Alors que « Destination Eurovision » vient d’être annulé, et que la délégation française semble encore hésiter entre sélection interne et finale nationale revisitée, la confusion la plus totale règne dans l’Euromonde.

Mais cela ne m’empêchera pas de vous présenter Isaac Delusion, un groupe français au style reconnaissable entre mille.

Si vous aimez les voix haut perchées, les années 80 et le funk, alors leur univers sera définitivement fait pour vous. Et leur éclectisme pourrait même, à mon humble avis, plaire à l’Europe entière !

Il y a de cela cinq ans, j’avais découvert dans une compilation des Inrockuptibles un petit groupe prometteur baptisé Isaac Delusion, et leur chanson « She Pretends ».

Son côté planant, mélancolique et aigre-doux m’avait de suite séduite, sans parler de la voix de tête atypique du chanteur.

Quelques années plus tard, j’ai continué à suivre leur évolution musicale ; à présent, ils ont trois magnifiques albums à leur actif, et sont assurément l’une des valeurs sûres de la scène indie française.

Avec Pépite ou encore L’Impératrice, ils font partie des poulains du label Microqlima, et n’en finissent plus de nous étonner.

Plus j’y pense, et plus je suis convaincue qu’ils ont tout pour plaire ; leur univers protéiforme pourrait séduire les nostalgiques, faire vibrer les passionnés de bonne musique, et tout simplement intriguer le grand public s’ils se présentaient à l’Eurovision 2020.

Je vais de ce pas vous expliquer pourquoi.

Qui sont-ils ?

Isaac Delusion est un groupe parisien fondé en 2012. À l’origine un duo, il a fini par s’agrandir pour devenir un quintette composé de Loïc au chant et à la guitare, Bastien et Jules aux claviers et à la guitare, Cédric à la batterie et Nicolas à la basse.

En 2012, ils se font remarquer grâce à leur premier EP, Midnight Sun, qui les révèle au grand public.

Après un deuxième EP baptisé « Early Morning », leur tout premier album, sobrement nommé Isaac Delusion, sort enfin en 2014. Et c’est une pépite, qui contient des merveilles musicales comme « Midnight Sun », « Pandora’s Box », « Children of the Night » ou encore le fameux « She Pretends » qui m’a permis de les découvrir.

En 2017, ils reviennent encore plus forts avec un second album, « Rust and Gold », dans lequel vous pourrez retrouver des morceaux tous plus époustouflants les uns que les autres, à l’image de « How Much (you want her) », « Isabella » ou encore « The Sinner ».

Et il y a quelques temps, le groupe nous a offert un très beau cadeau, en sortant leur troisième album, « Uplifters », paru au mois de novembre dernier. Il abrite une panoplie de tubes irrésistibles qui hantent déjà ma playlist ; je pense notamment à « Fancy », « Disorder », « Magicalove » ou encore « Pas l’Habitude ».

En bref : les aventures musicales d’Isaac Delusion sont bien parties pour continuer encore un bon moment. Le groupe n’a pas fini de surprendre le public et de les charmer grâce à leurs morceaux d’une indéniable qualité.

Quel est leur univers ?

L’univers d’Isaac Delusion est moins précis qu’on pourrait le croire. Leur musique est principalement axée sur l’électro-pop, mais ils savent s’adapter à tous les styles, et leurs titres ne se ressemblent pas, si bien que l’on n’a jamais le temps de s’ennuyer.

Voulez-vous du blues ? « The Sinner » est le morceau qu’il vous faut.

Voulez-vous du funk ? Essayez donc « Magicalove » et « How Much (You Want Her) ».

Voulez-vous retomber dans la synthpop des années 80 ? Pas de problème : « Disorder » est là pour vous.

Aimeriez-vous les entendre sur des rythmes plus planants ? Ils l’ont fait dans « She Pretends », et surtout dans « Gravitation », une collaboration hypnotique et onirique qu’ils partagent avec les DJs Møme et Petit Biscuit.

En plus de faire preuve d’un réel éclectisme, Isaac Delusion se distingue grâce à la voix fabuleuse de Loïc, leader du groupe. Son timbre clair et aigu évoquera immédiatement Jimmy Sommerville ou Limahl (charismatique chanteur du groupe Kajagoogoo) aux plus nostalgiques d’entre vous ainsi qu’à toute personne ayant bien connu les 80’s.

Le fait qu’ils chantent presque intégralement en anglais pourrait bien sûr faire froncer les sourcils aux fans de la francophonie ; mais une fois encore, Isaac Delusion aurait de quoi parer les attaques et faire cesser les plaintes. Avec leur chanson « Pas l’habitude » ou leur improbable reprise de « Couleur Menthe à l’eau » d’Eddy Mitchell, ils ont prouvé avec brio que le français ne leur faisait pas peur, et qu’ils ont toutes les cartes en mains pour briller.

Une multiplicité des genres telle que la leur et une aisance si flagrante en anglais aussi bien qu’en français ne pourraient être que des atouts si ils venaient, par chance, à se mêler au monde de l’Eurovision.

Leurs points forts :

Un univers riche et éclectique dont on ne se lasse pas.

Un chanteur dont la voix unique marque et se reconnaît sans peine.

Une aptitude à chanter aussi bien en anglais qu’en français.

Leurs points faibles :

Leur univers un peu rêveur pourrait être considéré comme ennuyeux par les amateurs de musique plus uptempo ou radio-friendly, quand d’autres risqueraient de trouver le timbre de Loïc quelque peu crispant ou agaçant.

Le titre à écouter d’urgence :

Autres titres à découvrir :

Parce qu’Isaac Delusion peut faire preuve de puissance pour vous donner de sacrés frissons :

Parce qu’Isaac Delusion peut vous faire danser en français :

Parce que la musique d’Isaaac Delusion peut se faire douce et mélancolique:

Parce qu’Isaac Delusion peut vous rendre nostalgique des 70’s, et pourquoi pas des 80’s?

Et en bonus, voici leur reprise sophistiquée et flegmatique de « Couleur Menthe à l’eau », chanson originellement interprétée par Eddy Mitchell.

Alors, que pensez-vous d’Isaac Delusion ?

Leur univers fascinant leur permettrait-il de bien se classer s’ils participaient à l’Eurovision ?

Ou au contraire, leur style si particulier déroutera-t-il un peu trop le télévote et les jurys ?

Vous seuls pouvez m’éclairer sur cette épineuse question.

C’est ainsi que s’achève cet article sur Isaac Delusion. C’est un groupe incroyable qui mériterait davantage de succès auprès d’un public plus large, et j’espère qu’ils l’obtiendront un jour. Je suis très curieuse de lire ce que vous en pensez.

Sur ce, je vous laisse ; je retourne écouter les contributions du désormais terminé Festivali i Këngës 58 et de l’Eesti Laul 2020. Il y a de jolies pépites dans ces sélections nationales, et tout cela me laisse penser que l’Eurovision 2020 sera l’un des plus mémorables que l’on ait jamais vu.

Musicalement,

Juliette.