire un classement ! Si certaines années j’ai du mal à choisir 10 propositions dans un contexte moyen, cette année là c’est le trop plein: la multiplicité des titres de qualité provoque ma perplexité et mon hésitation.

Dans l’ordre de passage, je retiens SunStroke Project, Joci Papai, Francesco Gabbani, Jacques Houdek, Isaiah, Blanche, Kritian Kostov, Alma et même Robin Bengtsson ! Ah ben ça fait 9 ! Ne manque que mon vainqueur !

Comme 18 jury et 12 télévotes, j’accorde la palme d’or au Portugal et son vibrant néo fado qui m’a donné la chair de poule en demi comme en finale !

Salvador Sobral – « Amar pelos dois »

2018

Ce n’est qu’en lisant mon programme télé que j’ai réalisé que la semaine où je serai en villégiature en Algarve, se déroulait le Concours Eurovision ! J’ai pu voir les demi-finales à la maison puisque je ne partais que le vendredi matin. Et, une fois sur place, j’ai fait le tour des bars d’Albufeira en quête d’une soirée Eurovision. Que dalle ! Il faut dire que c’était aussi la dernière journée du championnat de football, avec la place de second comme enjeu entre Benfica et le Sporting ! Alors les soirées spéciales, elles s’organisaient autour du ballon rond !

Un peu déçu je rentre à l’hôtel pour constater que la télé de ma chambre ne capte pas RTP1, qui retransmet le Concours, mais uniquement la 2 et la 3 ! Je vais voir la réceptionniste – qui parle français – et lui expose mon problème : elle me dit que le salon télé devrait être libre ce samedi soir, le match étant diffusé sur la 2. Et en effet, j’ai pu profiter d’un salon d’hôtel désert, et assister au sacre de Netta sur écran géant !

Encore une année faste, du moins pour mon goût. Entre Melovin, Cesar Sampson, Elena Nechayeva, Michael Schulte, Eugent Bushpepa, Madame Monsieur, Mikolas Josef, Rasmussen, Equinox, DoReDos, Ryan O’Shaughnessy, j’avais du mal à choisir.

Et vint, ou plutôt vinrent, les derniers. Avec leur message humaniste, délivré avec force et conviction dans une mise en scène astucieuse.

Ermal Meta & Fabrizio Moro – « Non mi avete fatto niente »

2019

En ce temps là, je ne suivais l’Eurovision qu’environ un mois avant l’événement, cherchant au hasard de Youtube un ou deux titres dont j’avais entendu parler. Je vous l’ai déjà dit, je suis un novice en matière de sélections. Cela présente l’avantage d’être vierge de tout a priori le jour J.

Je n’avais donc aucun favori pour cette édition israélienne. Sauf un. Et comme d’habitude, il n’a pas gagné.

Est-ce le fait que ces trois derniers Concours soient récents, ou bien que la qualité augmente chaque année pour se rapprocher du sommet de mon bon goût musical ? Qu’importe, mon Top 10 est bien garni : Lake Malawi, Sergueï Lazarev, Serhat, Tamara Todevska, Duncan Laurence, Keiino, Hatari, Luca Hänni, Kate Miller-Heidke, Miki !

Et le gagnant dans tout ça ? Bien sûr, le rapper mi boudeur, mi charmeur, dont la victoire eût été un événement comparable à celle de France Gall, d’Abba ou de Dana International, la consécration d’un style musical encore trop peu présent à l’Eurovision.

Mahmood – « Soldi »

Force est de constater que le Concours Eurovision s’améliore au fil des années.

Un plus grande variété de styles s’y déploie et si on se penche sur le palmarès, que l’on apprécie ou non les lauréats, tous sont différents les uns des autres pendant cette décennie 2010. Espérons qu’il en sera de même en 2030 quand nous ferons le bilan des années 2020.

Car il faudra la prendre en compte cette édition fantôme : on en connait tous les titres !

Qu’on suive les sélections ou non, puissent les prochains Concours nous passionner autant que ces dix derniers.