Salut les amis !!  « Sélections à l’affiche », c’est l’occasion de se focaliser sur une sélection Eurovision nationale en particulier (et Dieu sait qu’il y en a eu un paquet) d’un pays européen, d’une année antérieure, voire très antérieure…  En gros, on refait entre nous et pour nous, l’histoire des sélections.  🙂

Le petit plus, qui rend le concept encore plus intéressant, est que vous pourrez VOUS AUSSI voter. Comment ? Rendez-vous en fin d’article pour savoir comment procéder.

Montez dans la machine à remonter le temps et bouclez votre ceinture. Cette fois-ci, destination le pays des Lumières, des droits de l’Homme, de la baguette et des fromages  🙂 Vous l’aurez compris, nous ne partons pas bien loin puisque nous restons en France.

Les lecteurs aguerris l’auront reconnu et en seront peut être étonnés, mais j’offre à cet article une nouvelle visibilité car il n’a pas eu au moment de sa 1ere diffusion le succès escompté. Pour les nouveaux venus, bienvenue et bonne lecture. 🙂

 

Nous remontons jusqu’en 1973, précisément le mardi 6 mars à Paris dans les célèbres studios des Buttes Chaumont. Une émission malheureusement en noir et blanc, car diffusée sur la 1ere chaîne de l’ORTF qui ne passera à la couleur qu’en 1975, contrairement à la deuxième chaîne qui était déjà colorisée depuis 1967, ainsi que la troisième chaîne, tout juste née deux mois auparavant.

Allez, vous êtes prêts ?? C’est parti !!

Après une sélection télévisée au résultat mitigé l’année précédente, puisque la lauréate, Betty Mars, n’a fini qu’à une modeste 11eme place (sur 18 participants) au concours 1972, l’ORTF décide à nouveau d’organiser une sélection. A la présentation, le sympathique et regretté Pierre Tchernia qui était le commentateur phare du concours dès 1958.

Contrairement à l’année précédente, nous n’avons pas droit au classique 10 chansons avec 10 chanteurs différents. En effet, un format inédit est proposé. Trois interprètes ont été choisis au préalable :

  • Martine Clémenceau, (gagnante du festival Yamaha Music en 1971, présente parmi les 10 finalistes de la sélection 1972)
  • Anne-Marie Godart, (présente sur la liste des chansons reçues par l’ORTF en 1972, non retenue, et finalement choisie comme interprète par Monaco en duo avec Peter Mac Lane)
  • Daniel Béretta (finaliste lors de la sélection 1970 en duo avec Isabelle Aubret).

 

96 chansons ont été reçues par l’ORTF, chiffre en légère baisse puisque 110 contributions avaient été reçues l’année précédente. Sur ces 96 chansons, 41 ont été éliminées dès la première écoute par un jury de pré-sélection. Les 55 chansons restantes ont donc été réparties entre les trois interprètes. Ce jury de présélection a sélectionné ensuite 6 chansons pour cette finale nationale télévisée.

Manque de pot pour lui, aucune chanson interprétée par Daniel Béretta n’est retenue. C’était bien la peine de l’avoir convoqué d’office… 🙁

Il y aura quand même un interprète masculin dans cette finale, puisque le compositeur d’une chanson a tenu à tout prix à interpréter lui-même son morceau. Il s’agit de Jean-Pierre Savelli (Rose d’or d’Antibes en 1972). Après avoir connu une petite renommée pour avoir interprété des génériques de dessins animés à succès (Albator en 1978, Il était une fois l’espace en 1982,…), il connaitra vraiment le succès en 1984. Mieux connu sous le pseudonyme de Peter, il chantera le tube « Besoin de rien, envie de toi » en duo avec Sloane.

Regarde, le jour se lève….

Au départ, Anne-Marie David, (présente parmi les 10 finalistes de la sélection 1972) avait été également retenue comme interprète… mais ayant déjà donné un accord de principe à RTL Luxembourg, elle refuse donc la proposition de l’ORTF, qui lui en tiendra rigueur. Suite à sa victoire au concours, elle a été boycottée en France et n’a pas été invitée sur les différents plateaux télé de variétés de l’époque pour promouvoir Tu te reconnaitras. La chanson ira quand même jusqu’à se hisser #4 une semaine dans les charts français mais n’aura pas le même succès qu’Après toi, le Grand Prix précédent, solidement implanté #1 pendant 5 semaines consécutives.

