Un pangolin coursé par une chauve-souris dans un marché de Wuhan. Tel pourrait être le titre de ce film futuriste en train de se jouer depuis le mois de janvier. Excellent titre de pièce de théâtre de boulevard, me direz-vous. Le théâtre Daunou n’avait qu’à bien se tenir, Rem_Coconuts était à deux doigts de commettre l’irréparable en collaboration étroite avec pires que lui. Sauf qu’il ne s’agit ni de théâtre et encore moins de boulevard.

Lorsque l’échéance nous frappa, je m’effondrai. Je ne mangeais plus, ne dormais plus, ne pensais plus, depuis déjà quelques jours. Je voyais peu à peu la situation basculer peu à peu, pernicieusement, je regardais, impuissant, les mesures de restriction tomber les unes après les autres, toujours plus draconiennes, telles une cure d’austérité forcée et subie. Jusqu’au jour où le confinement allait devenir une réalité à laquelle nous devrions faire face. Premier coup de couteau. Au revoir la vie d’avant. Bonjour le présent qui déchante. Et avant l’incarcération, la tangente direction mon Sud natal, aux côtés des miens.

Le printemps pointait le bout de son nez, et, très vite, tout en me créant une bulle de protection et de réconfort, la vie commençait à se faire plus douce et agréable. BFM était éteint depuis belle lurette, et nous avions commencé à enregistrer les conseils de classe de l’EAQ, les dernières sélections étaient tombées, les Pays-Bas allaient enfin accueillir à nouveau le concours quarante-cinq ans après, au milieu des moulins et des champs de tulipes. C’est alors que mon coeur prit un nouveau coup de couteau.

Mon éternel optimisme refusait d’y songer, d’autant plus que mi-mai était si loin… D’ici là, nous aurions combattu le coronavirus. Quand même … La Terre ne va pas s’arrêter de tourner. Juste quelques semaines avant de pouvoir reprendre une vie normale. Pile poil à temps pour Rotterdam. Et pourtant, l’inévitable se produit, que dis-je, l’impossible. MON rendez-vous du mois de mai, celui qui me fait tant vivre et tant vibrer tout au long de l’année, été compris, celui-là même avec lequel je commence à convertir de nouveaux adeptes avec ferveur et espoir, celui-là même qui m’a fait découvrir mes eurostars et eurodivas préférés, provoquant mon euphorie et allumant en moi cette inextinguible flamme, MON concours, mon précieux, mon adoré … Dont l’aventure 2020 s’achève subitement. Annulé pour la première fois de son histoire, en temps de paix de surcroît. Pas même reporté. Annulé. Déjà que je ne suis pas prêt à l’annulation de Cannes … L’Eurovision annulée. Pas ça. Pas ça. Pas le concours. Pas ça.

Le choc.

Je refusais la réalité. Mahmood, réveille-moi de ce cauchemar … Sauf que nous ne sommes point dans Matrix. Et que notre réalité n’a rien de parallèle, aussi sombre soit-elle. La douleur. Chaque visite sur l’EAQ ne faisait que me saigner à nouveau. Écouter les titres de l’édition 2020, n’en parlons même pas. Quelques jours durant, je refusais d’y croire, et refusais la décision de l’UER, me voyant déjà assiéger Genève. Impossible de digérer la décision. Comment était-ce possible ? Comment allais-je surmonter ça ? Comment allais-je y survivre ? Pourquoi … ? Comment … ? Y penser une nano-seconde me plongeait dans une profonde déprime, et une mélancolie d’un passé dissous et lointain, tombé dans les profondes abîmes du temps. Où est le fridge, que je m’empiffre et m’empiffre de désespoir, a fortiori dans le contexte, et hop, double dose de nourriture, emmenez l’entonnoir que l’on gave le dindon désespéré.

C’est alors que je pensais à Helena Paparizou.

