23h advint et je poussai un grand cri :

J’eus ensuite envie de tout brûler et rebrûler :

Hélas, je dus rentrer me coucher :

Voilà résumée en trois images cette folle soirée d’hier, à la chute diabolique. Si Lena Philipsson avait été parmi nous, elle en aurait tiré cette fatale conclusion : Cela fait mal, cela fait vraiment mal, au milieu de la nuit, à la lumière du jour, vous savez à quel point cela fait mal.

Mais reprenons depuis le début !

Nous étions donc réunis mes meilleurs amis, mon beau mari et moi à Vilvorde, rieuse commune flamande de la périphérie nord de Bruxelles, où les Francophones se sentent comme à la maison (sarcasme belgo-belge trop compliqué à expliquer). Nous étions cinq, cinq professionnels de l’Eurovision désormais, à l’œil-laser aguerri, capable de détecter en moins de deux secondes l’erreur vestimentaire ou capillaire. Nous ont accompagné durant cette soirée un chien et un chat qui ont fini par s’endormir, preuve que l’Eurovision a peu d’avenir chez les animaux domestiques. À voir si les éléphants, les dauphins et les bonobos y seraient plus sensibles…

Te Deum et enthousiasme excessif de ma part. Je ressens précisément les mêmes émotions qu’enfant, à Saint-Nicolas ou à la Noël devant mes cadeaux. Pour la précision, nous avons suivi la soirée sur la VRT, guidé par les judicieux commentaires et les plaisanteries vachardes de l’excellent Peter Van De Veire (accessibles seulement aux personnes maîtrisant le néerlandais, l’on ne peut tout avoir sur cette Terre…).

Le retour de Netta fait flotter le salon entre deux eaux. Du côté des positifs, l’on souligne le courage personnel et le charisme de la chanteuse, ainsi que le caractère sympathique et joyeux de Toy. Le côté des négatifs se rappelle la déception et l’incompréhension de sa victoire l’an dernier, ainsi que le caractère irritant et creux de Toy. Puis, le silence revient : la mise en scène est excellente et la scène, très réussie. Le plafond mobile et le fond rotatif sont théâtraux à merveille. Le numéro d’ouverture finit par nous emporter dans cette ambiance unique et particulière du Concours. L’amoureuse des félins parmi nous souhaiterait se procurer le chat japonais géant derrière Netta. Tout le monde apprécie le caractère fort et le message d’acceptation soutenu par la chanteuse. Car il faut bien de la confiance en soi pour porter ce genre de robe… Le salon est alors bluffé par l’apparition des avatars. Un peu trop fugace à l’écran, hélas. Mais l’annonce d’une solide réalité virtuelle.

Entrée en scène des présentateurs. J’ai été très agréablement surpris par l’aisance, le professionnalisme et le naturel de Bar. Lucy s’est révélée aussi très bien. J’ai trouvé Assi plus crispant, avec son sourire de publicité dentaire. Erez m’aura semblé le moins bien, avec ses difficultés de prononciation et ses plaisanteries tombant à plat. Et nous voilà déjà partis pour la première chanson !

CHYPRE

Salon aussitôt sous le charme de la chanson. Excellent numéro d’ouverture, accueilli par un silence de bon augure. Chacun attentif, puis emporté par Replay. Trémoussements sur canapé. Chypre atteint son cœur de cible. Tout le monde constate la parenté avec Fuego, sans pour autant y voir un copier-coller de bas étage. Tamta intrigue. Personne n’est ébloui par sa prestation vocale. Beaucoup s’interrogent sur l’effet mouillé de sa coiffure qui rend gras-gras à l’écran. Puis sur ses bottes de latex, très fétichistes. Enfin sur son veston qui tombe pour révéler son body à breloques. Moues dubitatives… Accord final : n’est pas Eleni qui veut. Néanmoins, se conclut sous des applaudissements nourris et obtient une excellente note générale. Quant aux détails, l’un de piliers semble en rade et les effets spéciaux sur le mot « replay » sont moindre qu’attendus. Les extraits proposés n’étaient en rien significatifs du résultat final. La production est à la hauteur, les prises de vue sont parfaites et les visuels, très réussis.

