La quatrième dimension musicale existe et le portail pour y accéder se trouve à Kiev. Bienvenue à ce Vidbir 2020, où expérimentations acoustiques et musiques alternatives se côtoient dans une ambiance électrique de match de boxe. La finale de la sélection ukrainienne se déroulera ce samedi. Se terminera-t-elle en pugilat général ? Dans l’attente, confrontons nos opinions au sujet de ses finalistes et de leur chanson.

LOREEN

Débutons, comme à notre habitude, par les Loreen, qui reflètent mon avis personnel. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.

Loreen est charmée par ce Vidbir 2020. D’un grand mal (en l’occurence, le terrible fiasco de l’an dernier) a résulté un grand bien. La mise au placard des grands noms habituels a ouvert la voie à de nouveaux artistes, peu connus, voire inconnus, qui ont apporté un souffle de fraîcheur à cette sélection. D’autres devraient s’en inspirer.

ChansonsCommentairesLoreen
Krutb – 99 Voilà une proposition qui redéfinit le concept même d’authenticité appliqué à l’Eurovision. Tout est absolument authentique, sincère, profond dans ces trois minutes. 99 se pose en antithèse absolue des grosses machines commerciales qui sont le lot du Concours. Cela cadre à merveille avec la volonté de l’UA:PBC d’être représenté par une chanson la plus ukraino-ukrainienne possible. À ce titre, 99 coche toutes les cases et devrait ravir les amateurs du genre. Krutb, de son côté, est en osmose totale avec sa chanson et en délivre une interprétation parfaite. Il s’en dégage une atmosphère onirique intéressante. Mais, fatalement, cette proposition est peu oecuménique et ardue à apprécier. À titre personnel, je m’ennuie vaguement et ai la curieuse impression de regarder l’Eurovision des années 90.
Jerry Heil – Vegan Il n’y a vraiment qu’à la sélection ukrainienne que l’on peut voir ce genre de propositions totalement givrées et malgré tout, appréciables et cohérentes. Vegan est, de prime abord, une chanson rigolote, presque une plaisanterie. Elle n’en demeure pas moins bien composée et écrite et s’écoute le sourire aux lèvres. Son message est cependant plus profond qu’on ne le croirait. Il interpellera toute personne confrontée aux situations évoquées et lancera bien des débats. Jerry, de son côté, est un personnage. Impossible de l’oublier. Sa sortie d’un frigo géant, lors de la demi-finale du Vidbir, est déjà un moment culte de la Saison. Ses prestations combinent justesse vocale et mise en scène élaborée. Musicalement, Vegan sonne parfaitement dans l’air du temps, mais est d’une légèreté presque anecdotique. Au final, cette proposition s’appuie plus sur ses effets visuels qu’artistiques.
Go-A – Solovey L’on revient sur des terres ukraino-ukrainiennes. Solovey est une autre proposition authentiquement authentique. Elle mêle habilement sonorités folkloriques et actuelles, en accordant la préférence aux premières. Au final, la chanson est très agréable à l’écoute et emporte ses auditeurs dans un univers intemporel. Elle n’est pas aussi anti-commerciale que 99 et me semble destinée à un plus vaste public. Go-A en offre une prestation très réussie qui rend Solovey encore plus attractif. La voix unique de Katerine rend l’ensemble fort mémorable. Une très bonne proposition qui permettrait à l’Ukraine de revenir par la grande porte à l’Eurovision.
David Axelrod – HorizonLa seule erreur de casting de cette finale. Je ne comprends pas ce que le jury a pu aimer dans ces trois minutes… Il n’y a rien à reprocher à David, qui est un excellent interprète et dont la prestation vocale ne souffre aucune critique. En revanche, sa chanson… Horizon est une ballade de l’Eurovision des années 2000. À l’époque, elle aurait fait sens. Aujourd’hui, elle apparaît ridicule et gênante. La mise en scène choisie renforce cet inconfort eurovisionesque et l’on finit par rire d’embarras devant cette meringue défraîchie. À éviter à tout prix pour un retour à l’Eurovision.
Khayat – Call For LoveUne autre proposition très réussie, qui mêle, elle-aussi, sonorités traditionnelles et contemporaines. À la différence de Solovey, ce sont les secondes qui priment ici. CFL est donc plus commercial et plus susceptible d’être diffusé sur des radios grand public. Il s’agit d’une chanson très attrayante et marquante, calibrée pour la rude compétition de l’Eurovision. Sa mise en scène fonctionne à merveille et se transposera parfaitement au Concours. Reste l’interprétation qu’en livre Khayat… Elle m’a peu convaincu et a empêché l’attribution d’une triple Loreen souriante. Khayat a opté pour une prestation vocale maniériste, pour ne pas dire maniérée qui déforce sa chanson. La perfection eurovisionesque demeure à portée de voix. À réécouter attentivement lors de la finale.
Tvorchi – BonfireUne autre excellente proposition pour cette finale ukrainienne. Bonfire est une très bonne chanson, aux sonorités résolument dans l’air du temps. Sa composition est mémorable, ses paroles portent un message en résonnance avec l’actualité. Dans les conditions du direct, Bonfire prend une nouvelle vie. Tvorchi en livre une interprétation très habitée et inspirante, bien que vocalement moins remarquable. Au final, trois minutes réussies, susceptibles de marquer les esprits au Concours. Un autre choix potentiel pour l’Ukraine.

Hormis David Axelrod, nos amis Ukrainiens ne peuvent se tromper. Les cinq autres finalistes avancent des propositions solides et convaincantes, aussi bien sur le plan musical qu’artistique. De quoi nous faire oublier les douleurs de l’an dernier.

Quant à moi, mon choix se porte sur Khayat. Son CFL est la chanson qui m’a le plus marqué dès sa première écoute et causé l’impression la plus durable. Quelque chose me dit que nous retrouverons plutôt Krutb à Rotterdam. Cela me réjouit moins, mais enfin, si nos amis Ukrainiens sont contents…

SONDAGE

À votre tour à présent de vous exprimer ! Donnez-nous votre avis.

Sur ce, rendez-vous samedi pour la grande finale !

Crédits photographiques – STB