En 2014, son titre Survivor m’a accompagné dans une période fort compliquée, que je tairai. Call Me A Survivor, Have to be a Fighter, … Cela peut paraître anodin, mais ces mots restés chers m’ont alors aidé à retrouver l’horizon. La situation de 2020 est certes toute autre, mais ce titre m’envoyait à nouveau un message : celui de ne pas me laisser fourvoyer par le ressentiment et la tristesse. Come On Coconuts ! Les notes du refrain remontaient à mon esprit. Soulevé par d’invisibles forces eurovisionesques qui m’empêchaient, m’interdisaient de résister, je me redressai, me relevai et levai mes poings tel un boxeur. Non, je ne me laisserai pas abattre. Le présent est difficile, surtout dans le contexte que l’on connaît, mais l’avenir est là. Les nouvelles du front sont difficiles, mais nous construirons un nouveau demain. Et que se taisent les noirs oracles.

Qu’est-ce qu’une édition du concours annulée quand des milliers de personnes luttent contre la mort ? Qu’est-ce face aux soignants qui prennent des risques et se battent pour aider leurs prochains tout en étant dénués de suffisamment d’équipements ? Qu’est-ce qu’une seule édition du concours face au contexte actuel ? Cannes, les JO et bien d’autres évènements furent annulés pendant la Guerre : n’était-ce pas la fatalité que cela arrive au concours un jour ou l’autre ?

La vie continue, et tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir. Et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’Eurovision, ce mot magique dont l’évocation suffit pour me donner le sourire aux lèvres et me faire hurler sous ma douche le J’aime la vie de Sandra Kim. Le soleil brille, et laissons-le entrer dans nos vies. Résistons, restons chez nous, et saisissons nous de petits rien pour nous rendre le quotidien agréable. Quoi de mieux pour cela que mes titres adorés du concours ? Timon et Pumbaa, sortez de ce corps, que sans soucis, il y ait philosophie, et qu’elle soit eurovisionesque, vingt dieux !

The Voice(s)

Commençons par un Modern Fairytale. C’était l’an 2002. À cette époque, l’enfant que j’étais ne regardait pas encore le concours – à peine avait-il de vagues souvenirs slovènes de l’édition 1998 à Jérusalem. Bien sûr, comme la France entière, j’avais découvert l’année précédente une jeune québécoise du nom de Natasha Saint-Pier, qui nous offrit une quatrième place désormais historique à Copenhague avec Je n’ai que mon âme. Et pourtant, s’il y a un titre qui marqua ma mémoire de la France au concours dans les années 2000, c’est bien Il faut du temps. Dommage que Sandrine François n’ait pas eu par la suite la carrière qu’elle méritait, car la puissance de ce titre et l’intensité de la performance ne cessent de m’emporter et de me bouleverser dès lors que je l’écoute.

Je t’aime amour quand j’entends ta voix… La Suède et moi, une grande histoire d’amour. C’est avec Malena Erman que mon histoire d’amour eurovisionesque avec Det avlånga landet (le pays allongé) – auquel je suis personnellement lié – a pris tout son sens. Rares avaient été l’occasion d’entendre l’opéra sur la scène du concours jusqu’alors, même si la prestation envoûtante d’Alenka Gotar (et ses petites LED sur la main) avait marqué mon esprit deux ans plus tôt. Ici judicieusement mêlé à la pop, il y a de quoi combler mon coeur d’eurofan. Ce fut le cas lors de la grande finale de Moscou, où Malena délivra une performance à part, quoique scéniquement inférieure à celle du Melodifestivalen, qu’elle gagna après une remontada inscrite dans l’Histoire. Inutile de vous dire le plaisir et l’émotion que j’ai ressenties lorsque j’ai entendu Leona Winter l’interpréter à The Voice 2019 (ce qui reste malheureusement trop rare pour des titres du concours, et encore moins pour les trop nombreux qui n’ont pas connu la moindre audience en France).