MONTÉNÉGRO

Du Capitole à la Roche Tarpéienne… Moi, fataliste : autant en finir rapidement. Annonce qu’il s’agit de la plus mauvaise chanson de cette édition 2019. Peter fait une plaisanterie belgo-belge en les rebaptisant « Demol » (nom de famille très courant en Belgique néerlandophone). Le résultat est à la hauteur de mes non attentes. Amateur, mal chanté, mal mis en scène, mal chorégraphié, maladroit et forcé. Digne d’un spectacle de fin d’année par des lycéens qui n’auraient pas croisé la route de Brigitte Macron. Salon très rebuté par l’interprétation forcée et la chanson datée. Fini par être douloureux. Se conclut sur un vaste éclat de rire, Mirela nous offrant une vue plongeant dans son décolleté. Salon s’interroge : volontaire pour s’attirer quelques votes supplémentaires ?

FINLANDE

L’on est bien peu de choses… Personne dans le salon ne se souvient de Sandstorm. Compensation : personne n’oubliera ce pantalon. Bouches arrondies et yeux écarquillés. Entre dans la légende des costumes ratés. Le choc passé, le salon reste perplexe. D’une part, la chanson ne marque aucun esprit. D’autre part, la prestation vocale de Sebastian est jugée faible. J’explique qu’il est au maximum de ses capacités. Commentaires désobligeants. Interrogations sur les capacités auditives de Darude. Salon finit par s’ennuyer. Il ne se passe pas grand chose à l’écran. Chacun remarque que les trois comparses sont à des années-lumière l’un de l’autre et n’interagissent pas entre eux. Pas d’alchimie, pas d’intérêt. Ensemble mal reçu. J’ai une pensée émue pour le chef de délégation finlandais qui aura encore le plus grand mal à trouver un représentant l’an prochain. Enfin, moi, j’ai bien quelques idées : Krista Siegfrids, Mikael Saari, Heli Kajo… Mais comme Anssi Autio ne me demande jamais mon avis…

POLOGNE

Proposition polonaise mieux reçue par le salon qu’escompté. Moi, déjà en mode « yeux-au-ciel-soupirs-de-cheval-exaspéré ». Mais les autres, plutôt appréciatifs. Aiment la musique et les harmonies des voix. Plus réservés sur cette interprétation en voix de tête et surtout, sur les costumes. Trouvent qu’ils vieillissent les chanteuses. Moi, je m’ennuie. Eux, passent un bon moment et attribuent des notes correctes. Je m’interroge sur les probabilités de qualification. Trouveront-elles leur public ? Salon d’accord : dans la zone grise pour l’instant. Pourraient, ne pourraient pas. Petite prière à part moi pour qu’elles restent à quai. Si j’avais su…

SLOVÉNIE

Peter ironise sur les propriétés somnifères de la chanson. Effet médicamenteux immédiat sur le salon. Certains protestent de l’ennui suscité par Sebi. Je ne pense qu’à une seule chose durant ces trois minutes :

Proposition slovène par conséquent mal reçue. Obtient des scores indignes. Personne ne comprend l’intérêt de la chose. Gasper ne regarde jamais la caméra et fait semblant de jouer de sa guitare. Tandis que Zala est inerte derrière son micro. Puis soudain, curieuse collision. Quelqu’un trouve que ces deux-là ont tout pompé sur Madame Monsieur. Les écailles me tombent des yeux. La parenté est de fait intrigante. Concept proche, très proche. Pourquoi n’ai-je pas vu cela plus tôt ? Quoi qu’il en soit, en cet instant, intimement convaincu qu’on ne les reverra plus. Naïveté d’Eurofan, car en Enfer :

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Trois minutes bienvenues après pareil tunnel de chansons déplaisantes. Salon conquis sur le champ par la bonne humeur d’Albert et les aspects primesautiers de FOAF. Rires car à eux trois, reconstituent le drapeau belge, noir-jaune-rouge. Salon se dandine en rythme. Remarquable prestation vocale d’Albert. Mise en scène dynamique, effets visuels très réussis. Salon acte les hommages et réminiscences aux années 80. Conquis. Moi, admiratif du chemin parcouru et de l’inventivité du visuel. Lors de leur sélection, je n’aurais pas donné cher de leur peau. Ici, leur qualification semble une évidence. Salon d’accord : nécessaire les revoir en finale. Deux années de suite, serait un exploit historique pour la République Tchèque. Prochaine étape : ramener la Slovaquie. Trois minutes tchèques se terminant dans les applaudissements généraux. Bravo !

