Ce samedi 14 avril, a donc eu lieu le cinquième euroconcert intermédiaire : l’Eurovision in Concert d’Amsterdam. Voici la compilation des prestations, grâce à EuroVisionary. J’y ai ajouté mes petits commentaires personnels (qui n’engagent que moi), en me montrant plus concis pour les artistes déjà entendus à RigaLondres, Moscou et Tel Aviv.

Bulgarie – Equinox – Bones – première demi-finale

Encore une fois, il est difficile d’évaluer complètement la prestation de nos amis bulgares. Mon opinion personnelle doit donc se lire avec encore plus de précaution et de distance que les autres. Ce que je ressens : Bones est une excellente chanson. Un de ses morceaux qui font l’honneur et la réputation du Concours. La rumeur est-elle vrai ? Peut-être. J’en suis convaincu à titre personnel : ce morceau a été écrit et composé pour une très grande star, un artiste d’envergure internationale. Loreen ? Peut-être. Sauf que le dit artiste s’est apparemment défilé et que Symphonix International nous envoie les choristes à la place. C’est mon ressenti. Tout le monde se débrouille bien, mais cela manque d’une personnalité incendiaire et charismatique pour porter les couplets au sommet et survoler les refrains. L’ajout de Kristian Kostov me renforce dans cette opinion. Bones mérite largement la finale et je pense que la Bulgarie l’atteindra. Mais Bones aurait mérité une Loreen pour atteindre le podium. Ce que la Bulgarie n’atteindra pas cette année, je pense. Néanmoins, une place parmi les dix premiers est envisageable et ce serait déjà un exploit en soi pour un pays qui a tant souffert par le passé.

France – Monsieur & SuRie – Mercy – finale

Monsieur est très bon en animateur de salle. Une prestation à titre exceptionnel, donc, faute de Madame. Qu’en tirer comme leçon ? Primo, que décidément SuRie est extraordinaire. Donnez-lui n’importe quel morceau et elle le transforme en magie. Quelle interprète, quelle voix, quelle présence ! Même de Nova deca, elle vous ferait un miracle… Secundo, que Mercy demeure universelle. Peu importe la langue au fond, la chanson conserve son impact. Certains craignent que son message échappe aux locuteurs non francophones. D’autres se réjouissent que l’ensemble soit sous-titré à Lisbonne. Mais vraiment, peu importe : Mercy n’a besoin de rien d’autre qu’elle-même pour toucher le plus grand nombre. De tous les morceaux en lice cette année, c’est sincèrement la chanson française que je vois émouvoir le plus de personnes possibles le soir du 12 mai. Sera-ce suffisant pour surpasser la folie déjantée de Netta ? Je le pense, surtout au vu des deux derniers vainqueurs. Néanmoins, le Concours a cette particularité d’échapper à toute analyse et toute logique. Tout dépendra donc de l’état d’esprit des téléspectateurs et des jurés, en mai prochain…

Allemagne – Michael Schulte – You Let Me Walk Alone – finale

Nouvelle prestation sans faute de Michael. Le représentant allemand est parfait dans les conditions du direct. Vous me direz : Levina aussi était très bien. Certes, mais Michael part avec un avantage : il a coécrit YLMWA. C’est SON morceau, SON histoire. Cela se sent et c’est très émouvant. L’Allemagne doit jouer sur cet aspect : l’émotion. YLMWA a un côté « chanson-pour-Fête-des-Pères », mais au fond, cela peut être un atout. L’immense majorité des lambdas ont un père et y penseront le moment venu. Cela aidera Michael à se hisser jusqu’au milieu du tableau. Il le mérite en tant qu’artiste. Plus, ce sera difficile. Moins, ce serait injuste.