Autre rencontre entre la pop et l’opéra presque une décennie plus tard, à Lisbonne cette fois, avec l’estonienne Elina Netchayeva et sa divine Forza, sur laquelle je me plais toujours à exercer ma Voix, me rêvant euro-baryton d’un jour. Nul besoin d’artifices, les splendides (et coûteux) effets visuels sur la robe suffiront amplement. Car la voix d’Elina me laisse sans voix : non contente de tutoyer les cieux, elle les dépasse amplement, se déployant telle une lumière au-dessus de l’univers. Un an après le kitchissime plaisir coupable Verona, l’Estonie réussit à s’extraire avec brio de la foule des rues dans laquelle s’étaient perdus nos amis Laura et Koit et à retrouver le top 10 de la finale pour mon plus grand bonheur, Elina réalisant l’une des plus belles prestations de cette édition 2018 que j’ai vécu depuis les rues de Porto, à seulement à peine plus de trois cents kilomètres de Lisbonne (je ne vous laisse pas imaginer ma réaction si mes amis avaient choisi ce lieu de séjour-là). Pour l’anecdote, la batterie de mon Iphone m’a lâché pile lorsque les fabuleuses présentatrices annonçaient la cruelle 17ème place de la France, la nouvelle de la victoire d’Israël m’étant parvenue à notre retour à l’appartement. En parlant de cette édition 2018 …

Je suis une eurodiva (et je vous emm****)

A l’instar d’un certain Pauly W., vous n’êtes pas sans savoir mon goût prononcé pour les eurodivas. Parmi elles, il en est une que peu auraient vu s’élever si haut lors de la révélation de son titre le 2 mars 2018. Et pourtant … Cela faisait quelques temps déjà que sa Grèce natale lui faisait les yeux doux, et c’est Chypre qui réussit la première à la convaincre. À la première écoute, j’avais apprécié le titre, certes, sans en être particulièrement remué. C’est alors que les répétitions commencèrent … et que la magie du live opéra plus que jamais. Le dimanche, Chypre n’était que quinzième des bookmakers (et de mon classement personnel). Le lendemain, elle était une grande favorite à la victoire, et par là même un titre devenu culte des eurofans (et pas que – seul un mystère demeure : comment les radios françaises ont pu échapper au phénomène ?). Désormais, dès que résonnent les premières notes de Fuego, je n’ai qu’une seule et unique envie : être Eleni, entourée de mes danseuses et mettre littéralement le feu à une salle déchaînée. Parce que voilà l’effet que me fait ce feu irrésistible : il me déchaîne. Dès lors que j’entends Fuego, je deviens incontrôlable. Dès lors que ma playlist Spotify me joue Fuego, je l’écoute une quinzaine de fois d’affilée. Dire que j’avais osé n’y mettre que trois petits points en demi-finale de Votre Eurovision 2018 (booooo !), je m’en fouetterais aujourd’hui la cuisse droite par acte de pénitence, tel un adepte de l’Opus Dei, pour me repentir auprès de Sainte-Eleni. Et bim, je n’ai pas pu m’en empêcher : je suis déjà en train de la réécouter. ‘Cause I’m burning up and I ain’t coolin’ down, Yeah I got the the fire … Ah yeah ah yeah ah yeah … FUEGO !

L’Eurovision est avant tout un concours de chanson, comme l’indique son nom officiel. Le titre et son interprète y occupent une position centrale. Au fil du temps toutefois, la scénographie a pris progressivement une place essentielle, au point de parvenir à sublimer certains titres, à en révéler d’autres (à l’instar de Fuego) ou pire, de plomber certaines promesses. L’objectif premier du metteur en scène est de rendre l’instant musical inoubliable, et d’éblouir les yeux des téléspectateurs et des jurys. Nul ne doute qu’en la matière, la Finlande aurait pu frapper fort en cette édition 2020 … Attendez, je me sens mal. Je crois que mon coeur saigne à nouveau. Comment ? Vous plaisantez ? Ciciollina n’ira pas à Rotterdam ! NOOOON !! Mais … mais … si je suis déjà Eleni Foureira, je suis aussi Erika Vidman ! Je me voyais déjà sur mon trône, ma teinte ceinte d’une couronne, entouré de mes deux ours bruns mmmh … Moi la Ciciollina, ancienne actrice de films pour … grandes personnes dirons-nous … renommée (même Rocco a tourné avec elle) et députée écologiste italienne, sur la scène de l’Ahoy Arena, j’aurais fait vivre aux eurofans trois minutes de pur bonheur eurovisionesques, probablement au bénéfice d’un échec retentissant, mais peut-être aurais-je pu viser le top 10 de l’OGAE Poll, ou mieux encore, le top 5, le podium voire une inespérée et improbable victoire contre les favoris islandais et lituanien ! Peu importe toutefois le résultat, tant qu’il y a le plaisir. Plus kitsch tu meurs, plus eurovisionesque tu meurs aussi, plus too much que ça je t’enterre dans le désert de Gobi, mais comment résister à la tornade finno-italienne ? En tout cas, moi, je cède allègrement, et je vous annonce officiellement me lancer dans une carrière de pole-danseur le jour où nous organiserons les premières rencontres de l’EAQ, symbole de la préparation de ma performance future à l’Eurocafé. Si avec ça, je ne deviens pas célèbre dans le petit monde des eurofans …