Passage dans la green room. Coucou Sacha Jean-Baptiste ! Erez a le malheur de tomber sur une Eurofan perdue dans l’euphorie du moment. Sa blague tombe à l’eau, la charmante demoiselle semblant ne pas l’entendre. Moment gênant, suscitant le rire de Peter.

HONGRIE

Salon reconnait immédiatement Joci de 2017. Bémol : n’ont pas retenu la chanson, seulement la cruche. Premier fou rire de la soirée. Encore un accessoire eurovisionesque à entrer dans la légende… Proposition 2019 laisse le salon froid. Reconnait que la chanson est belle, que Joci est très bon interprète, que le visuel est réussi. Mais laisse tout le monde de marbre. Moi-même, j’apprécie la simplicité authentique de ces trois minutes, mais ne suis pas très enthousiaste pour décrocher mon téléphone. Je propose de mettre la Hongrie en balance avec la Pologne. Salon préfère sauver la Pologne. Jusque-là, j’étais convaincu d’une qualification hongroise. Premiers doutes m’assaillent, tandis que les notes médiocres s’accumulent.

BIÉLORUSSIE

Effet de balancier cette fois. De la sobriété, l’on atterrit dans la surenchère. Peter se moque de la profondeur des paroles de LI. Le temps de tout voir, de tout distinguer, de tout comprendre, le salon plonge dans le silence. Surpris à nouveau : aurais cru que la proposition biélorusse ferait l’objet d’un rejet immédiat. Eh bien, non ! Après s’être creusé le cerveau, certains reconnaissent Zena de l’Eurovision Junior. D’autres s’amusent de sa tenue, jugée de mauvais goût. Admiratifs de ses talents vocaux. Mais ne condamnent pas la chanson. Superficielle, mais dérivatif amusant après tant de propositions plombantes ou ratées. Moi, je continue à trouver le tableau surchargé et brouillon. Loin d’être passée par les armes, la Biélorussie obtient des notes moyennes. Irruption finale des lunettes de soleil m’achève. Je n’aime vraiment pas. Deux heures plus tard, je réaliserai avoir été l’un des rares Européens de cet avis…

SERBIE

Nouveau balancier, l’on en revient à une proposition tout en sobriété. Salon aussitôt frappé par les bijoux métalliques de Nevena. Se questionne sur leur poids, puis sur leur intérêt. Se demande comment elle est parvenue à franchir les portiques de sécurité de l’aéroport Ben-Gourion. Plaisante sur ses bracelets de bras, qui ressemblent à des porte-plumes. Finit par remarquer la tartine de maquillage sur le visage de Nevena. Puis par rire de la jambe nue. Se demande si la chanteuse se tient jambes écartées durant trois minutes. Bref, parle de tout sauf du principal : de la chanson. Rappelé à l’ordre, se montre dubitatif et peu convaincu. Ballade sans intérêt. Certes, Nevena chante bien. Mais ennui diffus, que même les ventilateurs ne parviennent pas à chasser. Moue dubitative générale. Dans mon for intérieur, convaincu qu’elle se qualifiera car toujours public pour ce genre de propositions.

BELGIQUE

Le moment crucial est arrivé. Chacun se redresse sur son canapé et se tend en direction de l’écran. Réactions prévisibles et attendues : Eliot a l’air d’un ado égaré là. Sa coupe de cheveux ne le flatte guère. Il a l’air aussi paralysé que Blanche, l’air de lapin paniqué en moins. Ses gestes sont empruntés et artificiels. Constat général : il manque de décontraction et il aurait mieux fallu encore le laisser immobile, comme Blanche. Salon apprécie WU, chanson moderne et bien produite. Trouve l’ensemble, visuel et mise en scène, plutôt réussi. Apprécie prestation vocale d’Eliot. Moi, très critique sur les tambours. Les trouve idiots. Mais ne choquent pas les autres. En revanche, consensus négatif sur cette veste de parachutiste, tout de même créée par Walter Van Bereindonck. Personne ne comprend son intérêt. Plaisanterie sur sa possible ouverture en fin de numéro et la disparition d’Eliot dans les cimaises de la salle. Plaisanteries mises à part, salon plutôt convaincu par les trois minutes belges. Moi aussi, malgré tout. Proposition musicalement solide et contemporaine. Vu la concurrence, chacun certain que nous passerons en finale. Pendant ce temps-là, en Enfer :

