LUNDI 11 JUIN

La semaine écoulée n’aura que peu éclairci les conditions d’organisation du Concours 2019. Mercredi dernier, le directeur général du Ministère de la Culture et des Sports, M. Yossi Sharabi (ci-dessus), a déclaré que la tenue de l’Eurovision à Jérusalem n’allait pas de soi. Selon lui, il est trop tôt pour décider du lieu d’organisation. Toutes les options doivent être prises en considération.

M. Sharabi a aussitôt été contredit par sa ministre de tutelle, Miri Regev (ci-dessus). Mme Regev l’a réaffirmé publiquement et bien notifié à la télévision publique israélienne : l’Eurovision 2019 se déroulera à Jérusalem et nulle part ailleurs. Dans le cas contraire, Mme Regev avisera le gouvernement israélien de l’impossibilité d’accueillir le Concours en Israël. Selon elle, le coût estimé de l’organisation s’élèvera à 14 millions d’euros. Le but profond sera de promouvoir le pays. S’il est impossible de tenir l’Eurovision à Jérusalem, cet investissement ne servira à rien. D’où la position ferme de Mme Regev, qui a tenu à enfoncer le clou en répétant que Jérusalem est la capitale d’Israël et que les Israéliens ne devraient pas en être honteux. Mme Regev campe également sur ses positions quant à l’UER : pour elle, c’est au gouvernement israélien à décider du lieu d’organisation et à personne d’autre. La décision finale sera donc prise par le premier ministre Netanyahou.

Le député israélien arabe, Yosef Jabareen (ci-dessus), a, lui, opté pour une ligne d’opposition dure : il a appelé tous les participants potentiels à boycotter le Concours 2019 s’il était organisé à Jérusalem. Selon lui, ce boycott serait un signal fort porté contre le gouvernement israélien que le député juge responsable de graves crimes envers les populations palestiniennes. Cette prise de position a été dénoncée par nombre de ses collègues à la Knesset, dont Oder Forer, député israélien nationaliste, qui a demandé que des poursuites soient entamées à l’égard de M. Jabareen.

D’autres éléments périphériques sont venus s’ajouter à ces difficultés essentielles. Primo, l’actrice Gal Gadot, célèbre pour son rôle de Wonder Woman, a décliné la proposition de la télévision publique israélienne de présenter le Concours 2019. Son agenda de tournage l’empêche de se libérer en main prochain. Secundo, le manager du club de basket hiérosolymitain Hapoel s’est déclaré peu favorable à la perspective de quitter la Pais Arena durant les mois d’avril et juin 2019. La salle est en effet le lieu de résidence du club. Le manager espère qu’une solution sera possible, si d’aventure la salle était retenue pour l’organisation du Concours 2019.

Face à ces objections multiples et pour sortir de l’impasse, d’autres villes israéliennes seraient entrées dans la danse, aux côtés de Jérusalem et Petah Tikva. Primo, Eilat, cité balnéaire du sud du pays, sur la Mer Rouge (ci-dessus). Selon le site d’information Walla, la ville figurerait sur la liste de l’UER. Ses avantages sont multiples : un aéroport international, de nombreux hôtels, des facilités pour accueillir de nombreux touristes. Problème majeur : la ville ne possède que deux salles couvertes, d’une capacité inférieure à 3000 places.

Secundo, Haïfa (ci-dessus), troisième ville d’Israël, située au nord du pays. Son maire, Yona Yahav, a officiellement confirmé à la presse israélienne qu’il avait écrit une lettre de candidature au Ministère de la Culture et des Sports, à l’attention de M. Sharabi. Selon M. Yahav, Haïfa serait une excellente alternative : la cité dispose de toutes les accomodations nécessaires et s’est toujours présentée comme pacifique et comme le symbole d’une coexistence réussie entre communautés. M. Yahav a choisi plus précisément comme lieu, le stade de football Sammy Ofer, capable d’accueillir en l’état 30.000 personnes. M. Yahav a ajouté que la municipalité était prête à financer toutes les transformations nécessaires du lieu (dont la pose d’un toit), ainsi que la construction d’hôtels supplémentaires. Par ailleurs, M. Yahav a souligné que toutes les infrastructures de la ville fonctionnaient même durant la période du shabbat.

Tertio, Tel Aviv, malgré tout. Selon le magazine Time Out, la municipalité se tiendrait en réserve. Son maire, M. Nir Barkat, avait déclaré publiquement ne pas vouloir accueillir le Concours, mais il s’agirait en réalité d’un retrait pour motif politique. M. Barkat ne souhaitait pas froisser le premier ministre. Cependant, s’il advenait que le gouvernement israélien abandonne l’idée de Jérusalem, alors Tel Aviv soumettrait aussitôt sa candidature.

MARDI 12 JUIN

Première éclaircie sur le front de cette organisation 2019 : lors d’un conseil des ministres restreints en téléconférence, le premier ministre Netanyahou a décidé d’une mise en retrait de son gouvernement quant au Concours 2019. Concrètement, plus aucun membre du gouvernement israélien n’interviendra dans le processus de sélection de la ville organisatrice du prochain Eurovision.

Cette décision a été prise conjointement avec le Ministre des Finances, M. Moshe Kahlon, le Ministre des Communications,  M. Ayoub Kara, et le Ministre de la Justice, M. Avichai Mendelblit. Elle s’appliquera également à la Ministre de la Culture, Mme Regev, qui en a été formellement notifiée.

Selon le journal Haaretz, les responsables de l’UER n’étaient pas fondamentalement opposés à la tenue du Concours à Jérusalem. Mais ils souhaitaient avant tout un processus de sélection honnête et transparent.

La prochaine étape de ce processus est une nouvelle réunion entre les reponsables de l’UER et les représentants de la télévision publique israélienne, à Genève, au siège de l’Union. L’IPBC y présentera les propositions des différentes villes candidates.