Déjà que l’édition 2020 est un historique et tragique eurodrama à elle toute seule, autant continuer sur la lancée. À croire que cette année eurovisionesque n’était pas la mienne, c’était la première fois depuis bien longtemps que le concours m’était aussi ouvert et dénué de grands favoris personnels #Düsseldorf2011, à l’exception de cette chère Samantha Tina. Et ce, sans compter les nombreux eurodramas qui ont ponctué ma saison, à savoir les défaites successives des Pinguini Taticci Nucleari, Jaagup Tuisk, Dotter, Barbara Tinoco, la victoire de Natalia Gordienko à la tonitruante finale moldave, sans parler de la débâcle inattendue d’Erika pour couronner le tout. Mais cette succession d’échecs personnels tient son origine dans le mythique Festivali i Këngës. Si je reconnais à l’Albanie le grand mérite d’avoir un extraordinaire vivier de voix pour un si petit pays, leur capacité de renouvellement me rend perplexe. Des ballades à la sauce albanaise en veux-tu, en voilà, certes transcendées en live par leurs interprètes, mais pas de quoi révolutionner le genre, à quoi l’on peut ajouter toutefois quelques incursions locales plus ou moins réussies. Mais cette année, pour la première fois depuis des lustres, l’Albanie tenait LE titre et LA nouvelle eurodiva du joyeux monde des eurofans : Elvana. Eleni et consoeurs voyaient enfin la famille s’agrandir du côté des Balkans sud, avec un titre pop actuel, énergique, solaire, capable de mettre le feu à la salle et surtout parfaitement exécuté. À peine un soupçon de revamp supplémentaire et le top 10 était en vue. Sauf que … le FiK reste le FiK, et ses jurés très albano-centrés dans leurs goûts. Résultat des courses : 100% des points possibles des jurés internationaux et une piètre septième place des jurés albanais (à commencer par la célèbre poétesse Mikaela Minga) donnèrent la victoire à Arilena pour trois petits points d’avance … Mais Me tana restera Me tana et Elvana est désormais la bienvenue dans la famille des eurodivas.

Pour en finir avec ce chapitre (si je m’écoutais, il aurait pu être sans fin, mais politique des quotas oblige …), puisque nous parlons de tornade, que dire de la tornade ukrainienne. Si Duncan, Mahmood, Luca et tous les autres participants d’un concours 2019 exceptionnel ont su trouver les gestes et les mots adéquats pour me réconforter de ce drame, que dis-je cette tragédie absolue sur laquelle même Shakespeare n’aurait pas craché, je resterai éternellement sur ma faim de ne pas avoir eu la chance de voir s’accomplir la magie de la sirène sur la scène de Tel-Aviv. Car le combo is just perfect baby. Dire que j’avais même réussi (non sans fierté) à l’inclure dans la bande-son de la choré que mes clubs de sport de combat (coucou les ami.e.s !) et moi devions accomplir lors de notre tournoi sportif de Pentecôte… finalement annulé, f***ing corona, f***ing pangolins et f***ing … Bref, passons. Parce que si je suis Eleni et Erika, je suis également Maruv, et donc pluri-identités, pour ne pas dire schizophrènes, car nous sommes toutes trois cousines à des degrés variés. Dès les premières notes … Pitié, je frissonne déjà. Chers lecteurs, vite, une adresse d’exorciste, je suis possédé par l’esprit maléfique de la chanson de la Sirène, pitié que m’arrive t-il, je ne pense plus, je ne réfléchis plus, et mes membres bougent sans ordre de ma part, emportés par le rythme envoûtant et entraînant, Doodjez laissez-moi céder à ce tourbillon irrésistible et irraisonnable, Kome zu mir, Kome zu mir, mais évidemment que je viens, j’arrive, je cours, mais chut, calme, tout est dans les postures et dans le sexy, donc pas d’empressement. Bang ! Pom pom-pom-pom pom, pom pom-pom-pom pom … Si je suis déchaîné sur Fuego, il n’existe pas de mots ici, du moins plus …