GÉORGIE

Salon plongé dans la perplexité la plus complète. Après un long silence, certains avouent qu’Oto leur fait peur. De fait, le chanteur géorgien a décidément un regard et des expressions faciales qui intimident. Par ailleurs, le salon a du mal à cerner la chanson géorgienne. KOGn reçoit un accueil très mitigé. Les choristes surprennent. L’on distingue clairement les emprunts scéniques et vocaux à l’opéra. J’avais encore quelques espoirs pour Oto, mais les réactions du salon les dissipent. Les notes sont médiocres et les avis sont définitifs : Oto fait vraiment peur.

AUSTRALIE

Salon, bouche bée de stupéfaction. Silence total, tandis que le public dans la salle se déchaîne. Certainement la prestation la plus ovationnée de la soirée. Kate, géniale, extraordinaire, éblouissante. Réalité virtuelle extraordinaire. L’un des visuels les plus réussis de l’histoire du Concours. Restera à jamais dans les mémoires. Prestation vocale exceptionnelle. Salon emportée dans les airs. Moi, les larmes aux yeux. Brillantissime. Salon impressionnée par la réalisation et surtout, le sang-froid nécessaire pour interpréter son morceau sur ce pilier flexible. Adore par ailleurs la chanson. Cinq personnes unanimes et enthousiastes. Se conclut dans les plus vifs applaudissements de cette demi-finale. Obtient l’une des meilleures notes de notre histoire personnelle. Certains convaincus même qu’elle pourrait remporter la victoire, samedi. Peter lui-même est estomaqué et en perd le fil de ses commentaires. Bref, en un mot : un triomphe.

Retour dans la green room. Coucou Assi ! Bar perd sa contenance. Oh, Eliot ! Son professeur d’anglais doit être si fier de lui…

ISLANDE

N’importe qui d’autre aurait été mis en péril de devoir ainsi passer après pareil enchantement australien. Mais pas Hatari. Seuls eux pouvaient relever le défi. Ils le firent, avec brio. Salon, à nouveau mutique. Bon signe : la prestation islandaise a immédiatement capté l’attention. Mise en scène et visuel très réussis. J’adore. J’adore tout dans ces trois minutes. Salon fasciné. À une exception près, qui déteste absolument. Quatre personnes s’enthousiasment donc pour la chanson et la présentation. La cinquième fait une violente réaction allergique. Attendu et sans doute représentatif des sentiments des téléspectateurs européens et australiens. Salon s’interroge : effets vocaux sur les micros ? Même pas. Génial dans son genre. Salon rit : absolument pas familial, ni grand public. Reçoit de belles notes, sauf une, la plus sévère de la soirée (4/20). Moi, convaincu qu’ils se qualifieront.

ESTONIE

Peter compare Victor à Keanu Reeves. Salon immédiatement rebuté par prestation vocale de Victor. De fait, aussi peu convaincant qu’à l’Eesti Laul. J’ai juste envie de me boucher les oreilles. Douloureux. Mise en scène insipide et au final, inintéressante. Salon trouve la chanson passe-partout et peu inspirée. Moi, déçu du résultat à l’écran. J’attends tout de même le fameux passage en réalité virtuelle. Tombe de haut. C’est tout ? Insert risible. Remboursez ! Victor souffle de soulagement dans son micro. D’une classe folle… Salon très peu convaincu au final. Attribue des notes médiocres. Tout ça pour ça…

PORTUGAL

COOONNNAAAANNNN ! Je suis hystérique sur mon canapé. Je sautille, je crie, je renverse d’extase, sous les yeux incrédules des autres. Excellente surprise : la production est parfaite. Les prises de vue sont remarquables. L’ensemble est génial et mémorable. Conan magnétise le regard et se grave aussitôt dans les mémoires. Salon est emporté et adore la proposition portugaise. Du grand art ! Je suis stupéfait de la qualité de l’ensemble, après ces semaines de répétitions incertaines et manquées. Salon apprécie beaucoup la chanson. Les notes générales sont excellentes. Final anthologique. Ces trois minutes se concluent par une longue salve d’applaudissements. Je suis aux anges. Mission accomplie pour le Portugal ! Rendez-vous samedi ! Pendant ce temps-là, toujours en Enfer :

GRÈCE

Peter semble sous le charme de Katerine, moins de sa mise en scène. Salon uni en pensée avec notre meilleur ami grec… qui au passage n’aime pas du tout cette proposition 2019. Salon apprécie BL. Trouve frais et contemporain. Aime aussi prestation vocale de Katerine et visuel, bien qu’un peu chargé. Très belles images de fond. Moi, suis sous le charme. La Grèce retrouve le chemin de la réussite eurovisionesque. Se termine par quelques applaudissements et des notes appréciatives.