République Tchèque – Mikolas Josef – Lie To Me – première demi-finale

Pourquoi ce sac ? C’est l’accessoire le plus dispensable de cette Saison 2018. Faites qu’il le laisse au vestiaire de l’Altice Arena… Quant au reste, Mikolas conserve tout son attrait, son charme, sa fantaisie. Bien des lambdas succomberont à son personnage, son charisme et sa voix. LTM est une excellente chanson, qui plaira à beaucoup. Selon moi, la République Tchèque obtiendra le meilleur résultat de son histoire au Concours, sans doute parmi les dix premiers de la finale. J’ai malgré tout une réserve : vocalement, c’est sans fausse note. Mais ici, c’est à nouveau léger. Mikolas est parfois désinvolte jusqu’au dilettantisme. C’est important d’être sûr de soi sur scène, mais pas au point d’en oublier l’enjeu…

Australie – Jessica Mauboy – We Got Love – première demi-finale

A-t-elle encore le temps de rentrer en Australie ? Jessica vole d’un coin à l’autre, d’un euroconcert à l’autre. Et s’améliore sans cesse. Cette prestation amstellodamoise est meilleure que celles de Londres et Tel-Aviv. La chanteuse trouve ici l’équilibre entre puissance et justesse. Parfait, vraiment parfait et digne d’une place parmi les meilleurs en finale. WGT plaira à beaucoup. Il lui manque juste un petit supplément d’âme ou une dose de sel pour s’imposer face à ses concurrents. L’Australie demeure l’un des nouveaux piliers du Concours.

Israël – Netta Barzilai – Toy – première demi-finale

Reprenons notre question : quel sera l’état d’esprit des téléspectateurs le soir du 12 mai ? S’ils ont la tête à la fête, au rire, à la folie eurovisionesque, alors Netta repartira avec le Micro de Cristal. Nous l’avons déjà dit : certains lambdas ne regardent l’Eurovision que pour ce genre de morceaux et de prestations. Ils attendent et veulent trois minutes folles, déjantées, surprenantes et mémorables. Cette année, Netta est la seule à pouvoir le leur offrir. La chanteuse israélienne livre ici une prestation parfaite, supérieure à celle de Tel Aviv. Elle arrivera donc à Lisbonne avec les eurofans dans la poche et donc un sacré matelas de votes d’avance. À titre personnel, je trouve que Toy est du niveau de We Got Love ou Fuego : c’est très bien, mais pas exceptionnel. Je me répète donc : tout repose sur Netta, son attrait, sa gentillesse, son charisme, son talent et sa personnalité. L’on a vraiment envie de l’avoir comme meilleure amie. J’imagine que la mise en scène et la présentation visuelle joueront également en sa faveur. Bref, tout semble aligné pour une victoire israélienne. Seul obstacle (et de taille, selon moi) : Mercy, qui me semble plus pertinent sur le plan musical, artistique et symbolique. Certains d’entre vous ont évoqué un obstacle plus politique : Israël en tant qu’état et sa réputation pour le moins délicate. Cet impact-là est toujours difficile à évaluer à l’Eurovision. En 2016, la Russie avait été quasiment boycottée par les jurés. Était-ce pour des motifs politiques ou pour des raisons musicales ? Le mystère demeure entier. À titre personnel, je ne pense pas que les personnes qui haïssent Israël seront devant leur écran, le 12 mai. Et comme de plus, il est impossible de voter « contre »… Bref, selon moi, Netta terminera première ou deuxième, devant ou derrière la France. À mon avis, ce seront les jurys qui trancheront…

Serbie – Sanja Ilic & Balkanika – Nova deca – deuxième demi-finale

Du Capitole à la Roche Tarpéienne… Ces trois minutes serbes résument à la perfection tout ce dont l’Eurovision doit se garder en 2018 : des morceaux sans consistance, ni pertinence, ni originalité. Vocalement, rien à redire de Balkanika. Mais musicalement ? What’s the point, daaahling? Quel est l’intérêt de ce morceau ? Pardon, mais aucun à mes yeux. Le 10 mai, la Serbie restera en rade de cette deuxième demi-finale et il n’y aura que très peu de monde pour le regretter. Espérons à présent que la RTS saura tirer les leçons de cette erreur et parviendra à concilier en 2019 la difficile équation : petit budget + langue nationale + artistes locaux + ambition internationale. Et si elle est impossible à résoudre, qu’ils fassent comme la Grèce : qu’ils demandent l’aide d’une maison de disques.