L’amour est un crime parfait

Nouveau flashback (la fin des années 2010 est visiblement populaire chez Rem_Coconuts) pour un retour, celui de la Bulgarie. Retour dans le contexte. Dire que le pays était en difficulté au concours est un (fort) doux euphémisme : une seule qualification en finale avec Voda, une alternance entre le moyen et le médiocre, exceptés Elitsa et Stoyan 2007-2013 et une certaine … Poli Genova. La jeune chanteuse avait réussi à marquer les esprits avec sa décoiffante prestation sur Na inat, titre rock et en bulgare s’il vous plaît, manquant de justesse la finale. Autant dire que pour le grand retour du pays en 2016, le retour de Poli ne pouvait être qu’une évidence largement partagée dans la famille des eurofans, mais également chez les européens qui offrirent au pays une quatrième place historique. О, дай ми любовта! They will never break us down. Non, ils ne nous briseront jamais. Et si l’amour était un crime, nous serions des criminels. Titre actuel pour message actuel, porté à merveille par une Poli seule en scène, dont elle est une bête. Preuve en est qu’il n’est parfois nul besoin d’une armada pour marquer les esprits : celle que Poli invite à la rejoindre à la fin de la prestation suffit amplement, parce qu’ensemble nous sommes intouchables. Je crois que je vais investir dans le tee-shirt motofee.

Qui dit Amour dit parfois être prêt à attendre un million d’années … Et pour voir Mariette franchir ENFIN la scène du concours de l’Eurovision, je suis prêt à les attendre, même si cela est extrêmement ambitieux d’un point de vue biologique. Dès que je vois les huit lettres de son prénom s’afficher sur la setlist du Melodifestivalen, mon coeur bondit. Tout cela a commencé en 2015, lorsqu’elle fit le buzz avec Don’t Stop Believing, avec lequel elle s’imposa rapidement comme l’une des favorites au titre … mais ça, c’était avant que la tornade Mans Zelmerlöw n’emporte tout sur son passage. Un titre habité pour une performance habitée qui fit dès lors de Mariette l’une de mes eurostars favorites, dont j’attends la sélection chaque année avec d’autant plus d’impatience que la consécration tarde à arriver, et qu’hélas, l’appétence des suédois pour les jeunes hommes diminue les chances des femmes et des trentenaires + de remporter le MelFest, ce qui s’est enfin infirmé cette année avec les Mamas. Mais c’est avec A million years qu’elle s’est réellement imposée dans mon coeur d’eurofan. C’est bien simple, je suis en adoration devant ce titre qui me parle de bout en bout, tant musicalement que textuellement. Des films se déroulent devant mes yeux dès lors que je l’écoute. J’imagine un remix, que je porterais moi-même sur scène, alors même que je suis loin d’en avoir le talent, contrairement à cette chère Davidna L. En cette année 2017, la fenêtre de tir était ouverte comme jamais pour lui offrir un joli ticket pour Kiev, mais la Suède a préféré l’élégance extrême de Robin Bengtsson et de son armée de working men sur tapis mécanique. Depuis, Mariette Hansson (j’avais initialement indiqué « Carlsson comme Magnus, hashtag c’est un signe », ah sacré Coconuts) nous a offert deux propositions qui restent à mes yeux de fan bonnes, mais très insuffisantes. Preuves en sont ses résultats décroissants d’édition en édition, avec en point culminant inversé, la désastreuse dixième place de cette année, la faute à un télévote catastrophique… En espérant que son heure de gloire viendra enfin !