Fallait vous décider plus tôt…

Voilà pour le décor ainsi que pour la petite histoire de la mise en place de cette sélection… Bon trêve de bavardages et maintenant PLACE A LA CHANSON  !!  😉

Y a-t-il eu un tirage au sort pour déterminer l’ordre de passage ou est-ce une volonté de la production de faire passer les artistes les uns après les autres pour interpréter toutes leurs chansons ? La question est posée…

Est ce un parti pris de ma part mais les morceaux présentés dans cet article sont ceux sur disque, dans la mesure du possible, car ils sont bien mieux interprétés, orchestralement parlant, que lors de cette finale.

  • Chanson n°1 : Je suis venue de loin par Martine Clémenceau

 

  • Chanson n°2 : L’arlequin par Martine Clémenceau

  • Chanson n°3 : Sans toi  par Martine Clémenceau

  • Chanson n°4 : Pas un mot, pas une larme par Anne-Marie Godart

  • Chanson n°5 : Lui, il ne saura jamais par Anne-Marie Godart

 

  • Chanson n°6 : Oui, je t’aime par Jean-Pierre Savelli

  •  Votes et résultats :

Après avoir écouté les 6 chansons, qui avaient déjà été diffusées moult fois sur France Inter la semaine précédant la tenue de cette sélection, un jury de 40 personnes au total, vote. Ce jury est composé de 20 spectateurs lambda, de 10 journalistes, chacun venant d’un quotidien différent et de 10 personnalités du spectacle (dont Serge Gainsbourg, Rosy Varte, Jean Lefebvre, Marcel Carné ou encore Henri Verneuil). Chaque personne vote secrètement à l’aide d’un bouton-pressoir et peut voter pour toutes les chansons qu’elle aime. Son vote compte pour une voix, ce qui veut dire qu’une chanson peut avoir un total compris entre 0 point (si personne n’a appuyé sur son bouton) et 40 points (si chacun a appuyé)…

Mais alors qui a gagné ?? Telle est la question que tout le monde se pose… Allez, fin de l’angoisse. Voici les résultats détaillés via ce superbe tableau de points créé par l’ORTF pour l’occasion et dont Pierre Tchernia en fait l’éloge dans ses commentaires…

Constat : la chanson gagnante ne recueille que 21 voix sur 40 possibles (soit une note de 10,5/20), ce qui est loin d’être un consensus. Les 5 autres chansons n’obtiennent franchement que des miettes.

Le jury de la presse a été particulièrement sévère, en n’attribuant au mieux qu’un 3/10 à deux chansons.

  • Sélection à succès ou pas ??

Au niveau des ventes, 4 chansons sur les 6 proposées sont sorties dans le commerce. A ma connaissance et avec quelques recherches sur le net, seules « Je suis venue de loin » et « Lui, il ne saura jamais » n’ont pas bénéficié de pressage sur disque. « Sans toi » et « L’arlequin » sont sorties sur le même disque. Aucun titre ne réussit à se classer dans le top 20, classement trusté à l’époque par Sheila & Ringo (mariés une semaine après cette sélection) et leurs Gondoles à Venise.

 

  • Ressenti personnel :

1) Je trouve le niveau médiocre musicalement parlant. J’ai un peu de mal à croire que sur les 96 chansons reçues, ce sont les 6 meilleures auxquelles nous avons eu droit. Certains trésors ont certainement dû passer à la trappe. Après les résultats très moyens aux concours de 1971 et 1972, on aurait pu penser que l’ORTF aurait fait un effort dans la qualité des chansons choisies… Et puis ces orchestrations « cheap » lors de cette sélection sont loin d’améliorer le potentiel de chaque chanson, bien meilleures en version disque.

2) Après, pourquoi n’avoir retenu que trois interprètes ? Je ne retire en rien les qualités d’interprète de Clémenceau, de Godart, de Béretta ou de Savelli mais ce choix est très réducteur quant à la possibilité des palettes vocales offertes. De plus, ce n’est pas parce que ce sont de bons chanteurs qu’ils peuvent chanter tout et n’importe quoi.

