« – Davidna ! DAVIDNA ! André C. au téléphone ! »

Générique.

Je dévalais les marches quatre à quatre, et pris le combiné des mains de Markus, que j’envoyais rejoindre ses amis en cuisine en vue de la longue préparation du couscous Terre et Mer du dîner, ce en respectant la distanciation sociale d’un mètre que n’ont guère l’habitude de respecter mes gars d’ordinaire.

« – Allô Davidna ? »

« – Ce n’est pas trop tôt. Il vous faut tant de temps que ça pour écouter un titre de trois minutes ? »

« – Désolé, j’ai un travail et puis je prépare le Quorovision… »

« – Et moi aussi, que croyez-vous, venez-en au fait. »

« – Bon… Davidna, je ne vous cache pas que c’était un peu déconcertant. »

Ah ?

« – Franchement, « Love in the Tropico », en 2020, vous êtes sérieuse ? Vous vous êtes crue dans les années 80 ou quoi ?

Pardon ?

« – Je vous avais dit que c’était une relecture de Gigi in Paradisco 2.0… »

« – Ah mais n’en parlez même pas, parce que là Dalida, la pauvre elle doit se retourner dans son tombe, parce que c’est franchement inécoutable, je n’ai jamais entendu un truc aussi ringard de ma vie, vous m’entendez ? Ça fait encore plus cheap que le pire du cheap, et c’est rare que je dise ça. Franchement, à côté, je crois que je préfèrerai passer vingt-quatre heures à écouter « Puerto Rico » de Kamil Show plutôt que réécouter votre titre une deuxième fois, parce que là, c’est plus l’Enfer que les Tropiques. Même Saint-Marin n’aurait pas osé en 2008. « 

« – Parce que Kamil Show, c’est comme l’arménienne, au moins ils assument le truc jusqu’au bout, tandis que là, vous n’assumez rien du tout. Vous croyez que c’est vintage, alors qu’en fait c’est juste ringard quoi. Vous êtes ringarde, Davidna. »

Le coup de grâce.

« – Il suffit, André. Parce que vous voulez que je vous dise la vérité ? Vous êtes un mauvais eurofan, André. Et qu’est-ce que j’y peux si vous n’avez pas de goût ? »

« – Ça va un peu le melon ? Vous vous prenez pour une grande artiste, alors que vous n’avez que le génie du pire. Comment pouvez-vous … ? « 

Et c’est ainsi que je raccrochais. Je m’emparais du seul vase dont je disposais sous la main, ramené d’un antique séjour sur les ruines athéniennes de la Grèce Antique à l’occasion du concours 2006, pour lequel j’avais réussi à négocier tant bien que mal un billet au marché noir local et le lançais contre le mur, évitant de justesse Markus, revenu inquiet et un poulet embroché à la main. C’est alors que je l’envoyais paître d’un coup sec, prenant lunettes de soleil et clés pour sauter dans la voiture, n’omettant pas au passage de briser l’assiette biélorusse sur le mur des délégations qui ornait l’entrée de ma modeste demeure.

« – Daviiiiidna ! Revenez ! Votre compte bancaire est vide ! » Markus me poursuivait, mais trop tard. Telle une championne de Formule 1, je démarrais la Twingo qui avait survécu à un retour clandestin d’Andorre, où j’avais dévalisé Hiper Pas en vue de la mise sous cloche de la France, que j’effectuais en descente continue sans le frein à mains jusqu’à l’Hospitalet-près-l’Andorre, ce qui fut pour moi source de fierté … et d’économies, anticipant la future plongée du PIB (et de mes revenus avec).

Au diable les autorisations de sortie, fougueuse et irrévérencieuse, j’avais pris la route en direction de l’hypermarché du coin au son de Casanova. A l’époque, emmitouflée dans ma combinaison de ski au-dessus des pistes de Soldeu, j’avais moi-même proposé d’interpréter ce titre à la délégation – les coups de couteau dans le dos ne sont que meilleurs s’il s’agit de les donner à des amies – n’est-ce pas Gisela #cheers -, mais bien qu’intéressée par mon offre, Télé Andorre (Andorra Televisió pour les intimes de la principauté dont j’aspirais à devenir co-princesse étant adolescente) ne daigna pas me donner suite, prétextant que je prenais trop cher. Dit de la sorte, je fus outrée. L’art se paye, a fortiori lorsqu’il est traversé par ma la Majesté. Qu’est-ce donc que 20 000 euros de rémunération pour une mission diplomatique de la plus haute importance, si ce n’est une goutte d’eau dans la mer ?

