Bonjour à toutes et à tous,

Voici mes premiers pas de modeste écrivaillon sur ce site, après quelques mois de commentaires plus réguliers qu’auparavant, quelques années de lecture épisodique jusqu’alors, écriture inclusive inclus·e (oui mais non, pas là), idiomes parfois compris de travers et parenthèses parfois superflues… Débutons avec un exercice de bon aloi en ces temps de nouvelle décennie qui, certes, commence de manière un peu étrange : la rétrospective !

La décennie 2010 est celle qui m’aura réconcilié avec le concours, que j’avais clairement lâché les années précédentes. Ce n’est en réalité qu’à partir de 2012 que mon intérêt s’est réveillé pour l’Eurovision, jusqu’à redevenir l’obsession qu’il est en partie pour moi désormais. Bref, tout un programme !

Pour ce top 10, 2011 et 2015 seront absentes (cette dernière aurait pu être représentée par « A Monster Like Me » mais qui n’a pas passé le cut final, alors que 2011… non, vraiment, pas grand-chose à sauver). 2019 aurait pu faire exploser ce top 10 si « Soldi », « Spirit In The Sky » et « Hatrid Mun Sigra » n’avaient également échoué aux portes de ce panthéon. « Dance Alone » (version studio évidemment), « Mercy », « Only Teardrops » et enfin « Quédate conmigo » ont connu le même destin… pour laisser place à ces dix titres-là.

10 (1 point) : Slovaquie 2010 – Kristina – « Horehronie »

Ce top 10 inclura quelques injustices majeures qui n’ont même pas pu défendre leurs chances le soir de la grande finale… et pour Kristina Pelakova, cela relève de la plus totale incompréhension. « Horehronie » était la chanson de la dernière chance pour que la Slovaquie daigne de nouveau accorder un réel intérêt au concours et, avec ce poème chanté de Kamil Peteraj, sa qualification en finale n’était pour moi qu’une évidence. Kristina, en live, se défend bien (jamais compris les critiques récurrentes à son égard). La chorégraphie est originale et marquante. La choriste chante un peu fort, certes, mais ce n’est ni la première ni la dernière… Et pourtant. Cette infamante avant-dernière place en demi-finale est d’autant plus surprenante que 2010 (et 2011 aussi) est, à mon goût, un fort mauvais cru…

09 (2 points) : Finlande 2018 – Saara Aalto – « Monsters »

Je ne comprendrai probablement jamais, de manière honnête, pourquoi la Finlande est-elle si mal considérée à l’Eurovision. Nombre de leurs propositions auraient dû obtenir de bien, bien meilleures places qu’elles n’ont obtenues et cela ne remonte pas à Saara Aalto ou Norma John (comment ça, je vais citer Katri Helena sans que personne ne soit surpris ? Mais même Softengine aurait dû choper le top 10). « Monsters » est un titre pop hyper efficace, un peu desservi en live par une scénographie quelque peu bancale (résidu de celle utilisée pour « Domino » durant l’UMK), avec des choristes pas hyper inspirés. Mais Saara Aalto est topissime, sa passion pour le concours n’est plus à démontrer, sa version piano-voix en plus d’une trentaine de langues aurait peut-être obtenu une meilleure place pour « Monsters » … et, je dois l’admettre, c’est probablement le titre (hors musique classique) que j’ai le plus écouté sur Spotify. Alors, là aussi, une avant-dernière place, sorry but, excuse me ?

08 (3 points) : Norvège 2014 – Carl Espen – « Silent Storm »

Jusqu’à il y a fort peu de temps, je passais une partie de mon temps eurovisionesque à pinailler sur le peu de succès des propositions piano-voix au concours. Mon petit cœur de pianiste a connu un sursaut positif avec « Silent Storm » qui, toutefois (c’est un peu pareil pour « A Monster Like Me » l’année suivante) aurait pu prétendre à quelques places de mieux que la huitième. Au contraire de « Start A Fire » (Azerbaïdjan de la même année) que je préférais en version studio, c’est ici le live qui fait de cette ballade un torrent émotionnel. Heureusement que quelques années plus tard… mais c’est une autre histoire (et avant « Arcade », je vais encore parler de piano… et oui, encore une injustice !).

07 (4 points) : Italie 2017 – Francesco Gabbani – « Occidentali’s Karma »

Inconcevable que l’Italie n’ait pas gagné le concours depuis son retour en 2011. Mais n’ayant jamais apprécié Raphaël Gualazzi et, surtout, ayant toujours détesté Il Volo (et j’étais team « Arcade » plutôt que « Soldi »), c’est en 2017 que la botte aurait dû gagner le concours. Peut-être cette victoire était-elle trop attendue ? Alors, certes, le live de Gabbani est un peu moins bon qu’à Sanremo, le cut des trois minutes a quelque peu été fait à la truelle, mais malgré tout ça, l’Italie aurait QUAND MÊME dû gagner à mon goût. Et puis, sérieusement, derrière la Moldavie et la Suède ?