3) Un autre point, la méthode de vote est très contestable.. C’est soit « j’aime donc je vote » ou « je n’aime pas donc je ne vote pas », qu’on peut retranscrire par 1 ou 0. Quand on voit que le système de vote de l’époque était plus nuancé avec un système de points allant de 1 à 5, on peut se dire que certaines chansons ont perdu pas mal de points…

4) Autre critique, le choix des votants. Déjà 40, je trouve que ça fait beaucoup trop. Après, quand on voit le profil des 20 spectateurs, on s’aperçoit qu’il y a quand même pas mal de femmes d’un âge certain, (elles n’ont que ça à faire…) la célèbre ménagère est à mon avis surreprésentée…

  • Solutions proposées :

Le problème majeur vient pour moi de l’échantillon choisi ainsi que du système de vote. Un jury de 20 personnes aurait été largement suffisant, je pense. 10 hommes, 10 femmes dont 10 personnes de plus de 25 ans, 10 de moins de 25 ans et de différentes catégories socio-professionnelles. Ces 20 personnes auraient noté toutes les chansons de 1 à 5 et le tour était joué. C’est d’ailleurs le système qu’utilisait l’Allemagne depuis 1971 (avec 10 votants et non 20) et cela lui a plutôt réussi, puisqu’elle a aligné trois top 8…

Une orchestration de qualité aurait également été la bienvenue afin d’offrir aux écoutants de meilleures versions musicales que celles proposées… Car là c’était vraiment trop la honte…  🙁

  • La suite, un mois plus tard… Et après…

Le 7 avril 1973, sur la scène du Grand Théâtre à Luxembourg, Martine aura beau être tout sourire et donner le meilleur d’elle même, elle ne sera récompensée que d’une 16ème place sur 17 participants avec 65 points… Autrement dit avant-dernière et moitié moins de points que la chanson lauréate… Une sacrée claque… Sa meilleure note n’aura été qu’ un seul 7/10…  Son classement est pour moi une grosse déception, elle méritait largement le top 5… 🙁  🙁  🙁

Un début d’explication peut être donné en disant qu’elle ressemble un peu trop au Grand Prix de l’année précédente, « Après toi », tant par son titre que par sa tenue vocale.

Ce terrible résultat mettra un coup de frein à sa carrière qui aurait dû exploser et qui n’en sera que modeste… Trois pics de célébrité toutefois : en 1975, « Amore vai » remporte la rose d’or d’Antibes, en 1977, « Quelquefois » un duo avec Claude François puis en 1981, « Solitaire » repris ensuite en 1983 par Laura Branigan qui connaitra le succès aux Etats-Unis.

Deuxième coup dur : Claude François, suite à leur duo, décide de reprendre en main la carrière de Martine en 1977, mais décède en 1978… Quand le destin s’acharne….

Désormais, à 69 ans, elle semblerait être toujours en activité dans le monde musical…

 

  • A vous de jouer !!!

Les votes sont ouverts pour cette sélection française 1973. Le système de votes est le suivant : classez les 6 chansons de 1er à 6eme selon vos goûts en commençant par votre préférée et en finissant par celle que vous aimez le moins. Puis, veuillez attribuer  :

  • 7 points à votre chanson classée 1ère
  • 5 points à la chanson classée 2ème
  • 3 points à la chanson classée 3ème
  • 2 points à la chanson classée 4ème
  • 1 point à la chanson classée 5ème
  • 0 point à la chanson classée 6ème.

 

Envoyez vos votes à l’adresse suivante : votes.eq(at)yahoo.com jusqu’au 31 mai inclus. Attention, seulement 15 jours pour voter !

Veuillez préciser dans l’objet du mail votre pseudo et la mention « F 73 ».

 

Pour rappel, voici à nouveau les 6 chansons sous forme d’une playlist.

 

🙂  Merci d’avance pour votre participation. On se retrouve début juin pour l’annonce des résultats. D’ici là les amis, portez vous bien et… votez nombreux !!!!   😉