Ce samedi 24 mars, a eu lieu le premier des euroconcerts intermédiaires : l’Eurovision PreParty de Riga, organisée par la branche lettone de l’OGAE. Selon le rituel établi, une conférence de presse a été organisée pour les participants.

À 20h, heure locale, au Crystal Club, Roberto Meloni a lancé les festivités. Voici les prestations compilées, grâce à l’aide de Wiwibloggs, et pourvues de mes commentaires personnels (qui comme d’habitude, n’engagent que moi).

Ouverture

Notre ami Markus Riva est monté le premier sur scène pour une reprise de ses meilleurs morceaux eurovisionesques. Contentons-nous du dernier en date, point trop n’en faut.

Markus nous démontre son talent et son professionnalisme. Je n’ai pas changé d’avis à son endroit : il ferait un excellent représentant letton. Reste juste l’éléphant dans la pièce : la chanson. Jusqu’à présent, ses morceaux étaient honnêtes, mais manquaient toujours d’un soupçon d’originalité, de folie, de piment ou d’émotion, d’authenticité, de sincérité. C’est le cas de ce This Time : très bien produit et tourné, mais générique au possible. Il faudrait à Markus quelque chose du calibre de Lie To Me ou de Beautiful Mess. Là, il pourra prétendre à la gloire eurovisionesque. Heureusement pour lui, le Concours est organisé tous les ans. Notre Markus est jeune, l’infini des compossibles leibniziens s’étend devant lui, bref, il y arrivera un jour et j’en serai fort heureux pour lui.

Place ensuite aux sélectionnés pour Lisbonne !

Lituanie – Ieva Zasimauskaitė – When We’re Old – première demi-finale

Le positif : WWO est une très belle ballade, très douce, très touchante, ma préférée de l’année. Ieva est une excellente chanteuse. Elle croit en sa chanson, en son message, elle transmet parfaitement son émotion, sa sincérité. Les paroles sont universelles et la chanson, comme je l’ai déjà dit, susceptible de toucher le plus grand nombre. Les amoureux du monde entier s’y retrouveront.

Le négatif : la mise en scène devrait être revue, à mon sens. Ce côté « par terre dans mon rideau de douche », ça passe pour une sélection et un euroconcert, mais ça coincera à Lisbonne. Ieva l’a admis : pas de LED prévus, elle devra donc se passer de son petit film. Bref, son équipe et elle ont intérêt à se remuer les méninges pour concevoir une mise en scène percutante, histoire de ne pas être mangée toute crue par Saara, Eleni, Netta et les autres. Par ailleurs, je ne suis pas convaincu par la dernière strophe en lituanien. Dans la version anglaise, ce sont les paroles les plus belles et les plus touchantes du morceau : « I’m not afraid to grow old, if I have your hand to hold. » Les escamoter me semble préjudiciable à l’ensemble.

Conclusion : inutile de me chapitrer, je suis déjà résigné. WWO est ma ballade préférée de l’année, la seule qui m’a mis la larme à l’oeil. Ieva est formidable, je l’adore et je voterai pour elle, le 8 mai venu. Je prierai tous les saints du ciel pour qu’elle se qualifie. Mais je sais que mes attentes seront déçues. Parce que c’est la Lituanie, parce que c’est la première demi-finale et parce qu’en face, il y aura Mikolas, Elina, Cesár et les autres… Du moins, Ieva rentrera chez elle le front haut : quoi qu’il arrive, elle fera honneur à son pays et à l’Eurovision. Et puis, bon, on la connaît la sélection lituanienne : tout le monde finit par y revenir…

République Tchèque – Mikolas Josef – Lie To Me – première demi-finale

Le positif : LTM est un morceau irrésistible à tous niveaux. Il retient l’attention dès sa première note et emporte ses auditeurs durant trois minutes géniales et dansantes. Certainement la meilleure chanson jamais présentée par la République Tchèque au Concours et l’une des chansons les plus pertinentes de cette édition 2018. Vocalement, c’est exigeant. Bonheur des bonheurs : Mikolas ne faillit pas à sa réputation. Il est un excellent interprète et porte son morceau à la perfection, avec ce soupçon d’aisance et de désinvolture qui fait tout son charme. Même sur une petite scène, même sans mise en scène, même avec un son médiocre, l’ensemble donne envie de saisir son portable et de voter frénétiquement pour lui.

Le négatif : franchement, je ne vois rien à reprocher à ces trois minutes. Pas trop fan du look « casquette-bomber », mais sans doute qu’à Lisbonne, Mikolas copiera plutôt son vidéoclip.