Arménie – Sevak Khanagyan – Qami – première demi-finale

À nouveau, Sevak est magistral. Voilà un chanteur de premier plan et l’on comprend son succès récurrent dans les télécrochets des anciennes républiques soviétiques. Hélas, ici, l’on n’est point à The Voice. Pour s’imposer, il faut une belle voix, mais aussi une chanson marquante, différente, audacieuse, émouvante, authentique. Tout ce que n’est pas Qami, une honnête ballade, tâcheronne et reprenant à bon compte des effets eurovisionesques rebattus. Ce qui nous ramène à l’éternel débat : pour qui et quoi est-il préférable de voter ? D’excellents morceaux moyennement interprétés ou d’ennuyeux morceaux très bien interprétés ? Spontanément, je me range derrière la première proposition et je ne voterai donc pas pour Sevak. Mais vu son talent, sa qualification ne me surprendrait pas…

Suisse – Zibbz – Stones – première demi-finale

En voilà qui mériteraient clairement la qualification. Corinne nous signe ici une excellente prestation vocale. La représentante suisse est charismatique au possible, la scène est bien son biotope naturel. Ici, par contre, je ne me pose point de questions : je vote et je revote. Et si la Suisse manque sa qualification au profit de l’Azerbaïdjan, de la Biélorussie ou de l’Arménie, ce sera l’un de plus terribles crève-cœurs de cet Eurovision 2018…

Islande – Ari Ólafsson – Our Choice – première demi-finale

Grand chanteur, toute petite chanson. Même en islandais… La RÚV a sous les mains une inépuisable réserve de talents. Ne reste plus qu’à leur trouver de bonnes chansons. Des Beautiful Mess, des City Lights, des Sound Of Silence, des If Love Was A Crime… Il n’y aurait aucune honte, aucun déshonneur à faire appel à des auteurs-compositeurs étrangers. Surtout pour mettre en valeur des chanteurs aussi exceptionnels qu’Ari. Et surtout pour redorer le blason de l’Islande au Concours.

Biélorussie – Alekseev – Forever – première demi-finale

C’est mieux, c’est nettement mieux sur le plan vocal. Alekseev livre ici sa meilleure prestation de l’année. La qualification me semble du coup à portée de main pour lui. Encore quelques efforts sur la prononciation… Je me demande tout de même si ses mimiques faciales n’auront pas un impact négatif… Sa bouche dispose à présent de son propre compte Twitter. Sans doute que le costume de lumière distraira de cet orifice béant prêt à avaler l’Univers…

Monténégro – Vanja Radovanovic – Inje – deuxième demi-finale

Il est drôle, notre ami Vanja. Et je l’apprécie beaucoup en tant que personne et qu’interprète. Hélas, Inje arrive trop tard et sans les armes nécessaires. L’Eurovision est devenu une compétition musicale d’une rudesse et d’une difficulté sans pareille. Pour s’imposer en 2018, il faut plus qu’une belle voix et qu’une vieille recette qui a fait ses preuves. Je remercie le Monténégro de s’accrocher, de participer vaille que vaille et de multiplier les propositions. Mais il lui faut encore trouver sa formule magique…

Slovénie – Lea Sirk – Hvala, ne! – deuxième demi-finale

À la finale slovène, elle s’était montrée très pessimiste sur ses chances de réussite. Pourtant, sa proposition mériterait selon moi la finale. Sur le plan musical et artistique, c’est innovant, c’est audacieux, c’est encore peu entendu au Concours et surtout, c’est pertinent. À mille lieux des propositions serbe et monténégrine… Et que dire du plan vocal ? Lea se montre à nouveau impériale et nous offre une prestation parfaite de bout en bout. Je pense d’ailleurs qu’elle devrait abandonner sa mise en scène inutilement complexe et compliquée de l’Evrovizijska Melodija. Cela l’entrave et l’empêche d’exprimer pleinement son potentiel, sa folie et son attitude punk. Vraiment cette année, la Russie et la Roumanie mériteraient de passer leur tour au profit de la Slovénie dont ce sont là les trois meilleures minutes depuis longtemps.

