LUNDI 13 AOÛT

La route vers l’Eurovision 2019 est décidément parsemée de périls et d’embûches. Dans les épisodes précédents, vous avez suivi les querelles entre le gouvernement et la télévision publique israélienne. Le premier voulait intervenir directement dans l’organisation du Concours, tandis que la seconde voulait l’organiser en toute indépendance. Après un rappel à l’ordre de l’UER, le gouvernement israélien avait pris ses distances et promis de ne plus interférer.

Concomittament, avait pris place un vaste débat sur le lieu d’organisation. Le gouvernement voulait à tout prix accueillir le Concours à Jérusalem. La télévision israélienne voulait une procédure de candidature ouverte à toutes les villes israéliennes susceptibles et désireuses d’organiser l’événement. Après de longues réunions et une nouvelle intervention de l’UER, le principe était acquis : l’appel à candidature pour la ville-hôte serait bien ouvert, public et transparent.

Dans la foulée, plusieurs villes s’étaient déclarées, mais au final, seules trois ont posé leur candidature officielle : Jérusalem, Tel Aviv et Heilat. Les médias israéliens ont passé au crible possibilités et propositions. Ils ont rapidement émis des doutes quant au projet d’Heilat : réunir deux hangars situés dans la zone industrielle du port à une salle construite spécifiquement pour l’occasion (ci-dessous) ou transformer entièrement la patinoire de la ville.

Selon eux, Jérusalem et sa Pais Arena et Tel Aviv et son Pavilion 2 sont les deux propositions les plus solides et les plus crédibles. La télévision israélienne devrait rendre sa décision en septembre, comme demandé par l’UER. À moins qu’une question brûlante ne vienne tout remettre en cause : celle du budget.

Il apparaît en effet que la télévision publique israélienne n’a pas les moyens financiers pour organiser seule le Concours (petite musique connue). Premier obstacle : l’UER lui a demandé une caution de 12 millions d’euros,  à déposer pour le 31 juillet, faute de quoi, elle perdrait les droits d’organisation.  Problème : l’IPBC ne dispose pas de la somme. Ses responsables ont alerté le gouvernement israélien, alors que celui-ci venait justement de lui refuser toute augmentation de budget pour 2019. De leur côté, les médias israéliens ont fait leur compte : l’organisation de l’Eurovision 2019 devrait s’élever à 41 millions d’euros.

Tandis que gouvernement et télévision publique négociaient, l’UER a décidé d’accorder un délai supplémentaire de deux semaines à l’IPBC pour le dépôt de caution. L’Union a en outre demandé à l’IPBC de s’assurer que le gouvernement prendrait en charge tous les frais relatifs à la sécurité (qui s’annoncent élevés). Dans une lettre ouverte au ministre des communications, le président de l’IPBC, M. Gil Omer (ci-dessus), a souligné que le diffuseur ne pourrait organiser le Concours sans le soutien du gouvernement. Selon lui, l’Eurovision est une opportunité unique pour Israël : le pays pourrait se présenter sous un jour positif et améliorer son image sur la scène internationale.

Selon les médias israéliens, les premières rencontres entre les représentants du gouvernement et de l’IPCB auraient été positives. Le budget aurait été fixé à 35 millions d’euros. 23,5 millions seraient financés par le gouvernement, la télévision et la municipalité. Les 11,5 millions restant, par les sponsors et le merchandising.

Néanmoins, la situation est rapidement revenue dans l’impasse : le gouvernement israélien a refusé d’avancer l’argent de la caution, préférant accorder sa garantie générale. L’IPBC a rétorqué qu’elle ne disposait pas des liquidités nécessaires. Le gouvernement a réitéré son refus, bloquant tout accord et tout dépôt.

L’échéance fixée par l’UER arrive à terme demain. Face à l’urgence, l’IPBC a à nouveau adressé une lettre ouverte au gouvernement : sans avance de sa part, l’IPBC renoncera à ses droits en tant que diffuseur-hôte et l’UER aura toute liberté pour en choisir un autre. L’IPBC préfère cette solution-là, plutôt que de licencier 200 employés ou supprimer de nombreux programmes de ses grilles. Le gouvernement a répondu du berger à la bergère : selon lui, l’IPBC dispose d’un budget annuel de 180 millions d’euros. Le diffuseur a donc largement les moyens de payer les 12 millions de caution.

Ce lundi et ce mardi seront donc des jours cruciaux pour l’organisation de l’Eurovision 2019. Les médias israéliens, de leur côté, n’ont pas manqué de souligner la confusion totale qui règne au sommet de l’état, ainsi que l’image désastreuse que ces querelles renvoyaient. Quant aux réseaux sociaux, ils ont fait enfler la rumeur, au point de la rendre presque crédible : l’UER aurait négocié en secret avec la télévision autrichienne et tout serait déjà prêt pour accueillir le Concours à Vienne, l’an prochain.

MARDI 14 AOÛT – 9H

Le ton monte entre le gouvernement et la télévision publique israélienne. Le premier ministre Netanyahou a menacé de fermeture l’IPBC si elle ne réglait pas elle-même la caution de 12 millions d’euros demandée par l’UER. Le ministère des Finances israélien a confirmé l’information : faute de payement, le premier ministre proposera une loi qui mettra un terme aux activités du diffuseur. Les médias israéliens doutent néanmoins de la capacité du premier ministre à faire adopter pareille loi et à la mettre en oeuvre.

De son côté, l’UER a fait une déclaration à nos confrères d’EscToday. L’Union confirme collaborer étroitement avec l’IPBC en vue de résoudre le problème. Néanmoins, elle le réaffirme : l’organisation du Concours nécessite des garanties financières préalables. Si le diffuseur-hôte pressenti n’est pas en mesure de les remplir, l’UER se tournera vers ses autres membres. L’Union confirme également qu’il existe un plan d’urgence, en cas d’échec des négociations présentes.

Un espoir tout de même : le maire de Tel Aviv, M. Ron Huldai (ci-dessus), a proposé de couvrir l’ensemble des frais relatifs à la salle, de sorte à alléger le budget organisationnel.

MARDI 14 AOÛT – 13H

Fumée blanche sur le Concours : le gouvernement et la télévision publique israélienne seraient parvenus à un accord, à quelques heures de l’expiration de l’échéance fixée par l’UER.

L’IPBC contracterait un prêt de 13,5 millions d’euros. Cela lui permettrait d’effectuer le versement de garantie nécessaire. En retour, le ministère des Finances s’engagerait à rembourser le prêt en cas d’annulation pour circonstances exceptionnelles (guerre, catastrophe naturelle, etc.).

L’information doit cependant encore être officiellement confirmée par les parties en présence.

MERCREDI 15 AOÛT

Cette fois, c’est officiel : l’IPBC payera les 12 millions d’euros de garantie demandés par l’UER. Le diffuseur confirme avoir trouvé un accord avec le Ministère des Finances et sera donc bien en mesure d’organiser le prochain Concours Eurovision. La prochaine étape importante est l’annonce, en septembre prochain, des dates et lieu de l’événement.

(avec la collaboration de Sakis)