lea1.jpgSa qualification pour la finale belge était une évidence dès le départ. Léa Clément a été l’une des toutes premières à obtenir un billet pour cette sélection tant attendue. Avec la chanson « Où s’en vont nos rêves », Léa veut nous faire passer un message rempli d’amour et d’optimisme. Aujourd’hui, elle se confie à l’Eurovision au quotidien, nous parle du Concours, mais aussi de ses projets, avec toute la sensibilité et la générosité qui l’habite. 

 

 

 

« Je suis très fidèle dans toutes mes relations qu’elles soient professionnelles ou personnelles… »


-Ton enfance a été bercé aux sons des voix de la chanson française. Est-ce que déjà à cette époque tu pensais faire de la chanson ton métier ?

En 1986, j’ai eu l’autorisation de mes parents de regarder l’Eurovision et j’y ai découvert un spectacle fascinant et féerique. Cela a été pour moi une véritable révélation qui plus est fut clôturée par la victoire de Sandra Kim. J’aimais déjà par dessus tout chanter mais quand j’ai vécu en direct ce show tout en lumière, je me suis dit : C’est ça que je veux faire dans la vie … Je veux être chanteuse ! Cette envie est demeurée intacte depuis toutes ces années et peut-être plus encore aujourd’hui.

 

lea3-Il y a eu un élément déclencheur : ta participation à la comédie musicale «l’enfant des étoiles». Est-ce que c’était ta première expérience de la scène ? Qu’as-tu ressenti au moment «crucial» où tu t’es trouvée pour la première fois en face de 1000 spectateurs ?

La comédie musicale « L’enfant des étoiles » a été pour moi ma première grande expérience scénique. Nous avons fait 12 représentations de 1000 spectateurs chacune. C’était une grosse structure de plus ou moins 400 personnes qui rassemblait des chanteurs, des figurants, des acteurs, des musiciens et toute une équipe technique. Je ne vous cache pas que la première représentation fut absolument stressante. Vous avez les jambes qui vacillent et la voix qui tremble mais le bonheur est à son comble d’être là sur la scène … cet endroit magique dont vous rêviez tant ! Plus les jours passaient et plus je m’y sentais comme chez moi. Les représentations suivantes me donnèrent un immense bonheur et une véritable plénitude … Je pouvais profiter au maximum de l’instant présent loin du trac et du stress de cette première fois. Ce fut merveilleux !

 

-En 2003, tu rencontres Patrick Van Roy qui deviendra ton compositeur attitré. Peux-tu nous parler un peu de cette rencontre car, je suppose, elle a été décisive pour la suite de ta carrière?

En 2003, Patrick Van Roy fut approché par une personne proche de RTL pour la réalisation d’un single qui s’intitulait  » Mentir  » . Une fois le titre finalisé, ils ont organisé un casting pour découvrir le chanteur ou la chanteuse qui poserait sa voix sur la chanson. Nous étions 60 inscrits et j’ai eu l’immense privilège d’être l’heureuse élue. Ma collaboration avec Patrick était née et elle existe toujours aujourd’hui. Je suis très fidèle dans toutes mes relations qu’elles soient professionnelles ou personnelles.

 

 

« il faut d’abord croire en soi et en son univers, faire preuve d’obstination et de beaucoup de volonté pour atteindre notre but… »


-Tu as déjà participer à plusieurs concours. Qu’est-ce que les compétitions peuvent apporter dans l’apprentissage du métier de chanteur ?

Durant quelques années, j’ai participé à de nombreux concours en Belgique et en France. C’est un chemin obligé pour nous les artistes pour d’une part se mettre en voix et d’autre part se positionner dans le métier. Même si nous sommes parfois confrontés à des classements subjectifs et des choix injustes à nos yeux, nous apprenons que nous ne pouvons pas plaire à tout le monde, qu’il faut d’abord croire en soi et en son univers, faire preuve d’obstination et de beaucoup de volonté pour atteindre notre but. C’est une école de vie en quelque sorte.

 

lea4.jpg-Dans ces concours, tu chantais des titres de Liane Foly, Chimène Badi et Lara Fabian. Te sens-tu proche de l’univers musicale des ces trois artistes ?