Pologne – Gromee & Lukas Meijer – Light Me Up – deuxième demi-finale

Encore un concurrent qui signe sa meilleure prestation de la saison. Lukas est meilleur qu’à la finale polonaise et qu’à Londres. Du coup, LMU s’envole et capte mieux la lumière et l’attention. Ce qui à la réflexion rend les pronostics encore plus impénétrables pour cette deuxième demi-finale… Qui s’imposera et obtiendra sa qualification ? A priori, la Pologne semble bien partie. LMU est juste calibrée pour ce Concours 2018. Lukas manque un peu de souffle et d’ampleur, mais compense par son dynamisme et sa présence. Diable que le suspense s’annonce terrible…

Belgique – Sennek – A Matter Of Time – première demi-finale

Ah ! Ah ! Sennek aussi se surpasse. C’est mille fois mieux qu’à Tel Aviv. Me voilà partiellement rassuré. Car oui, les couplets sont parfaits. Mais non, les notes les plus hautes du refrain ne sont pas encore au point. Ce qui laisse une impression pénible : celle d’un morceau dépassant les capacités vocales de son auteur et interprète. AMOT demeure ma chanson préférée de cette édition 2018, du moins en version studio. C’est là un morceau susceptible d’emmener la Belgique parmi les cinq premiers de la finale. Sennek est une artiste et une chanteuse de qualité. Alors, qu’est-ce qui coince ? Je ne me l’explique pas. Rien n’est encore perdu. Mais le temps commence à lui être compté pour travailler sa prestation et être parfaite. Alleï, Sennek, accroche-toi, hein, dit ! Tu peux le faire, tu nous l’as déjà prouvé !

Espagne – Alfred & Amaia – Tu canción – finale

Le bisou, le bisou, le bisou ! C’est ce que l’on attend, c’est le meilleur moment, c’est génial dans son genre. La TVE joue finement la carte de l’amour et des amoureux. C’est très « carte-postale-de-Saint-Valentin », mais cela marche très bien. Alfred et Amaia sont mignons tout plein et devraient plaire à beaucoup de téléspectateurs. Artistiquement, rien de neuf sous le soleil. Mais vocalement, c’est impeccable. Leur histoire personnelle sera, selon moi, le facteur X déterminant. Nos amoureux mériteront une bonne place, sans doute entre la dixième et la quinzième. Juste ce qu’il faut pour l’Espagne, avec l’espoir de paver la voie à de nouveaux succès.

Pays-Bas – Waylon – Outlaw In ‘Em – deuxième demi-finale

Le positif : Ce Waylon tout de même… Il nous rappelle que sa deuxième place à Copenhague n’était pas due au hasard. Quel artiste, quel personnage, quelle voix, quelle prestation remarquable… Le représentant néerlandais est taillé pour la scène, pour le direct, pour les concerts sans fioritures. Il nous le prouve à nouveau, dans un registre plus rock qu’en 2014. OIE est un morceau énergique, prenant, pas formaté, garanti 100% sans cliché eurovisionesque. Trois minutes susceptibles de mettre le feu à l’Altice Arena, surtout avec une mise en scène à la Douwe Bob, une mise en scène qui crée l’illusion d’un concert dédié uniquement à Waylon, une mise en scène qui nous fait oublier l’Eurovision.

Le négatif : C’est du rock, du rock américain, limite du rockabilly. Musicalement, ce n’est pas l’innovation de l’année, le nouveau son qui tue, LA découverte à ne pas manquer. Par ailleurs, entre rock et Eurovision, cela n’a jamais été une grande histoire d’amour et ce, depuis 1958. Waylon pourra compter sur le vote des amateurs du genre. Seront-ils nombreux ? Hum…

Conclusion : Cela mérite amplement la finale. Cela mérite amplement de brûler la priorité à la Russie, la Roumanie et même la Pologne. Les Pays-Bas poursuivent sur leur brillante lancée. Reste à Waylon à convaincre un public plus large que celui des rockeurs au grand cœur. Il le peut, tant il est l’un des meilleurs interprètes masculins de l’année et qu’il est seul sur son créneau.

