L’organisme producteur du prochain Concours Eurovision a tout récemment communiqué ses intentions sur le déroulement de l’édition 2013. En quelques belles phrases, la SVT nous fait simplement comprendre qu’elle n’est pas riche comme Crésus.

Le diffuseur met les petits plats dans les grands : six shows spectaculaires à travers tous le pays, la plus grande finale de tous les temps devant un parterre de 65.000 spectateurs… Non, nous ne parlons de la finale de l’Eurovision, mais bien du Melodifestivalen 2013.

Car pour l’Eurovision, c’est autre chose. Plutôt que d’évoquer une restriction budgétaire, SVT préfère nous « vendre » un Concours à échelle plus humaine, afin de revenir aux valeurs fondamentales qui ont fait de l’Eurovision un succès.

La première décision a été d’organiser le Concours dans la troisième ville de Suède, à Malmö. Le temple choisi est une nouvelle arène pouvant accueillir environ 15.000 spectateurs (quatre fois moins que leur nouvelle grande salle à Solna).

Les « 4 fantastiques » de l’Eurovision 2013 : Johan Bernhagen, Christel Tolse Willers, Martin Österdahl, Christer Björkman. Photo: Carl-Johan Söder (SVT)

Ensuite, pour réduire le budget, le diffuseur a décidé de n’embaucher qu’un seul présentateur. On nous dit qu’après tout, il n’y a qu’un seul hôte à la cérémonie des Oscars, et cela fonctionne plutôt bien. Sauf que l’animateur de la cérémonie des Academy Awards est généralement un grand acteur hollywoodien, souvent connu pour ses rôles dans des comédies. Il parvient sans mal à capter l’attention du téléspectateur.

Pour Malmö, il faudra donc un personnage d’envergure et la SVT aurait plutôt intérêt à entrer en négociation avec la pétillante Sarah Dawn Finer. Pas question de rappeler Lydia Cappolicchio ou Harald Treutiger, les présentateurs peu chaleureux de Malmö en 1992, capables en un seul regard de transformer un soda citron en sorbet !

Autre décision : pas d’écrans géants en LED. Fini les décors démesurés façon Moscou 2009. Martin Österdahl, le producteur exécutif de l’Eurovision 2013, dit vouloir un cadre plus intime pour la prochaine édition (sans doute après avoir consulté le budget alloué). Il souhaite un véritable retour aux sources en concentrant le spectacle sur les artistes. Selon lui, le show s’est éloigné de son objectif premier de par son ampleur actuel.

Il n’empêche, quelque-soit la taille de la salle, il est facile de se concentrer sur l’artiste. Ce sont les caméras qui font le job. Un gros plan sur une chanteuse qui interprète une jolie ballade peut émouvoir le téléspectateur. Que l’événement se déroule devant un million de personnes ou en huis clos, le résultat sera le même. En 2012 par exemple, nous étions tous concentrés sur la prestation Pastora Soler, au point d’en oublier tout le reste.

Mr Österdahl n’est pas de cet avis. Sur le site de la SVT, il imagine (comme exemple), une éventuelle contribution bulgare. Il voit une chanteuse interpréter une ballade. Il veut que cette chanteuse ne soit pas là par hasard, une artiste anonyme parmi tant d’autres qui se succèdent. Il veut, dans la réalisation, que chaque téléspectateur puisse « voir » la Bulgarie à travers son interprétation, et ce que cette participation représente pour les bulgares.

En 1992 à Malmö, Lydia et Harald respiraient la joie de vivre devant un navire à tête de dragon qui crachait de la fumée. Mémorable !

Mais en même temps, si la chanteuse bulgare interprète une chanson dance à la David Guetta et en anglais, que reste-t-il de la Bulgarie dans tout cela ?

Loin d’être un esprit chagrin, j’avoue que ce concept d’un Eurovision à petit budget a des points très positifs. D’abord le diffuseur suédois est habitué à l’événement. On ne peut pas envisager que le « pays de l’Eurovision » rate son Concours. Il est clair que l’équipe en charge de la prochaine édition ne veut pas revenir en arrière pour proposer un Concours style années 80-90. Leur but est de présenter un concept plus novateur allié à un budget moindre.

Ils n’envisagent pas de faire de ce Concours une publicité géante sur la Suède. Ils veulent avant tout mettre en valeur tous les pays participants. A ce propos, les cartes postales entre chaque chanson ne montreront pas le pays hôte sous toutes ses coutures, comme l’Azerbaïdjan l’avait fait pour son Concours en 2012, mais elles mettront en valeur la richesse de l’émission à travers les cultures des différents pays.

Et puis, un retour aux sources n’est peut-être pas une si mauvaise idée, après tout. Cela permettra surtout de « décomplexer » les petits pays sans gros budgets qui, à l’avenir, devront organiser le Concours Eurovision. Le challenge de la SVT sera de nous prouver qu’avec un budget « rikiki », on peut faire un Concours « maousse costaud ». Les suédois en sont capables… à condition qu’ils ne flanquent pas sur scène un navire à tête de dragon géant qui fume !