06 (5 points) : Finlande 2017 – Norma John – « Blackbird »

Il y a des injustices qu’on comprend et d’autres pas. « Blackbird », paradoxalement, fait partie des premières : si 2017 n’est pas le meilleur cru de la décennie, les demi-finales étaient de constitution solide et ne pouvaient que causer un certain nombre de déceptions… Ce qui ne rend pas celle-ci moins amère, cf. plus haut ma diatribe sur le piano-voix. On a beaucoup parlé de la victoire d’ « Amar Pelos Dois » comme celle d’un moment suspendu mais à mon sens, c’est justement à ce titre que « Blackbird » aurait dû se démarquer – car tous les éléments y sont. Et c’est encore une incompréhension supplémentaire vis-à-vis de la Finlande…

05 (6 points) : Islande 2016 – Greta Salome – « Hear Them Calling »

Allez, pas de Finlande dans mon top 5 mais, et ça n’est finalement pas surprenant, ces titres suprêmes sont tous orientés au nord du continent. Avec, pour commencer, encore une complète incongruité : comment Greta Salome a-t-elle pu finir 14e en demi-finale avec cette performance scénique et vocale ? Mélodiquement, c’est top. Rythmiquement, c’est engageant. Alors, certes, certains observateurs ont trouvé que la copie finale était « froide », « sombre », arguments parfois répétés pour « Icebreaker » d’Agnete. Je ne partage pas ce point, même si je le comprends, parce que (justement !) Greta Salome est suffisamment magnétique pour illuminer la scène. Le mystère reste total, quatre ans plus tard.

04 (7 points) : Estonie 2012 – Ott Lepland – « Kuula »

En parlant de moments suspendus… Il y a encore de cela quelques mois, ce quatrième spot aurait probablement été pour « Quédate conmigo », mais même en quelques mois, j’ai mûri… Et, donc, voici « Kuula » ! On touche à la perfection et voir un titre dans une langue finno-ougrienne fonctionner aussi bien m’a honnêtement donné du baume au cœur. Peut-être aurait-il pu y avoir un chouia plus d’efforts sur la scénographie, que je ne trouve pas optimale. Mais ce n’est qu’un détail dans ce tableau de fort belle facture.

03 (8 points) : Pays-Bas 2019 – Duncan Laurence – « Arcade »

Enfin une victoire d’un piano-voix ! Là aussi, j’ai craint un scénario à l’« Occidentali’s Karma » tellement la victoire d’ « Arcade » semblait être une évidence – et quelle étrange revanche cela aurait été pour l’Italie… Les mélodies qui me scotchent dès la première écoute sont devenues rares avec le temps, mes oreilles vieillissent en s’aguerrissant, ou le contraire. « Arcade », sans contestation, y est parvenu.

02 (10 points) : Pays-Bas 2013 – Anouk – « Birds »

Quel infamant destin que celui des Pays-Bas en cette période 2005-2012. Les bataves méritaient-ils leurs huit éliminations consécutives en demi-finale ? J’ai quelques doutes sur 2005 et 2011 (non, 3JS ne méritaient pas leur dernière place) mais, clairement, cette spirale de la lose était plus dommageable que celle de la Lettonie sur une période proche (2009-2014, avec beaucoup d’horreurs à la clé)… Heureusement, la grande Anouk Teeuwe a repris les choses en main avec ce titre, presque étonnant pour elle au vu de son répertoire habituel, mais d’une délicatesse imparable. Le stress de l’annonce des qualifiés de sa demi-finale, Anouk étant annoncée en toute dernière position, a coûté quelques mois d’espérance de vie à pas mal de monde, moi y compris. Sa neuvième place finale ne me paraît pas cher payée (d’autant plus en comparaison de « Calm After the Storm », que je n’ai jamais vraiment apprécié) mais à l’époque, pour nos amis néerlandais, c’était déjà beaucoup.

01 (12 points) : Suède 2012 – Loreen – « Euphoria »

J’ai songé, en dernière minute, à placer « Birds » ou « Arcade » au sommet de ce classement… mais non, pas encore, pas tout de suite. « Euphoria » est sans conteste LE titre qui m’a redonné envie de m’intéresser au concours, en sachant que j’avais détesté les quatre précédents vainqueurs… En pleine période eurodance saturée d’Avicii, c’est pourtant une proposition mélodique et rythmique plus éloignée qu’il n’y paraît du regretté Tim Bergling qui a tout renversé à l’Eurovision – et dans ma tête. La réécouter, la revoir, restent de grands moments, là aussi suspendus. Et il faudra bien du courage – et énormément de génie – pour délester Loreen Talhaoui de la première place de mon piédestal personnel, peut-être même plus que celui de l’ESC250 !