Lituanie – Ieva Zasimauskaite – When We’re Old – première demi-finale

Serait-ce possible ? Serait-ce possible qu’Ieva nous lise ? Comme l’a souligné Pascal, elle a exaucé mes deux demandes : pas de prestation au sol et les deux dernières strophes en anglais. Du coup, cela lui entrouvre à nouveau les portes de la finale. Nous sommes bien d’accord : cela se jouera au point. Au sens le plus strict et le plus littéral… Ieva le mériterait pourtant. Vocalement, elle est parfaite. Personnellement, elle est irrésistible. WWO est très belle ballade, plus authentique que Qami, plus émouvante que Together, plus fraîche que Our Choice. Des quatre, elle est à mes yeux, la seule à mériter sa qualification. Mais les téléspectateurs ont-ils encore envie de ballades ? L’an dernier, la plupart d’entre elles avaient été éliminées. Suspense, suspense, cet Eurovision 2018 ne sera que suspense… Ieva pourra en tout cas compter sur mon vote.

Moldavie – DoReDos – My Lucky Day – deuxième demi-finale

Ils n’auront manqué quasiment aucun euroconcert, ces trois-là. J’apprécie toujours les artistes qui s’investissent corps et âme dans leur participation. Donc, un bon point en leur faveur. Vocalement, ils demeurent égaux à eux-mêmes. L’on sent que c’est rodé, répété, prêt pour Lisbonne. Et l’on sent bien qu’ils vont se qualifier… Déjà qu’ils sont dans la même demi-finale que la Russie et la Roumanie… Mais entendons-nous bien : cette qualification ne sera ni honteuse, ni volée. Ces trois minutes feront rire et battre des mains dans les chaumières serbes et allemandes (et pourquoi pas françaises). En finale, ils ne réitéreront pas l’exploit des Sunstroke Project, mais deux qualifications d’affilée, c’est déjà du bonheur pour la Moldavie.

Danemark – Rasmussen – Higher Ground – deuxième demi-finale

Lui aussi sera seul sur son créneau musical et cela lui ouvrira les portes de la finale. D’autant plus s’il livre une prestation vocale aussi bonne que celle-ci. Rasmussen maîtrise sa voix, son morceau et son personnage de Viking. Ne lui manquent plus que sa lumière bleutée et son décor de drakkar, éléments périphériques, certes, mais qui théâtralisent HG à merveille. Une fois en finale, les eurofans seront là pour le porter. Atteindra-t-il les dix premiers ? J’hésite. Je le verrais plutôt entre la onzième et la quinzième place. Rien d’infamant et un retour en grâce certain pour le Danemark.

Lettonie – Laura Rizzotto – Funny Girl – deuxième demi-finale

La petite chorégraphie et les effets capillaires sont au point. Fascinant de constater qu’ils sont devenus des automatismes pour la chanteuse… Niveau vocal, Laura demeure au sommet de son art. Elle est magistrale et captivante. Ces trois minutes s’écoulent d’ailleurs trop rapidement. Quant à moi, j’en reprendrais volontiers trois supplémentaires. FG est parfait pour cet Eurovision 2018. La Lettonie mérite mille fois la finale, à tous points de vue.

Suède – Benjamin Ingrosso – Dance You Off – deuxième demi-finale

Évidemment que lui se qualifiera ! Notre ami Benjamin est un excellent chanteur et une sacré bête de scène. Il signe à nouveau une prestation vocale sans faute. Vous le constatez encore une fois : nul besoin de son podium lumineux pour emporter les spectateurs avec lui. DYO est efficace comme seule une contribution suédoise à l’Eurovision peut l’être. Une autre cinquième place me semble évidente, doublée d’un beau succès commercial. C’est maman qui va être fière…

Ukraine – Mélovin – Under The Ladder – deuxième demi-finale

Le positif : Mélovin est un sacré personnage et une autre bête de scène. Il enflamme ici la scène au sens figuré et livre une prestation vocale de premier ordre, aussi bonne qu’à la finale ukrainienne. On le voit emporté par son morceau et se livrant totalement au public. UTL est bien taillé pour la compétition et l’Eurovision. Il s’agit d’un morceau dynamique, susceptible de plaire au plus grand nombre…

Le négatif : …mais tout de même assez linéaire. Une fois le refrain atteint, il ne se passe plus grand grand chose. C’est bon, mais ni audacieux, ni remarquable. D’où l’intérêt de l’escalier en feu, j’imagine, pour animer les trois minutes et retenir l’attention du téléspectateur. Quant à la prononciation, elle égale celle d’Alekseev et de Julia Samoilova. Bref, ce n’est point Byzance à l’oreille. C’est parfois même yaourt.