#YouHouHouHouHou

Sans transition, voici celui qui a réussi à faire de moi un spécialiste du karma occidental. J’ai tellement vibré, vibré, et vibré, prié à coup d’incantations païennes et de vooom, pour qu’enfin l’Italie parvienne à planter le drapeau tricolore sur la planète Eurovision au bout de tant d’années d’efforts, ce par la grâce d’un gorille et d’un namasté – allez ! -, que la déception fut grande lorsque, littéralement englouti par l’inattendu tsunami portugais, Francesco ne termina qu’à la sixième place (y compris du télévote), alors même qu’il avait dominé de la tête et des épaules toute la période pré-Eurovision. Peut-être la faute à un live en dessous de celui de San Remo, associé à ce moment de grâce que nous a offert le Portugal, Salvador Sobral ayant littéralement transcendé d’émotion et de pureté son bel Amar Pelos Dois sur lequel je n’aurais pas misé un euro pour une victoire trois mois avant. Il n’empêche que, trois ans après, le karma continue de résonner en moi, de m’entraîner et de m’emplir de joie. L’inattendue victoire à Sanremo face à la favorite Fiorella Manoia avait fait jaser, j’en fus sur le coup perplexe, mais l’instant d’après, je réécoutai Occidentali’s Karma, et il ne me sortit plus de la tête, m’emplissant d’ondes positives grâce à l’énergie communicative de Francesco. Pour une fois, les italiens faisaient le choix d’un titre décalé, aux délicieux accents vintage et rétros, à l’intelligente écriture humotistique, à la tonalité très second degré, ce qui ressort pleinement dans le clip et beaucoup moins sur scène (là était l’erreur). Mais la force du karma est éternelle, et le charme opère toujours autant que la première fois.

Comment ne pas clore cette playlist à douze (chiffre hautement symbolique pour moi qui en compte deux dans ma date de naissance et suis né dans l’Aude = 11+1 = 12 et vis dans le XIIIème = 13-1 = 12, hashtag coïncidence ? je ne pense pas mouhahahaha) sur un doux air de You-hou-hou ? GIF d’Élodie Gossuin obligatoire, mais ce n’est point le lieu adéquat. 2016 : l’année de la renaissance de la France au concours avec tout simplement l’un des meilleurs titres de son histoire. Est-ce d’ailleurs un hasard si J’ai cherché est le premier représentant de la France au concours à avoir atteint le sommet des charts depuis des lustres, au point de devenir l’un des tubes de l’année 2016 (et des années 2010 tout court) ? Est-ce de surcroît un hasard si Amir est également le premier candidat depuis Natasha St Pier pour qui l’Eurovision a sonné comme un accélérateur de carrière, au point d’en avoir fait une star et l’une des étoiles du paysage musical français actuel ? Il faut dire qu’il fait si bien l’amour à la caméra et à son public … Les européens ne s’y sont également pas trompés, puisque nous figurions parmi les grands favoris au titre, avant qu’une mise en scène à la française vienne largement amoindrir nos chances pour le live à l’Ericsson Globe, dans l’une des plus belles finales du concours. Au moins aurons-nous de même atteint la sixième place grâce à Amir, mais surtout, c’est un véritable tourbillon d’énergie, de joie, de bonheur et de lumière qu’il nous a offert avec son titre débordant d’ondes positives qui font tant de bien à entendre en toutes occasions. Merci Amir pour ça. Et merci à Nathalie André, Edoardo Grassi et toi d’avoir redoré le blason de notre pays au concours et d’avoir réussi à faire évoluer son statut dans l’esprit des français, preuves en sont les excellentes audiences d’un concours qui ne séduisait plus les téléspectateurs français il y a encore six ans. Il y certes pas mal de chemin à parcourir pour imposer en France l’Eurovision comme le show incontournable qu’il est à travers l’Europe et le monde, et visiblement, France 2 ne l’a pas compris puisqu’elle a fait le choix de retomber dans nos sournois travers contre lesquels nous, eurofans, luttons depuis plusieurs années : celui de la déconnexion vis-à-vis des « standards » et des singularités musicales actuelles. Que le message soit entendu en 2021, parce qu’à ce jour, vous, le trio de choc, me manquez terriblement.

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Youhouhouhou, you’re the one that’s making me strong, cher concours adoré, et c’est sur ces jolis mots que je laisse la place à une nouvelle playlist au programme de demain.