J’étais l’avenir du pays à l’international et le directeur du divertissement le savais pertinemment. J’allais faire rayonner l’Andorre au concours et la révéler au monde entier. C’est ainsi que, depuis les hauteurs de la télécabine que nous partagions en tête-à-tête, et l’oeil appâté par mon intérêt artistique, le responsable du divertissement jura de me recontacter ultérieurement. Préférence nationale oblige, je fus écartée l’année suivante au profit d’une résidente locale d’origine danoise, ce qui me vexa et je leur en fis part, mais ce n’était que partie remise pour l’année prochaine. Aquí sóc la reina de la pista de ball (Ici, c’est moi la reine du dance-floor) était déjà prêt pour publication au 2 septembre…

2010 : l’Andorre se retire du concours jusqu’à nouvel ordre.

Un petit geste commercial envers le ministère de la culture n’avait pas suffi. Heureusement qu’une grande petite barrique bouteille de Ajax vitres Canard WC de vin de pêche local, ça fait toujours du bien pour se requinquer après pareille désillusion.

Je repensais à ma conversation avec André C. A coup sûr qu’il était jaloux. Être insultée de la sorte, qui plus est par le rédacteur d’un petit site d’amateurs à la légitimité douteuse… Moi qui avais jadis tant d’estime pour l’Eurovision Au Quotidien … Je me répétais en boucle les paroles de mon chef d’oeuvre, dont la présentation dans un club du centre de Paris avait pourtant fait sensation quelques semaines plus tôt, avant cette fin du monde que nous ne soupçonnions alors pas.

LOVE IN THE TROPICOText och music : Davidna Lamburosco

Love in the Tropico oh-oh oh-oh
It's Love in the Tropico oh-oh oh-oh

Rejoins-moi sur l'île
Extatique
Offre-moi des nuits faciles
Érotiques

Je te ferai mon asile
Euphorique
Je rechargerai tes piles
Exotiques - Exotiques - Exotiques

(parlé)
Come Dancing With Me
Banane mécanique
Come Singing With Me
Artère cyclonique -nique -nique -nique -nique

(Refrain)
Love in the Tropico oh-oh oh-oh
It's Love in the Tropico oh-oh oh-oh
Of you I am toxico oh-oh oh-oh
Of me You are toxico oh-oh oh-oh


(Pont musical)

Ne sois pas si docile
Amnésique
Fais de moi ton résil

Électrique

Épargne-moi ta bile
Trop lubrique
Éveille mon crocodile
Pacifique - Pacifique - Pacifique


(parlé)
Come Dancing With Me
Coconut organique
Come Singing With Me
Otarie titanique, -nique -nique -nique -nique


(Refrain)
Love in the Tropico oh-oh oh-oh
It's Love in the Tropico oh-oh oh-oh
Of you I am toxico oh-oh oh-oh
Of me You are toxico oh-oh oh-oh


Baby, we are alone tonight
Les palmiers sont en nage
Mais la nuit est hostile
Réveille-toi sauvage
Couvre-moi d'argile
Et laisse moi embarquer dans le
Love in the Tropicoooooo...

Tropicoooooo
Tropicoooooo
Tropicoooooo
Tropicoooooo

(Refrain)
Love in the Tropico oh-oh oh-oh
It's Love in the Tropico oh-oh oh-oh
Of you I am toxico oh-oh oh-oh
Of me You are toxico oh-oh oh-oh

(bis)

(Pour vous procurer l’enregistrement de ce tube, prière de contacter l’UE, ou à défaut la rédaction du site)

Mylène Farmer n’avait qu’à bien se tenir. J’avais beau me remettre en question, je ne voyais décidément pas ce qui clochait dans cette proposition néo-pop teintée de légers accents rétro-ethniques, destinés à laisser se mouvoir les plaques tectoniques. Le verbe était riche et en phase avec la rythmique, qui fleurait bon le retour des années d’or dont se gargarise la nouvelle scène pop française, dont l’inspiration a déteint sur moi, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse, plus évident : précurseuse, me voilà à présent influenceuse. Facebook oh-oh oh-oh. À mon retour, je passerai un coup de fil à Carlo Romeo, telle une fidèle du joyeux monde des eurofans dont j’ambiance chaque années les légendaires virées à l’Euro-café. J’en ouvrirai d’ailleurs un à Paris dès que le déconfinement me le permettra. SIRI !!!! FACEBOOK OH-OH J’AI DIT, pas le Papa Pingouin !