SAINT-MARIN

Déjà le temps des regrets, car voici venue la dernière chanson. Salon ne se souvenait plus de Serhat. J’enfile mon costume de Schtroumpf grognon et entreprends la destruction méthodique de cette proposition saint-marinaise. Salon attend de voir, voit et part dans un immense fou-rire. Prestation vocale affreuse, chorégraphie idiote, mise en scène maladroite, chanson débile. Immense éclat de rire de trois minutes. L’Eurovision dans ce qu’il a de plus risible. Certains trouvent l’ensemble presque génial, tant il est mauvais. Serhat s’attire sarcasmes et moqueries. Aussi mauvais acteur que chanteur. Moi, désespéré que l’on puisse présenter pareil numéro au Concours. Une boucherie musicale. Salon éprouve malgré tout une irrésistible attraction pour SNNN. Du rire à l’état brut. Or le salon aime rire devant l’Eurovision. Sanctionne Serhat et ne votera pas. Mais rire, rire, rire… En cet instant, je suis convaincu que le pire est passé et que l’on n’en parlera plus. Peter lui-même semble catastrophé du spectacle. Mais en Enfer, quelqu’un est d’un autre avis :

Tous les concurrents étant passés, chacun se penche sur son tableau de vote. Une unanimité se dessine pour la première place, l’Australie, et pour la dernière, le Monténégro. Quant à moi, voici mes qualifiés personnels, en concordance avec mes impressions au terme des répétitions : Australie, Islande, Portugal, Grèce, Chypre, République Tchèque, Belgique, Serbie, Hongrie et Géorgie. En cet instant précis, j’ai l’impression que ce pronostic réaliste se concrétisera. Ô combien étais-je dans l’erreur…

Place aux entractes !

Salon interloqué par le retour de Dana International. Certes, personne ne l’a oubliée. Mais personne ne la reconnait. Presque un nouveau visage… Merci la chirurgie esthétique. La voici qui ressemble à Cher… Son morceau rencontre un accueil tiède. Mais la kiss camera est très réussie, bien dans l’esprit de l’Eurovision.

Apparition de Roksana. Hello Roksana ! Salon a conservé un excellent souvenir de la gagnante Junior 2018, de sa chanson et de ce très réussi dimanche après-midi de novembre. Comme nous nous étions amusés !

Certainement l’une des meilleures vidéos d’entracte de l’histoire du Concours ! Un documentaire d’Arte m’avait introduit à Kutiman et ses réalisations prodigieuses. L’artiste réalise ici une petite merveille de compilation. Depuis hier soir, je l’ai déjà revue des dizaines de fois. Tant de chansons, tant de visages, tant de souvenirs. L’Eurovision demeure un événement mémoriel à nul autre pareil. Et que serait ma vie devenue sans l’Eurovision ? Aurais-je vécu autant d’intenses moments, de vives émotions, de soirées de joie et d’amitié ? Aurais-je été aussi heureux ? Non.

Au tour des trois qualifiés automatiques. À commencer par Miki. Assi le chambre sur sa fameuse photo. Prête encore à sourire.

Salon reçoit positivement l’extrait de La venda. Chanson dansante et joyeuse, qui plaît à première écoute. Moi, je suis plus réservé sur le visuel très chargé et collant peu à l’esprit de fête simple et légère du morceau. Par ailleurs, Miki semble essoufflé. Une première qui met en question la mise en scène…

Au tour de Bilal. Salon trouve qu’il ressemble à Barbie. Je ris. Mais salon impressionné par sa maîtrise de l’anglais.

Salon a assisté à sa victoire à Destination Eurovision, connaît déjà la chanson par cœur. Bonne impression générale de l’extrait. Ni rejet, ni enthousiasme. Quant à moi, incertain.

