Loreen aborde la dernière ligne droite de cette Saison 2020. Ce samedi, la Scandinavie l’attend pour trois soirées anthologiques. Débutons par la Finlande et son Uuden Musiikin Kilpailu. Vous en avez découvert les participants et les chansons, il y a quelques semaines déjà. Le moment est venu de confronter nos opinions à leur sujet.

LOREEN

Débutons, comme à notre habitude, par les Loreen, qui reflètent mon avis personnel. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.

Loreen aime cet UMK 2020. Elle est surtout soulagée de la fin de son ancienne formule, un artiste + trois chansons peu inspirées = zéro résultat.

ChansonsCommentairesLoreen
Catharina Zühlke – Eternity Une bonne tarte à la crème, bien meringuée, nappée d’un solide glaçage 100% glucose. Eternity embrasse à pleine bouche kitsch, camp et schlager. Le résultat final n’est point un baiser de la mort, ni un baiser de Judas. Plutôt un baiser délicieusement coupable. Voilà une chanson tarte et anachronique pour l’Eurovision 2020, mais qui s’écoute avec un plaisir certain et renouvelé. Le tout est porté avec aisance et talent par une Catharina n’ayant plu à prouver son aisance et son expérience scénique. Parfait pour trois minutes de finale nationale. Moins indiqué pour l’Eurovision.
Erika Vikman – Cicciolina Ceci n’est pas une chanson. Ceci est un vortex musical qui aspire toute raison dérivant en ses parages. Car, a priori, un schlager décomplexé, en version originale et mettant en exergue la Cicciolina, laisse supposer un refusé de la sélection moldave. L’on se prépare à fuir en se bouchant les oreilles… et l’on se retrouve pris au piège. Une dernière étincelle de raison eurovisionesque nous recommande de détester. Impossible. L’on finit aspiré corps et âme par ces trois minutes plus addictives que le chocolat, les sodas industriels et Netflix réunis. Pas une proposition qualitativement majeure, mais une redoutable concurrente en perspective.
Aksel Kankaanranta – Looking Back À rebours des deux propositions précédentes, LB répond aux meilleurs standards de la production musicale contemporaine. Il s’agit d’une ballade très bien produite, intelligente et digne de figurer sur bien des albums publiés en 2020. Avec cette chanson, Aksel représenterait avec brio la Finlande à l’Eurovision… 2018. Car, inconvénient majeur, Arcade et Duncan Laurence sont passés par là et leur ombre pèsera à jamais sur toutes propositions similaires ultérieures. Au final, une équation inverse à Cicciolina : une proposition hautement qualitative, mais entravée sur le plan compétitif.
F3M – Bananas Durant mes jeunes années, j’ai été fan d’à peu près tous les girlsbands qui ont fleuri sur cette Terre, des Spice Girls aux Saturdays, en passant par les All Saints, les Atomic Kitten et les Girls Aloud. F3M et son Bananas, tels une madeleine de Proust, m’ont rappelé cette époque déjà lointaine. Il s’agit d’un hommage plutôt réussi à la production musicale des années circa 2000. Trois minutes distrayantes, qui m’auront sacrément rajeuni. En prenant du recul, l’évidence apparaît : Bananas est une chanson à l’envergure artistique limitée. Très bien pour cette finale finlandaise, peu judicieux pour Rotterdam.
Sansa – Lover View Sansa met l’électro-pop à l’honneur dans ce morceau, clairement inspiré par les meilleures productions de Robyn ou de Grimes. L’on s’attend à une comparaison flatteuse, l’on y croit quelques secondes, avant que les masques tombent : LV est une chanson ayant manqué sa place sur les derniers albums de Robyn et de Grimes, faute de consistance, de profondeur, de recherche. Il s’agit là d’une agréable ritournelle électro, plaisante à écouter, mais d’une légèreté, d’une facilité quasi condamnable. De quoi meubler une finale nationale entre deux concurrents sérieux. Pas de quoi survivre à une demi-finale de l’Eurovision.
Tika – I Let My Heart Break L’UMK se conclut sur une ballade de la plus belle eau. ILMHB est une réussite du genre, un exemple évitant les écueils du kitsch et du redondant, une chanson émouvante et prenante. Tika l’incarne à la perfection et son message universel résonne aussitôt dans les cœurs et les âmes. Trois minutes qui enrichissent cette finale, mais qui, comme tant d’autres, restent convenues, bornées par le cadre étroit du genre. Une proposition solide, un choix qualitatif, mais qui hélas, ne permet plus de s’imposer à l’Eurovision.

Est-ce vraiment la peine d’organiser cet UMK 2020 ? Faut-il y passer la soirée et faire voter nos amis Finlandais ? Ne serait-ce pas plus simple de coller Erika Vikman dans le premier vol pour Rotterdam ? Cicciolina a déjà éclipsé les cinq autres chansons en lice et son interprète est déjà entrée de plain pied dans la légende de l’Eurovision. C’est, ce me semble, une évidence…

Quant à moi, Erika et sa chanson me font rire. Elles m’offriront trois minutes de plaisir sans arrière-pensée, trois minutes de folie camp, trois minutes que je reverrai avec plaisir, lors des longues soirées d’été. Néanmoins, le 16 mai venu, je voterais plus que certainement pour une chanson plus émouvante et inspirante.

SONDAGE

À votre tour à présent de vous exprimer ! Donnez-nous votre avis.

Sur ce, rendez-vous samedi pour la grande finale !

Crédits photographiques – YLE