Influenceuse à tel point qu’en cette heure de l’après-midi, le parking était bondé, et la foule nombreuse à se presser dans la file d’attente de l’hypermarché qui faisait renter au compte-gouttes la clientèle masquée de A à Z et de Z à A. Moi même, j’avais sorti mon plus beau masque de soirée afin de partager ce moment avec ces concitoyens que j’allais devoir conquérir en vue de ma future candidature au concours.

Inutile de vous dire que je fis sensation aux portes du Carrefour, la foule déjà espacée n’ayant guère hésité à me laisser la grapiller dans son intégralité à la vue de l’impressionnant tableau que je leur offrais. Même le vigile, pourtant pas du genre à se défiler, osa à peine me demander de retirer mon attelage afin de procéder à une vérification de mon identité et me laissa entrer, non malheureux de constater la fuite d’une partie de la foule dont la crainte perceptible suscitait mon incompréhension.

A l’intérieur, le climat était tout sauf anxiogène, contrairement à ce dont nous abreuvent les images des chaînes d’information en continu. Le peuple présentait un visage serein et un air heureux, visiblement réjoui d’avoir accès à la civilisation et aux temples de la consommation. Les gens s’embrassaient, s’étreignaient, enchaînaient les hugs collectifs au milieu des rayons, certains se prenant même à lécher la barre du caddie désinfectée avant et après chaque utilisation tel un salut à la nouvelle ère. Les rayons étaient pleins, pleins à craquer, et les prix bas, car il est connu qu’avec Carrefour, on positive, ou à défaut, j’optimisme, pour moi qui vois toujours le verre à moitié plein. Les hauts-parleurs diffusaient une musique à l’image de l’atmosphère du moment, légère et festive.

De mon côté, je faisais valser le caddie au gré des têtes de gondoles, remplissant mon caddie de ce qui me tombait nonchalamment sous la main. Nettoyer, balayer, astiquer, désinfecter casa toujours pimpante, évidemment, mais surtout de la bouffe en veux tu en voilà ! Parce que c’est bien gentil d’accueillir les D-Angels sous son toit et de leur offrir un dortoir … collectif, mais il faut les nourrir ! Plus ou moins en phase avec la légalité, contexte de crise oblige, je procédais à des retenues sur salaires pour motifs de première nécessité, qui me permettait de leur nous offrir une alimentation saine tout en préservant mon budget en vue de mon prochain déplacement professionnel. Je voyais déjà mes petits producteurs locaux se frotter les mains, assurant le quart de leur recette mensuelle, qui plus est dans cette période fort tendue. Seule ombre au tableau : impossible de mettre la main sur du rôti de pangolin. Tant pis pour eux, ce week-end, ce sera sanglier, celui-là même gisant dans mon congélateur depuis que je le rencontrai inopinément deux ans plus tôt en rentrant du Macumba un tantinet enivrée au son de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine de l’an 2000.

Je crains que le sanglier n’y ait psychologiquement pas résisté. Paix à ton âme. Quant à la Twingo, ce fut une divine intervention célinesque : elle survécut sans le moindre bleu, à l’âme y compris.

Retour au supermarché donc. Je déambulais, mieux, je naviguais à vue à travers les rayons, mon public s’espaçant pour me faire de la place dès lors que je m’emparais d’un article, les mains couvertes de longs gants en cuirs et les jambes ceintes de ces cuissardes récupérées lors d’une vente aux enchères au profit des intérêts de ma grande amie Maruv. Pour sûr, le mètre de sécurité était respecté, d’autant plus que le speaker de l’hyper n’avait de cesse de nous répéter les consignes : ne touchez ni aux articles, ni aux êtres humains, foi de pangolin. Et procédez surtout à un bon nettoyage de votre arrière-train, histoire de ne pas être contaminant. Perplexe, je cherchais désespérément les toilettes alors que je me trouvais au rayon des conserves.

C’est alors qu’un terrible drame se produisit.

En fait, non, c’était plutôt comme ça.

Silence.

Les regards se tournèrent vers moi, inquiets et accusateurs. Je sentais venir l’odeur de l’incendie sur la place publique, telle une Dustin The Turkey rôtissant chez le boucher un jour de marché.

Je me tournais vers ma voisine. Deuxième drame. Et ce que je craignis arriva.

De ma voix momentanément rauque, je voulus m’excuser d’un son rock au final métallique.

Je m’exprimais d’un raclement de gorge.