Conclusion : Mikolas est sur mon podium personnel de l’année, il aura mon soutien du début à la fin. À mon sens, la République Tchèque obtiendra avec lui, le meilleur résultat de son histoire. Je suis convaincu que nous reverrons Mikolas en finale et qu’il se hissera au moins parmi les dix premiers. Plus ? À voir… Gagner ? Non. L’heure eurovisionesque est aux messages, à l’émotion, aux coeurs brisés et aux grand-mères persécutées, pas vraiment le créneau de LTM. Enfin, je dis ça… L’Eurovision ayant toujours cette propension à n’en faire qu’à sa tête et prendre des directions inattendues et surprenantes, tout est encore possible pour Mikolas…

Lettonie – Laura Rizzotto – Funny Girl – deuxième demi-finale

Le positif : trois minutes de classe et de professionnalisme, une leçon pour bien des aspirants… FG est un excellent morceau, un de mes préférés. Comme souligné ici, il comporte des réminiscences de Portishead, de Neneh Cherry et d’Aminata. D’excellentes références pour une composition intriguante et prenante. Laura est une révélation, une excellente interprète. Elle captive son auditoire de par ce trouble, cette émotion, ce mystère qu’elle instille. La Lettonie revient au sommet !

Le négatif : à nouveau, je ne vois rien à reprocher à cela. À nouveau, pas trop fan du look « cuissardes-mini-jupe ». Mais à nouveau, j’imagine que Laura remettra une robe rouge classieuse, qui collera mieux à l’élégance de sa prestation.

Conclusion : pour un peu, je m’exilerais en France, afin de voter pour elle en demi-finale. Justement, cette demi-finale est d’un niveau musical… disons… moyen. Laura jouera donc sur du velours et devrait s’imposer devant Vanja, Sanja, Jessika et les autres. En finale, ce sera plus délicat. Mais là, elle pourra compter sur un de mes votes. Certes, une goutte dans l’océan, mais qui sait ? Jurés et téléspectateurs ont déjà prouvé qu’ils étaient sensibles à des morceaux sophistiqués. Comme pour Mikolas, tout est encore possible…

Moldavie – DoReDos – My Lucky Day – deuxième demi-finale

Le positif : MLD coche toutes les cases du morceau eurovisionesque. Léger, dansant, mémorable à première écoute, sans autre prétention qu’amuser et distraire les spectateurs durant trois minutes. Bien produit, imparable dans son genre, typique de ces productions pop d’Europe orientale. Un côté « plaisir coupable » qui touche chaque année de nombreux lambdas. Le trio est en harmonie. Son interprétation est professionnelle, sans fausse note. Marina, Eugeniu et Sergiu sourient, y croient, communiquent avec leur public. Ils sont heureux d’être là et s’en donnent à coeur joie. Tout ce que l’on attend de participants au Concours.

Le négatif : malgré tout, MLD a un côté « La fête au village« . Ce n’est pas de la grande musique, ce n’est pas de la grande chanson, ce n’est pas non plus une cascade d’émotions authentiques qui nous déferle sur la tête. C’est très clairement de la musique fast-food, conçue en pensant trop fort à l’Eurovision et à ses clichés. Rien à redire de nos interprètes. De toute façon, avions-nous le choix ? Le restant de la sélection moldave n’était pas à la hauteur (euphémisme)…

Conclusion : c’est facile, c’est drôle, c’est la deuxième demi-finale. Il y aura la Roumanie, la Russie, Philipp Kirkorov sur la photo et des lambdas qui n’éprouveront ni honte, ni culpabilité à voter pour un numéro rigolard et garanti sans prise de tête. Moi-même, à mon corps défendant, je me laisse emporter au final. Si j’étais Français, je leur attribuerais d’ailleurs un vote. Bref, je ne serais pas surpris le moins du monde que la Moldavie se qualifie. Mais en finale, je ne pense pas que nos amis voleront fort haut, car, là, il y aura mieux…

Entracte

Notre amie Amber était de retour. Pourquoi ? Eh bien… pourquoi pas ?

Décidément, Warrior n’est pas ma tasse de thé. Trop maltais, trop « enfonçage de portes ouvertes ». Éternel, perpétuel problème de la sélection maltaise : des interprètes professionnels et remarquables, mais des morceaux génériques et sans inspiration. Encore une télévision publique qui devrait appeler Symphonix International à la rescousse… Quant à Amber, elle revient quand elle veut, car vraiment, elle est une excellente chanteuse.

Conclusion

Point de grosse surprise, ni de révélation foudroyante ici. Nous avions déjà entendu nos quatre participants interpréter leur morceau dans les conditions du direct. Tous quatre confirment la qualité de leur voix et de leur talent. Les départager relève plutôt des affinités personnelles et des goûts musicaux de chacun. En plus, ils ne sont que quatre… Mais c’est juste assez pour un podium !

Médaille de bronze : Ieva, pour l’émotion et la tendresse, parce que c’est le genre de chansons que l’on passe à son mariage et que justement, cette année…

Médaille d’argent : Laura, pour la maîtrise et la classe, parce que c’est le genre de chansons dont je raffole depuis vingt ans et qu’ici, tout est réuni et sublimé.

Médaille d’or : Mikolas, Mikolas et Mikolas. Donnez-moi du Mikolas, encore, partout, tout le temps. Mettez-moi Mikolas sur le podium final et ce sera l’une de mes meilleurs éditions du Concours. Donnez-lui le Micro de Cristal et ce sera l’un de mes vainqueurs préférés de tous les temps. Bref, I want my Mikolas !

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(avec la collaboration de Sakis)