Conclusion : Voilà un pays qui a déjà son ticket pour la finale. Parce que c’est l’Ukraine, parce que Mélovin est un excellent interprète, parce que la mise en scène s’annonce épique et parce que UTL est une composition solide. À titre personnel, cela ne me touche aucunement. Je préfère encore la Pologne et la Moldavie. Mais Mélovin trouvera son public et reviendra à Kiev avec les honneurs d’un bon classement en finale.

Royaume-Uni – SuRie – Storms – finale

Nouvelle prestation parfaite de SuRie. Elle est tellement géniale que l’incroyable me semble à présent possible. Sa voix, son magnétisme, sa présence scénique pourraient l’emmener dans la partie gauche du tableau final. Elle le mériterait. Quelle pitié que Storms soit si mou et peu inspiré…

Irlande – Ryan O’Shaughnessy – Together – première demi-finale

Avoir choisi Ryan est compréhensible de la part de la RTÉ. Voilà un chanteur talentueux et un auteur inspiré. En plus, volontaire, lui, et déjà connu en Irlande et au Royaume-Uni. C’était certainement la meilleure des solutions possibles. Mais rapportée au niveau de l’Eurovision 2018, c’était une erreur. Autant Ryan est parfait, autant Together est insignifiant. Une petite ballade gentillette que le téléspectateur lambda oubliera le temps de la carte postale chypriote. Ensuite, la première seconde de Fuego fera disparaître des mémoires les plus éléphantesques, ces trois minutes irlandaises. C’est terrible pour ce pauvre Ryan, bien qu’il se soit embarqué en connaissance de cause dans cette aventure périlleuse.  Là-dessus, durant une année entière, nous aurons droit à des commentaires d’experts musicaux et d’anciens concurrents irlandais accusant le Concours d’être injuste et biaisé politiquement. Puis Linda Martin reviendra insister sur l’importance pour l’Irlande d’envoyer une « ballade-comme-celles-qui-ont-fait-son-succès ». Sauf que non, non, Linda ! Envoyez-nous une version irlandaise de Netta Barzilai ou de Mikolas Josef et là, on en reparlera sérieusement…

Albanie – Eugent Bushpepa – Mall – première demi-finale

Le positif : Eugent est l’égal de Waylon, bien que dans un autre genre musical. Il est un artiste de scène, de concerts enfumés et bruts, de prestations en direct, en union et en communion avec un public en transe. Le représentant albanais le démontre à nouveau ici. Il est digne des plus grands et de son homologue néerlandais. Sa prestation vocale survole cet EiC 2018. Vous noterez qu’il est plus à l’aise dans les aigus que Sennek, un comble dans son genre. Quant à Mall, c’est une bouffée d’air frais, après quatre ballades à voix consécutives. C’est rock, mais dans un registre plus pop contemporain que OIE

Le négatif : … Cela reste néanmoins très albano-albanais. Et je ne parle pas de la langue, mais de la composition musicale, du son. Il n’y a guère que l’Albanie pour envoyer ce genre de morceaux au Concours. C’est moyennement pertinent, selon moi, sur le plan musical. Vous me direz que c’est authentique. Certes. Mais cela touchera-t-il et convaincra-t-il beaucoup de téléspectateurs ? J’en doute…

Conclusion : Eugent est brillant et mérite une belle carrière dans son pays et les régions albanophones. Sa victoire au Festivali i Këngës était amplement justifiée, tant il s’y est montré impérial. Mais à nouveau, entre le FiK et l’Eurovision, il y a un abîme que les prouesses vocales d’Eugent ne parviendront pas à combler, à mon avis. Je doute que nous verrons l’Albanie en finale. Si c’était le cas, ce serait une belle surprise…