ASTRIÐ MUN SINGRA

Silence.

Je ne soupçonnais pas mes impromptues réminiscences d’islandais.

Silence.

À avoir commencé, je tentais de poursuivre mon interprétation personnelle, telle une preuve de l’étendue de mon répertoire et de mon génie musical.

Stupeur et tremblements.

J’ornais même ma bouche d’une balle récupérée à l’animalerie pour le chien dont je ne dispose pas, car il est bien connu que les gens ont davantage de regards pour leurs animaux que pour leurs maîtres. Insupportable pour une grande artiste.

Les clients ont si froid que ça pour trembler à ce point ?

C’est alors que les yeux déjà trop écarquillés de la pauvre femme manquèrent de quitter leurs orbites et qu’un hurlement profond et effrayé sortit de sa bouche, de sorte que même son masque n’y résistait pas. Non loin, l’homme en train de choisir ses boîtes de thon à l’huile fut contaminé par le même mal. Plus loin encore, au niveau des caisses, je vis Fab Freddie à son tour pris de la même pulsion, main devant la bouche. Que dire des faits qui suivirent, la population vociférant à cri et à cors pris dans un incontrôlable Domino Day.

« – ELLE A LE CORONA ! ELLE A LE CORONA ! »

L’effet fut immédiat. Les sirènes du supermarché retentirent, les hauts-parleurs s’excitaient autant que le speaker qui déclamait « Alerte coronavirus, merci d’évacuer les lieux dans le calme », ce qui ne fit évidemment pas la foule, qui s’élançait sans danser dans tous les sens, renversant caddies et rayons par monts et par vaux, essayant de fuir le Carrefour comme un participant au Fort s’échappe de justesse de la trappe aux reptiles avant que ne se soit écoulé le temps dans la clepsydre, les rideaux de l’hypermarché se baissant à vitesse grand V, certains se prenant même à vider littéralement le stock des produits des ménagers dont ils tapissaient le sol, intoxiquant sur leur passage une partie non négligeable de la clientèle que l’on retrouverait plus tard au centre anti-poison départemental.

C’est alors que je vis …

C’est alors que je vis …

Un mirage. Dont l’atterrissage sous la pile de conserves de raviolis en promotion en tête de gondole faillit être un carnage, vu ce que le pauvre type s’est pris dans la tronche, ma voisine et moi avec, ayant été généreusement arrosées de sauce tomate bolognaise de la tête au pied du fait de l’éclatement subi par quelques articles lors de leur chute. Redoublement de cris.

Alors que la gendarmerie débarquait et m’ordonnait de rester dans mon périmètre, armes pointées sur moi, je vis débarquer un visage qui ne m’était étrangement pas inconnu. « – Davidna ! Comme je suis contente de te retrouver ici ! Que fais-tu dans la région ? » Devant ma surprise, elle répondit  » Tu ne me reconnais pas ? C’est Astrid ! Tu m’a appelée tout à l’heure au rayon condiments ! »

Astrid…

Astrid… in Avantgarden ?

Bizarre. J’étais pourtant chez elle lorsqu’elle a enregistré sa démo pour l’EMA FREŠ dans le local à poubelles de son immeuble de la banlieue de Ljubljana. L’administrateur du site d’amateurs en parle encore six mois après. Mais … Enfin ! Quelle idiote je fais ! Pas cette Astrid ! Mais L’AUTRE Astrid !

Astrid ! Ma chérie ! Celle-là même qui tenta de m’introduire dans les arcanes du Melodi Grand Prix cinq ans après sa septième place à l’édition 2000, dont je suis encore offusquée vingt ans après. Elle ? Ici ? Loin de sa Norvège natale et résidentielle ? En même temps, à choisir de se confiner, autant choisir le soleil et l’amour sous les tropiques, comme moi. Influenceuse, je vous dis. Je me souviens encore mon émotion palpable lorsque je franchis les portes des coulisses de l’Oslo Spektrum, vêtue telle les Wig Wam dont j’étais alors une irrépressible fan et dans les bras desquels je tombais durant la soirée de célébration de leur victoire.