Oui, je me sens très proche de leurs univers puisque j’aime particulièrement la belle variété française. Je trouve qu’elles ont toutes des chansons sublimes dans leur répertoire respectif.

 

-Question cruelle : si je te demandais de choisir entre ces trois artistes pour enregistrer un duo, laquelle choisirais-tu ?

C’est vrai … la question est cruelle et je serais dans l’impossibilité de faire le moindre choix … Je les choisis toutes les trois !

 

-En 2007, tu décides de prendre du recul, de faire le point en quelque sorte. Etait-ce une période de doutes ou de lassitude ?

J’ai eu besoin de faire le point par rapport à mes choix de vie … La vie d’artiste induit de grands sacrifices et il n’est pas toujours facile d’y faire face. Je dois dire que le doute ne m’a jamais envahit en ce qui concerne mon envie de chanter mais des raisons et des difficultés économiques peuvent faire incliner la balance. Nous sommes tous et toutes confrontés aux charges fixes mensuelles et quand l’argent vient à manquer c’est là que l’on se pose la question de savoir si on arrête tout ou si on continue. Je me suis mise très souvent en danger et Il faut un sacré brin de folie pour persévérer dans cette voie quand la reconnaissance n’a pas encore eu lieu, croyez-moi !

 

-Heureusement, te revoilà sur le devant de la scène, pour notre plus grand plaisir et grâce à Akamusic. J’aimerais bien que tu nous parles de ton projet d’album «De coeur à coeur». Déjà, «vole» va bientôt sortir en single, il me semble ?

Le single  » Vole  » est sorti le 25 octobre 2010. Il est en vente sur toutes les plateformes de téléchargements officielles et je vais d’ailleurs tourner le clip de cette chanson le 03 décembre 2010. L’album  » De coeur à coeur  » est un nouveau challenge que je me suis fixé. Il faudra réunir 80.000 euros pour pouvoir le produire et nous avons déjà atteint les 20% de la production en quelques semaines. J’ai choisi ce titre d’album en mémoire de celui ou celle qui a fait l’immense cadeau de son coeur à ma maman. De fait, elle attendait une greffe cardiaque depuis plus de deux ans et le miracle a eu lieu il y a quelques mois. Merci la vie !

 

« …Les consciences doivent se réveiller et il faut tendre vers plus d’amour et de fraternité… »


-«L’enfant soldat» est une chanson bouleversante. Qui l’a écrite ? Tu dis que le thème de l’enfance te touche. Y a-t-il une raison particulière ?

C’est une amie Tania Coqueraux qui m’a proposé ce texte. Il m’a bouleversé aux larmes tellement je trouve l’exploitation des enfants dans les guerres ou partout ailleurs injuste et inhumaine. Les enfants sont notre porte drapeau pour l’avenir d’un monde meilleur et je suis convaincue qu’en agissant de la sorte, sans respect pour l’enfant, nous allons droit dans le mur. Les consciences doivent se réveiller et il faut tendre vers plus d’amour et de fraternité, plus d’humanisme et plus de maturité. Le monde nous appartient mais nous ne pouvons pas en faire ce que bon nous semble et le détruire à la racine en touchant de près ou de loin à l’enfance. Cette chanson me tient particulièrement à coeur et se sera une chanson phare de mon album à venir.

 

lea5.jpg-J’ai lu que tu avais été touchée par les paroles de «Aide-moi». L’entraide, c’est quelque chose de primordiale pour toi ? Est-ce une façon de dire qu’on ne peut pas s’en sortir seul dans ce métier ?

Il faut d’abord préciser que l’auteur est française et que j’ai découvert les textes de Mathylde Renée Line par le biais de Myspace. J’ai toujours eu beaucoup de mal à demander de l’aide depuis toute petite, ce texte m’a donc particulièrement touché.

