SAMEDI 02 MARS

Pas de surprise pour l’Islande : c’est Hatari qui représentera le pays en mai prochain, avec Hatrið mun sigra.

MARDI 06 MARS

Suite à sa victoire, samedi dernier, et en accord avec la délégation islandaise, le groupe Hatari a décidé de ne plus accorder d’interviews. Cela leur permettra de prendre du recul, de faire baisser la pression médiatique et de se concentrer sur leurs préparatifs pour Tel Aviv.

À leur place, s’est exprimé le directeur des programmes de la RÚV, M. Skarphéðinn Guðmundsson (ci-dessus). Selon lui, les risques de disqualification de l’Islande sont faibles et il n’y a aucune inquiétude à avoir à ce sujet. La délégation et les membres du groupe ont tenu une franche réunion et sont parvenus à un accord. L’objectif commun est d’obtenir le meilleur résultat possible pour l’Islande, avec au strict minimum, une qualification pour la finale du 18 mai. Hatari conservera sa liberté d’expression, mais a été bien averti du règlement du Concours. M. Guðmundsson a souligné qu’il n’était de l’intérêt de personne d’enfreindre ces règles.

Par ailleurs, le directeur a assuré n’avoir reçu aucune remarque ou demande formelle de la part des organisateurs israéliens. La question d’un possible disqualification n’a été envisagée que par les réseaux sociaux et certains médias. Pour M. Guðmundsson, il est normal que l’on discute en ligne des événements médiatiques, mais jusqu’à présent, tout ce qui a été dit relève de l’opinion et non du fait. La RÚV laissera dire et ne réagira qu’en cas de démarche officielle de la part de l’UER ou de l’IPBC.

MERCREDI 13 MARS

Les membres du groupe Hatari ont accordé une interview au journal The Independent. Ils y ont déclaré vouloir gagner l’Eurovision et porter leur message à l’Europe et au monde. Un message qui se veut un avertissement contre les dangers qui menacent actuellement notre société et notre planète. Leurs objectifs, comme souligné dans leur chanson, sont la dénonciation des excès du capitalisme, puis la chute de ce dernier.

Le groupe se réjouit que leur participation au Concours suscite la discussion et la controverse. Selon eux, les thématiques qu’ils abordent doivent impérativement être explorées et donner lieu à des débats publics. Il s’agit là de thèmes d’actualité importants et urgents.

Tous sont conscients qu’une partie de l’opinion publique islandaise souhaiterait un boycott de cet Eurovision 2019, car il est organisé en Israël. Quant à eux, ils préfèrent y participer et utiliser l’événement pour répercuter leurs messages et attirer l’attention sur ces sujets déplaisants. Ils soulignent cependant que leur groupe, leur chanson et leur présentation sont avant tout du théâtre. Du théâtre dystopique, reflétant la violence, la répression et la haine qui déferlent actuellement sur le monde.

Ils conviennent que cette édition 2019 est placée toute entière sous le signe du paradoxe. D’une part, le règlement et l’organisation réaffirment sans cesse que l’événement est apolitique. Mais d’autre part, le fait même qu’il y ait lieu en Israël le rend politique par nature. Y participer ou pas, le regarder ou pas peut être interprété comme un geste politique. Même conserver le silence total peut se voir comme une déclaration d’intention. Quoi que l’on décide, l’on offensera de toute façon une frange de l’opinion publique.

Le groupe souligne que ces paradoxes et contradictions profondes sont un moteur de leur processus créatif. Ensemble, ils aiment explorer les contrastes et refusent d’être enfermés dans un genre artistique prédéfini. Leur participation à l’Eurovision doit donc s’analyser comme une nouvelle expérience personnelle et artistique.

Quant à la question d’une éventuelle disqualification du groupe, le superviseur exécutif du Concours, M. Jon Ola Sand, s’est montré clair. L’UER a averti les organisateurs israéliens que l’ensemble de la délégation islandaise devait se voir accorder des visas d’entrée en Israël. Mais qu’une fois sur place, ceux-ci devaient se conformer au règlement de l’Eurovision et s’abstenir de toute déclaration politique. L’UER a déjà communiqué à ce propos avec la délégation islandaise. Tous sont bien au fait qu’une violation du dit règlement entraînera aussitôt leur disqualification.

(avec la collaboration de Pauly)