Et ce fut surtout la première fois de ma vie que je croisais Saint Jon Ola Sand alors chef de la délégation norvégienne qui, en toute élégance, me salua d’un baise-main et m’offrit une coupe de champagne, accompagnée d’un morceau de Fenalår. J’échangeais avec lui mon vif intérêt pour la sélection norvégienne, comptais entamer des négociations pour un éventuel casting (je n’avais alors pas assez confiance en mon talent à l’époque pour proposer directement un direkt till final, j’étais – plus – jeune et arborais un léger et déplacé complexe d’infériorité quant à mes capacités, naïve que j’étais). C’est alors que j’ouvrais la bouche afin de faire étalage de deux-trois connaissances de norvégien issus de ma correspondance avec Astrid qu’il m’apporta … une assiette de mets locaux, qu’il me présentait un à un – à commencer par la saucisse de renne – avant d’être (hélas) rejoints par Jorun Erdal et mon amie, que je maudissais intérieurement de son incompréhension par rapport à la situation. Si je m’étais doutée que, quelques années plus tard, il deviendrait à son tour superviseur exécutif de l’Eurovision … et surtout qu’un biélorusse remporterait le concours pour le pays des rennes avec un record historique de points … I’m not in love with this f***** fairytale qui aurait dû être le mien. Jamais plus je ne laisserai passer ma chance de la sorte.

Bon, je ne l’assumerai jamais publiquement, mais le petit Alexander, avec son violon et son conte de fées, il m’a évidemment fait craquer, comme l’Europe entière, j’ai même dépensé quelques appels et SMS pour lui, mais bon, l’image avant tout. (Hold On Be Strong Davidna, ne te laisse pas publiquement avoir par les sentiments, c’est ainsi que les concurrents auront ta peau, et évite de remuer le couteau en te remémorant certains épisodes, certes rares, mais suffisamment marquant de mise à l’écart par des moins douées que toi).

Bref. J’allais me précipiter sur ma meilleure amie, telle un Dieu du Stade se ruant sur le ballon ovale pour marquer un essai au nom de l’équipe de France, lorsqu’elle opéra un mouvement de recul devant mon eurovisionesque marche interrompue par une armada de combinaisons d’astronautes qui me neutralisèrent en dépit de mon non-consentement.

Je ne sortis de la gendarmerie qu’à trois heures du matin, après un passage par le centre de dépistage de Gujan-Mestras dont mon conduit nasal souffrira pour l’éternité (85% de fiabilité du test si enfoncement suffisant : il faudrait plutôt parler dans mon cas de ramonage de cheminée), sonnée par mes aventures. Près des pins, je remontais l’avenue de Césarée, poussant mon caddie plein, généreusement offert par la direction de l’hypermarché pour s’excuser du dérangement à mon encontre, et m’inviter à prendre davantage de précautions lors de ma prochaine visite, encouragée par un apport de vingt euros sur ma carte de fidélité. Je cherchais la lumière, au lieu de ça, je vis un van. Celui-là même dont se servent mes D-Angels pour leurs déplacements de groupe !

Phares allumés, Vaidas poussa un coup de klaxon pour m’interpeller. La délivrance ! Il se précipita hors du véhicule pour réceptionner la marchandise, et telle une reine, il me conduisit à mon château, en direction de la vaste table jonchée de victuailles aussi royales que moi et surplombée du merveilleux couscous qui me donnait d’ores et déjà des palpitations accentuées par la chaleur humaine de mon conducteur. Cheveux au vent, je voulus appuyer sur le starter pour quitter la Terre et aller au Paradis dans un train d’enfer, mais je n’étais que passagère. Quid de la Twingo demandai-je ? Dans mon garage, récupérée par A. Quel brave homme, me disais-je.

Devant la Villa, l’allée de cailloux entourée de carrés de pelouse aussi bien entretenus que l’épilation au carré de mon personnel m’attendait. Victorieuse, cheveux au vent et le poing levé, j’entamais la traversée au son de Lina Hedlund, les projecteurs me pointant au gré de mon évolution sur le tapis rouge, que je ponctuais de saluts à la Nation, tandis que ce pauvre Vaidas tranchait tristement avec la magie de ce moment, poussant désespérément mon caddie tel un collaborateur de seconde zone, repoussé dans l’ombre par les rayons de lumière qui déferlaient sur moi, Davidna Lamburosco.

« – Davidna !!! » hurla Farid à l’intérieur.

C’est alors que Markus et A. se précipitèrent pour m’annoncer la nouvelle alors inconnue du lituanien.

« – Rui est revenu ! Rui est revenu ! »

Is it a Joke?

Je ne vis alors pas débarquer le portugais enjoué sur moi.

« – Da-vid-na !!! »

Et bam, une tarte dans la tronche. Stupeur dans les yeux des D-Angels.

Générique de fin.

(Suite au prochain épisode)