Autriche – Cesár Sampson – Nobody But You – première demi-finale

Je ne m’en lasse pas… Cesár est lui aussi prêt pour le Concours. Transportez-le sur le champ à Lisbonne et il y fera merveille, même au beau milieu du chantier de l’Altice Arena, entre deux spots, deux câbles, deux éléments non montés du décor. Car il n’a besoin que de sa voix pour renverser et éblouir. NBY est un excellent morceau, l’un de mes préférés de cette édition 2018. L’ORF a tout compris en s’adressant à Symphonix International. Trois minutes belles, riches et profondes sur le plan musical, vocal et artistique, qui méritent la finale et un bon résultat (surtout au télévote).

Finlande – Saara Aalto – Monsters – première demi-finale

Voilà qui est finement joué. Proposer un remix permet à Saara, à la fois d’étonner un public ayant déjà entendu cent fois son morceau et de démontrer ses capacités vocales. Nous voici à des années-lumières de sa prestation en demi-teinte de la finale finlandaise. La chanteuse est excellente et signe une prestation maîtrisée et endiablée. Monsters est diablement efficace et son impact devrait être renforcé par une mise en scène haute en couleurs. Bref, Saara tient son ticket pour la finale. Là, elle devra affronter une rude concurrence. Moi, je dirais entre la cinquième et la quinzième place. C’est assez flou, je vous le concède. Mais cet Eurovision 2018 est flou quant à ses pronostics. Ce qui le rend d’autant plus passionnant…

Saint-Marin – Jessika & Jenifer Brening – Who We Are – deuxième demi-finale

Par contre, ici, point de flou. Cela va s’écraser en demi-finale. Et ce sera mérité. D’une part, pour la télévision saint-marinaise qui a eu tort de laisser tout pouvoir aux producteurs du 1 In 360. D’autre part, pour les dits producteurs qui ont eu tort de faire passer leurs intérêts personnels avant les intérêts de leur client et du Concours. Je vous l’avoue en outre : je ne puis surmonter l’aversion profonde que me cause Jenifer. Pas tant à cause de son intrusion bruyante dans un morceau qui ne lui avait rien demandé, qu’à cause de son manque d’intégrité artistique. Reste Jessika, que j’apprécie beaucoup en tant que chanteuse et que personne, qui vit un rêve incroyable et qui elle, pour le coup, méritait bien mieux que ces magouilles et ces petites combines entre amis.

Macédoine – Eye Cue – Lost And Found – première demi-finale

Ouf ! Encore une qui m’aura causé des frayeurs… Marija rattrape sa prestation israélienne, plus que moyenne, et nous offre trois belles minutes, bien interprétées et vocalement au point. Nous voilà avec une proposition macédonienne professionnelle, aboutie et très attrayante. À titre personnel, j’adore et je voterai autant que possible. LAF est un excellent morceau, pertinent et remarquable. J’en reviens donc à mon intuition ultérieure : les qualifications de la première demi-finale se joueront au point près. Je croise tous mes doigts pour revoir la Macédoine en finale. Mais sera-ce suffisant ?

Malte – Christabelle – Taboo – deuxième demi-finale

Ni frayeur, ni surprise. Christabelle demeure excellente dans toutes ses prestations. Même à Moscou, où pourtant la sono était horrible, elle avait brillé vocalement. Elle chante donc ici parfaitement durant les trois minutes imparties. Même conclusion que pour l’Islande. La télévision maltaise dispose d’un vivier d’interprètes remarquables. Ne reste « plus qu’à » leur trouver de bonnes chansons, susceptibles d’étonner et d’émouvoir les téléspectateurs du monde entier. Je doute que Christabelle se qualifie, car Taboo laisse une sensation d’inachevé. Il lui aurait fallu un tube comme Dance Alone pour s’imposer.