L’entraide est bien sûr essentielle dans la construction de tout un chacun dans nos chemins de vie et il serait illusoire de penser que l’on peut tout faire seul. J’ai toujours eu l’intime conviction que la richesse se trouvait dans la diversité et le fait de rencontrer des personnes qui puissent t’aider et qui proviennent d’univers différents du tien sont un bagage non négligeable et même essentiel. Nous nous façonnons de toutes ses rencontres et notre coeur se remplit bénéfiquement de toutes ces aides extérieures. Je n’ai jamais pensé une seule seconde que l’on pouvait s’en sortir seul dans ce métier car nous avons besoin sans cesse du savoir des autres et du soutien de nos proches pour garder cette confiance qui nous échappe trop souventet du public qui nous offre le partage. La remise en question de soi dans les métiers de l’art est constante et épuisante à la fois.

 

« …au début nous avions pensé à une chanson en anglais… »

 

-J’en viens à l’Eurovision et à la chanson «Où s’en vont nos rêves ?» Un petit mot sur Christine Sion, l’auteur ?

J’ai rencontré Christine il y a à peu près 7 ans et ses textes et la justesse de ses mots m’ont profondément touchée. Elle écrit divinement bien ce que mon âme ressent au quotidien. Quand je lis ou je chante ces textes, tous les mots résonnent en moi comme une évidence. c’est une rencontre artistique merveilleuse.

 

-Comment perçois-tu le Concours Eurovision ? D’abord, est-ce que tu as l’habitude de le regarder ?

Comme je vous l’ai dis précédemment, je regarde le concours chaque année. Je perçois l’Eurovision comme une gigantesque fête planétaire de la musique et un rendez-vous annuel à ne manquer sous aucun prétexte. Ce que je trouve merveilleux dans ce concours c’est le rassemblement de tant de peuples autour d’une même manifestation. Ces occasions sont trop rares et ils faut les souligner. Ce côté universel et interculturel me plaît énormément.

 

lea6.jpg-Un souvenir précis du Concours ? Un interprète qui t’a marqué ?

La victoire de Sandra Kim bien sûr ! J’avais 6 ans et je m’en souviendrai toute ma vie durant. C’était absolument divin et magique à la fois pour la petite fille que j’étais de voir cette victoire en direct et l’effervescence incroyable que cela a provoqué par la suite dans notre petit pays. Il ne faut pas que j’oublie non plus les apparitions marquantes de Céline Dion, Lara Fabian, Marie Myriam et Patricia Kaas pour ne citer qu’elles … Des grands moments d’émotions !!!

 

-Penses-tu que le fait de ne pas chanter en anglais puisse être un handicap pour la victoire finale ?

Je vous avouerais qu’au début nous avions pensé à une chanson en anglais. On nous l’avait même conseillé fortement mais mon compositeur et moi-même nous sommes dit à juste titre que la langue de Molière est la nôtre et qu’il n’y avait certainement pas lieu d’en être gêné bien au contraire. Il me plaît de raconter l’anecdote d’un de mes meilleurs amis qui est grec. Il me répète sans cesse que quand il est arrivé pour la première fois en Belgique, la première chose qu’il s’est dite c’est que nous parlions une langue merveilleuse … Les résonances et les vibrations qui en ressortent sont chantantes et très agréables à l’oreille. C’est une mélodie constante comme toutes les langues latines d’ailleurs. Franchement, je ne penses pas que se soit un handicap … au contraire ! Regardez le succès d’Adamo au Japon, d’Elodie Frégé au Liban, de Lara Fabian et Patricia Kaas en Russie et bien d’autres encore … La langue française s’exporte à ravir !!!

 

-Steve Linden (que j’ai eu la chance d’interviewer) a misé sur ta chanson et tu as fait de même. Est-ce que vous vous connaissez ?

Nous ne nous connaissons pas du tout. Il a été le premier à participer à ma production Eurovision et à m’envoyer un mail d’encouragement et de félicitations. J’en ai fait de même car je suis persuadée que au plus profond de cet artiste réside une belle âme. Je vais être très heureuse de le rencontrer pour la première fois lors de notre finale début février à la RTBF.

 

Merci infiniment d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Tu as dit «nos rêves sont la magie qui nous habite et qui nous font tenir debout». Je souhaite de tout coeur que tes rêves deviennent réalité.

Merci à vous pour cet interview … votre soutien et votre générosité !

 

« Où s’en vont nos rêves ? »… A Düsseldorf peut-être. Voici la chanson à écouter sans modération :