L’on termine avec Kobi. Salon sceptique quant à son costume et à sa chanson. Loin d’être convaincu. Moi, je lève les yeux au ciel (où d’autre ?). Kobi en rajoute des couches et des couches d’émotion surjouée sur Home. Soupirs…

Ah ! Ah ! Le grand moment est enfin arrivé. Chacun se tend sur son canapé ! Petit message confus de Jon Ola. Et c’est parti pour l’un des moments les plus choquants de l’histoire des demi-finales…

La qualification de la Grèce est accueillie avec des hochements de tête et des murmures d’approbation. Puis… la Biélorussie ! Salon, un peu surpris. Moi :

La Biélorussie !? Je réalise soudain que la soirée se terminera tragiquement, car si Zena est ainsi parvenue à se qualifier, d’autres suivront ses traces…

Annonces attendue pour la Serbie et Chypre. Puis… l’Estonie ! Tous :

Salon incrédule, tant Victor a mal chanté et que sa prestation s’est révélée sans intérêt… Je me ratatine sur mon siège. Pendant ce temps-là, sous nos pieds :

Applaudissements et soulagement quand sont annoncées la République Tchèque, l’Australie et l’Islande. Mais horreur et consternation : il ne reste plus que deux places ! En cet instant, je suis convaincu qu’elles seront pour le Portugal et la Hongrie. C’est alors le drame… Saint-Marin !

Comment est-ce possible !? SAINT-MARIN !? Le mec a massacré sa chanson ! Plongée dans la quatrième dimension… Qui a voté ? Qui a voté en âme et conscience ? Quel juré a attribué des points à cette prestation ? Je suis sous le choc, au bord des larmes. Il ne reste plus qu’une place. J’abandonne lâchement la Belgique et prie que ce soit le Portugal. Le salon me rejoint. Et là, le coup fatal… la Slovénie !

C’est la toute première fois en vingt-et-un ans que je hurle ainsi devant l’Eurovision. Même lorsque Kate Ryan s’était fait éliminer en demi-finale, je n’avais pas poussé un tel cri de désespoir. Conan Osiris éliminé en demi-finale ? Au profit de Serhat, Zena et des deux gusses slovènes ? Dans quel monde vivons-nous, ma bonne dame, dans quel monde…

CONCLUSION

Depuis que nous suivons ensemble l’Eurovision, nous nous sommes rarement autant trompés sur les qualifiés : à peine 6/10. Voici notre classement final commun :

  1. Australie – 17,9
  2. Portugal – 16,3
  3. République Tchèque – 16
  4. Chypre – 16
  5. Grèce – 15,3
  6. Belgique – 14,8
  7. Islande – 14
  8. Pologne – 13,2
  9. Biélorussie – 12,3
  10. Hongrie – 12,2
  11. Serbie – 12,1
  12. Estonie – 10,9
  13. Saint-Marin – 10,8
  14. Géorgie – 10,6
  15. Slovénie – 9,7
  16. Finlande – 8,4
  17. Monténégro – 7,1

Cette demi-finale aura été historique à plus d’un titre pour notre groupe. C’est la toute première fois qu’une chanson récolte d’une note aussi haute : 17,9 pour l’Australie, un score exceptionnel. L’indice que Kate Miller-Heidke a touché les téléspectateurs et l’annonce qu’il faudra compter avec elle, samedi prochain. Mais c’est aussi la première fois qu’une chanson placée si haut dans notre classement (le Portugal) est éliminée et qu’une chanson placée si bas (la Slovénie), se qualifie. Il sera plus qu’intéressant de découvrir le détail des votes.

Vous constaterez au final que nous aurions qualifié le Portugal, la Belgique, la Pologne et la Hongrie. Ce qui se rapproche curieusement des résultats de Votre Eurovision… Quelle conclusion tirer de tout cela ? Que décidément entre l’Euromonde et la réalité, il y a un fossé béant. Ce que des Eurofans exigeants ne peuvent plus admettre, des téléspectateurs lambda l’embrassent. Je tremble à présent pour les résultats de jeudi et de samedi… Maman !

Et c’est ici que se termine ce compte-rendu ! J’espère que de votre côté, vous avez passé une aussi bonne soirée que la nôtre. Nous nous retrouverons vendredi sans faute pour le compte-rendu de la deuxième demi-finale ! À très bientôt !