Hongrie – AWS – Viszlát nyár – deuxième demi-finale

Le positif : Voilà trois minutes qui décoifferont les lambdas sur leur canapé et réveilleront les retraités somnolents. Le groupe signe une nouvelle prestation énergique et échevelée, du niveau de la finale hongroise. Vocalement, Örs répond aux attentes du morceau.

Le négatif : C’est pour le moins clivant. Oui, il y a un public qui raffole de ce genre de morceaux. Mais regardera-t-il la demi-finale du 10 mai ?  Vn est, selon moi, peu œcuménique. Ce n’est pas la chanson qui fédère le plus grand nombre. D’un autre côté, elle se démarquera clairement des autres propositions. Quelle cacophonie tout de même…

Conclusion : Chaque année, il en faut un. Un participant, une chanson, un pays que j’abhorre et dont l’écoute me cause une violente réaction allergique. Cette année, c’est la Hongrie et ces trois minutes de supplice chinois. Je déteste tout, absolument tout, même si je salue l’intégrité artistique du groupe et son apport alternatif. Mon opinion n’ayant qu’une valeur relative, je m’interroge sur leurs chances de qualification. Je n’y crois pas, en ce qui me concerne, mais les eurofans, dont vous, semblent bien les accueillir. Tant mieux pour eux…

Conclusion

Voilà un excellent euroconcert, probablement le meilleur de cette période intermédiaire ! Il faut dire qu’avec une technique de pointe et une sonorisation professionnelle, les prestations vocables prennent une autre dimension. Voici donc mon classement personnel !

Médaille de bronze : Waylon, pour son incroyable présence sur scène, pour sa capacité phénoménale à enflammer le public et à capter toute son attention et pour sa voix extraordinaire. Les Pays-Bas confirment leur statut de nouveau pilier du Concours.

Médaille d’argent : Benjamin Ingrosso, pour son magnétisme, sa légèreté, cette sensualité qui se dégage de sa voix et de son corps. En voilà un qui m’empêchera de dormir, la nuit du 10 mai. La Suède est décidément imbattable.

Médaille d’or : Cesár Sampson, sans surprise aucune. Le représentant autrichien est à mes yeux le meilleur des interprètes masculins en lice. Sa voix et sa chanson résonneront éternellement dans mes oreilles, mon coeur et ma mémoire. Sortez les mouchoirs…

Dans vingt-deux jours nous y seront. Déjà… En ce qui me concerne, je pense que tout se jouera entre Israël et la France. Ce sera la folie ou l’émotion. Message pour message. Interprétation pour interprétation. J’entrevois que les trois minutes de Netta seront aussi déjantées que les trois minutes de Madame Monsieur seront sobres. Ce sera l’explosion face à la retenue. Quel que ce soit le vainqueur, il méritera son triomphe. Et quel que soit le vainqueur, vous qui lisez ces lignes en éprouverez une grande joie. Le Concours aura tout à gagner d’une victoire israélienne ou française et en ressortira plus fort.

Néanmoins, étant qui je suis, je m’en viens jouer les Cassandre. Sans doute le soir du 12 mai, vous serez euphoriques. Profitez autant que possible de cette ivresse, mais tenez-vous prêts. Car que ce soit Israël ou la France qui l’emporte, il y aura un sévère retour de flamme. Les détracteurs du Concours vont se déchaîner et la fachosphère atteindra de nouveaux sommets dans l’abjection et l’abomination. Soyez assurés de lire des commentaires pires encore qu’en 2014 ou en 2016.

Préparez-vous, mais ne laissez pas ces personnes vous atteindre. Quoi que vous lisiez, rappelez-vous qu’il ne s’agit que d’une minorité bruyante. Rien de plus : un petit nombre de personnes qui font beaucoup de bruit. Ne les laissez pas attenter à votre bonheur et surtout, ne tentez pas de leur répondre. Ce sera peine perdue. Rassurez-vous : vous serez ici en sécurité pour vous exprimer librement. Y compris si, pour des raisons purement musicales, vous êtes déçus à mort et que vous avez décidé de ne plus jamais regarder l’Eurovision… enfin, au moins jusqu’à l’année prochaine…

Sondage

Sur ce, je me tais (il était temps, d’ailleurs). À votre tour de vous exprimer !

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